L'inconnu...

Ecrit par Ionesco

<< Baby oku ooo, you took my heart yeah yeah yeah … >>

La mélodie de son alarme la tira de son sommeil. Ellyn se hâta de se lever pour prendre son bain et s’apprêter pour se rendre à l’université. Elle ne devait surtout pas trainer puisqu’elle devrait attendre le bus pour y aller.

 Le reste de la semaine se passa calmement, cependant ses pensées revenaient presque chaque fois sur ce bel inconnu qu’elle avait surnommé ‘le bel homme a la BMW blanche’. Fanie, elle ne cessait de la taquiner à ce sujet, bien qu’elle s’en plaignit maintes fois et niait le fait qu’il lui en ais mis plein la vue. En y repensant, elle eut un petit sourire et s’évertua à l’oublier.

Pour le week-end, la famille d’Ellyn devait se rendre à un mariage coutumier à la riviera Attoban. Elle du donc annuler sa sortie avec Fanie qui décida de passer la journée du samedi avec Marc finalement.

Simplement habillée d’une robe bustier en pagne avec des talons noirs. Elle s’était mise du crayon autour des yeux et intensifia son regard avec du mascara afin de faire ressortir le marron de ses yeux et termina avec une fine touche de gloss sur les lèvres. Elle rattrapa ses cheveux en un chignon et y piqua une fleur rouge qui allait avec les couleurs de son pagne. Elle se parfuma et alla attendre ses parents à la terrasse.

La petite famille s’engouffra dans la Peugeot grise foncée de sa mère et tante, puis s’élança en direction de la riviera Attoban. Arrivés sur place, ils saluèrent les autres membres de la famille présents ainsi que les connaissances et amis puis s’installèrent à une table tout en bavardant. Les rires fusaient de ça et là car comme on dit, ‘la bonne humeur était au rendez vous’.

Ellyn se sentit soudain observée, chose qu’elle détestait car cela la rendait mal à l’aise. Elle fit un effort pour l’ignorer mais au bout de quelques instants, n’y tenant plus, elle se retourna pour voir qui la dévisageait ainsi depuis plus de 30 minutes. 

Elle en eut le souffle court. Le bel inconnu de la BMW était là, à quelques mètres et la regardait intensément avec un sourire. Troublée plus que tout, elle se leva et alla directement se refugier dans les toilettes. Milles questions se bousculaient dans sa tête. Comment se pouvait il qu’il soit là? A cette cérémonie ? Pourquoi la regardait il ainsi et avec ce sourire ? L’avait il reconnu ? Peut-être qu’elle avait mal vu et que ce n’était pas elle qu’il fixait de la sorte ? Et s’il avait perçu son trouble ? Décidément cette fête s’annonçait mal…

De toute façon, elle l’ignorerait puisqu’à part ce regard, rien n’indiquait qu’il s’intéressait à elle. 

Et puis quoi encore ! s’exclama-t-elle ?

Elle se passa de l’eau sur le visage et sortit des toilettes un peu plus tranquille. Sans un regard vers le bel homme de la BMW, elle rejoignit sa table. A peine  assise que sa mère l’apostropha :

- Où étais tu passée Ellyn ? lui dit-elle.

- Aux toilettes, maman.

- Tu aurais pu nous le dire d’abord quand même. Tu t’es levée comme si tu avais le feu aux fesses. Tout va bien ma fille ?

- Oui maman. Ne t’inquiète pas et excuse moi.

- Qu’est-ce qui t’as fait fuir la table de la sorte la go? reprit son père.

Elle lui sourit et répondit calmement.

- Rien, papa. Ne t’inquiète pas. Il n’y a rien de grave.

- Tu aurais du te voir partir pour comprendre, lui dit-il.

Elle se mit à rire et serra la main de celui-ci.

- Tout va bien papa, je te l’ai dit. Ne t’inquiète pas.

- J’espère bien… Dis, connais-tu ce jeune homme qui ne cesse de regarder ici ? Retourne-toi et tu le verras. 

Elle sentit les battements affolés reprendre de plus bel. Elle réussit à se maitriser et fit ce que son père lui demandait mais se retourna rapidement.

- Non papa, je ne l’ai jamais vu, mentit elle.

Son père la regarda en souriant.

