La fin
Ecrit par Farida IB
Chapitre 46 : la fin.
Armel….
Moi (hors de moi) : comment ça vous les libérez ?
Tonton Simon : je suis navré, nous n’avons pas suffisamment de preuves contre eux. Nous n’avons rien remarqué de suspect sur les historiques d’appel que nous avons obtenu et rien de suspect dans leur déplacement. Nous avons reçu les preuves que le monsieur est bien rentré chez lui cette nuit-là.
Je tape un poing dans le mur au bord de la crise de nerf.
Moi : et maintenant que va-t-il se passer ?
Tonton Simon : nous recherchons activement l'agresseur ou éventuellement les agresseurs. Nous avons suivi votre piste et avons effectivement retrouvé leur trace dans un entrepôt à Agbavi…
Moi le fixant les sourcils arqués : jusque-là ? (oui de la tête) Qu’en est-il d'eux ?
Tonton Simon : ils sont dans la nature pour le moment. Nous avons pris des empreintes, toutefois, il nous faut des informations sur eux. Cela, seule Deborah pourra nous les fournir.
Je me passe la main sur la tête en soupirant.
Moi : dès que possible.
Tonton Simon : ok, étant donné la situation il nous faut rapidement sa déposition. Aussi elle est en droit de porter plainte.
Moi : elle le fera bien évidemment.
Tonton Simon : n’en sois pas si certain, dans ce genre de cas, il est rare que la victime accepte de porter plainte.
Moi avec conviction : je connais trop bien ma femme pour savoir que c’est la première chose qu’elle fera dès qu’elle aura retrouvé ses esprits.
Tonton Simon : ce serait l’idéal ! (sourire en coin) Arrête de l’appeler ta femme, ta liste dort dans mon armoire et j’attends toujours que tu me donnes le signal pour aller voir les grands. Quoique je doute qu’avec ce qui lui est arrivé, elle veuille encore convoler en juste noce. Elle doit détester les hommes en ce moment. En voilà un con qui vient ternir l’image de la gent masculine. (avec une pointe d'amusement dans la voix) On a dit qu’il y a plus de femmes que d’hommes, mais il y a pénurie chez d’autres au point où il faut en abuser (levant les yeux) de la femme de quelqu’un.
Il reprend une mine sérieuse en voyant que ça ne m’amusait pas du tout ce qu’il était en train de dire.
Tonton Simon (tapotant mon épaule) : ça ira fils, je m’occuperai personnellement de leurs couilles une fois qu’on aura eu la main sur eux.
Moi serrant ma mâchoire : je les tuerai, trouvez-les et je me charge du reste. Si je ne les retrouve pas avant
Tonton Simon : je ne crois pas que c'est de cette manière que tu l'aideras, montre toi patient et soit là pour elle. La police s'occupera de faire justice. Le fait qu’ils soient venus la laisser devant sa porte prouve que le commanditaire est sans le moindre doute une personne qui la connaît très bien, un membre de la famille ou un ami proche. Nous interrogerons tout le monde.
Je hoche seulement la tête en défroissant ma mine.
Tonton Simon : bon, j’y vais, je vais rentrer manger un bout, faire ma toilette et retourner au poste. Je te tiens informé s’il y a du nouveau.
Moi : ok.
Tonton Simon : beaucoup de courage, pense à te reposer.
Moi : merci, ça ira.
Il me tapote l’épaule encore une fois avant de s’en aller. Je reste debout, adossé au mur, les bras croisés contre ma poitrine en regardant le plafond d'un air las. Moi qui croyais mettre la main sur les présumés coupables en moins de vingt-quatre heures, je vais devoir attendre d’assouvir ma rage grandissante. Ce n’est pas Véronique, l’interviewer non plus ? Fine ! Que le coupable court toujours, il ne le fera pas longtemps. Comme je connais nos institutions, commandant ou pas commandant, j’ai envoyé mes gars sur le terrain. Alex et Romeo ratissent la ville à la recherche du véhicule. Grâce au mandat de perquisition que Bradley nous a obtenu, la police a fouillé les domiciles des deux premiers suspects. Bilal de son côté a repéré l’endroit en faisant ce qu’il sait faire de mieux, pister le téléphone de Debbie qui est resté avec eux. Mais bien évidemment, ils ne sont pas revenus sur le lieu du crime. Je compte faire moi-même la garde sur place jusqu’à ce qu’ils se montrent. J’attends seulement que Debbie aille mieux quoique pour le moment mes gars sont sur le coup.
Debbie s’est brutalement réveillée en sursaut trois heures après les explications du docteur par une attaque de panique. Elle criait à l’aide, gesticulait et pleurait, réclamant ses bébés. Le docteur a dit qu’elle était dans un état second, se croyant encore sur les lieux de l’agression. Ils ont dû l’endormir à nouveau avec un sédatif plus puissant que le premier. J’ai tout de même compris qu’elle portait une grossesse gémellaire, de six semaines précisément. (rire désabusé) Il est clair que des têtes tomberont, je ne compte même pas sur la justice divine encore moins physique. Je ne vais pas durer dans ce cauchemar, on saura le pourquoi du comment très bientôt, n’ayez crainte !
