Joël et Ami 18: Mon meilleur ennemi
Ecrit par Dja
Demba regardait Nathalie avec des yeux de merlan frit. Elle avait la voix d’une griotte sénégalaise. Quand elle parlait, on avait l’impression qu’elle racontait une histoire. Il se surprit à lui demander son âge.
« J’ai 25 ans ! Pourquoi ? »
Elle lui répondit tout naturellement en se tournant vers lui. Comme si cela allait de soi qu’il se montre aussi indiscret. Fatoumata jeta à son fils un regard noir, ce qui fit sourire Nathalie :
« _ Il n’y a pas de mal, Madame ! Je suis habituée à ce qu’on me pose cette question. Vous savez, au fur et à mesure des années, je ne m’en rends même plus compte.
_ Oui, mais, cela n’excuse pas le comportement de mon fils. Demba, reste tranquille ! »
Elle se retourna vers l’infirmière qui, lorsqu’elle fini de les renseigner sur l’état d’Oumar, les conduisit dans une chambre encore vide.
« _ Je vous laisse attendre ici qu’il soit installé. Sachez tout de même que c’est exceptionnel, en raison de l’heure bien avancée. Mais, nous avons reçu un appel du Dr Abou qui nous a expliqué la situation déjà compliquée que vous traversez en ce moment.
_ Merci beaucoup ma fille ! C’est vraiment gentil de votre part.
_ Il n’y a pas de quoi ! Mais, lorsqu’il sera dans la chambre, je ne pourrais pas vous laisser plus de vingt minutes avec lui. Il faudra qu’il se repose.
_ Ok ! C’est compris ! Encore merci !
_ Ce n’est rien ! Bon, je dois vous quitter pour l’instant. Je reviens tout à l’heure.
_ A tout à l’heure ! »
Cette fois, c’est Demba qui avait répondu. Sa mère leva seulement les yeux au ciel. Malgré la situation tragique du moment, elle sourit en regardant son fils. Il avait la bouche béate et les yeux fixés sur le dos de Nathalie. Moussa et Oumar Jr se moquèrent de lui. Puis, ils s’allongèrent sur le lit de leur père et s’endormirent devant la télé. Fofana et Fatou avaient pris place sur des fauteuils et, la fatigue aidant, ils s’assoupirent eux-aussi.
Une heure après environ, Nathalie revint aidée de deux brancardiers. Elle demanda à la famille de sortir un instant, le temps qu’ils installent Oumar.
Ils le branchèrent à différentes machines. La montre au mur montrait deux heures vingt six quand ils eurent terminé. Les brancardiers sortirent et Nathalie fit entrer les autres.
En le voyant ainsi raccordé à plusieurs fils et autres appareils, les garçons reçurent un choc. Oumar ne pouvait remuer aucun de ses membres pour le moment. Il était emplâtré du cou jusqu’au niveau du tronc. Les enfants étaient tous éteints. Même Fatoumata, qui en arrivant avait pensé ressentir encore de la colère, de la haine pour son époux avait maintenant pitié de lui, tout momifié qu’il était dans sa prison de plâtre. Elle voyait bien que des larmes avaient coulé de ses yeux. Lui, Oumar qui ne fléchissait jamais.
Quand Nathalie eut terminé de faire tous ses branchements, elle laissa la famille seule :
« _ Bon ! Comme Dr Abou nous a appelés, je veux bien vous laisser une demi-heure avec lui. Mais, il faudra le laisser se reposer après.
(Elle se tourna vers Fatou) Pouvez-vous me suivre s’il vous plaît ? Le docteur vous attend dans son bureau.
_ Oui, bien sûr ! Les garçons restez tranquilles ! »
Elle suivit l’infirmière dans le couloir, qui la dirigea vers le bureau du Docteur qui s’était occupé de son mari :
« _ Je retourne dans le service Madame. Je repasserai dans la chambre quand vous aurez terminé.
_ Merci beaucoup Mademoiselle !
_ Ce n’est rien, je ne fais que mon travail. A tout à l’heure ! »
Et, elle referma la porte derrière Fatoumata.
Le Docteur était un Grand neurochirurgien sénégalais. Il se leva pour lui offrir une chaise :
« _ Bonsoir Madame,
_ Bonsoir Docteur !
