Joël et Ami 22 : Abou et Ami
Ecrit par Dja
Abou se pencha encore plus vers Ami. Elle pouvait sentir l’odeur de son after-shave dans son cou. Ce parfum lui tournait doucement et agréablement la tête. Elle ferma les yeux un instant. Abou lui reposa la même question :
« Aminata Traoré, pourquoi me fuis-tu ? »
En l’entendant prononcer son nom avec autant de douceur, Aminata perdit assurance. Elle avait redouté cet instant où ils seraient tous les deux. Depuis l’épisode du baiser dans la chambre, elle s’était demandé comment elle réagirait quand elle le reverrait. Car, elle savait bien qu’il finirait tôt ou tard par la coincer. Cela n’avait été qu’une affaire de temps.
Voyant qu’elle ne répondait toujours pas, Abou plaça un doigt sous son menton pour lui faire lever la tête. Ami rouvrit en même temps les yeux et soutint son regard. Ils restèrent ainsi plusieurs minutes, lorsqu’elle entendit sa mère l’appeler. Elle chercha à se dégager de son étreinte, mais Abou la maintint encore plus fortement plaquée au mur.
« _ Tu ne me réponds pas, tu ne sors pas d’ici.
_ Mais, Yaye m’appelle. Tu as bien entendu.
_ Hé bien, c’est à toi de voir. Soit tu réponds à ma question, soit nous restons là. Personnellement, cela ne me dérange pas.
_ Mais, tu es fou !
_ C’est à toi de voir, je répète ! »
Ami se mit à réfléchir rapidement. Elle ne voulait pas que sa mère la cherche trop longtemps. Et Abou ne semblait pas être dérangé le moins du monde par la promiscuité dans ce placard. Elle pensa le provoquer un peu :
« _ Qu’est ce qui te fait penser que je te fuis même ?
_ Si ce n’est pas le cas, pourquoi depuis ne réponds-tu pas à mes appels ni à mes messages ?
_ Si je te dis que c’est parce que je n’en vois pas l’importance ?
_ Je te répondrais que tu mens.
_ Ha bon ! Tu es trop prétentieux mon cher. Ne te donne pas plus d’importance que tu n’en n’as.
_ Ami, je te rappelle que ta mère est en train de te chercher.
_ Bon, bon ! Tu m’exaspères ! Je ne vous fuis pas très cher Docteur Aboubacar Diop. Je n’ai juste pas le temps de répondre à votre multitude de messages. C’est tout ! (Elle avait employé un ton condescendant en espérant qu’il la laisse enfin tranquille)
_ Hum ! Je ne te crois pas !
_ Tant pis, c’est ton problème. Bien, à présent que j’ai répondu à ta question, est-ce que tu vas me laisser sortir d’ici ?
_ Je ne sais pas. Laisse-moi réfléchir.»
Il ferma les yeux un instant, puis :
« _ Bon, je veux bien te laisser partir, mais avant, je voudrais te poser une autre question. (Ami leva les yeux au Ciel). S’il te plaît !
_ Rhooooooooooo ! Bon, bon, vas-y ! De toute façon, je n’ai pas d’autre choix.
_ Bien ! Est-ce qu’il t’arrive de penser à notre baiser »
Elle ne s’était pas attendu à une question aussi directe. Elle voulu feindre l’indifférence, mais Abou perçu dans le ton de sa voix ce qu’elle voulait cacher.
« _ Non !
_ Tu mens encore une fois Ami ! Je le sens à ta voix. Tu y penses autant que moi.
_ N’importe quoi ! Tu racontes vraiment n’importe quoi !
_ Ok ! Vu que ce que je dis est faux. Si on recommençait pour voir ? Comme ça, je saurais si réellement tu as oublié notre petit moment.
_ Je n’en n’ai pas envie. Et puis, maintenant, j’aimerais que tu me laisses passer. Ma mère m’attend.
_ Tu vois, tu continues de me fuir.
_ Je te dis que je ne veux pas. Est-ce que c’est forcé ?
_ Allez ! Tu ne perds rien à le faire. Je te promets de te laisser tranquille après. Mais seulement si je me rends compte que tu ne ressens réellement rien.
_ Tu commences à m’énerver.
_ Au moins c’est un sentiment envers moi. Allez, qu’est-ce que tu y perds. Un baiser, rien qu’un seul. Et ensuite, je te laisse tranquille.
_ Hum !
_ Je te promets !
_ Bon ! Puisque tu insistes, je veux bien te laisser faire. Mais après, je m’en vais. Ok !?
_ Ok !
_ Très bien ! »
Maintenant Abou hésitait. Il se demandait ce qu’il ferait si réellement elle ne ressentait rien comme elle disait. Khady lui avait conseillé de forcer un peu les choses avec Aminata. Elle maintenait que certaines filles qui avaient connu des déceptions ne se donnaient plus aussi facilement. Il fallait leur forcer la main parfois. Mais, là, il n’était plus aussi sûr de lui. Et si Ami le rejetait pour de bon. Qu’adviendrait-il ?