Maman : tu es là mon chéri ?
Je baisse les yeux vers elle et hoche la tête en la regardant s’approcher.
Moi secouant la tête : comment va-t-elle ? (Ma'a-Debbie)
Maman : mieux, elle se repose. Et toi ? Comment tu te sens ?
Moi parlant vite : mal
Maman : j'imagine, tu veux en parler ?
Moi (comme si je m'y attendais) : j’ai mal maman, je suis complètement déchiré. (fermant les yeux pour retenir une larme) Je n’étais pas là. Je n’étais pas là pour empêcher cela d’arriver. Je n’étais pas là pour l’empêcher d’être violée. Je n’ai pas été capable de les protéger.
Maman : ce n’est pas ta faute, ne te culpabilise pas pour ça. Tu n’avais aucun moyen de savoir qu’on allait s’en prendre à elle. Les assaillants seront révélés au grand jour. La police, tes amis, ton père s’en occupent.
Moi : ce n’est plus mon père !
Maman sur un ton de reproche : Armel ?
Moi : il n’y a pas d’Armel qui tient maman. C’est bien à cause de lui que nous en sommes là. S’il n’avait pas fallu que je fasse un tour à la clinique, s’il ne s’était pas rabattu sur moi rien de tout ça ne serait arrivé !
Maman : je ne le défends pas, je comprends tes ressentiments, je les partage. Cependant, ce n’est pas le moment de se faire la guerre, tu as besoin de lui et tu le sais !
Moi : je peux me passer de son aide, je me débrouille déjà bien tout seul.
Maman : beaucoup de viandes ne gâtent pas la sauce. En passant, je t’informe qu’il a trouvé la vidéo de l’enlèvement filmée par les caméras de surveillance du service des passeports.
Je lui jette immédiatement un regard discret.
Moi : comment ? Quand ?
Maman : il est parti sur le lieu de rendez-vous après avoir quitté la maison. Actuellement, il est en route pour la DGPN avec les éléments qu’il a eus.
Moi : ok et il quitte la maison pour aller où ?
Maman : probablement dans sa puterie (geste évasif de la main) ça ne m’intéresse pas de toute façon. Concentrons-nous sur ce qui se passe actuellement.
Moi acquiesçant : je vais voir Debbie.
Maman : que dit le docteur ?
Moi : son état est stable, on attend qu’elle se réveille.
Maman : okay, dans ce cas je vais rentrer à la maison faire à manger et jeter un coup d’œil aux enfants. Ils doivent s’inquiéter vu la manière dont nous sommes parties ce matin. Marc est avec sa femme.
Moi : ok, vas-y.
Maman : sois fort mon chéri, elle va avoir besoin de toi et nous sommes aussi là pour toi, ne l'oublie surtout pas.
Moi avec un sourire rassurant : je sais.
Maman : je suis désolée que vous ayez à subir ça.
Elle me regarde avec compassion en posant sa main sur un bras qu’elle frotte avant de partir à son tour. Je retourne dans la chambre d’hôpital attribuée à mi amor, lui jeter un coup d'œil. Elle dort toujours à poings fermés, le visage livide. Je reste plus de trente minutes à la contempler avant de retourner m'asseoir sur le fauteuil en face en poussant un soupir à en fendre l'âme. Ce qui me tourmente le plus en ce moment, c’est la suite des évènements. Il va se passer quoi ? Qu'adviendra t'il d'elle, de nous ? J'ai conscience que ça va chambouler nos vies. Alors que tout allait bien, alors que pour une fois dans ma vie, quelque chose allait bien. (la regardant) Mon Dieu, pourquoi ? Pourquoi ça lui arrive à elle ? Pas elle, pas Debbie, elle n'a rien fait pour mériter cela. Sans m'en rendre compte, une larme s'est échappé de mes paupières puis ça commence à couler à flot. Pendant des minutes, je pleurais en regardant dans sa direction.
Je finis par m’endormir pour me réveiller par Romeo qui sonnait mon téléphone. J’ouvre les yeux quand j’aperçois Debbie couchée, recroquevillée en position fœtale signe qu’elle est réveillée. Je me redresse direct en me retrouvant penché au-dessus d'elle.
Moi : mi amor t’es réveillé ? (rapprochant son visage)
Debbie :…
Moi : parle-moi, dis quelque chose.
Elle se retourne et me regarde simplement, je vois dans ses yeux la pire souffrance que je n'ai jamais pu voir. J'ai eu un pincement dans le cœur.
Moi : je vais appeler un médecin (sortant de la chambre) docteur, docteur !
Debbie….