- Il semble intéressé par toi, je dirai.

- Tu dois voir mal papa. Un homme comme ça, pour une fille comme moi ? il doit être déjà fiancé et surtout haut place.

- Il est célibataire. Et crois moi, il ne te lâche pas des yeux. J’ai cru que c’était pour ça que tu t’étais levée mais apparemment non.

- Pas apparemment, mais effectivement non papa. 

- Okay, okay comme tu veux. Je pourrai faire les présentations si tu veux. C’est le cousin du fiancé. Il est très courtois et respectueux. Il a beaucoup d’estime pour moi. D’habitude quand il me voit, il se précipite pour me saluer. Aujourd’hui, j’ai l’impression qu’il hésite. Peut-être parce que je suis en famille.

- Surement. Mais il trouvera bien une occasion de te saluer papa.

Elle fit mine de s’intéresser à autre chose pour échapper à cette discussion qui portait  sur cet homme qui la troublait tant. 

M. Amani sentit le trouble de sa fille quand il se mit à parler de Frederick. Ellyn était la nièce à sa femme mais il y avait entre eux une relation de père et fille au point que personne ne se doutait qu’elle ne fût pas sa véritable fille. Orpheline de père depuis toute petite, Ellyn avait été accueillit par sa tante avec l’accord de sa mère qui avait à sa charge l’éducation de trois autres enfants, les ainés d’Ellyn. Il l’avait vu dès le premier jour comme sa fille et non comme la nièce de sa femme comme l’aurait fait d’autres et il en était fier car elle le remercia pour tout ses sacrifices par ses résultats scolaires et son comportement.

Frederick Foucault, arrive depuis près d’une heure, faillit laisser tomber son verre de scotch en voyant entrer la jeune fille qu’il avait de justesse évité de renverser quelques jours plutôt. Il l’avait reconnu sur le champ avec son teint café au lait, ses lèvres aux contours parfaits, fines et ce regard d’innocence.

-Qu’est ce qu’elle fout là! Murmura t-il. Décidément, cette semaine lui appartient.

Il se promit que s’il la revoyait une troisième fois, il l’aborderait. Il remarqua au même moment M. Amani, oncle de la fiancée de son cousin et pour qui il était présent à cette cérémonie. Il voulu aller vers lui pour le saluer comme il le faisait toujours devant cet homme bon mais se ravisa quand il s’aperçut qu’il était avec sa famille et surtout que la belle inconnue, tête en l’air en faisait partie.

Il ne pouvait détacher son regard d’elle et fut un peu frustré de voir qu’elle ne lui accordait pas un seul regard. Leurs regards s’étaient croisés une première fois mais elle détourna rapidement les yeux avant de se lever. Et la deuxième fois, ce fut pareil alors qu’elle semblait en grande conversation avec M. Amani. Il espérait intérieurement un signe d’elle mais rien ne vint. Il décida d’aider un peu le destin en se rendant à leur table pour saluer M. Amani et peut-être entamer une conversation avec elle. Il s’y dirigea d’un pas décidé, mais à peine fut-il à leur niveau que Carène le rejoignit et lui plaqua une bise sur les lèvres.

Pris de surprise, il salua rapidement M. Amani et jeta un rapide coup d’œil à la jeune fille qui le dévisageait, une expression indescriptible sur le visage. Il s’éloigna, tirant Carène par le bras. Une fois arrivés dans un endroit plus calme, il l’interpella:

- Qu’est ce qui t’a pris Carène?

- Oh mon amour! Qu’est ce qu’il y a? Tu n’es pas content de me voir?

- Non, pas du tout, surtout avec ça! Renchérit-il.

- Mais qu’ai-je fais de mal bébé? Je voulais juste te saluer de manière spéciale. Et, de plus, cela ne devrait pas te gêner avec ce qu’il y a eu entre nous!

- Ce qu’il y a eu entre nous, a eu lieu, oui. Et ce ne fut qu’une fois. Cela ne représente rien alors ne te fais pas d’idées! D’accord?