_ J’espère que vous tenez le coup ! J’ai été mis au courant de tout ce qui s’est passé ces derniers jours dans la famille. Comment allez-vous ?
_ Ha, Docteur ! Je suis debout, c’est l’essentiel.
_ Je comprends effectivement !
_ Alors, Docteur, quelles sont les nouvelles concernant mon mari ?
_ Bien ! Je suis désolé, mais je dois vous informer que le cas de votre mari est inquiétant. Il souffre d’un traumatisme crânien avec perte de connaissance, et d’une fracture des vertèbres D5 et D6 entraînant une paraplégie complète. C’est une chance qu’il soit encore en vie.
_ Hé, Allah !
_ Je suis désolé ! Vous devez être forte !
_ Est-ce qu’il va remarcher ?
_ Il est trop tôt pour que je réponde à cette question. Mais, ce n’est pas sûr. Dans tous les cas, nous ferons tout pour qu’il retrouve l’usage de ses jambes. Pour l’instant, on espère qu’il va se réveiller assez vite du coma dans lequel il est plongé.
_ Hé, Allah ! »
Le Docteur s’était levé. Il était allé se mettre en face de Fatoumata avec un paquet de mouchoirs dans la main. La pauvre mère n’avait pu s’empêcher de faire couler des larmes. Il la laissa pleurer pendant quelques instants puis, alors qu’elle épongeait les larmes sur ses joues, il ajouta :
« _ Je sais que c’est très difficile la situation actuelle. Entre votre fille et votre mari, mais ils auront tous les deux besoin de vous.
_ Hum ! Lui n’a pas besoin de moi !
_ Si Madame ! Votre mari encore plus que quelqu’un d’autre.
_ Que Allah m’aide !
_ Amine ! Il vous aidera. Je serais là dans tous les cas. Il faut prier pour qu’il s’en sorte. Les hommes ont fait leur part, maintenant c’est à Lui de faire le reste. »
Le docteur DIOP Abdoulaye parlait d’une voix calme et rassurante. Il prenait le temps à chaque fois de lire les émotions sur le visage de Fatou avant de continuer. La pauvre ne savait plus quoi penser. Assise là, loin des enfants, elle commençait à croire que la malchance les avait gagnés. D’abord sa Ami, ensuite Oumar. Mais, peut-être était-ce un châtiment ? Dieu la punissait sûrement pour une faute qu’elle avait dû commettre.
Le Docteur continuait en lui expliquant que la présence de la famille était toujours un atout important pour le rétablissement des malades. Même dans le coma, ils pouvaient entendre les voix de leurs proches. Sur ces mots, il la raccompagna jusqu’à la chambre de son mari. Entre temps, les garçon s’étaient à nouveau endormis, rompus par la fatigue. Ils se réveillèrent en entendant les voix de leur mère et du Docteur. Ce dernier vérifia lui aussi qu’Oumar était bien installé, puis, il prit congé en réaffirmant son soutien.
Une dizaine de minutes plus tard, Nathalie vint leur demander de partir. Il était presque quatre heures du matin.
A la maison, Yaye ne put trouver le sommeil. Elle avait laissé la petite Fanta avec la nounou. Elle avait besoin de se reposer avant de s’occuper du bébé qu’elle avait réellement commencé à aimer. La pointe de jalousie au début de son arrivée avait disparu. Désormais, Fatoumata était fière de sortir promener « son petit bout » comme elle l’avait surnommée. Elle n’avait plus honte de la présenter à tous comme sa fille. Et, lorsqu’une personne se montrait trop curieuse ou médisante, elle trouvait toujours les mots pour la faire taire.
Dès le lendemain, elle trouva une organisation pour pouvoir rendre visite à Ami et à son mari. Elle commençait toujours par elle. Ensemble, elles parlaient de leur quotidien et Fatou lui racontaient comment les choses allaient à la maison. Elle avait fini par accepter que Joël reprenne contact avec Ami. Mais, pas qu’il vienne à l’hôpital. Abou était toujours là et, elle voulait éviter qu’ils ne se disputent à nouveau. Elle était étonnée de voir à quel point il restait présent et attentionné pour sa fille. Et surtout, en regardant Ami, elle constatait qu’elle avait changé. C’est vrai qu’elle avait failli mourir, mais, il y avait quelque chose de changé en elle. Fatoumata ne saurait dire quoi, mais elle savait que quelque chose n’était plus pareil en sa fille. Elle avait décidé de ne pas en parler pour l’instant. Elle patienterait jusqu’à son retour à la maison. Ensuite seulement, elle lui demanderait.