Elle avait fermé les yeux et attendait ce baiser qui ne venait plus. Mais que voulait-il à la fin ? Il la vit froncer les sourcils et tordre sa bouche dans une moue dédaigneuse. Enfin, il n’y tint plus et prit ses lèvres dans un baiser passionné. Il savait qu’il jouait là son va-tout. C’était maintenant ou jamais. Il n’aurait plus jamais la chance qui s’offrait à lui.
Alors, sa langue se perdit dans la bouche de la jeune fille. Il la coinça encore plus fort contre le mur et se mit à jouer avec ses cheveux. Il dénoua le chignon qu’elle s’était appliqué à faire le matin-même et fit tomber en cascade la masse autour de sa tête. La lueur de la lumière du panneau « SORTIE DE SECOURS » donnait à Ami l’allure d’une rebelle d’un film policier. A cet instant, Abou se sentit perdre pied. Il comprit qu’il était éperdument amoureux d’elle.
Ami avait toujours les yeux fermés. Elle n’avait pas pensé qu’il l’embrasserait de la sorte. Dieu comme il était doux ! Sa bouche aux lèvres pulpeuses et à la langue baladeuse lui firent pousser un gémissement de contentement. Elle s’arc-bouta tout en se cramponnant à ses épaules. Ses jambes menaçaient de ne plus pouvoir la porter. Elle était perdue.
Au début, elle avait pensé faire semblant d’être dégoûtée. Mais, sa comédie n’avait duré que quelques secondes. Abou était un maître en la matière. Jamais encore on ne l’avait transporté ainsi. Il avait tout de suite su comment la faire chavirer. Sans en avoir conscience, ses mains se promenaient sur son corps. Elle savait qu’il était bien bâti, mais là elle palpait à travers le tissu de la chemise des muscles sur lesquels elle ferait bien passer sa langue. Aussitôt la pensée de son corps nu s’imposa à elle. Elle ouvrit les yeux et plaqua une main sur le torse d’Abou pour le repousser. Elle commençait à avoir peur. Ce baiser commençait à aller trop loin. Il était temps que ça s’arrête.
Abou sentit sa soudaine hésitation. Il ouvrit également les yeux. Le haut de sa chemise avait bien été déboutonné et il vit dans le regard d’Ami le désir. Elle le regardait comme un chien contemple un os qu’il sait qu’il va engloutir. Si elle continuait, il ne pourrait plus se retenir. Il fallait qu’il se fasse violence pour calmer l’ardeur qui commençait à enfler son entrejambe. Dieu cette fille allait le rendre complètement fou.
Au même instant quelqu’un alluma la lumière. Un interne était venu prendre des médicaments. Tous les trois se figèrent de surprise, puis le jeune étudiant en 3ème année s’excusa avant de sortir sans finalement prendre ce qu’il était venu chercher. Le pauvre avait entendu dire que le Docteur pouvait parfois se montrer dur avec certains stagiaires. Il ne voulait pas faire partie de ceux-là. Abou le rappela et lui ordonna de se taire, au risque d’être renvoyé. Il ne tenait pas à ce que les gens fassent des gorges chaudes sur cet épisode. L’étudiant tout tremblotant lui jura qu’il serait muet comme une tombe. Puis, il sorti de la réserve presqu’en courant.
Pendant ce laps de temps, Ami en avait profité pour rajuster sa tenue. Elle avait les cheveux en bataille et l’un des boutons de sa robe était également détaché. Elle se demandait ce qu’il se serait passé si le jeune homme n’était pas rentré. Elle ne voulait même pas y penser. Ses lèvres étaient enflées de désir et elle sentait sa culotte toute mouillée. Dieu quelle bêtise venait-elle de commettre à nouveau. Abou refermait la porte. Il attendit encore quelques secondes, puis se tourna vers elle :
« _ Ca va ? (il hésitait maintenant à la toucher)
_ Non ! Oui ! Je ne sais plus ! Mais, ne t’inquiète pas, ça va aller.
_ Tu en es sûre ?
_ Oui ! (sa voix était tendue. Elle avait presque crié. Puis, elle se radoucit et posa une main sur sa joue)
Il est temps que je rentre Abou.
_ Ok ! Mais promets-moi que tu vas bien.
_ Je vais bien Abou.
_ Ok ! Encore une question
_ Tu en as trop à me poser. Je t’écoute !
_ Vas-tu continuer à me fuir ?
_ Je ne te fuis pas Abou. (elle posa un doigt sur ses lèvres). Je ne sais pas si j’ai envie de répondre à tes appels. Tout cela est trop précipité pour moi. J’avoue que je suis perdue.
_ Comment cela ?
_ Je n’aime pas quand tu me touches comme tu viens de le faire.
_ Tu ne vas pas continuer à me dire que ça ne t’a pas plu ?
_ C’est vrai ! Mais, il est mieux que nous ne recommencions plus.
