La pression

Ecrit par lelechu

Jasmine

Je range mes affaires et je ferme la porte de mon bureau à clé en sortant. Il est déjà 19h et il ne reste plus grand monde dans l’entreprise. Je dois retrouver Assane tout a l’heure au restaurant pour diner. J’ai eu une dure journée. Le retour de Boris m’a laissé sans énergie. J’étais surprise de le voir, il est quand même rentré avec un mois d’avance, ensuite la surprise a fait place à la joie. Il m’a énormément manqué, je dois l’avouer. Puis J’ai ressenti de la peur quand il m’a prise dans ses bras. J’ai tout de suite senti qu’il avait changé et pas seulement physiquement. Et notre entretien a confirmé mes craintes. Quand il s’est approché de moi, tout ce que je voulais c’était qu’il m’embrasse. Qu’il me fasse ressentir ce que j’ai toujours ressenti dans ses bras. Mais j’avais aussi envie de le repousser pour Assane qui ne mérite pas ça de ma part. Je m’engouffre dans l’ascenseur, la tête ailleurs. Au moment, ou les portes coulissent, une main que je reconnaitrais entre mille empêche l’ascenseur de se fermer. Les portent s’ouvrent grandement et je vois apparaitre Boris et André.  Je suis un peu rassurée qu’André soit là. Mais finalement Boris lui chuchote un truc à l’oreille et monte avec moi. André fait demi-tour en prétextant avoir oublier quelque chose. Complètement paniquée, j’essaie de sortir de l’ascenseur pour le persuader de venir avec nous mais Boris se met devant la sortie et je vois les portes se refermer sous mon regard impuissant.

- Je te fais si peur ? me demande Boris

- Non je n’ai pas peur. Dis-je d’une voix pas très convaincante. C’est juste qu’il se fait tard. J’aurai été plus rassurée s’il nous avait suivi.

- Ne t’en fais pas, c’est un grand garçon. Il ne lui arrivera rien.

- Qu’est-ce que tu lui as dit pour qu’il refuse de nous suivre ?

- Que j’avais besoin de rester seul avec toi.

Mon cœur qui battait déjà fort, menace maintenant de sortir de ma poitrine. Je regarde le niveau de progression de l’ascenseur. Plus que 2 étages. Mais il s’arrête brusquement au premier étage et les portes ne s’ouvrent pas. Je m’affole pour de vrai.

- Qu’est ce que tu as fait Boris ? Nous allons rester coincé.

- Ne t’en fais pas. J’ai juste bloqué le mécanisme pour un temps. Au moment voulu, je vais le débloquer.

- Mais pourquoi tu as fait ça ?

- Pour te permettre de me demander pourquoi J’ai besoin de rester seul avec toi.

- Boris stp, ouvre cette porte. 

- Pas avant que tu ne m’ais poser la question qui te brule les lèvres.

- Je dois diner avec Assane tout à l’heure.

- Il attendra.

- Stp !

- La question.

Il est imperturbable, il va s’adosser avec un calme olympien a la paroi de l’ascenseur, en face de moi. On ne dirait même pas qu’il me séquestre dans cet ascenseur. 

- Ok, pourquoi as-tu besoin de rester seul avec moi ?

- Je veux savoir comment tu arrives à faire l’amour avec Assane en pensant à moi, en étant amoureuse de moi et en ayant envie de moi ? Tu imagines qu’il est moi pendant l’acte ?

- Je n’ai pas de réponses à te donner. Stp laisse-moi sortir !

- Regarde moi Jasmine, est ce que j’ai l’air d’être pressé ? Je peux rester là jusqu’au petit matin. Personne ne m’attend.

- Ce n’est arrivé qu’une fois.

- J’ai donc raison de penser que cette seule fois la, tu l’as tellement regretté que tu n’as plus voulu recommencer ?

Je reste silencieuse. Qu’est ce qu’il a à me torturer comme ça ?

- Jasmine ?

- (Faiblement) oui.