Je prends le tas de médicaments qu'une infirmière me tend ensuite le verre d'eau et les avale d'un trait en prenant une simple gorgée. L'infirmière me regarde.
Infirmière : bois encore un peu s'il te plaît.
Je remue la tête négativement en lui redonnant le verre.
Infirmière le reprenant : mange au moins les chocolats que ton chéri t'a envoyé.
Je secoue encore la tête négativement.
Infirmière : tu t'es complètement vidée ce matin, c'est bien que tu aies pu évacuer un peu la drogue dans ton corps, mais va falloir que tu compenses ce que tu as vomis.
Je la regarde en pensant peu importe, peu m'importe que j'aie toujours de la drogue dans mon corps si ça peut même me tuer. C'est tout ce dont j'ai envie, mourir. Mourir pour ne plus ne ressentir la douleur horrible que je ressens. Physiquement, mentalement, émotionnellement, cette migraine atroce, la brûlure entre les jambes, la douleur aiguë dans la poitrine, cette fatigue plombante, je veux que tout ça m'emporte.
À cette pensée, je soupire et me recouche en me repliant sur moi-même. L'infirmière soupire à son tour et sort de la chambre pour laisser place à la psychothérapeute. Je rappelle que ça fait quarante-huit heures que je suis en éveil et ce sont les seules personnes que j'accepte de voir. Enfin, je suis bien obligée compte tenu de mes soins parce que je ne veux absolument voir personne. Je n'ai pas envie qu'on me regarde avec pitié, qu'on me sorte des phrases toutes faites soit disant pour me réconforter. Il n'y a rien ni personne qui puisse me réconforter même pas Armel. J'apprécie d'entendre leur bruit dans le couloir, de voir le monde qui s'est dépêché à ma trousse en apprenant la nouvelle, la détermination des hommes à traquer les auteurs, mais non, je ne peux pas me les voir. Je veux juste être seule, je ne veux pas pleurer, crier, me lamenter. Je veux faire mon deuil tranquille sauf que la thérapeute n'est pas de cet avis.
Elle tente de nouveau de m'encourager à parler. J'essaye, mais aucun mot ne sort. La boule d'angoisse dans mon cœur m'empêche de le faire. Elle me rappelle chaque minute qui passe que je ne suis pas fautive, encore moins dégoutante ; que je suis courageuse, je ne dois pas détruire mon corps ; que personne ne va me juger, que je compte pour plusieurs personnes ; que tout n'est pas perdu, j'ai encore de belle choses à vivre et surtout que je vais réussir à survivre et à retrouver le sourire. Elle me dit aussi que le seul moyen de pouvoir me sentir mieux, d'avancer dans ma vie future et mes relations tout aussi bien amicales qu'amoureuse c'est d'exprimer mon mal-être et de porter plainte. De ne pas mettre ma vie en l'air, la tête dans le sable après ce cauchemar. (rire nerveux) À mon sens, ma vie, elle est déjà foutue. Dites lui que je viens de perdre pas une, mais deux parties de moi. Rappelez-lui s'il vous plaît qu'il y a soixante-douze heures plus tôt, j'étais sortie de ma première échographie très joyeuse, impatiente d'annoncer la nouvelle à Armel puis le lendemain, je n'ai rencontré que le visage renfermé et tendu du médecin m'annonçant que mes bébés n'étaient plus là. Dites lui également que la veille, des individus s'en sont pris à ma personne, me traitant comme une vulgaire fille, comme de la merde. Que ces diables m'ont tout pris, que plus rien ne sera comme avant. Qu'ils m'ont détruite.
.......
Aujourd'hui ça fait quinze jours que je suis dans ce lit d'hôpital, mais rien a vraiment changé. Déjà, je ne suis pas capable de penser correctement ou de réfléchir sans médicaments. Dormir ne se fait également pas sans. Je ne suis pas maîtresse de mon corps, de mes émotions. Les flashes de cette nuit tournent en boucle dans ma tête sans que je ne puisse les contrôler et c'est pire quand je vois Armel encore pis quand il essaie de me toucher. Sa présence ravive mes douleurs, ça me terrifie à tel enseigne que je fais de grosses crises de panique. Je ne peux pas vous expliquer comment ni pourquoi. Je vois à quel point ça le fait souffrir, mais je n'y peux vraiment rien. C'est de sa présence, son soutien dont j'ai le plus besoin et ça me tue que les choses se passent ainsi.
