La demande
Ecrit par Farida IB
Khalil…
Moi ahuri : 20.000 invités ?
Maman : dont des invités royaux, des chefs d’Etats, des dignitaires et quelques célébrités (me désignant) dont tu t’es occupé par le passé. C’est quand même le premier événement public majeur d’Abu-Dhabi.
Nahia (au bout de la ligne) : sans compter les invités de mon côté, j’ai peur qu’on ne trouve pas assez de places pour contenir tout ce monde ici.
Maman : tu n’as pas de soucis à te faire sur ce plan, la cérémonie civile et la céremonie officielle se feront en privé avec juste quelques intimes. Mais pour la réception se sera une fête monstre, avec une place décorée, une grande fête, un gâteau de mariage et un feu d'artifice.
Moi : mais c’est plus un festival national qu’un mariage, on n’a pas besoin de tout ça pour célébrer l’évènement !
Nahia : je suis d’accord.
Ma mère roule des yeux et se tourne vers une domestique à qui elle demande de débarrasser mon plateau de petit-déjeuner avant de retourner à ses fourneaux. J’enlève le kit main libre et colle le téléphone à l’oreille.
Moi : ça part dans tous les sens là !
Nahia : mais vraiment ! Je suis moi-même dépassée. Entre ma famille, la sienne et mes copines, je sens que je vais avoir le vertige.
Je jette un coup d’œil en direction de l’endroit où se trouve ma mère avant de parler sur un ton de confidence.
Moi : on peut toujours s’en fuir pour nous marier en clando.
Maman maugréant : vous n’avez même pas intérêt à le faire.
Je la regarde et rigole doucement.
Moi (à maman) : en tout cas !
On passe à autre sujet, enfin, je discute boulot avec Nahia. Maman détourne donc son attention pour s’occuper de ses grillades. Je pèse mes mots lorsque je dis que ça part en sucette et ça commence à me saouler. On ne parle que de ça depuis trois jours que je suis là et encore plus depuis qu’on sait que la décision va réellement prendre effet. Dans quelques jours, nous allons nous présenter à la famille de Nahia et faire connaissance et si tout se passe bien soumettre la demande en mariage. Je l’ai déjà prévenu pour qu’elle s’organise avec sa famille pour nous recevoir. En ce qui me concerne, les Singh dînent avec nous ce soir donc nous allons profiter faire une mise au point avec tonton Sharif. Ce n’est qu’après cette rencontre que nous pourrons déterminer un jour pour le mariage. Nous savons tout de même que ça sera dans trois mois parce que nous avions pour habitude de prendre nos vacances à cette période là. Ussama a calé le sien sur le mois suivant. Pour le plus grand bonheur de ma mère, d’ailleurs la plus ravie ici, c’est elle. Je ne sais pas pour le frérot, mais moi je veux juste avoir ma femme près de moi le reste c’est du superflu !
En outre, nous devrions commencer à envisager son déménagement ici même si je ne suis pas trop chaud pour qu’elle lâche sa famille et tout ce pour quoi elle a travaillé toute sa vie pour me suivre. Ça a toujours été au cœur de nos préoccupations et à chaque fois que le sujet revient sur le tapis nos opinions divergent.
Nahia ton lasse : je pensais cette affaire classée ? Et au vu des circonstances actuelles ça reste la meilleure solution.
Je lui réponds en quittant la cuisine pour mon bureau.
Moi : peut-être, mais tu es bien consciente de tout ce que ça implique ? Tu ne seras pas seulement mon épouse, mais aussi Cheikha Nahia bint Ben Zayid bin Adja.
Nahia : ah cette histoire !
Moi : oui cette histoire (enchaînant) tes rôles, tes responsabilités vont constamment changer.
Nahia : je me conformerai si tant est que tu ne fasses pas de moi une épouse arabe traditionnelle. Par rapport à l’agence, nous allons juste transférer le siège social, le reste, je peux gérer avec Annie à distance.
Moi riant doucement : j’avais oublié à quel point, tu peux être perspicace.
Nahia : j’ai surtout eu trois interminables années pour y penser.
Moi : on dit merci à qui ?
Nahia riant : Ben Zayid ce n’est pas dans ma bouche que tu vas manger ton piment.
Moi : lol tu peux le dire, il n’est pas ici pour t’entendre.
Nahia : lol (changeant de sujet) on se voit dans quatre jours n’est-ce pas ?