Et puis, Abou était très prévenant. Comment sa fille, qui n’avait pas pu tolérer leurs fiançailles faisait-elle pour ne pas lui interdire sa chambre ? C’était quand même lui qui était allé la « dénoncer » auprès d’Oumar. Elle ne comprenait plus rien. Depuis quand sa fille était-elle devenue aussi douce ? C’était invraisemblable !
Un jour, alors qu’Ami était hospitalisée depuis une semaine maintenant, elle avait surpris Abou dans la chambre. Sa fille dormait encore. Il la contemplait avec dans le regard une expression qui ne laissait nul doute, il éprouvait des sentiments pour sa fille. Yaye Fatou en fut étonnée. Comment cela se pouvait-il ? Elle n’avait pas cherché plus loin. Les explications viendraient bien assez tôt.
Elle avait pénétré dans la chambre avec son téléphone à l'oreille en parlant bien fort, simulant un appel téléphonique. Abou s’était redressé et, comme un enfant pris en faute, il l’avait saluée avec une pointe de gêne dans la voix. Elle lui avait souri et Abou lui avait donné des nouvelles.
Le corps d’Ami guérissait bien. La plaie cicatrisait tout doucement. Le seul souci était son moral. Quand elle se serait rétablie tout à fait, comment irait-elle ? Yaye le rassura. Elle était psychologue et, depuis le coup de fusil de son mari, elle avait ouvert les yeux. Désormais, elle allait prendre soin de sa fille et du reste de sa famille. Elle avait expliqué à Abou qu’elle prendrait les choses en main et que plus jamais, son mari ne terroriserait un de ses enfants. Elle s’en était fait la promesse. Il sourit en la voyant si farouche. Yaye Fatou était comme sa Tanta Coumba, farouche avec un cœur tendre.
Il prit congé le sourire aux lèvres.
Dans la même journée, Abou demanda le transfert d’Oumar pour la clinique. Il disait vouloir lui-même s’occuper de l’homme grâce à qui il avait pu terminer ses études et devenir Docteur. Yaye Fatou l’en avait remercié de plus belle avant de rentrer chez elle. Elle l’avait béni mille fois au moins.
Deux semaines étaient passées et, bientôt Ami allait rentrer à la maison.
Un jour, alors qu’Abou était encore au chevet de son lit, à la regarder d’un air énamouré, Ami ouvrit les yeux. Elle s’étonna de le voir penché sur son visage. La surprise du réveil de la jeune fille avait immobilisé Abou qui, ne sachant quelle attitude adopter fit semblant d’arranger l’oreiller sous la tête de la malade. Puis, il s’installa dans le fauteuil et engagea la conversation :
« _ Bonjour Ami !
_ Bonjour Abou ! (elle avait la voix pâteuse, car elle passait le plus clair de son temps depuis son opération à dormir)
_ As-tu bien dormi ?
_ Oui, merci ! Mas, tu sais ce n’est pas la peine de me poser chaque matin les mêmes questions hein.
_ Hum ! Je viens aux nouvelles, c’est tout. Et puis, je ne fais que mon travail.
_ Bon, très bien ! Je vais donc t’épargner le reste : je n’ai mal nulle part ; je n’ai pas eu de souci dans mon sommeil ; pas de cauchemars ; etc ; etc…
_ Hum ! Bon, je vois que tu t’es réveillé de l’œil gauche aujourd’hui.
_ Qu’est ce que tu racontes ?
_ Rien, laisse tomber !
_ Hum !
_ Ca faisait longtemps dis donc !
_ Quoi ? Qu’est ce qui faisait longtemps ?
_ Ton Hum ! Cela fait quelques jours que je ne l’ai pas entendu.
_ Hum !
(sourire de Abou)
_ Tu as fini ton travail ?
_ Oui, c’est bon, je vais te laisser tranquille !
_ Merci ! »
Elle attendait qu’il sorte, mais Abou était encore là. Elle commençait à s’impatienter, puis n’y tenant plus :
« _ Docteur Aboubacar DIOP, voulez-vous bien sortir de ma chambre s’il vous plaît ! J’ai envoie d’aller faire pipi.