Autre chose, je ne parle toujours presque pas. Du moins qu'avec quelques personnes. Quand même, je tolère la présence de mes proches. Ma mère n'a jamais été aussi maternelle que maintenant, ça se voit qu'elle est beaucoup affectée par ce qu'il m'est arrivé. Elle a failli faire une fausse-couche, heureusement que les médecins sont vite intervenus pour éviter que ça arrive. Mes sœurs, toutes mes sœurs sont effondrées. Caroline a pleuré dans mes bras, c'est elle qui m'a fait couler des larmes la première fois. Ensuite quand ma grand-mère a débarqué trois jours après l'incident. Là, je n'ai pas pleuré, je me suis vidée le bail. Je ne me suis pas du tout retenue de crier mon désarroi. Je ne me souviens pas avoir autant pleuré de ma vie. Chaque fois, je me disais que c'était bon, les larmes reprenaient de plus bel. Je lui disais que j'ai été violé, que j'ai perdu mes enfants. Je n'en revenais pas, je n'en revenais pas du tout que ma vie ait basculé d'un coup comme ça, que ça m'arrive à moi. Je ne le souhaite d'ailleurs à personne. Ma grand-mère pleurait aussi, tout le monde a pleuré. Ma mère, maman Eunice, tata Mimi qui vient tous les jours me voir, de même que Paterson. C'était un jour funeste.
Véronique est passée après sa garde à vue. La pauvre, tout le monde l'accule, ça lui a même presque coûté son travail. Elle n'a pas arrêté de pleurer, de se confondre en excuses. Elle se sent tellement coupable. Elle a juré qu'elle n'a aucun problème avec moi. Qu'elle jalousait certes ma relation avec tata Mimi et enviait mon couple, mais pas au point de me vouloir du mal. C'est en partie pour ces raisons qu'elle a voulu saisir sa chance avec monsieur Osseni. Il m'a aussi écrit pour m'apporter son soutien. Pouah, j'en ai reçu des messages et appels de soutien. On m'a ramené un nouveau téléphone, dès que je l'ai activé ça ne s'arrêtait plus. J'ignorais que je connaissais autant de monde et surtout que j'étais tant aimée. Même ici les infirmières sont aux petits soins, la thérapeute passe tous les matins. Les potes d'Armel et leurs copines font aussi le défilé. Djifa me parle tout le temps sur whatsapp, elle me raconte comment elle a réussi à surmonter sa part. Bref tout le monde fait de son mieux pour m'apporter du réconfort même si ça ne change vraiment rien.
(Bruit de porte)
Je regarde ma grand-mère entrer, je souffle en voyant le sac qu'elle tient dans sa main.
Grand-maman : tu n'as pas besoin de faire cette tête, ce n'est que de la nourriture.
Moi : hum.
Elle vient s'asseoir sur le lit et entreprend de me servir un plat d'igname pilée.
Grand-maman : c'est ta belle-mère qui l'a préparé avec beaucoup d'amour. (me tendant le plat) Même l'odeur de la sauce déborde d'amour.
Je souris faiblement en repoussant le plat.
Grand-maman : mange ma mère, il faut que tu prennes un peu de force avant ton interrogatoire tout à l'heure.
Je hausse les sourcils quelques secondes avant de me rappeler que tonton Simon doit passer prendre ma déposition. Je lui ai donné mon accord.
Grand-maman : mange Debbie !
Je ne me le fais pas répéter et commence à manger. Elle a déjà pris son ton sévère. C'est la seule personne qui parvient à me faire manger. C'est pour ça qu'ils me l'envoient quand c'est l'heure.
Grand-maman : c'est bien, bois la sauce.
Moi : ça pique.
Grand-maman : c'est justement pour ça qu'il faut la boire.
Moi : hum.
Grand-maman : tout le monde est venu te voir, ils sont en salle d'attente. Tu veux que je les fasse entrer ?
Je hoche la tête.
Grand-maman : même les hommes ?
Je hoche la tête après quelques secondes de réflexion. Après tout se sont des gens que je côtoyais.
Grand-maman me regardant la tête penchée : et même le mari ?
Je me stoppe et la regarde.
Grand-maman : mais enfin ma chérie, il n'en est pour rien. Il est ébranlé tout comme toi.
Moi la voix tremblante : ce n'est pas moi.
Grand-maman hochant la tête : ça ira ne te mets pas à pleurer encore.
J'essuie une larme au coin de l'œil lorsqu'on entend toquer à la porte.
Dada passant sa tête dans l'entrebâillement : on peut ?
C'est grand-maman qui répond, dada s'écarte pour laisser passer mes visiteurs. C'est un beau monde qu'on a là. Décidément, c'est la journée des visites aujourd'hui. Une délégation de collègues avec Véronique en tête de fil est passée me zieuter dans la matinée au cours de laquelle j'ai également eu droit à la visite de quelques oncles et tantes. Ah, coup de surprise, Angèle et sa mère sont passées il y a deux heures. Elles semblaient désolées pour moi. Paterson et Daniche sont arrivés entre midi et deux. Daniche n'est resté que quelques minutes, il faisait une sale tête. Il faut dire que ça ne va pas fort entre eux depuis notre rencontre. Là, il y a tout le monde. Mes parents, le reste de la fratrie ; le couple Elli Eunice et Fulbert et leurs filles sans omettre le couple Elli Bradley et Tina ainsi que leurs enfants ; les couples Djifa-Ange et leurs enfants, Romeo-Magnime, Alex-Sandra, et bien sûr Armel. Il s'est mis en retrait avec ses amis. De toute façon, il n'y a pas de place pour contenir tout le monde. Les enfants m'ont tous fait un bisou, les tout petits des câlins à tour de rôle. Les grands m'ont tous salué aussi. Ensuite, ils se mettent à converser entre eux. Ça discute, ça rit, ça raconte des anecdotes, des blagues. J'avoue, je suis larguée, mais ça me permet de changer les idées. Pour dire 100 % la vérité, ça me fait vraiment du bien de les voir.