- Ça me fait affreusement mal de savoir que tu l’as laissé te toucher mais tes réponses m’apaisent. 

Il se décolle de la paroi où il était adossé et marche lentement jusqu’à moi. J’étais déjà adossée aussi donc je ne peux plus bouger. Quand il s’arrête enfin, il n’y a que quelques centimètres qui séparent nos corps. Il prend appuie d’une main sur la paroi ou je suis adossée ce qui m’empêche de me dégager. Je serre fort mon sac contre moi pour m’empêcher de le toucher. Je ne peux pas faire ça. Je suis avec Assane.

- Regarde-moi. Murmure t il a mon oreille. Je ferme les yeux quand un violent frisson me traverse tout le corps, faisant durcir les pointes de mes seins.

Je lève la tête et plonge mon regard dans le sien. Son regard ne dévoile absolument rien de ses sentiments. Une seule chose me fait comprendre qu’il n’est pas aussi calme qu’il le parait et c’est son pouls qui bat follement à la base de son cou. J’ai tout à coup envie d’y passer ma langue mais je me retiens. Ses lèvres sensuelles, sont juste à quelques centimètres des miennes.

- Tu es absolument divine comme ça avec les yeux pleins de désir et les lèvres entrouvertes.

Je déglutis péniblement. A quand la fin de cette torture ?

- Jasmine, tu es à moi. Corps et âme. Je suis le seul que tu aimes et avec qui tu rêves de faire l’amour jour et nuit. Ton corps n’est réceptif qu’à mes caresses. Il dit ça en effleurant rapidement ma poitrine de sa main, je gémis faiblement. Dis-moi que ce que je dis n’est pas vrai.

- Je suis complétement folle de toi Boris. Dis-je avec résignation comme si j’abandonnais la bataille qu’on se livre.

Il sourit. 

- Je veux que tu me fasses une promesse.

- Oui

- Tu ne laisseras plus ni Assane ni personne te toucher.

- Je te le promets.

- Même pas de baisers sur la bouche ?

- Même pas de baisers sur la bouche.

- C’est bien. Je peux te laisser partir maintenant. J’ai envie de t’embrasser. Très envie de t’embrasser mais je ne le ferai pas. 

Je me rends compte qu’il a le dessus sur moi et qu’il en profite aisément. Pour me venger, je fais ce que j’ai envi de faire depuis quelques minutes déjà. Je passe la pointe de ma langue à cet endroit de son cou où son pouls bat follement. Puis je lui fais un suçon. Il ferme les yeux et ses poils se hérissent sous mon regard satisfait. Mais quand il ouvre les yeux et pose son regard sur moi, je me demande si je ne suis pas allée trop loin. Je ne lui avais jamais vu ce regard sauvage. Il me colle d’avantage et je sens clairement son érection contre mon ventre. Nos respirations saccadées emplissent la pièce.

- Jasmine fait attention à toi. Tu n’as aucune idée des efforts que ça me demande de garder le contrôle à cet instant précis. Et crois-moi pour le moment, c’est mieux que je garde le contrôle.   

En me disant ça, il débloque le mécanisme et l’ascenseur repart. Pendant tout ce temps, nous ne changeons pas de position. Nous restons là, regard planté dans celui de l’autre, cœurs battants, lèvres frémissantes. Quand l’ascenseur s’arrête, il retire son bras pour que je puisse passer et je profite de ce petit moment de déconcentration pour effleurer son sexe dressé en frottant mes fesses à lui au passage. J’ai juste le temps de le voir serrer les dents en grognant, avant de courir aussi rapidement que me le permet mes hauts talons pour sortir de l’ascenseur. Quand je me retourne, il est toujours dans l’ascenseur et les portes se referment sur lui. Mais il n’a toujours pas changé de position. Je souris satisfaite. Il m’a bien malmené mais j’ai eu le dernier mot. Je repense à ce qui s’est passé dans cet ascenseur. Décidemment, Boris me fera toujours faire n’importe quoi ! Pffff !


