Huguette TONI
Ecrit par Saria
***Huguette TONI***
Bonjour ici ! Vous ne me connaissez pas ? Moi
c’est Mamie, la mère de Guy ! Je viens vous dire d’enlever mon nom de
votre bouche ! Un je ne suis pas n’importe
qui et deux je ne suis pas votre camarade.Ce n’est pas la femme qui détermine le sexe on s’en
fout ! Les ignorants, les ceci, les cela !
D’ailleurs, Guy n’aurait jamais dû l’épouser celle-là ! Une étrangère ! Une togolaise ! Pouah ! Mais ce n’est pas encore tard hein, je n’ai pas dit mon dernier mot. Jean-Yves je ne le maîtrise pas mais mon Guy, il finira avec la femme que j’ai choisi pour lui un point c’est tout. Une femme, une vraie doit pouvoir mettre au monde au moins un garçon, sinon qui va perpétuer le nom TONI ?! C’est vous ? Tchiip. Mieux chacun n’a qu’à se respecter.
Ah voilà madame qui redescend avec son sourire fake là. Comme si c’est ça qu’on mange.
Kafui : Maman, je voudrais te dire que je passe à la cuisine…Guy dit qu’il ne sera pas long.
Moi :…
***Environ 45 mn plus tard***
***Kafui***
Les filles étaient à table à la cuisine. En fait c’est une
pièce spacieuse, en journée la lumière entre à flots par la porte-fenêtre qui
donne sur le coin jardin. Mon chéri l’avait pensé comme je le souhaitais et il
y avait une table pour quatre dans un angle.
Les fois où il est à la maison, il vient me « soutenir » à la cuisine : lui s’asseoit là me racontant son boulot, sa conception de la politique, bref il refait le monde sa bouteille d’awoyo (il paraît que même là je l’ai colonisé)en main et moi je fais à manger. Je l’écoute d’une oreille et j’opine.
Ce soir, j’ai décidé
de faire manger les petites là. Je suis épuisée pour supporter entendre dire qu’elles
ne savent pas se tenir.
Comme prévu j’ai sorti, pour nous, les restes que j’ai réchauffés. Pour belle-maman j’ai fait monyo* et akassa avec du poisson fumé. J’étais en train de faire le plateau quand Guy ouvre la porte de la cuisine.
Guy : Coucou mes chéries !
Les petites se précipitent vers lui en hurlant de joie, il les soulève l’une après l’autre. J’attends sagement mon tour. Quand il finit, il s’avance vers moi et m’embrasse. Ce n’est pas les smacks furtifs là hein, non un vrai baiser.
Les filles : Beuuuuuuuurk !
On s’écarte avant d’éclater tous de rire devant les grimaces de dégoût qu’elles faisaient. Je pose ensuite mon front contre le torse de mon homme. Un peu de répit, juste quelques secondes. Il referme ses bras autour de moi. On reste comme ça un moment avant je n’interrompe l'étreinte et n'aille vaquer à mes occupations.
Dès que les filles finissent je les envoie se brosser les dents puis direction le lit. Je monte vérifier rapidement puis je redescends rejoindre mon époux et sa mère à la salle à manger. Je m’apprêtais à franchir l’entrée de la pièce lorsque je surprends une conversation.
Mamie : Regarde ce qu’on te sert à manger Guy, des restes ! Tu n’es quand-même pas un docker !
Guy : Maman s’il te plaît ! On n’a plus de femme de ménage, Kafui travaille aussi, elle est épuisée !
Mamie : Et puis tu la défends !
Guy : Non maman, j’essaye de la comprendre. Elle fait ce qu’elle peut, toi-même tu sais que ce n’est pas évident sans domestique
Mamie : Tu sais hein, tu n’as qu’un mot à dire pour que ça change ! Je t’ai parlé de…
Je traîne les pieds pour marquer ma présence, je vois mon
homme lancer un regard d’avertissement à sa mère.
Moi (d’une voix gaie) : Bon les filles sont couchées ! Chéri tu veux que je te serve ?
Guy : Non bébé c’est bon merci
Moi : Mamie, tu as besoin de quelque chose ?
Mamie : Non…Merci
On commence à manger d’abord dans un silence pesant mais je me ressaisis vite. J’ai le droit de profiter de mon mari…en paix…en tout cas dans les limites du possible ! Alors, je commence à lui poser des questions sur sa journée.
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*sauce/jus avec des oignons et tomates coupés