Tina fixant mon plat : tu ne veux plus manger ? (non de la tête) Envoie que je t'aide.
Elle prend le plat direct et commence à manger avec un gros appétit, Magnime aussi.
Magnime riant : mais doucement, tu vas t'étouffer.
Tina : humm, c'est trop bon.
Tonton Fulbert : sans doute, c'est ma femme qui a préparé.
Je jette un coup d'œil à maman Eunice qui le toise.
Grand-maman à Tina : il en reste encore sers-toi si tu veux.
Dada : je vais me servir aussi.
Grand-maman : les femmes enceintes et leurs longs yeux-là, enlever-les sur la nourriture de l'enfant.
Tina et Bradley parlent en même temps.
Tina : je ne suis pas enceinte.
Bradley : elle n'est pas enceinte.
Grand-maman arquant le sourcil : ce n'est pas ce que je vois en tout cas. Il y a un bébé en route.
Noémie s'adressant à Tina : tu ferais mieux d'aller faire un test, elle ne se trompe jamais.
Sandra : ça tombe bien vous êtes à l'hôpital.
Bradley : allons-y chérie, ça ne nous coûte rien de vérifier.
Elle les regarde tour à tour, perdue. Elle a fini par se lever pour aller vérifier. Les autres ont tellement insisté, ses beaux-parents encore plus que tout le monde. Ils se sont presque tous levés pour les suivre. Une bande de curieux. (rire) Je tourne le regard vers mon père qui m'a l'air préoccupé. Il n'a pas dit mot de toute la soirée.
Moi : qu'est-ce que tu as ?
Dada : ta fille te parle Marc.
Papa sortant de ses pensées : tu me parles Deborah ?
Moi : je demande ce que tu as, tu n'as pas l'air dans ton assiette.
Je le sens, qui hésite à parler.
Dada : dis-lui, Marc !
Moi (les fixant tour à tour) : me dire quoi ? Il y a un souci ?
Papa : humm, en fait on soupçonne
Il s'interrompt en avisant le regard oblique que lui lance dada.
Papa reprenant : je soupçonne Marie-Brigitte d'être à l'origine de ton viol. En fait, elle m'a menacé de me faire payer l'affront que nous lui avons fait. Quand ta mère m'a appelé pour me dire que tu t'étais fait agresser, j'ai conclu que c'était elle. Sauf qu'elle n'est pas au pays en ce moment, elle s'est rendue je ne sais où.
Maintenant qu'il en parle je me souviens que les agresseurs parlaient d'une madame X qui m'en veut d'avoir gâché sa vie. Cependant le type du bar me suivait bien avant la visite chez eux.
Moi : ça ne peut pas être elle, il y a un homme parmi eux qui m'épiait depuis un moment déjà.
Armel depuis le couloir : quoi ? Quand ? Et pourquoi tu n'as rien dit ?
Grand-maman (me faisant les gros yeux) : oui pourquoi ?
Moi : je, je n'ai pas vraiment prêté attention à lui jusqu'à ce soir là où il m'a lancé un regard froid dans le bar.
Dada : tu es en train de nous dire que l'agresseur était dans le bar avec toi ce soir-là ?
Moi : j'en ai bien peur, oui.
Armel : tonton Simon est en route, tu lui diras tout ça.
Grand-maman : mais bien sûr qu'elle parlera.
Quelques minutes, après, il arrive en effet en tenue de gendarme.
Tonton Simon me fixant : ça va ?
Moi : pas terrible.
Tonton Simon : ça va aller, on m'a dit que tu avais des informations pour moi. (oui de la tête) Bien nous allons procéder comme suit, je te pose des questions et tu me réponds comme tu le sens. C'est bon ?
Je le regarde en hochant lentement la tête en guise d’approbation.
Tonton Simon aux autres : je vous prie de ne pas nous interrompre. (s'adressant à moi) Donc tu disais que l'un des agresseurs était avec toi dans le bar.
Moi : oui, je l'ai beaucoup croisé dernièrement. Peu importe où je me trouvais, il était là.
Tonton Simon : depuis quand exactement ?
Moi : je dirai un mois et demi, deux mois.
Il note sur son calepin avant de reposer son regard sur moi.
Tonton Simon : peux-tu le reconnaître si tu le vois ?
