Le personnage qui porte ce nom se prénomme Hodesh. Douce et très polie, c'est une fille à papa bien qu'elle va avoir bientôt 30 ans. Hodesh est commissaire de police. Elle incarne le genre de personne qui se laisse dicter la conscience par sa famille. Tout comme bon nombre de personnes qui ont grandi avec un parent unique, Hodesh est la fille unique de son père, un homme veuf, sa mère étant morte en couche. Alors, il représente pour Hodesh la Vérité et le centre de sa vie. Elle ne fait rien sans son consentement, surtout qu'elle lui voue un respect immense. Vous comprenez donc que pour mademoiselle, le Caire du 11e arrondissement de la ville d'Abidjan, son père détient le dernier mot sur ses relations amoureuses et sa vie de femme adulte. Mais c'est une chose qui devient de plus en plus gênante pour elle. Cet extrait le démontre un peu…

" En ouvrant mon dressing, je découvre une nouvelle lingerie, de nouveaux sous-vêtements et des vêtements neufs. Je troque mes vêtements pour une tenue légère puis je me rends dans la buanderie pour poser mon linge sale dans la machine. Je me rappelle que j’avais laissé mes dessous à l’intérieur. Du coup, je me baisse au niveau de la machine pour les retirer. Mais ils n’y sont plus. Et la corde à sécher aussi est vide. Je pars vers mon père pour dissiper mes doutes. Avec ces rituels sataniques qui ont lieu dans ce pays, il vaut mieux se rassurer. Je suspecte d’ailleurs le service de nettoyage de me les avoir dérobés. 

— Papa ! 

— Oui Hodesh ! 

— Tu as utilisé la machine à laver aujourd’hui ? 

— Oui ! 

— Euh… il y avait mes dessous à l’intérieur. Je ne les retrouve pas. 

— Tu as regardé dans le sac poubelle pour t’assurer qu’ils n’y étaient pas ? 

— Le sac poubelle ? Mais pourquoi se trouveraient-ils là-bas ? 

— Ils étaient usés. Je les ai donc jetés. 

— Mais ce n’est pas possible qu’ils soient usés. Je les ai achetés récemment. 

— Ils étaient de mauvaise qualité.

— Impossible ! Ils étaient en coton, papa. 

— Dans ce cas, tu ne dois pas savoir les laver. Bref ! Je t’en ai acheté de neufs et de meilleure qualité. Je peux continuer de lire mon journal ou tu souhaites me faire un procès ? 

Je regarde mon père, décontenancée. Mes dessous, je les lave correctement. Ils me prennent plus de temps que mon propre corps. Il abuse. 

— J’ai quand même 29 ans, papa. Je suis une grande fille. Tu ne devrais plus les toucher ou même les regarder et encore moins les changer quand ça te chante. J’ai grandi. 

— Mon enfant ne me donne pas d’ordre. Tant que tu vivras dans ma maison, tu suivras mes consignes. En plus tu devrais avoir honte de laisser des tâches dans tes dessous. Pour une femme de 29 ans, tu es sale. Remercie-moi plutôt ! 

Je deviens toute raide. Je sais qu’il dit cela pour m’énerver. 

— Si ça continue comme ça, je vais partir d’ici papa. 

Mon père range son journal. D’un geste simple, il porte ses lunettes et les ajuste sur ses yeux. Il me fixe intensément durant quelques secondes. 

— Essaie seulement pour voir Hodesh ! 

— Je vais me marier pour m’affranchir de toi papa. Je n’en peux plus. 

Je riposte en colère. 

— Si seulement tu trouves un homme au cœur de lion qui pourrait franchir ces murs, peut-être. 

Il les indique le regard fier. Je boude et lui donne dos. Je peste pendant que je rejoins le salon. Mon père prend du plaisir à m’infantiliser. Je n’arrive plus à le supporter… "