I
Ecrit par Mayiah
AHBY
Vous sentez ? Est ce que vous sentez cette odeur de liberté, de café chaud et de croissant ? Est ce que vous entendez ? Le chant des oiseaux... La vie peut être belle parfois, si on sait en profiter. J'adore Paris, la France en générale. Mais je dois avouer que si je l'aime autant c'est parce que je n'ai rien connu d'autre. Je suis née ici mais je suis d'origine Africaine. Je suis le plus beau mélange: une métisse de 24 ans. La plus belle preuve du brassage culturel. A en croire mon entourage et ce que je vois dans le miroir tous les matins, j'ai le teint que le temps d'ici façonne si bien et les formes de mes origines. explosif n'est ce pas ? Bien, c'est comme ça que je me vois. J'ai très vite appris que dans la vie, il fallait être sur de soi, se faire confiance et prendre ce que l'on veut sans regarder en arrière. Je ne crois qu'en ce que je veux et en mes capacités de les avoir. Ma philosophie de vie, vous l'avez compris, ne me permets pas de me faire beaucoup d'amie, mais les hommes, ils adorent essayer d'avoir ce qu'ils ne peuvent pas notamment, moi. Loin de moi l'idée d’être prétentieuse.
Comment j'en suis arrivée à une telle manière de penser ? Je dois dire que j'ai eu la l'habitude de tout avoir et je ne compte pas perdre cette habitude. La vie pour ce qu'elle est a toujours été la même. Le même soleil qui ne changera jamais son lever ni son couché, donc à moi de rendre la mienne plus mouvementée.
Il est 6H30 du matin et j'aime bien me réveiller avant mon réveil et le couper avant qu'il ne sonne. La routine quotidienne s'installe doucement, mais avec une note plaisante d'un déjà vu auquel on s'habitue aisément. Je sors courir 30 minutes, prends mon petit déjeuner et me prépare pour le travail. J'opte pour un pantalon feutre un peu trop serré pour faire ressortir les formes, un chemisier rouge, de quoi attirer l'attention un lundi matin, et bien sur des escarpins noirs. Je m'assure de relâcher mes cheveux et d'ajuster mon rouge à lèvres rouge" pétasse". Je démarre en vitesse pour arriver à l'heure. Le cabinet de conseil, Maxuel, dans lequel je travaille, pointe son nez et je prie pour passer un bon lundi. Chose qui est quasiment impossible pour un Lundi.
Je rentre dans le hall non sans attirer le regard des vigiles devant, ce qui démontre que ma tenue du Lundi a eu l'effet recherché. Je les dépasse, salue le réceptionniste, et m’arrête pour attendre l'ascenseur qui descend. Les portes s'ouvrent et avant que je puisse appuyer sur le bouton du cinquième étage, j'entends:
- "Retenez l'ascenseur s'il vous plait".
Chose que je fais, et je vois entrer le patron du patron de mon patron. Enfin bref, le patron. Connaissez vous l'elevator pitch ? Et bien c'est l'art de se présenter et de dire ce que l'on veut qu'on retienne de nous et ce le temps d'un trajet d'ascenseur. Je ne l'ai aperçu que 2 fois en 2 ans depuis que je suis dans ce cabinet de conseil qui porte son nom gravé en grosse lettre dans le métal devant l'entrée de l'immeuble. Et là, je veux juste qu'il retienne mon nom et mon beau visage, il pourrait bien m'aider à atteindre mes objectifs et je suis prête à tout pour y arriver. Il est au 10ème étage, si je compte 5 secondes par étage j'ai moins d'une minute pour lui parler. Alors on reprend.
- Mais bien-sur, bonjour Monsieur Maxuel, 10ème étage ?
- Oui, merci. Dit-il avant de se replonger sur son téléphone.