Assane

Ça va faire 45 Minutes que je poirote dans ce restaurant. J’essaie de la joindre mais elle ne répond pas. Je suis déjà tout énervé. J’ai horreur qu’on me fasse attendre comme ça sans explications. Je lance une dernière fois un appel sur son téléphone quand je la vois passer l’entrée. Je me dis que ce n’est pas trop tôt. Ma colère fond comme neige au soleil quand je la vois. Mon cœur se met à battre fort. Je sais qu’elle n’est pas amoureuse de moi mais moi je ne peux pas m’empêcher de l’être d’elle chaque jour un peu plus. Souvent je me sens pathétique d’être là à attendre qu’elle veuille bien me donner un peu d’amour mais je n’arrive pas à me défaire d’elle. Elle arrive à mon niveau et m’embrasse sur la joue. Son geste m’intrigue parce que d’habitude, elle me fait au moins un smack. Mais je ne lui en tiens pas rigueur. C’est peut-être parce qu’on est en public. Elle ne raffole pas des démonstrations d’amour en public. Néanmoins, je la trouve différente ce soir. Comme agitée, nerveuse, absente. Elle n’a pas l’air d’être dans son état normal.

- Excuse-moi pour le retard, j’ai été retenu au bureau plus tard que prévu.

- Je comprends, ce n’est pas grave mais tu aurais pu m’appeler ou me laisser un message.

- (Elle reste figée) désolée, je n’y ai pas pensé. 

En plus elle est sincère. Ça me blesse mais je ne dis rien. Elle ne pense tellement pas à moi que ça ne lui vient pas à l’idée qu’elle pourrait m’appeler pour m’informer de son retard. Super ! Pensais-je ironiquement. Nous commandons et nos plats arrivent assez vite. Mais au lieu de manger, elle tient sa fourchette et a le regard perdu.

- Bébé ça va ? je lui demande inquiet.

- (Sursautant) Oui ça va. Désolée, j’avais la tête ailleurs.

- Mon cœur tu le sais que tu peux me le dire si quelque chose te tracasse ? je lui dis gentiment en lui tenant la main. 

Elle me la retire et affiche maintenant une mine triste.

- Boris est revenu.

A cette nouvelle, je déglutis péniblement. Seigneur non ! Pas lui et pas maintenant. Putain ! Je me demande comment je dois réagir et si elle essaie de me dire quelque chose.

- Ah ! c’est super. Il va bien ?

Elle me regarde sans rien répondre. Je pousse un soupire.

- Je ne sais pas pourquoi tu me dis ça Jasmine. Et je ne veux pas le savoir. 

- Je...

- (L’interrompant brusquement) J’ai dit que je ne voulais rien savoir.

- Ok

- Si tu as fini de manger, nous pouvons y aller.

Elle se lève et nous nous dirigeons silencieusement vers la sortie. Elle me dit aurevoir un fois au parking pour me signifier qu’elle veut être seule. Je ne discute pas et elle me fait pour la 2eme fois de la soirée, un baiser sur la joue. Je sens clairement qu’elle est entrain de m’échapper. Si seulement j’arrivais à la faire tomber enceinte de moi ! Oui ce serait la solution. Je prends ma voiture et conduis jusque chez moi avec cette hypothèse complètement folle dans la tête. Comment pourrait elle être enceinte de moi si elle ne me laisse même pas la toucher ? A moins que…