_ Je ne suis pas d’accord. Mais, je vais je te laisser partir. Seulement, promets-moi que tu ne vas plus m’esquiver.
_ Huuumm !
_ Ca m’a manqué ça ! (il se mit à sourire)
_ Abou ! S’il te plaît, laisse-moi passer. Sinon, je dis à Yaye que tu m’as séquestrée
_ Elle en sera heureuse peut-être !
_ Abou! (elle avait employé un ton mi-sérieux, mi-amusé)
_ Bon ! Bon ! C’est bon, tu peux partir.
_ Merci Docteur ! »
Et il s’effaça pour la laisser passer. Au moment où elle ouvrait la porte, il lui retint la main :
« Encore une chose ! Sache que je ferais tout pour te prouver que je tiens à toi. Je n’ai pas encore rompu nos fiançailles »
Puis, il la dépassa et salua Fatoumata avant de se diriger vers son bureau. Ami était restée là, interdite. Elle ne savait plus quoi penser. Sa mère lui donna une petite tape sur l’épaule pour l’obliger à bouger. Elle la gronda doucement car elle l’avait cherché partout et lui demanda :
« _ Qu’est ce que vous faisiez là ? Depuis que je te cherche, si j’avais su, je serais venue frapper à la porte. Il s’agit de ton père ? Que t’a-t-il dit ?
_ Qu’il n’a pas rompu nos fiançailles. »
Devant le regard étonné de sa mère, Ami sourit avant d’éclater de rire. Yaye Fatou ne comprenait rien. Mais, elle était heureuse de voir que sa fille recommençait à sourire après toutes les épreuves par lesquelles elle était passée. Elle sentit un poids tomber de ses épaules. Ami recommençait à vivre et Abou y était pour quelque chose. Finalement, l’espoir n’était pas mort. Une lueur semblait jaillir qui lui mettait le cœur en joie. Vraiment ce jeune docteur était une bénédiction pour sa famille.
Le docteur en question était allé prendre un grand verre d’eau fraiche dans son bureau. Il se repassait sans cesse le film du baiser dans sa tête. Comment cette fille avait t-elle fait pour le rendre aussi fou. Il ne comprenait pas. Elle lui avait rendu son baiser de la façon la plus sensuelle qu’il n’ait jamais connue jusqu’à présent. Elle avait bien caché son jeu cette petite. Mais, ce n’était que partie remise. Dès à présent il s’arrangerait pour qu’elle le compte dans sa vie. Il le lui avait bien dit. Il comptait la conquérir. Rien qu’en pensant à ses lèvres et à sa poitrine bien rebondie, il sentit son membre durcir à nouveau et son pantalon devenir trop étroit. Purée, comme il avait envie de la faire fondre sous ses caresses. Elle ne perdait rien pour attendre.
Son bipper le ramena à la réalité. Il aurait dû commencer sa tournée de malades depuis longtemps déjà. Il ajusta sa blouse, quelques stylos dans la poche, plaça son stéthoscope autour de son cou et sorti du bureau. Aminata Traoré allait savoir qu’il ne se laissait pas mettre de côté aussi facilement. Oh non ! Foi d’un Diop, il était temps que quelqu’un lui apprenne à ne pas jouer avec les sentiments d’autrui. Et ce quelqu’un ça sera lui.
Mais, pour l’instant, il devait s’occuper de ses malades. Déjà, il ouvrait une première porte.
Onze heures allait bientôt sonner, il fallait qu’il se dépêche s’il voulait aller manger après avec sa tante. Elle avait insisté car aujourd’hui ils allaient être en famille. Elle avait quelque chose à leur annoncer à lui et à sa sœur.
Il mit de côté toutes ses préoccupations familiales et fit une grimace à la petite fille de 10 ans qui l’attendait avec un sourire malgré la douleur dans ses yeux. Elle venait de subir une lourde opération à cause d’une plaie mal cicatrisée au genou...
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De l’autre côté de l’océan, à Paris, il serait bientôt midi. A cette période, il y avait une heure de plus qu’au Sénégal.
Richard était à l’aéroport, le froid qu’il faisait l’avait obligé à apporter un manteau en plus pour son invitée de marque. Jeneba allait bientôt être dans ses bras. Il avait hâte.
En effet, cela faisait des mois qu’ils avaient planifié son arrivée. Depuis qu’elle lui avait juré que plus rien ne la retenait au pays. Enfin ils allaient vivre une vie paisible. Ses enfants n’étaient pas d’accord avec son choix. Mais, il avait décidé que désormais, il penserait d’abord à son bonheur. Il avait trop donné en ne pensant qu’à eux et le résultat en avait été la mort de son épouse. Cette salope qu’il avait aimé jusqu’à fermer les yeux sur ses infidélités.
A présent, il voulait goûter au bonheur lui aussi. Il était persuadé que sa lionne sénégalaise ne le ferait pas souffrir. Elle lui avait prouvé son amour durant ces longs mois de séparation.