_ Oh, pardon ! Je m’excuse, je sors vite ! »
Dans son empressement, son pied s’accrocha au drap du lit qui couvrait Ami et alors, elle se retrouva en sous-vêtements devant lui. Abou ne pu s’empêcher d’admirer son corps si beau malgré la cicatrice qui marquait un côté de son ventre. Ami s’en aperçut et, le visage fermé lui intima l’ordre de sortir.
« Désolé ! » ne put que dire Abou qui sorti tout penaud.
Dans l’après-midi, Ami reçu la visite de Jeneba. Elle n’était pas passée depuis des jours.
« _ Comment va cousine ? Tu es belle ce matin. Tu attends une visite particulière ?
_ Bonjour Jene ! Dis-donc, ça fait longtemps que tu n’es pas passée me voir. On dit quoi ?
_ Bof, ça va ! On est là, RAS au pays quoi ! Et toi ? Ca va, tu te remets bien !
_ Ca va ! J’ai hâte de sortir d’ici !
_ J’imagine ! Alors, quelles sont les news ?
_ C’est toi qui devrais m’en donner, moi je suis clouée ici.
_ Hum ! Ton chéri Joël, il n’arrête pas de me harceler. Il dit que tu refuses de lui parler.
_ Ne me parle plus de lui. (elle avait employé un ton ferme, sans animosité)
_ Mais, pourquoi ? Je sais que tu n’as pas eu de chance, malheureusement. (elle regarda en direction du ventre de sa cousine) Mais, tu na vas quand même pas le punir toute la vie ?
_ Qu’est-ce qu’il y a Jene ? Tu es devenue son avocate ou quoi ? Tu es venue me voir ou parler de lui ?
_ Rho ! Tu aimes trop ça ! Je m’inquiète c’est tout ! Vous formiez un si beau couple.
_ Han bon ! Et depuis quand nous étions un couple lui et moi ?
_ Heeeuuu… !
_ Je t’écoute ! As-tu des choses à me dire ?
_ Moi ? Noooonnn ! Mais, même si tu ne m’en avais pas parlé, depuis longtemps je me doutais qu’il y avait quelque chose entre vous. C’est tout ! D’ailleurs, je t’en ai voulu de me faire des cachotteries.
_ Hum ! Ok ! Bon, passons ! Laisse Joël là où il est. Je n’ai pas envie de parler de lui.
_ Ok ! C’est bon, j’ai compris ! »
Elle se mit à regarder sa cousine comme si elle ne la reconnaissait pas :
« _ Je te trouve bizarre !
_ En quoi suis-je bizarre ?
_ Je ne sais pas ! Tu m’as l’air changée.
_ Donc, c’est parce que je te demande de ne plus me parler de Joël que tu me trouves bizarre ?
_ Non ! Non ! Mais, tu as quelque chose de changé en toi. Mais bon, laisse tomber !
_ Hum ! »
Le reste de la visite se passa sans souci. Même si Jeneba n’était plus aussi enthousiaste qu’elle l’avait été au début. Au moment où elle s’en allait, la sœur d’Abou passa le nez à travers la porte.
« Bonjour ! Je peux entrer ? »
Jeneba la regarda avec animosité.
« _ Que veux-tu ?
_ Juste dire bonjour à Aminata.
_ Ha ! Et depuis quand tu la connais pour passer comme ça lui dire bonjour ? »
La principale concernée regardait Jeneba d’un air étonné. Elle était debout devant le placard de la chambre, cherchant des chaussures à se mettre.
« _ Jene, qu’est-ce que tu as ?
_ Ha, mais quoi ! Qu’est-ce qu’elle te veut ?
_ Mais, elle vient de te répondre. Pourquoi tu l’agresses comme ça ?
_ Je ne l’agresse pas ! Juste qu’elle n’a rien à faire ici. C’est aussi de sa faute si tu es clouée dans ce lit.
_ Mais, tu vas arrêter oui ! Khady, je suis désolée, entre !
_ Ha bon !? Vous êtes devenues amies maintenant ?
_ Jeneba, arrête ça ! Je n’aime pas ce que tu fais là. Qu’est ce qui te prend ?
_ Bon ! Bon ! Ecoute, comme elle vient, moi je pars. C’est mieux ainsi.
