L’intruse
Ecrit par Saria
***Cotonou***
***Tobi***
Je suis revenu d’Iseyin le cœur plus léger, finalement il n’y a plus eu de Conseil. Ah ! J’ai bien fait d’avoir remis l’autre pimbêche à sa place ! Bon débarras d’ailleurs. Je retrouve ma maison et ma petite femme. En parlant de femme je trouve Maïté un peu bizarre, peut-être que je me fais des idées ou c’est la grossesse. De toute façon j’attends de voir comment les choses avancent de l’autre côté avant de lui parler.
***Une semaine plus tard***
Aujourd’hui c’est samedi normalement nous passons la journée en famille (repas, courses, loisirs) mais à mon réveil j’étais seul avec Loan et Anya. Celle-ci me fait savoir que mon épouse était sortie, sans rien dire. Je sentais qu’Anya en savais plus qu’elle ne veut bien me dire. J’essaye d’appeler mon son portable est fermé, après plusieurs tentatives je laisse tomber.
Je n’ai aucune nouvelle jusqu’à l’heure du déjeuner où elle réapparaît accompagné de... Durossimi. Mon sang se glace…La chipie avait avec elle deux énormes valises. Je bondis de ma chaise et l’apostrophe
Moi : Qu'est-ce que c'est que ce bordel?Tu n’es pas la bienvenue ici !
Elle croise ses bras et me nargue du regard. Avant de répondre
Durossimi : Ah ouais ?! On dirait que ta femme n’est pas de cet avis.
Je me tourne vers l’intéressée, elle avait l’air zen, tranquille comme si elle était à peine concernée par ce qui se passait à l’instant.
Moi : Chérie ? Tu viens un moment dans mon bureau s’il te plaît ?
Dès que la porte se ferme, je me tourne vers elle furieux.
Moi : Nom de Dieu mais qu’est-ce qui t’a pris de me ramener cette fille dans cette maison ?
Maïté (calme) : La même chose que toi quand toi tu as couché avec elle sans protection !
Je la regarde de près et je vois qu’elle faisait un effort pour cacher sa peine ! Je sais ou plutôt j’imagine ce qu’elle doit ressentir.
Moi : Heu bébé laisse moi t'expliquer...Je...c'est
Maïté (d'une voix lasse) : Ne te fatigue pas...Nikè et sa mère m'ont aidé à la faire venir...C'est le prix à payer pour tes bêtises...Elle va rester le temps qu'il faudra pour que les choses reviennent au calme...Et que son enfant naisse dans la maison de son père!
Moi : Mais...
Elle lève la main pour arrêter mon flots de paroles.
Moi : J’espère que tu sais ce que tu fais.
Maïté : J’essaye de sauver ce qui peut l’être…
Elle inspire fort, redresse les épaules et sort du bureau.
***Maïté***
J’ai installé « ma coépouse » de fait dans l’une chambre de la maison. Moi j’ai réintégré mon ancienne chambre. Vous vous demandez ce que je fabrique ? J’essaye de sauver mon foyer et mon homme.
J’étais épuisée, après avoir grignoté le repas qu’Anya m’a fait monter je me couche. Les images de ce soir funeste me reviennent alors je laisse libre cours à ma peine. Des sanglots montent du plus profond de mon être, je mets ma tête sous mon oreiller et je pleure…Je pleure tout ce gâchis.
***Flash back quelques jours plutôt***
Moi : Allô ? Ah…Bonsoir Prince Ade !
Prince Ade : Bonsoir ma femme, comment vas-tu ?
Moi : Oh moi ça va ton frère me manque un peu…Mais dis-moi tout va bien ?
Prince Ade :…
Moi : Allô ? Tu ne dis rien ?
Prince Ade : Il faut que tu prennes sur toi pour écouter ce que j’ai à te dire…J’ai besoin que tu ouvres ton cœur d’épouse…de ce que tu feras ou décidera dépend l’avenir de ton époux et la quiétude d’Iseyin.
A ces mots je sens un grand froid m’envahir, je m’assois au bord de mon lit je respire un grand coup avant de dire
Moi : Je t'écoute.
Alors il commence à me parler de la Cour, de de Durossimi, de la position influente de son père, de sa grossesse, des implications de tout ceci, la réaction de Tobi. Il me parle du choix qu’il a fait de m’en parler et de sa décision de se présenter au Conseil à la place de son frère.
Adé : Je leur dirai que selon la tradition de la mère du Prince Oluwatobi une femme enceinte ne peut subir les rites du mariages au risque de perdre l'enfant. Ils n'ont aucun moyen de vérifier. Ceci nous fais gagner du temps. Tu prendras par contre sur toi d’accueillir Duro chez toi. Tu comprends? Allo? Tu es là?
Moi : Oui je suis là...