Il la vit arriver au loin. Elle était perchée sur des chaussures à talons hauts et avait porté un ensemble bleu nuit, pantalon et t-shirt. Une veste terminait sa tenue. Comme elle était belle. Ses cheveux qu’elle avait lissés lui donnaient l’allure d’une gravure de mode. Richard ne regrettait pas son choix. Il avait parlé d’elle à tous ses amis et ce soir, il organisait une soirée où il la présenterait à tout le monde. Comme il avait hâte.
Jeneba de loin lui fit un signe de la main. Il ne lui restait plus que la porte de la douane à passer. Elle sentait monter l’excitation au fur et à mesure que les minutes s’égrenaient. Le monsieur lui rendit son passeport et d’un bond, elle passa le portique. Enfin, elle était là. Enfin, elle aussi pourrait dire qu’elle « ETAIT ARRIVEE ». Comme ces autres filles qui avaient une vie de luxe et qui « se la pétaient ». Elle aussi pourrait enfin dire qu’elle avait gagné le gros lot. Elle marcha telle une célébrité admirée et attendue par ses fans et alla se jeter au cou de son amoureux. Elle était au paradis.
« _ Comme tu m’as manqué mon chéri ! J’ai failli devenir folle sans toi.
_ C’est vrai ça ?
_ Oh oui mon amour !
_ Sache que tu m’as manquée encore plus encore. J’ai même cru que tu m’avais oublié lorsque je suis resté sans nouvelles de toi le mois dernier.
_ Ho ! Pourtant je t’ai bien dit que je n’avais plus de téléphone ni d’ordinateur.
_ Oui, je sais ! Mais, j’ai eu peur tout de même. Depuis mon histoire d’avec Marlène, je ne cesse d’avoir peur d’être trahi à nouveau.
_ Arrête Rich ! Nous en avons suffisamment parlé. Je ne suis pas ta traîtresse de femme et jamais je ne te ferais du mal.
_ Oui ! Tu as raison ! Pardonne-moi mon amour.
_ Hum ! Et je ne veux plus jamais entendre parler d’elle.
_ Ok ! C’est bon, ne te fâche pas chérie. Tu viens à peine d’arriver et déjà nous avons notre première dispute d’amoureux.
_ Mais, c’est toi qui dis des bêtises.
_ Je suis désolée. Allez, ne te fâche pas ! Ou plutôt si, fâche-toi ! Mais pas ici ! Nous sommes attendus chez des amis où nous allons déjeuner. Et tout à l’heure, j’espère que tu feras sortir toute ta colère sur moi. J’ai hâte de te goûter à nouveau.
_ Toi, tu aimes trop ça ! Tu n’es qu’un vilain petit obsédé.
_ C’est toi qui me fais cet effet. Allez, viens ! Je t’enlève. Tu n’as pas de bagage ?
_ Non ! Je n’en n’avais pas besoin. Je sais que je trouverais tout ce que je veux ici. A propos, il faut que je me change. Si nous devons aller chez des amis, je ne peux pas être dans cette tenue. Il faut que tu me trouves un bon magasin de prêt-à-porter.
_ Très bien ma lionne. Je ferais comme tu voudras. Viens ! »
Il avait garé sa voiture au niveau premium. Jeneba percevait le regard des curieux sur le couple qu’ils formaient. Elle était sûre que les gens devaient ergoter sur leur différence d’âge. Mais, elle n’en n’avait cure. Elle était heureuse. Enfin la vie lui souriait. Elle s’accrocha à son bras, comme pour bien narguer ces gens qui ne les connaissaient pas mais qui se permettaient de les juger. Une femme Noire, de l’âge de sa mère, la regarda avec étonnement. Elle la toisa sans vergogne et faisant mine d’enlever une saleté sur la joue de Richard, elle y posa un baiser. L’autre femme détourna le regard avec dédain. Cette jeunesse n’avait plus aucun respect pour les convenances.
Richard la conduisit ensuite dans plusieurs magasins : chaussures, vêtements, coiffeur. Elle en voulait toujours plus. Mais, il lui rappela qu’ils étaient attendus depuis longtemps déjà et qu’ils auraient tout le temps plus tard pour faire les boutiques. Jeneba lui sourit et ils sortirent de chez « MATY ». L’une des maisons de bijouterie les plus prestigieuses de Paris. Les amis de Richard les attendaient dans un des restaurants du « BOULEVARD HAUSSMANN ». Lorsqu’ils y pénétrèrent, Jeneba ne put s’empêcher de s’extasier sur la beauté et l’élégance du lieu. Elle se promit en son for intérieur de tout faire pour garder Richard. Elle suivrait à la lettre les recommandations de sa mère. Si elle savait manœuvrer, ils se marieraient vite :
« _ Les Blancs sont très romantiques ma chérie. Et si tu sais y faire, tu seras plus riche que ta cousine. Ne me déçois pas ma fille. Et surtout, fais bien attention à ne pas te faire voler Richard.
_ Oui Mâ ! Je ferais comme tu as dit ! Ne t’inquiète pas !