Moi : sans faute ! Par contre, je ne peux pas rester longtemps. Enfin, je remonte avec les parents parce qu’il paraît qu’après la demande en mariage on ne peut plus…
Nahia finissant : on ne doit pas se faire la bise, on ne doit pas être seuls ensemble dans une pièce, on ne doit pas sortir ensemble et au suivant... Ton père ne se lasse pas de me le répéter.
Moi (plissant les yeux) : le cheikh ? (elle répond) Où ? Quand ? Comment ?
Nahia : encore ce matin, lorsque je l’ai appelé pour le saluer.
Moi largué : tu appelles mon père ?
Nahia : bah oui pour prendre de ses nouvelles.
Moi : depuis quand ça ?
Nahia : ça fait un bon moment déjà, j’ai pris l’initiative de l’appeler une fois et comme il n’a pas rejeté l’appel j’ai continué à l’appeler de temps en temps.
Moi : donc tu appelles mon père dans mon dos ?
Nahia : bah, chacun a son arme de persuasion.
Moi : tu m’en diras tant.
Nahia : il y a plein de trucs me concernant que tu ne connais pas encore tu sais ?
Moi ton suave : du moment où je connais le chemin pour te faire atteindre le nirvana ça me va.
Yumna (arrivant derrière moi) : on fait le joli cœur dans les couloirs ? J’espère pour toi que c’est Nahia.
Moi (dans l’appareil) : je te rappelle ma chérie.
Je raccroche et me tourne vers elle pendant qu’elle décale d’un pied pour se mettre à ma hauteur.
Moi : je ne fais pas le joli cœur.
Yumna : oui, c’est ça ! C’était Nahia ?
Moi la provoquant : ça peut aussi être quelqu'un d'autre.
Yumna : tu n’oserais pas !
Moi (sur un ton de défi) : tu veux parier ?
Yumna : et comment ? (se frottant les mains) Il y a longtemps, que je t’ai soutiré le gain.
Moi : navré, mais ce serait à toi de me rembourser une partie de tout ce que tu m’as soutiré par le passé. D’autant plus que tu travailles maintenant.
Elle ouvre les yeux et me lance un regard pointueux.
Yumna : sérieusement, c’était qui ?
Moi : quelqu’un.
Yumna : rhooo là tu veux m’inciter à faire un rapport à Nahia, je ne suis pas une briseuse de couple.
Moi la taquinant : continue donc à ne pas l’être !
Ussama (qui nous rejoint sur le palier du second) : à ne pas être quoi ?
Yumna : une briseuse de couple !
Il fronce les sourcils, mais n’émet pas de commentaire.
Yumna : les gars, j’ai une bonne idée. Et si j’organisais vos fêtes d’enterrements de vie de jeune homme ?
Ussama : tu n’organises plus celles des filles ?
Yumna : ça ne me dérange pas d’organiser ça des deux côtés. Enfin, il vous suffirait de me faire un chèque saillant et vous n’allez pas le regretter de toute votre vie.
Moi secouant la tête : sans moi, je n’ai pas le temps.
Ussama : moi non plus !
Yumna (me fixant) : tu déclines un groove ? (agitant une main devant moi) Qui êtes-vous ? Vous avez fait quoi de mon frère ?
Moi amusé : lol on verra bien.
Yumna : voilà !
Moi : j’ai dit, on verra.
Yumna : je le prends comme un début de oui.
Elle se tourne ensuite vers Ussama et lui lance un regard insistant en clignotant des yeux.
Ussama catégorique : c’est non !
Yumna : dis oui s’il te plaît ne sois pas rabat-joie.
Elle lui fait une mine de chien battu.
Ussama (dans un souffle) : ok, mais de grâce pas d’excès.
Yumna euphorique : oh yes ! Je m’y mets de ce pas.
Elle nous fait un clin d’œil et s’en va vers le premier.
Moi : elle a retrouvé ses humeurs.
Ussama (me fixant) : sans l'ombre d'un doute.
Je soutiens son regard les yeux plissés en remarquant ses traits tirés sous la barbe qui ombre ses joues.
Moi : sinon ça va toi ?
Ussama : pas vraiment, je me sens... Submergé ! Voilà, c'est le mot.
Moi : par le travail ?
Ussama : par cette histoire de mariage !
Moi : comment ça ?
Ussama : tu as un bout de temps à m'accorder ?
Moi : oui.
Je l’entraîne dans mon appartement et attend de refermer la porte derrière moi pour parler.
Moi : tu ne veux plus te marier ?
Ussama : bien sûr, mais pas comme ça, pas avec toute cette pression. (soupir dépité) Je voulais mettre le temps de ses études à profit pour qu’on puisse se connaître parfaitement, du moins autant que faire se peut. Je voulais mettre toutes les chances de notre côté un peu comme Nahia et toi. Vous avez eu le temps de vous poser, tu sais à quoi t’attendre avec elle du coup ça vous éviterait des problèmes à l'avenir.