Il a encore parlé un peu...J’ai raccroché le cœur en lambeaux, j’étais tellement choquée que je suis
restée assise toute la nuit au bord de mon lit. C’est comme ça qu’Anya m’a
trouvé le lendemain, rien qu’en me voyant elle comprend qu’il était arrivé quelque
chose. Je lui raconte tout d’une vois
atone... La gorge nouée...Elle m'écoute sans m'interrompre. A la fin, elle me fait prendre une douche, mais j'étais incapable d'avaler quoique ce soit
Anya : Mon bébé il faut te ressaisir…Il faut que tu réagisses…Ne te laisse pas aller ce n’est pas la solution…
Je la regarde me parler et tout doucement les larmes commencent à glisser sur mon visage défait. Elle parle mais je ne peux pas écouter ce qu'elle dit, tout mon être rejetait ce qu'elle me disait. Me ressaisir quand j'ai envie de me rouler parterre? Pourquoi?
Anya : Tu dois être digne et forte!
Moi (l’écoutant à peine) : Je ne peux pas gérer ça…Je ne peux pas…Anya je suis enceinte !
Elle accuse le coup, souffle avant de me serrer dans ses bras. Elle me berce un moment puis prend mon visage en coupe.
Anya : Si tu peux ! Tu as en toi les raisons d'y arriver...Il le faut tu me comprends ? Tu dois défendre ce qui est à toi...et parfois il faut prendre des chemins difficiles...C’est ça aussi le mariage chérie !
Je secoue la tête et les larmes commencent à couler.
Moi : Je vais partir…Je vais sortir d’ici avant qu’il ne revienne, qu’il reste seul dans sa merde...
Anya : Non tu n'iras nulle part! Ta place est ici…Ton époux t’aime et toi aussi tu l’aimes…Si
tu sors d’ici il y a peu de chance que tu reviennes dans cette maison…Pleures
autant que tu veux après il te faudra sécher tes larmes et avancer…décider…Tu
dois être plus futée et voir plus loin que tout ça…L'orpailleur charrie la boue avant de pouvoir trouver une pépite...Tobi est à toi mais il faudra pour cela te battre!
Moi : Oh mais j’ai maaaaal…Hum c’est trop ! Je ne peux pas ! Moi qui pensais que pour une fois dans ma vie tout irait bien ! Je suis maudite Anya, pourquoi tout est si difficile quand il s’agit de moi ? Hein ?!
Anya : Arrête chérie ! Tu crois que tu te sentiras mieux en t’apitoyant sur toi-même ? Je sais que ce n’est pas ce que tu as envie d’entendre là…Mais tu dois sauver ton couple ! Pour une fois dans ta vie écoute-moi !
Elle me laisse pleurer avant de me secouer encore un peu.
-Bon maintenant tu me sèches tes larmes…Je t’ai connu plus brave que ça ! Eya* ! Tu appelles ton beau-frère et tu la fais venir ici. C’est toi qui va la ramener, parce que l’épouse c’est toi, c’est toi qui décides qui entre ici ou pas. Tu ne demandes pas son avis à Tobi… Tu devras concéder de sortir de la chambre conjugal et vivre les réalités de la polygamie. Serre ton cœur parce que ça va faire mal ! Mais elle partira, parce que ce genre de garce ne reste pas au foyer ! Elle partira d’elle-même sans que tu lui fasses des misères.
Moi : Huuum !!
Anya : Je serai là ma puce, on a fait toutes les guerres ensemble et on a gagné. Il en sera ainsi cette fois encore.
***Retour au présent***
Je sens une main dans mon dos. C’est Tobi, je n’ai pas besoin de tourner la tête pour savoir que c’est lui. J’ai envie de l’étriper mais je m’exhorte au calme. Je me lève, je vais me débarbouiller avant de revenir m’installer dans le lit, mon oreiller dans mes bras je le regarde comme si je le découvrais avant de détourner mon regard.
***Tobi***
J’ai le cœur qui se serre à la vue de ses yeux gonflés à force d’avoir pleuré.
Moi : Je suis désolé…Je…Tout est ma faute…Regarde-moi s’il te plaît…Crie, frappe-moi si tu veux…Mais ne garde pas ce silence…
Maïté : Si je faisais tout ça, est-ce que ça changerait quelque chose à la situation actuelle ?
Moi : Non…Mais…
Maïté : Alors je vais économiser mes forces pour ce qui en vaut vraiment la peine…J’ai un gamin de dix ans à élever et une grossesse à mener à terme.
Moi : Maï...Je vais gérer...crois-moi!
Maïté : …
Elle ferme les yeux et reste muette, je l’embrasse et je
sors. Quel con ! J’ai envie de me mettre des claques. Comment j’ai pu me
mettre dans une situation pareille ? Durossimi veut un mari ? Eh ben
elle sera servie ! Je n’oublie pas Ade ! Lui il va me sentir passer. mon propre petit frère il m'a endormi!
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