Carène Ahounou n’en revenait pas. Elle qui s’était donné à lui avec tant d’amour ne récoltait que du mépris aujourd’hui.  Mais il n’allait pas s’en tirer aussi facilement. Et qu’il le veuille ou pas, elle ne le lâcherait pas! Parole de Carène Ahounou! Elle reprit de l’assurance et lui dit :

- Si tu crois que cela ne représente rien, tu te trompes mon chéri. Et tu t’en rendras très vite compte. Tu ne réussiras pas à me jeter comme une veille chaussette après l’avoir usée, crois moi mon chéri!

- Je ne demande qu’à voir… Pour l’instant, dit toi que ce n’était qu’une partie de jambes en l’air puisque je ne t’ai rien demandé. C’est toi qui me l’as proposé et je n’ai fait que l’accepter, histoire de décompresser.

Sur ces mots, il tourna les talons et s’éloigna la plantant là. Dépassée par ce qu’elle venait d’entendre, Carène ne put retenir ses larmes. Elle fulminait et se promit de se venger de cet arrogant si elle ne le faisait pas trainer à ses pieds dans peu de temps. Elle s’essuya les yeux et revint à la fête. Elle le vit entrain d’échanger avec le monsieur avec qui il était tout à l’heure et s’éloigna discrètement. Frederick revint vers M. Amani.

- Excusez-moi pour tout à l’heure M. Amani. C’est une amie à moi et elle me fait à chaque fois le coup. Encore une fois, excusez-moi.

- J’aurai parié que tu t’étais enfin trouvé une âme sœur. Tu pourrais y songer, tu sais. En plus, celle-ci est belle et raffinée. Elle semble être d’une bonne famille.

- Oui, tout à fait. Mais, elle reste une amie, rien d’autre. 

- Aujourd’hui nous sommes là pour Alex et Vanessa, demain, j’espère que ce sera pour Frederick et …

Frederick sourit et regarda la chaise occupée par la belle inconnue qui était à présent vide. M. Amani ayant suivit son regard, sourit et lui dit:

- Aurais-tu perdu quelqu’un?

- Oh non tonton, lui répondit-il vivement. J’ai cru voir une fille ici tout à l’heure.

- Tu as bien vu. C’est ma fille, Ellyn. Mais elle s’est levée. Elle doit être quelque part sur la piste de danse avec un prétendant, je crois. 

Frederick ressentit une pointe de jalousie et sans s’en apercevoir se mit à chercher Ellyn des yeux sur la piste de danse. Il la vit toute souriante, se déhancher au son de loko-loko de l’artiste en vogue Serges Beynaud. Il aimait bien ce style de musique mais ne savait pas danser ces danses modernes. Il décida donc de prendre congé de M. Amani et regagna sa table. 

Ellyn quant à elle, avait décidé de s’amuser et d’oublier le bel homme à la BMW blanche, surtout qu’il avait une compagne. Sinon, qu’est-ce qui expliquerait que cette fille lui ait plaqué une bise sur les lèvres sans qu’il ne bronche? A cette pensée, son cœur se serra mais elle balaya tout ça du revers de la main et se remit à danser au son far de l’année de l’artiste Arafat à peine celui d’un autre artiste en vogue dans le coupé décalé fut achevé.

Après quelques minutes sur la piste, elle n’en pouvait plus et retourna s’asseoir auprès de son père, resté seul. 

- Eh ben papa, on t’a laissé seul?

- Oui, oui ma fille. Je ne peux de toute façon pas danser ce genre de danse alors je préfère m’asseoir et vous regarder, vous jeunes, vous m’amuser. En plus, je ne me suis pas ennuyé. Frederick m’a tenu compagnie.

- Encore lui, pensa-t-elle. 

Ah okay. Au moins, tu as eu de la compagnie, dit-elle simplement.

Le reste de la cérémonie se déroula tranquillement. La famille pris congé des fiancés, des convives et rentra aux Deux-Plateaux.

La journée du dimanche fut normale. Après la messe, la famille Amani déjeunait ensemble et après les différents travaux et une petite sieste, on se retrouvait soit au salon pour regarder un film, soit à la terrasse pour discuter de tout et de rien et ceux qui devaient sortir, s’en allaient à leurs loisirs. Ellyn, comme à son habitude, resta à la maison et se remit à réviser après avoir donné un coup de main en cuisine. Elle se coucha vers 23h et rêva à ce bel homme à la BMW toute la nuit.

Un amour à toute épr...