_ De toute façon, tu allais t’en aller ! Viens, je te raccompagne. Khady, excuse-moi, je ne sais pas ce qui lui arrive. Habituellement, c’est moi la sauvage, mais on dirait qu’on a échangé les rôles. »
Elle finit sa phrase en souriant. Elle se sentait gênée de l’attitude de sa cousine. Que lui arrivait-il ?
Khady qui n’avait rien dit jusque là se surprit à sourire. Elle savait bien pourquoi Jeneba l’avait agressée, mais elle préférait en sourire.
« _ Non, Ami, ce n’est pas grave ! Je passais juste en coup de vent de toute façon. J’avais une course à faire et Yaye m’a demandé de passer déposer à manger pour Abou.
_ Ok ! Mais, si tu veux, tu peux m’attendre juste quelques instants. Je reviens !
_ Non ! Non ! Ca va ! Je vais aller dire au revoir à mon frère et retourner au restaurant. Il faut que je prépare le service de ce soir.
_ Ok ! Comme tu veux ! C’est gentil d’être passé par chez moi.
_ C’est normal ! »
Elles se firent la bise et Khady s’en alla après avoir jeté un sourire ironique à Jeneba. Cette dernière la toisa sans même chercher à s’en cacher. Ce qui lui valu un coup d’épaule de la part d’Ami.
« _ Mais, qu’est ce que tu as bon sang Jene ?
_ Quoi !? Ho, rien ! Laisse tomber ! Je ne l’aime pas, c’est tout !
Comment ça tu ne l’aimes pas ? Tu ne la connais même pas.
_ Oui, mais parfois on n’aime pas les gens dès le 1er coup d’œil. Et puis, je leur en veux à eux tous dans leur famille pour ce qui t’est arrivé.
_ Ce n’est pas eux qui m’ont mise enceinte. Et puis, c’est Abou qui est allé voir papa. Pas elle !
_ Et alors ? Elle était là non !? Elle n’aurait pas pu l’en dissuader ?
_ Huuuuuuuuuuuuuum ! Jene, pardon ! Je suis encore à la clinique. C’est lui mon docteur.
_ Ha ! J’oubliais même ! Et puis, bon pour lui ce n’est pas trop pareil hein ! Il n’a fait que ce qu’il pensait être normal. Il était ton fiancé tout de même !
_ Pourquoi tu dis « était » ?
_ Hooo ! Mais vous n’êtes plus fiancés non !? D’ailleurs tu n’as jamais voulu de ça là. Ou bien !? (elle jeta à Ami un regard soupçonneux)
_ Pardon, allons-y ! Je vais te raccompagner.
_ Toi, tu me caches des choses !
_ Allons-y Jene ! Pardon !
_ Bon, bon ! D’accord ! Je ne dis plus rien l’ex fiancée. Ne te fâche pas ma chérie, je te taquine. Juste, fais bien attention à cette fille là ! Je ne l’aime pas trop ! Elle est du genre à raconter des mensonges
_ Jene ! (Ami n’en pouvait plus, elle commençait à être excédée). Si tu continues, je te laisse partir seule.
_ Hééééééééé ! A cause de quoi !? Bon, allons-y ! »
Arrivées dans le hall de la clinique, elles s’embrassèrent et Jeneba sorti en lui promettant de repasser très rapidement. Elle sorti en même temps que Khady qui se mit à lui rire au nez. Jeneba s’assura qu’Ami ne les regardait pas et arrivée dehors, elle héla Khady.
« _ Donc, comme ça tu es devenue amie avec ma cousine ?
_ Tu ne le savais pas ?
_ Non !
_ Je pensais que vous vous disiez tout ?
_ Cela ne te regarde pas. Mais, je t’avertis, tu n’as pas intérêt à lui parler de moi.
_ Pourquoi ? Tu as quelque chose à cacher Jeneba ?
_ Je t’ai seulement prévenue. »
Puis, elle s’en alla. Elle était très énervée. Elle avait un rendez-vous avec son chéri et était déjà en retard Il lui avait envoyé un message pour dire qu’il l’attendait en dehors de la clinique. Cela faisait longtemps qu’ils avaient prévu de se voir et, enfin, il était là. Elle était aux anges.