Moi : toute histoire est particulière petit et on ne finit jamais de connaître quelqu’un. C’est vrai que les circonstances nous ont été favorables sur ce point cependant ce n’est pas facile tous les jours. Parfois, j’ai l’impression qu’elle se réveille et se décide à troubler intentionnellement ma paix. (il sourit) Le mariage n’est pas un long fleuve tranquille, il y aura toujours des épreuves et des imprévus, c’est comme ça.
Ussama : , mais je ne me sens pas vraiment prêt, enfin je me sens un peu perdu. (il se passant la main dans les cheveux) En bref, je me pose beaucoup de questions sur notre futur couple. On s’est toujours bien entendu, mais…
Moi : au fait, tu as peur de ne pas être à la hauteur.
Ussama : entre autres !
Moi : rien ne t’oblige à sceller cette union officiellement si tu ne te sens pas prêt.
Ussama : son père ne partagera pas ton avis.
Moi : ah oui, il faut absolument que tu me rappelles de te remercier de m’avoir libéré de son joug.
Ussama : lol il a pourtant une fille formidable.
Moi (sourire en coin) : elle tient peut être de sa défunte mère.
Ussama riant : c’est vrai hein je n'avais pas fait le rapport krkrkr.
Moi : est-ce que tu en as discuté avec Khadija ? Parle-lui de tes craintes, rien de tel qu’un vrai dialogue pour se désangoisser.
Il hoche lentement la tête et reste silencieux quelques minutes comme pour assimiler mes paroles.
Ussama : tu as raison, le dialogue, c’est la base.
Moi : c’est déjà bien que tu le saches. (lui tapotant l’épaule) Bon frangin ce n’est pas tout, mais j’ai du travail à rattraper.
Son téléphone bourdonne dans sa poche, il le sort et me montre l’écran.
Ussama : quand on parle du loup, je te laisse bro.
Moi : passe-lui mes salutations.
Ussama : ok !
Il reçoit l’appel et s’en va, je ressors de l’appart pour regagner mon bureau. Dans le bureau, je tire ma chaise et m’installe derrière mon ordinateur pour boucler quelques dossiers. C’est une période assez chargée pour moi et ce n’est que l’entrée en matière. Je n’ai pas encore pris la place de mon père, bon nous n’en avons plus discuté depuis l’autre fois. J’assure simplement l’intérim en attendant qu’il recouvre sa santé. Pour mon travail personnel, je n’ai pas à m’inquiéter, Nahia gère comme toujours et Annie est une bonne collaboratrice.
Je travaille trois heures no stop lorsque Jemal me rejoint avec son air joyeux du moment.
Moi : le marié de l’année.
Jemal : nan nan le mariage de l’année, c’est pour bientôt.
Il tire une chaise et s’assoit face à moi avant de me tendre un dossier qu’il a sorti de son sac.
Jemal : salam, le cheikh m’a donné ça pour toi.
Moi (me saisissant du dossier) : salam, merci.
Je le pose sur la table et m’adosse au fauteuil.
Moi : alors quoi de neuf ?
Jemal : tout baigne frérot, je vis sur un nuage en ce moment.
Moi (sourire narquois) : ça se voit très bien, comment va Chirine ?
Jemal : elle se porte comme un charme, je m’occupe très bien d’elle t’inquiète. Alors raconte, les vieux ce sont décidés ?
Moi : oui, on descend à Lomé dans quatre jours.
Jemal : enfin man, tu vas guérir de la prostate.
Je lui lance un regard réprobateur.
Jemal : et c’est vrai en plus ! À ta place, j’embarque ma chérie direct avant que le Cheikh ne change d’avis.
Moi éclatant de rire : ça ne risque pas d’arriver, sa femme a déjà lancé le processus de mariage.
Jemal : mabrouk ! (les bénédictions soient) Vous le méritez tant ! J’ai moi-même une idée d’où et comment nous allons enterrer ta vie de célibataire.
Moi : Yumna est sur le coup, enfin, elle veut s’en occuper.
Jemal (secouant vigoureusement la tête) : nann qu’elle se calme la petite, ça c’est le domaine des mecs.
Moi amusé : tu vois ça avec elle, je ne veux pas m’en mêler.
Jemal : à la bien ! On a trimé pour ce mariage donc il faut faire les choses comme jamais.
Moi perplexe : par jamais tu veux dire ?