_ J’ai confiance en toi ! Tu as toute ma bénédiction.
_ Merci Yaye ! Sois tranquille, je ne te décevrais pas.
_ Bien ! Maintenant, vas-y ! Et donne-nous des nouvelles. Et surtout, occupe-toi bien de ton mari.
_ Oui Maman ! Bon, je dois y aller. Bisous ! Tu salueras mes frères et sœurs pour moi. Au revoir ! »
Et elle était allée s’installer dans l’avion. C’étaient les derniers conseils de sa mère le jour de l’embarquement. Elles avaient tenu secret son voyage, craignant le mauvais œil, la jalousie des gens. Sa mère était heureuse pour sa fille, mais aussi pour elle. Enfin, elle pourrait à son tour lever la tête et avoir beaucoup d’argent. Grâce à Jeneba, elle aussi allait bientôt vivre comme les riches.
Quand Fatoumata l’avait convié à une réunion familiale quelques mois auparavant, elle ne s’était pas attendue à ce que ce soit pour qu’on accuse sa fille d’avoir fait du mal à Aminata.
Fofana et les triplés étaient rentrés aux USA. Au bout d’un mois d’hospitalisation de leur père, Abou leur avait assuré qu’ils seraient tenus informés dès qu’il venait à se réveiller. Fofana ne pouvait pas s’absenter de son travail plus longtemps et les autres avaient des examens à préparer. Yaye Fatou les avait pour une fois accompagné jusqu’à l’aéroport alors que souvent elle ne le faisait pas. Elle détestait les adieux. Mais à présent que son mari ne pouvait plus le faire, elle avait promis aux enfants de le remplacer au maximum. Même s’il s’agissait de les voir partir loin d’elle et que son cœur se serre au moment de leur départ.
Le soir de la réunion, Awa s’était levée contre Ami sa mère. Elle les avait traitées de menteuses, de sorcières. Comment osaient-elles raconter des choses aussi horribles sur sa fille alors que c’était Aminata elle-même la responsable de ses problèmes. Maintenant, elle comprenait pourquoi les gens disaient que dans la famille, elles se croyaient tout permis parce qu’elles avaient de l’argent. Mais, elles devaient savoir que ce n’était pas à cause de leur rang social qu’elles réussiraient à faire du mal à sa fille. D’ailleurs, avant d’arriver, Jeneba lui avait expliqué s’être battue avec Aminata qui avait fait des avances à son petit ami. Comme elle était s’en plaindre à Abou qui lui avait avoué vouloir reprendre Aminata, cette dernière s’était jetée sur elle. Jeneba n’avait pas voulu alerté sa tante parce que jusque là, personne ne l’avait crue. Mais Awa elle, était persuadée de l’honnêteté de sa fille. Et puis, dans la famille, les gens ne disaient-ils pas que c’était Jeneba la fille de mauvaise vertu? Pourtant étrangement, ce n’était pas elle qui était tombée enceinte ni qui avait failli se faire tuer par son père. Hum ! Aminata avait toujours voulu se faire passer pour une sainte aux yeux de tous. Hé bien, elle n’avait eu que ce qu’elle méritait.
Les propos de sa tante l’avaient blessée cruellement. Aminata s’était mise à pleurer sous les ricanements de sa tante et le sourire narquois de Jeneba. Comme Awa était l’aînée de Fatoumata, cette dernière se contint pour ne pas la frapper. Elle mourrait d’envie de la jeter au sol et de la faire taire. Elle regrettait qu’Oumar soit hospitalisé. Il l’aurait fouettée pour elle, et sa fille aussi. Jamais il n’aurait accepté que sa sœur les traite de sorciers et lui de voleur d’argent du pays.
Fatoumata s’était levée tout simplement, en faisant des efforts pour ne pas succomber à la tentation et leur avait demandé de sortir de chez elle pour ne plus jamais y revenir. Elle qui avait pensé que l’histoire entre les filles serait réglée avec sagesse. Elle s’était bien trompée. Ami était allée se réfugier dans sa chambre pour n’en ressortir qu’à la nuit tombée. Ce jour-là, elle n’avait pas eu le courage d’aller rendre visite à son père. Elle avait attendue Yaye Fatou avec la petite Fanta qu’elle aimait de tout son cœur. Depuis son retour à la maison, elle s’occupait de la petite beaucoup plus souvent que sa nounou. Elle l’avait même surnommée Fantastica, la petite princesse. Fatou était heureuse de les voir s’amuser toutes les deux. Parfois, Ami prenait la petite dans son lit et dormait avec elle.
Jeneba était donc arrivée à Paris dans le courant du même mois de septembre.
Après le déjeuner où elle avait fait la connaissance d’une certaine partie des amis de Richard, ils s’étaient rendus dans un hôtel. Richard avait hâte de la posséder comme il disait. Depuis le décès de Marlène, les enfants et lui avaient déménagés à Fontainebleau, une banlieue de Paris. Il leur faudrait environ une heure pour s’y rendre, comme c’était l’heure de pointe. La circulation serait dense pour sortir du centre de la ville. Et, il ne voulait plus attendre.