Boris

Quand j’arrive chez moi, je continue directement prendre une douche. Puis j’enfile un bas de pyjama et torse nu, je vais dans un coin de ma chambre, prendre ma position de relaxation. C’est cette thérapie qui m’aide à garder le contrôle de mes émotions, surtout avec Jasmine. Mais elle m’a bien montré aujourd’hui que rien n’est plus fort que l’amour et la passion que je ressens pour elle car j’étais à 2 doigts de craquer. La sorcière ! Pensais-je en souriant. Je pourrais me laissant allé et l’embrasser, lui faire l’amour partout, comme et quand je veux mais je le ferai en tant que qui ? le mec avec lequel elle trompe son fiancé ? pour qu’il puisse mieux jouer à la victime et la prendre par les sentiments ? non ! cette fois ci, je ferai les choses intelligemment. Il n’est plus question que je me comporte comme un idiot. Quand je termine, je me sens mieux et je vais donc manger avant de me mettre devant la tété. Je m’endors sans m’en rendre compte et me réveille en sursaut quelques temps plus tard, le sexe tendu prêt à éjaculer. Je rêvais de Jasmine, je lui faisais l’amour. C’est surement toutes les émotions qu’elle m’inspire et que je refoule qui reviennent dans mes rêves. Je me lève pour une autre douche et pour me mettre au lit cette fois. Quand j’y suis, je lui envoie un message sur WhatsApp. « Un jour, tu me paieras cher toutes les nuits blanches que j’ai passé à me languir de toi dans mon lit. ». Sa réponse ne tarde pas à venir « nous nous vengerons à tour de rôle parce que moi aussi j’ai des choses à te faire payer. Allumeur ! ». Je souris et je l’imagine dans son lit entrain de se tourner et de se retourner d’envie, de frustration et de colère. 


***

Le lendemain matin, j’arrive comme un zombie au bureau. Normal, je n’ai pas fermé l’œil. Je pose mon ordinateur dans mon bureau et me dirige avec mon paquet vers le bureau de Jasmine. J’y pénètre sans frapper et la trouve adossée a son fauteuil, les yeux clos. Je souris. Qui pourrait en nous voyant s’imaginer qu’on a passé des nuits blanches tous les 2 pour la même raison ? quand je ferme la porte, le bruit lui fais ouvrir les yeux.

- Qu’est ce que tu veux Boris ?

- Si je te dis que je suis venu pour soulager la tension qui habite ton corps en ce moment, tu me feras un sourire ?

Elle se redresse pour me regarder d’un air intéressé. Je lui montre mon paquet.

- J’apporte le petit déjeuner.

- Hum

- Qu’est ce que tu croyais que je te proposais ?

- Fiche-moi la paix Boris.

- Répète-moi ça un peu.

Je lui dis ça en m’approchant de son fauteuil. Quand j’arrive devant elle, j’appuie mes 2 mains de part et d’autre de son fauteuil et baisse mon visage au même niveau que le sien.

- J’ai dit fiche moi la paix.

Quand elle termine sa phrase, j’approche doucement mes lèvres des siennes. J’ai du mal à résister à l’envie de l’embrasser, beaucoup de mal. Je trouve la force à le dernière minute et tente de me redresser mais avant que je ne puisse le faire, Jasmine me saisit par la nuque et prend avidement mes lèvres. Je n’attendais que ça. Seigneur ! c’est si bon ! je profite de ce petit moment de relâchement pour savourer ce baiser parce qu’après, il faudra que je retrouve la force de lui résister, sinon elle ne fera jamais ce qu’il faut pour que nous soyons ensemble. Je suis le premier à me détacher d’elle alors que je ne rêve que de la prendre là sur son bureau. J’ai rassemblé toute ma volonté pour ça. Son regard brillant de désir, ses lèvres gonflées par la violence de notre baiser et les pointes tendues de ses seins, manque de me faire flancher. Je recule de 2 pas.

- Ne refais plus ça Jasmine, tant que tu n’as pas mis de l’ordre dans ta vie amoureuse.

- C’est toi qui me provoques depuis hier.

- Je te l’ai dit, tu peux me repousser. Je ne te force à rien. Mais la prochaine fois que tu m’embrasses, assures toi d’être une femme libre de tout engagement avant.

- Boris ce que tu fais, c’est du chantage.

- Alors ne cède pas. Ça prouvera à quel point tu es amoureuse d’Assane.

Je la laisse là et retourne à mon bureau pour travailler. Pourvu qu’elle ne se dégonfle pas. J’ai si peur qu’elle fasse la même erreur que moi il y a quelque temps, en décidant de rester avec Assane par pitié.




Tel un feu dévorant