Elle décida de ne plus penser à Khady. Son chéri l’attendait.
Alors que Khady et elle sortaient par les portes vitrées de la clinique, Abou regardait dans leur direction. Il n’en revenait pas. Comment cela pouvait être possible ? Il était en train de se poser tout un tas de questions. Il remercia la personne qui était avec lui et s’en alla.
Comment n’en n’avait-il rien compris depuis le début ? Lui qui avait toujours eu confiance en elle. Elle ne pouvait avoir fait cela. Il regarda par dessus son épaule et vit les deux femmes. Elles se disputaient, il en était sûr ! Devait-il intervenir ? Non, il se dit qu’il ne voulait pas se prendre la tête avec elle pour l’instant.
Mais, quelle déception ! Jamais il n’aurait pensé qu’elle irait jusque là ! Comment avait-elle pu ? Elle allait devoir s’expliquer avant qu’il ne prenne la moindre décision. Quand il pense qu’il lui avait fait confiance depuis toujours. Il voulait se gifler pour sa naïveté. Quel imbécile ! Quel idiot il avait été.
Arrivé dans son bureau, il appela Brahim. Ce dernier décrocha à la deuxième sonnerie. Abou qui n’arrivait plus à se contrôler lui cria presqu’au téléphone :
« _ Tu étais au courant dis-moi ?
_ De quoi tu parles Abou ? Et puis, où sont tes bonnes manières ? Tu ne sais pas dire bonjour ?
_ Laisse mes bonnes manières là où elles sont. Tu étais au coutant ou pas ? Je n’ai pas encore parlé avec Khady, mais ce soir je suis de repos. Je vais lui demander.
_ De quoi tu parles, bro ? Je ne comprends rien !
_ Regarde ton téléphone. Je t’ai envoyé des photos.
_ Ok, laisse –moi le temps de les regarder, je te rappelle !
_ Très bien ! »
Ils raccrochèrent en même temps. Moins d’une dizaine de minutes plus tard, ce fut au tour de Brahim de faire sonner le téléphone de son ami :
« _ Tu sais que je peux encore te botter le cul hein Abou ! Qu’est ce que c’est que ça ?
_ A toi de me le dire.
_ Ecoute, je ne sais pas de quoi il s’agit et tu vois bien que ce n’est pas mon numéro de téléphone.
_ Je le sais bien, mais c’est toi qui m’avais montré les réponses. Donc, je me suis dit qu’elle t’en avait parlé.
_ Bon, on ne peut pas parler de ça au téléphone. Tu rentres à quelle heure ?
_ Dix-neuf heures je serais à la maison.
_ Ok, je te rejoins là-bas. D’ici là, ne fais rien, ok !
_ Je ne sais pas !
_ Fais ce que je te dis ! C’est important !
_ Bon, ok ! Mais, si je ne te vois pas aujourd’hui, j’agirais seul. Et tant pis pour le reste.
_ Calme-toi ! (une voix féminine se fit entendre derrière lui.) Brahima bébé, laisse ton téléphone. Je t’attends !
_ Bon, bro, il faut que je te laisse. On se voit ce soir !
_ Ok, Brahima bébé !
_ La ferme ! »
Ils raccrochèrent. Abou sourit en pensant à son ami qui ne voulait pas se caser et allait de filles en filles. Mais, il n’avait pas la tête à penser aux conquêtes de son frère. Que se passait-il dans son dos et pourquoi Brahim et Khady y étaient impliqués ? Lui qui leur avait toujours fait confiance.
Dans tous les cas, Khady avait des comptes à lui rendre.
De son côté, Brahim ne voulait plus s’amuser avec la fille qui se trémoussait dans son grand lit aux draps satinés. Il lui demanda de se rhabiller et la raccompagna jusqu’à la porte de sa deuxième résidence. Celle où il amenait les filles comme celle-ci. Il ne voulait absolument pas qu’un jour elles débarquent chez lui. Aussi, il lorsqu’il voulait passer du bon temps, il venait se réfugier là, loin des regards indiscrets.
Quand la fille fut partie, il lança quelques coups de fil et alla prendre une douche. Il ferait mieux de se dépêcher s’il voulait être à l’heure pour le rendez-vous chez Abou.
Merde ! Pourquoi ne lui avait-il rien dit depuis le début ! Merde ! Merde ! Merde !