Dans la chambre, Jeneba leur fit couler un bain. Elle fit tomber dans l’eau quelques gouttes de différents parfums d’amour que sa mère avait spécialement fait préparer pour eux par un grand marabout. Puis, elle invita Richard à se joindre à elle. Il ne se fit pas prier. Jeneba avait posé une petite bouteille en verre sur le rebord du lavabo. Elle renversa un peu de son contenu dans une main et frictionna le corps de son amant en chantant dans sa langue maternelle. Richard était aux anges. Jamais aucune femme n’avait pris soin de lui de la sorte. Marlène n’avait d’ailleurs jamais voulu qu’ils prennent une douche ensemble. Elle prétendait toujours que cela n’était pas convenable pour eux. Et puis, quand ils avaient commencé à faire chambre à part, il n’avait plus jamais eu l’occasion de le lui demander.
Là, à cet instant précis, il se sentait bien. Il était heureux. Il se mit à penser au soir où chez Joël il avait rencontré Jeneba. Elle lui avait plu dès le premier instant. Au début il n’avait pas pensé que leur histoire irait aussi loin. Il s’était dit qu’elle serait un coup comme tant d’autres étaient passées dans son lit depuis son arrivée au Sénégal. Mais au fur et à mesure qu’ils se voyaient, elle marquait son esprit. Joël n’en savait rien, il ne voulait pas risquer de la perdre. Et puis, un jour qu’elle avait trop bu après qu’ils aient fait l’amour, elle avait parlé dans son sommeil. Elle maudissait Aminata et Joël. A son réveil, il l’avait questionnée sur ses ressentiments et tout doucement, en utilisant son expérience d’avocat, il avait réussi à lui faire avouer la haine qu’elle nourrissait. Alors, ils avaient dès ce jour commencé à échafauder un plan pour nuire lui à Joël et à sa cousine. Elle avait donné à Richard la version selon laquelle Ami s’était toujours servie d’elle. Elle avait poussé le mensonge jusqu’à inventer une histoire de grossesse que sa cousine l’avait obligée à avorter.
Mais, la réalité que Richard ignorait, c’était que Jeneba avait toujours jalousé sa cousine. Depuis toute petite déjà, elle lui enviait son rang social et tout ce à quoi elle ne pouvait avoir accès. Par exemple, quand Ami fréquentait des établissements privés, elle, devait se rendre dans des écoles où le nombre d’enfants était souvent plus élevé que la normale. Sa cousine voyageait souvent aux quatre coins du globe avec ses parents et elle lui rapportait toujours des cadeaux, pendant qu’elle devait se rendre au village et accompagner sa mère aux travaux champêtres. Au fur et à mesure que les deux filles grandissaient, la jalousie de Jeneba en faisait de même. Elle aussi voulait s’acheter de belles choses, voyager à travers le monde. Elle voulait elle aussi partir avec Ami et sa famille.
Sans oublier les frères d'Ami qui la comblaient sans cesse. Le ministre lui avait même acheté une voiture quelques jours avant l'arrivée de Joël au pays. Ami venait de passer son permis de conduire et l'avait eu. De toute façon, elle n'aurait pu que l'avoir. Sa famille avait l'argent suffisant pour soudoyer les services. Mais, Ami avait foncé dans un arbre quelques jours après avoir eu la voiture. Jeneba s'en était réjouit intérieurement.
Un jour, alors qu’elles avaient toutes les deux douze ans et étaient en classe de 5ème , elle s'était livrée à Aminata sur la question des voyages. L'autre se moqua gentiment en lui expliquant que ses parents ne pouvaient pas l’amener avec eux parce qu’elles n’étaient que des cousines. Devant la mine déconfite de Jeneba, Ami s’était vite rendue compte que sa réponse l’avait blessée. Alors, elle supplia ses parents pour qu’ils proposent à ceux de Jeneba de désormais s’occuper de sa scolarité. Dès lors, les deux jeunes filles furent quasi-inséparables. Comme Jeneba l’avait souhaité, elles voyageaient désormais ensemble.
Malheureusement, tout n’était jamais beau pour elle. Il fallait toujours qu’elle ait exactement les mêmes choses que sa cousine. Jusqu’au jour où Ami la surprit avec un garçon dont elle était amoureuse en secret. Elle avait ouvert son cœur à sa cousine et cette dernière l’avait découragée de sortir avec le garçon. Elles avaient seize ans à cette période. Aminata en avait longtemps voulu à sa cousine. Pendant plus d’un an elles étaient restées en froid. Ce furent leurs mères qui les réconcilièrent. Néanmoins, Ami avait appris une chose importante, elle ne parlerait plus à sa cousine de ses amours.