- Pas de problèmes. Je suis ravie de vous rencontrer enfin. ( il relève la tête et regarde dans ma direction) Je suis Ahby GRACE, je travaille dans la branche de conseil en Supply Chain et j'espère passer au grade supérieur au plus vite. Je m'implique dans le cabinet et je comprends parfaitement la vision que vous défendez: celle d'être le meilleur et le leader du marché et ce en moins de 5 ans. Vous envisagez notamment de travailler avec l'une des plus grandes entreprises du pays et..., je regarde vite fait le numéro de l'étage, 8. Et je veux être sur le projet.
Je ne sais pas si il a été attentif à ce que je viens de dire, ou si c'est le décolleté de mon chemisier qui le fait sourire, mais quand les portes de l'ascenseur s'ouvrent, laissant apparaître l'étage de la séparation, le 10ème étage, il me répond simplement avec un sourire au coin :
- Passez un bon Lundi, Madame GRACE.
- Mademoiselle.
Et les portes se referment, laissant planer l'odeur du richissime parfum de Monsieur Maxuel. J'appuie enfin sur le bouton du 5ème étage et je me prépare à une longue journée.
La journée passe lentement, la montre semble ne pas coopérer et le tic tac dans ma tête reste assourdissant. je repense encore à mon pitoyable elevator pitch de ce matin. " passez une bonne journée" , j'aurai pu faire mieux, j'aurai pu avoir mieux. Rechercher toujours plus peu être parfois stressant. Je passe la matinée à boucler les dossier que j'avais entamé la semaine passée et classe mes dossiers pour cette semaine. Travailler dans le conseil a été l'un de mes bons choix. J'ai toujours aimé les défis dans le domaine logistique, et je voulais fuir la routine que représente de travailler chaque jour sur les mêmes problématiques. La proposition de ce cabinet n'était donc pas à négliger.
Mon ambition me fait aimer mon travail, le nombre de zéro qui apparaît dans mon compte en banque chaque fin du mois me fait aimer me lever le matin pour aller travailler. Car pour moi, une femme ambitieuse, qui sait ce qu'elle veut, et qui sait parfaitement marcher sur des talons aiguilles, peut avoir tout ce qu'elle veut. Pour certains l'argent passe en second, d'abord la famille ou même l'amour, mais pour moi il y'a d'abord l'argent, ensuite ce que je veux pour être heureuse et pleins d'autres tirets avant l'amour.
Il est 13H lorsque je finis de classer mes dossiers de la semaine, je descends manger et retrouver mes collègues dont Dan de la finance qui me jette des regards peu amicaux, je ne sais pas si il me veut dans son lit ou s'il veut se débarrasser de moi. Les conversations restent toujours les mêmes, on parle du weekend et des projets à venir. Margaret attire mon attention lorsqu'elle parle du projet concernant ZEST, l'une des plus grandes entreprises du pays, pour un audit de leur système Supply Chain et financier. Le projet dont j'ai essayé pitoyablement de parler avec le patron du patron de mon patron ce matin. Apparemment, d’après cette éternelle commère du service juridique, Monsieur Maxuel va lui même choisir les personnes qui travailleront sur le projet et imposer sa décision à nos supérieurs.pour faire court, il va choisir deux personnes par services qui travailleront de concert avec leurs supérieurs direct qui seront directement en contact avec lui et le CODIR. Travailler sur un tel projet est une immense opportunité pour n'importe qui serait la saisir ou provoquer sa chance de la saisir.
- Comment se fera le choix des collaborateurs ? Demandai-je à Magaret.- D'après ce que j'ai entendu de la sécrétaire, il se basera sur l'expérience, le caractère et les précédentes missions. Mais il fera passer quand même des entretiens en interne qu'il mènera lui-même.
- Intéressant, merci.
C'est sur ces mots, que je retourne dans mon bureau terminer mon travail de la journée. Je passe ensuite le reste de la soirée à penser à ce projet. Je le veux, et j'obtiens toujours ce que je veux, peu importe le prix. Il faut bien casser des oeufs pour faire une omelette.