Moi : oui très bien, il n'est pas très grand (réfléchissant) euh, il a un petit bidon.
Je prends vraiment tout mon temps pour me rappeler chaque détail sur sa personne. Tonton Simon note tout ça et dessine concomitamment son portrait-robot sur un papier.
Tonton Simon : bien maintenant venons-en aux faits. Raconte-moi l'incident (ajoutant) dans les moindres détails.
Je n'hésite pas à lui parler de l'interview jusqu'au moment où j'ai constaté la présence du type. J'ai marqué une pause à ce niveau en déglutissant.
Tonton Simon : tu veux de l'eau ? Qu'on lui apporte de l'eau.
Je secoue la tête et prends une grande inspiration.
Moi poursuivant : il était assis à deux tables sur ma gauche et me regardait, son regard était glacial. On s'est regardé des secondes durant puis il m'a fait un sourire sardonique. J'ai pris peur et sur le moment, j'ai décidé de rentrer en taxi vu que j'avais du mal à joindre Armel. Je me suis donc mise en bordure de route pour attendre qu'un taxi passe. C'est là qu'il est venu garer la fourgonnette devant moi et s'est proposé de me raccompagner. J'ai bien sûr décliné la proposition, en voulant fuir un homme cagoulé m'a attrapé par-derrière. Je n'ai pas pu me débattre longtemps avant qu'il ne plante une seringue dans mon cou. Sur le coup, mes paupières se sont alourdies et je me suis endormie. Puis je me souviens simplement d'avoir roulé à l'arrière de la fourgonnette. En émergeant plus tard, je me trouve ligotée dans un lit avec trois hommes. Ils avaient tous des cagoules sur leurs visages.
Tonton Simon : selon toi, l'homme au bar était parmi eux ?
Moi : oui, j'ai reconnu sa voix. Il a été le premier à me parler. Il m'a dit que c'était inutile de me débattre, de crier parce que j'étais prise au piège. Qu'ils se sont bien amusés avec moi. (la voix tremblante) Je ne sais pas s'ils, s'ils m'ont (sortant difficilement le mot) violé pendant tout le temps que j'étais endormie. Ils riaient beaucoup sous l'effet de la drogue. J'ai quand même lutté avec eux quand ils se sont approchés. Je leur lançais des coups de pied, en échange, j'en ai reçu au bas-ventre. (me mettant à pleurer) Alors que j'étais concentrée sur la douleur, ils...
Wouah combien c'est un défi de raconter ce genre d'incident ! Je n'ai jamais imaginé que ça pouvait être si difficile. Je me mets à la place de Noémie, de mon père, Paterson et toutes ces personnes que j'ai interviewées dernièrement et je peux imaginer l'effort que ça a dû leur demander. Se remémorer ces moments, c'est comme les vivre encore une fois. C'est difficile ! L'ironie c'est que ça m'arrive précisément à ce moment alors que j'ai passé ces dernières semaines à écouter les gens me raconter leurs propres agressions. A présent je sais ce que ressent un poisson rouge.
Tonton Simon posément : ils ont fait quoi ensuite ?
Moi reniflant : ils m'ont drogué à nouveau, enfin, je n'en suis pas sûre. D'une certaine façon, j'étais conscience, mais pas lucide. Fin, je ne sais pas comment vous expliquer. Je les ai regardé (éclatant en sanglots) abuser de moi, tour à tour.
Ma mère s'est mise à pleurer avec moi, mon père avait la mâchoire contractée. Grand-maman parlait dans sa barbe arborant une mine grave. Au même moment on entend un bruit de coup-de-poing dans le mur puis la voix d'Armel s'est élevée. Il s'agite pendant que ses potes essayent de le calmer. Il faisait un vacarme pas possible, lançant des menaces à tout-va. Son frère et son père parviennent à le faire sortir de la clinique. Du coup, tonton Simon a suspendu l'interrogatoire.
Grand-maman lorsque le calme revient : on ne cache pas le soleil avec la main ! Moi Célestine, je dis qu'ils ne l'emporteront pas dans leur tombe ! Quelle que soit la durée, la vérité finira par éclater.
On la regarde tous sans émettre un commentaire.
Armel….
Je sors d’une ixième visite à la DGPN et comme à chaque visite depuis trois mois, je suis remonté à bloc. En même temps, l’agression de Debbie remonte à trois mois déjà et jusqu’à présent personne n’a été attrapé. Les pistes de la police et les nôtres n’ont rien donné. Nous avons des noms, des portraits-robots, mais les individus restent insaisissables. Ce matin Tonton Simon nous a appelés pour nous dire qu’ils ont des suspects potentiels, Debbie est venue les identifier. Rien ! Toute la rage et la douleur que j’ai réussi à contenir en moi ces dernières semaines sont remontées. Pendant que je conduis vers l’école, je me remémore encore cette nuit. J’ai mal et je culpabilise toujours autant. Je n’étais pas là pour la sauver de ce drame, de la peur et l’angoisse qu’elle a dû ressentir. Ce qui me fend le plus le cœur, c’est la grande fosse que ça a creusé entre elle et moi.