La suite, on la connaissait…
Dans la baignoire de leur chambre d’hôtel, Richard se faisait dorloter. Son amante était si fière d’avoir mis le grappin sur un homme tel que lui, surtout plein aux as qu’elle s’était juré de tout faire pour qu’il l’épouse. Avant de partir en voyage, sa mère l’avait amenée voir un marabout qui lui avait remis des amulettes et autres filtres pour se faire aimer de Richard. En effet, il était habituel dans son milieu de recourir aux services d’un féticheur, et elle n’avait eu aucun scrupule à suivre Yaye Awa. D’ailleurs, elle connaissait plusieurs femmes qui faisaient comme elles. Ce n’était que tout naturel. Il y avait seulement quelques interdits auxquels elle devait faire attention. Comme par exemple que jamais une autre femme ne touche à un de ses canaris. Ou encore que Richard ne la touche au moment de sa période menstruelle. Elle devrait à ces moments-là retourner voir le marabout pour un bain purificateur. Or, vu la distance d’avec le pays, elle avait intérêt à user de prudence.
Après la douche, elle s’appliqua à le rendre heureux au lit. Elle voulait qu’il se souvienne de leur première fois en France. Richard également eut la même pensée. Il voulait apposer sa marque sur elle. Il la fit donc gémir jusque tard dans la nuit. Elle n’avait pas avec elle le matériel avec lequel elle le punissait parfois lorsqu’ils étaient encore au Sénégal. Mais, Richard grognait comme un félin au fur et à mesure que la jeune femme s’ouvrait à lui. Jamais il n’aurait imaginé qu’elle connaisse des positions aussi tordues. Elle accepta même qu’il introduise dans son vagin des morceaux de chocolat posés sur leur table de chevet. Avec sa langue il parti à la recherche du coulis qui dégoulinait grâce à la chaleur intime de sa tigresse.
Le lendemain les trouva totalement épuisés, après la nuit qu’ils venaient de passer.
A présent, cela ferait presque deux ans qu’elle était là. Elle avait fait la connaissance des enfants de Richard qui n’appréciaient pas trop sa compagnie. Pour eux, elle n’en voulait qu’à l’argent de leur père. Ils l’avaient d’ailleurs surpris quelques fois en plein tchat avec d’autres hommes sur le net. Et quand ils en avaient parlé à Richard, celui-ci les avait accusés de jalousie. Il était peiné de voir qu’ils ne s’entendaient pas. Pourtant, en sa présence, Jeneba se pliait en quatre pour eux.
En apparence, Jeneba montrait un épanouissement qu’elle était loin de vivre en réalité. La vie auprès de Richard était morne. Le sexe avec lui était trop fade. Elle disait avoir besoin des caresses d’un homme plus jeune. Elle avait essayé de ne pas se mettre avec d’autres hommes. Mais, lors d’une de ses balades, avait fait la rencontre d’un antillais. Ce dernier vivait encore chez ses parents mais travaillait dans une station service sur une aire d’autoroute. Elle ne lui avait pas caché sa condition. Cela ne dérangeait pas Calvin qui semblait au contraire être heureux de la situation. Il ne cherchait pas à se caser, mais plutôt à s’amuser. Quelle aubaine il avait eu de tomber ce jour là sur elle alors qu’elle était assise sur un banc. C’était au mois de novembre, l’année de son arrivée.
Bien avant, elle avait repris les cours. Richard avait joué de ses relations pour qu’elle soit acceptée dans une grande école de Communication et Relations Internationales. Elle avait le projet de se former en télécommunication et de trouver un emploi en qualité de reporter.
En juin, elle avait validé son semestre de rattrapage malgré son retard. Puis, s’était inscrite en tant que candidate libre pour des partiels. Même si elle accordait beaucoup d’importance à ce que Richard lui donnait, elle estimait qu’elle devait avoir un métier en plus de son statut de femme de riche. Ce qu’elle espérait c’était de passer à la télévision. Là, ça serait l’apothéose.
Les deux amoureux avaient prévu que l’été suivant la fin de ses études, ils officialiseraient leur union. Quand ils sortaient et rencontraient les amis de Richard, certains l’appréciaient et d’autres non. Elle voyait bien le regard des femmes sur lui. Car, Richard était bel homme et il plaisait à beaucoup d’entres elles. Un soir, une de ses collaboratrices avait même poussé l’audace jusqu’à lui mordiller l’oreille alors que Jeneba était allée se refaire une beauté. Sans ménagement, à son retour, elle s’était ruée sur la femme et lui avait asséné une gifle dont beaucoup en parlaient encore dans les réceptions. Depuis ce soir-là, Jeneba ne laissait plus son homme sortir seul. Si elle n’était pas conviée, il ne se rendait nulle part.
Jeneba avait des qualités pourtant, qu’elle aurait pu exploiter sans avoir besoin de compter sur ses charmes. Mais, cela ne lui suffisait pas. Elle était l’aînée des enfants de sa famille et avait été élevée par une mère qui estimait que la vie les avait mal loties. Et, depuis des années qu’elle avait compris qu’elle pouvait jouer de ses atouts féminins, elle sortait avec des hommes contre services.