Jemal levant la main : rien de dépravé rassure-toi.
Moi : tu as intérêt, à propos tu as ce que je t’ai demandé ?
Jemal arquant le sourcil : quoi ça ? (se rappelant) Ah oui, laisse-moi cheker.
Il fouille son sac et en sort une petite boîte.
Jemal : avec cette petite merveille, tu vas faire augmenter l’amour qu’elle a pour toi d’un cran au-dessus.
Moi (sourire en coin) : fait voir.
Il me remet la petite boîte que j’ouvre et sors la bague que je compte offrir à Nahia. Je l’ai acheté dès lors que nous nous sommes mis ensemble. À l’époque, j’avais fait le tour de tous les antiquaires spécialisés de la région pour trouver la bague idéale. Je la contemple un moment satisfait du résultat. C’est une bague de créateur façonnée à la main, l’anneau est tressé avec une liane immuable qui pousse sur une montagne sacrée au Japon. J’ai attendu que mon père nous donne enfin son autorisation pour faire graver une feuille de lierre avec un rubis rouge flamboyant incorporé là-dessus. Le must, c’est qu’elle est ajustable.
Je la remets dans la boîte avant de la ranger dans un tiroir.
Moi : merci de me l’avoir récupéré.
Jemal : pas de quoi, on est maintenant sûr d’être prêt à épouser notre chérie.
Moi (sur un ton de reproche) : tu veux dire ma chérie.
Jemal : les femmes de mes frères sont les miennes. S’ils vous arrivent quelque chose à Salim et à toi, je touche du bois, c’est à moi de prendre soin d’elles.
Moi : et réciproquement !
Jemal : c’est pour ça que je suis en train de réfléchir au montant de la dot, rien qu’à l’odeur alléchante de la sauce là on reconnaît qu’elle sera bonne donc naturellement, on doit miser gros.
Moi menaçant : Singh enlève tes longs yeux sur ma femme !
Jemal : krkrkr…
…..
Les quatre jours passent assez vite et on se retrouve mes parents, tonton Sharif et moi devant le patriarche dans son grand salon. Nous sommes arrivées hier dans l’après-midi, ma mère tenais à faire des pâtisseries qu’elle a apporté pour l’occasion donc nous avons pris des dispositions pour ça. Nous les avons logés chez nous, Nahia est sur place deux jours pour donner un coup de main pour les préparatifs. Je n’ai pas le droit de la voir donc nous ne communiquons plus que par téléphone.
Pour cette rencontre, en dehors de ses parents, il y a son oncle, sa tante venue du Bénin exprès. L’atmosphère est quelque peu tendue, tout le monde semble intimidé. On sent que mon père n’est pas dans son élément, il a dû se décharger de son costume de Cheikh pour enfiler celui du père et du futur beau père. C’est tonton Sharif qui prend le devant des choses, il les connaît un peu grâce à sa collaboration avec Nahia donc il prend aisément la parole pour entamer les salutations usuelles et les présentations avant de rentrer dans le vif du sujet. Son père intervient juste après.
Père Nahia (s'éclaircissant la voix) : c’est vrai qu’on est toujours fiers lorsque l’on apprend qu’un mariage va se faire, on est toujours fiers lorsque deux familles vont se rencontrer. Néanmoins ça fait un peu plus de trois ans que nous autres voyons votre fils fréquenter notre fille sans réellement se manifester. Permettez-moi donc de douter de sa moralité et sa vertu, car autant que nous sommes ici nous voulons pour nos enfants un partenaire croyant qui l’aide à pratiquer sa religion et le remette sur le droit chemin et non celui qui va l’entraîner dans la débauche.
Mon père se redresse en le fixant.
Papa : voilà un point sur lequel nous pouvons nous attendre vous et moi, même s’il faut reconnaître que c’était un malentendu dont j’endosse l’entière responsabilité. Nous sommes là pour vous présenter nos excuses et réparer notre tort.
Maman et moi, nous lançons un regard stupéfait.
Oncle Nahia (fixant mon père) : nous acceptons vos excuses partiellement. De fait, vous venez de reconnaître explicitement vos torts par rapport à cette période de latence donc moi, je veux savoir en quoi êtes-vous fautif.
Papa : en effet, j’ai émis quelques restrictions, à priori pour m’assurer que votre fille soit la femme qui convienne à mon fils. C’était plus que nécessaire étant donné que dans notre position les mariages sont assez stratégiques, nous nous devons de respecter certaines normes sociales et politiques. Khalil est non seulement mon fil aîné, mais également mon futur successeur vous comprenez que je doive veiller son destin matrimonial au grain.