Elle est sortie de l’hôpital un mois après l’agression et a choisi de rentrer en famille. Sa grand-mère, ses parents, ses frères et ses sœurs l’entourent d’amour. En tout cas, tout le monde, amis, collègues lui apportent beaucoup de soutien. Cinq semaines plus tard, on lui retirait le plâtre, l'intervention chirurgicale a eu lieu juste après. Dans la foulée, elle a repris le chemin du boulot et les cours en ligne. Seulement comme je m'en doutais, entre nous plus rien ne va. Elle ne supporte toujours pas ma présence. Je fais tout pour être là pour elle, mais elle me rejette systématiquement. Elle me parle que rarement, je suis obligé de communiquer par téléphone. Et là encore, c’est par miracle si elle répond. Elle ne me veut pas du tout à ses côtés. Quand c’est le cas, elle sursaute et commence à pleurer. Ça fait que je me fais rare chez elle. Maman m’a suggéré d’attendre que ça lui passe, de ne pas lui forcer la main. En attendant, je me fais chier. De ne pas la voir, la toucher, de pouvoir lui apporter mon soutien me détruit. (soupir) Samedi, c’est son anniversaire, je veux dire dans deux jours et je me doute que je ne pourrai pas partager ce jour avec elle. Je lui ai tout de même pris un présent que je lui ferai parvenir. Je lui enverrai un message à elle-même le samedi à minuit en espérant qu’elle réagisse.
C’est sur cette pensée que je franchis les portes de l’ISM. Cassidy et sa famille sont passés remercier la mienne, enfin ma mère et moi pour le service que je lui ai rendu. Un soir, alors que je faisais régulièrement la veille devant l’entrepôt où Debbie a été violée, un numéro inconnu m’a appelé. C’était sa mère. Le lendemain elle est venue accompagnée de son mari, son fils et Cassidy elle-même qu'ils ont dû faire entrer par force dans la maison. Je ne suis pas sûr de comprendre ses réactions jusque là. Enfin bref, l’essentiel, c’est qu’elle se porte bien et c’est le cas. Par contre c'est ce jour là que ma mère s'est réellement rendue compte que j'étais effectivement partie au Moyen-Orient, elle avait toujours cru que j'avais fugué. Elle m'a remonté les bretelles comme son mari, plus que lui je dois dire.
Je passe une journée normale d’étude puis boulot. Le soir à la maison, j’attends dans ma voiture de la voir débarquer du boulot. C’est Paterson qui s’est convertit en son chauffeur. Aussi elle ne se déplace plus sans une escorte ou quelqu’un pour la surveiller. De routine, Paterson passe me saluer quand Debbie rentre dans leur concession après un échange de regard. C’est aussi à ce moment-là que je descends du véhicule pour m’adosser à une portière.
Paterson me donnant une ferme poignée : le choco, tu pètes la forme comme toujours.
Moi le regardant : j’espère que c’est de l’ironie.
Paterson : ça l’est !
Moi : lol quelles sont les nouvelles ?
Paterson : elle va bien.
Je lui coule un regard sceptique.
Paterson : enfin mieux.
Moi : dis-moi ce qu’il en est réellement Paterson, que devient notre couple au juste ?
Paterson : ça ce n’est pas à moi de te le dire. Tout ce que je peux te dire, c’est qu’il est trop tôt pour en parler. Donne-lui du temps.
Moi me passant la main sur la tête : sincèrement ça commence à être chiant.
Paterson : ça va de soi. Ce n’est pas contre toi, tu sais ? C’est une étape, la psychothérapeute a dit que c’est normal tout ce qui se passe.
Je prends une grande inspiration en le regardant doucement.
Moi : donc j’attends.
Paterson : oui tu attends.
Moi : c’est son anniversaire samedi, tu sais si elle prévoit faire quelque chose ?
Paterson secouant la tête négativement : non pas à ce que je sache. Enfin elle ne sera même pas là. Euh enfin oui, on va peut-être lui organiser une fête surprise. Peut-être !
Moi hochant lentement la tête : préviens-moi si c'est le cas.
Paterson : sans souci.
Noémie sort de la maison et lui parle depuis sa position après m'avoir brièvement salué. Je les laisse et vais m’enfermer dans ma chambre une fois que je fais entrer ma voiture dans le garage. J’ai trop le seum. Par rapport à la situation et par rapport à la manière dont les choses évoluent. Ma vie, je n’ai jamais ressenti autant de souffrance. C’est ma mère qui vient m’extirper de la chambre, elle me force à me nourrir. J’ai pris deux bouchées puis j’ai reposé le plat. Je reste tout de même à écouter ses histoires de couple. Ça me distrait quelque peu. Son mari est à fond dans sa tentative de conciliation. Le juge a rejeté leur dossier. Bien sûr, Fulbert Elli est derrière ce rejet.