Sa mère avait toujours été au courant de ses activités. Pour elle, c’était une aubaine que sa fille soit aussi attirante. Cela leur permettait d’avoir tout ce que son mari ne leur apportait pas à la maison. Car malgré son commerce au marché, Awa ne se satisfaisait pas de ce que cela lui rapportait. Elle voulait vivre elle aussi dans une grande maison et avoir des domestiques comme sa cousine Fatoumata. Son mari et elle avait huit enfants et le dernier venait à peine de souffler sa 3ème bougie. S’il avait su ce que les deux femmes faisaient dans son dos, il était sûr qu’elles l’auraient payer avec des coups. Car, pour le père de Jeneba, seule l’école pouvait amener quelqu’un à évoluer dans la société. Il travaillait comme chauffeur routier toute la semaine et ne rentrait que le vendredi. Toute sa paie, il la donnait à sa femme et n’en gardait que ce dont il aurait besoin pour la semaine suivante. C’était un homme pieux qui allait à la mosquée et priait pour le bonheur de sa famille. Il avait pour seul grand projet d’aller à la Mecque. Ainsi il aurait accomplit « LE HADJ », le plus grand pèlerinage musulman, l'un des cinq piliers de l'Islam que tout fidèle est censé accomplir au moins une fois dans sa vie s'il en a les moyens.
Quand Bamba avait appris le départ de sa fille, il en avait été surpris. Il ne savait pas qu’elle envisageait de voyager. Mais, il avait bien sûr été heureux pour elle. Enfin, elle aussi pourrait ramener un bon diplôme et faire sa fierté. Il avait contribué à ce voyage en lui donnant une forte somme qu’Awa avait conseillé à sa fille de mettre en banque. Savait-on jamais ce qui pouvait arriver. Au moins, en cas de coup dur, elle aurait cet argent mis de côté. Aussi, deux semaines après son arrivée, Jeneba avait ouvert un compte étudiant où elle avait mis cet argent. Elle l’alimentait assez souvent d’ailleurs en fonction de ce que Richard lui donnait.
Elle avait réussi à convaincre son « Rich » d’envoyer son fils en internat dans une école en Angleterre. Il avait 16 ans maintenant et la plus grande de 22 ans était allée vivre avec son fiancé à Bali. Elle ne revenait plus qu’en de rares occasions. Pour elle, son père s’était rapidement mis en ménage après le décès de son père. Et de surcroît, avec une Noire plus jeune qu’elle. Comme il ne voulait rien entendre de ses avertissements, elle avait préféré s’éloigner après une grosse dispute provoquée par Jeneba.
L’intrigante avait elle-même mis en pièces des vêtements que Richard venait de lui offrir et les avait cachés sous le lit de Maggie. Le soir, alors qu’ils s’apprêtaient à aller à un bal, Jeneba s’était mise à fureter partout pour retrouver ses vêtements. Insidieusement, elle avait mis dans la tête de Richard que peut-être que ça serait Maggie qui les avait pris. Comme ce dernier ne voulait pas la croire, une violente dispute avait éclaté et Jeneba était allée se réfugier dans une des chambres d’amis. Elle savait que son fiancé ne supporterait pas d’être séparé d’elle. Mais, elle refusa de lui ouvrir jusqu’au lendemain. Au matin, il questionna sa fille qui bien entendu ne comprenait pas un mot de cette histoire. Plus tard, alors que tout le monde était à table, Jeneba montra sa toilette en lambeaux, le visage baigné de larmes en expliquant que c’était une des domestiques qui l’avait découverte sous le lit de Maggie. Son père entra dans une grande colère, et malgré tout ce qu’elle avancer comme argument, son père ne la cru pas. Il exigea qu’elle s’excuse auprès de sa fiancée, mais Maggie refusa.
Elle avait compris que toute cette histoire était une manigance de Jeneba. Et comme elle ne vivait presque plus là, le lendemain, elle déménagea complètement. De toutes les façons, elle avait compris que ça serait toujours sa parole contre celle de cette fille. Elle aimait son père, mais pas autant qu’elle avait aimé sa mère. Elle avait toujours été un peu rebelle et le laisser avec cette femme ne la dérangeait pas le moins du monde. En partant, elle lui jeta à la figure qu’il n’aurait que ses yeux pour pleurer quand il se rendrait compte que sa future épouse n’était qu’une « sangsue croqueuse d’hommes ».
Après son départ, Rich s’était excusé auprès de sa Jenny qui avait dû le « punir » à nouveau en l’attachant au lit.
William qui avait hérité du tempérament tranquille de son père ne donnait aucun avis sur la nouvelle femme de son père. Pour lui, seules les études comptaient et il était impatient d’aller dans cette nouvelle école que Jeneba lui avait pour ainsi dire « vendue ». Elle savait qu’il ne la gênerait pas dans ses projets. Mais comme lui disait sa mère, il fallait qu’elle se montre prudente. Ce n’était pas à elle d’élever les enfants de son mari, car elle devrait s’efforcer de lui en donner tout de suite après leur mariage.