Oncle Nahia (se tournant vers moi) : tu le savais ça ?
Moi : euh oui.
Oncle Nahia cru : et pourtant, tu as hypothéqué sa vie des années durant sans en tenir compte.
Moi : j’en suis conscient et je vous présente mes excuses les plus sincères pour avoir entraîné Nahia dans ce bourbier. Une chose est sûre, je suis là pour me racheter et faire les choses bien.
Papa : tout à fait.
Oncle Nahia (à papa) : mais il semblerait que vous ne la trouver pas assez bien pour lui puisqu’il vous a fallu tout ce temps pour vous convaincre que si quelconque fût-elle, elle méritait bien sa place auprès de votre royal fils.
Mère Nahia (ton dur) : vraiment !
Papa posément : loin de moi l’idée de marginaliser votre fille, Allah m’en est témoin. Je voulais simplement pour mon fils une femme musulmane, pieuse et issue de bonne famille pour donner de bons exemples. Vous conviendriez avec moi que le fait qu’elle ait un enfant remet en cause l’idée qu’on se fait d’une femme pieuse. En tant que leader religieux, je ne pouvais pas digérer cela. Mais au fur et à mesure des années, en apprenant à la connaître et avec tout ce qu’elle a apporté dans la vie de mon fils et alhamdulilah je peux vous affirmer qu’il n’aurait pas pu trouver mieux.
Mère Nahia : ah, vous vous êtes finalement rendu compte que la pauvre fille a quelque chose à faire valoir ?
Tante Nahia : oui parce que rien ne nous prouve qu'une fois avec vous, elle ne sera pas traiter en paria pour les mêmes raisons qui vous ont poussés à leur refuser votre accord ces dernières années. Notre fille n'est peut-être pas issue d'une famille royale, mais elle n'est as tombée du ciel non plus et à nos yeux elle est plus qu'une déesse.
Tonton Sharif intervenant : chères dames je comprends votre frustration, par contre cette regrettable erreur de jugement a déjà coûté trois années à nos enfants qui ont malgré tout tenu fort contre vents et marrées. Cela prouve à quel point, ils tiennent l’un et l’autre et cela nous prouve surtout que c’est la volonté d’Allah qu’ils s’unissent. Alors nous allons vous demander humblement d’accorder la main de votre fille à notre fils.
Père Nahia : nous voudrions bien vous l'accorder, mais nous avons besoin qu’il nous rassure sur le fait qu’il peut assurer un foyer. S’il compte lui-même prendre soin de ma fille ou ce sera à son père de le faire. Étant donné que c'est lui qui détient le monopole des décisions dans la vie de son fils.
Moi : je le ferai moi-même, je vous fais la promesse solennelle de prendre soin d’elle et de son fils comme s’ils étaient dans vos mains.
Père Nahia : son fils a un père pour ça, du moment où ma fille se porte bien le monde va bien.
Papa : je m’en assurerai tant que je serai vivant.
Père Nahia : encore heureux.
Il regarde son frère qui reprend la parole.
Oncle Nahia : si notre fille accepte, nous ne pouvons qu’adhérer.
Ils envoient la tante de Nahia l’appeler et dès qu’elle donne son ok, ils discutent des prochaines échéances. Je leur soumets notre proposition, proposition que sa mère réfute.
Mère Nahia : le mois prochain serait mieux selon moi.
Nahia : pourquoi si pressé ?
Sa mère lui lance un regard aigu qu’elle ne relève pas.
Nahia : on ne sera jamais prêt, il y a beaucoup de choses à faire.
Maman (souriant à Nahia) : ne t’inquiète pas, je ferai le maximum inchallah.
Tout le monde se tourne pour la regarder, ça, c’est l’effet Koulsoum (rire).
Nahia : euh ok.
Mère Nahia : une autre chose, jusque-là il n’y a rien qui nous garantisse vraiment de cet engagement qu’il vient de prendre. D’ici à ce que vous disparaissez trois autres années…
Elle s’interrompt lorsqu’elle me voit poser le genou à terre, les autres suivent son regard pendant que Nahia fronce les sourcils en me demandant ce que je fais pendant que maman déballe les fleurs et les pâtisseries sur le guéridon.
Moi : c’est vrai qu’il nous faut sceller cette alliance dans les tous les sens du terme.
Je sors l’écrin et le mets en évidence.
Nahia (mettant la main sur la bouche) : oh ?
Sa tante la pousse vers moi, elle hésite un moment avant de tendre sa main gauche. Je lui passe la bague en lui susurrant…
Moi : je te choisis encore et encore.