Moi : tu comptes réellement divorcer ?
Maman : il faut croire que oui.
Moi la regardant : tu ne trouves pas que c’est trop radical et hâtif comme décision ?
Maman : j'ai bien réfléchi avant de prendre cette décision et ça n'est pas prêt de changer. Tout ce qu’il réveille en moi, c’est la colère. Une colère sourde. Je n’arrive pas à lui pardonner, je n’envisage pas de le faire et encore, je ne suis pas sûre de pouvoir le faire. Cette fois, c’est trop, il a abusé de ma confiance et c’est trop tard pour qu’il puisse se rattraper. Je ne crois pas en ses excuses, je ne sens pas qu’il regrette. Il agit simplement par dépit. Parce que je lui ai retiré des privilèges, j’ai bloqué son argent.
Moi ouvrant les yeux : tu as fait ça ?
Maman balayant l’air de la main : et bien plus ! C’est pour ça qu’il est revenu, pas parce qu’il s’est remis en question, qu’il regrette ses actes.
Voix de papa : si Eunice, comment tu veux que je te le prouve ? Dis-le-moi et je le ferai.
Maman (lui lançant un regard outré) : Armel tu veux bien nous laisser s'il te plaît ?
Je hoche la tête et sors de la cuisine pas surpris de le voir. Il passe ici tous les soirs sous prétexte qu'il vient voir ses enfants. Enfin ses filles parce que moi, je tolère juste sa présence quoiqu’entre temps, j’ai changé d’avis par rapport à leur divorce. J’ai essayé de voir les choses du point de vue de Debbie. Vous vous rappelez notre discussion. En réalité, je n’ai plus d’opinions à émettre à ce sujet. La décision revient à ma mère comme elle disait.
Dans la chambre, je vais me doucher puis au lit le sommeil me fuit. Je ne sais pas pourquoi, mais ce soir particulièrement la situation me pèse. Le fait qu’elle snobe les messages que je lui envoie achève de me mettre mal en point. Ça déteint sur mon humeur la matinée suivante. Au port, un docker a fait un blague en disant que j’ai rasé les douaniers en prenant le pot-de-vin d’un monsieur, ignorant que l’enveloppe que le monsieur m’avais remis ne contenait que des incoterms et des divers bons de caisse qu'il lui faut pour rentrer en possession de ses marchandises. Je l’ai agrippé, prêt à en découdre avec lui quand d’autres personnes sont venues nous séparer. Le chef de notre département voulait me donner une mise à pied, mais mon chef est vite fait d’intercéder en ma faveur. Pour ne rien arranger, mon pneu avant droit éclate en plein milieu de la circulation alors que je me rends chez Alex avec qui j’ai prévu passer mon après-midi libre. Il m’a fallu une heure pour régler le problème comme je n’ai pas de pneu secours. Je passe néanmoins un bon moment de fou rire avec Alex à triper sur le couple Da-Costa qui vit un début de relation à distance tumultueux. Alex ne parle pas beaucoup du sien donc je suppose que tout va bien entre Sandra et lui. Quoi qu'il en soit, il n'a pas l'air malheureux.
Rasséréné par cet instant d'évasion, je prends tout mon temps à minuit pour envoyer une si longue lettre à Debbie pour lui présenter mes vœux d’anniversaire. Elle ne répond pas. Elle doit être en train de dormir. Très tôt, le matin, je me présente devant sa porte afin de lui remettre son cadeau. Je n’y trouve que Noémie qui s’empresse de me remettre une boite à bijou. Je l’ouvre pour voir la bague de fiançailles que j’avais offerte à Debbie. Mon cœur s’est emballé comme jamais.
Moi : que que, qu’est-ce que ça signifie ?
Noémie : elle me l’a remis pour toi.
Moi : pourquoi ? Elle est où ?
Noémie : elle est partie.
Moi : partir où ?
Je la pousse en entrant dans le salon puis dans la chambre de Debbie en hurlant son nom. Après avoir fait le tour et constater qu'il n'y avait plus aucune trace d'elle dans la chambre, je m'arrête au beau milieu la tête pleine, mes pensées allant dans tous les sens. J'étais un ordinateur que je buguais. Je bous littéralement de l'intérieur, elle a dû déménager dans un nouvel appartement. Debbie ne peut pas partir de surcroît sans rien me dire.
Noémie s'arrêtant devant moi : elle a pris le vol à minuit (me tendant quelque chose) elle t'a aussi laissé ça. Je suis désolée.
Moi : Noémie qu’est-ce que tu essaies de me dire ? Deborah est partie où ?
Noémie : elle n’a rien voulu nous dire, je…
Je n’entends pas le reste, je ressors du bâtiment brumeux, les sens en émoi, avec le cœur brisé.
..... À suivre .....