La self-défense

Ecrit par Farida IB

Nahia…


Je vous avais dit que ce mini vieux a l’art de tomber dans les pires moments nan ? Il m’appelle pour quoi même ? 


Je l’ignore carrément, malgré cela il persiste dans sa bêtise.


Bilal (calmement) : le monsieur semble s’adresser à toi.


Moi (essayant de cacher mon trouble) : comment ça moi ? Je ne le connais de nulle part.


Bilal : il t’appelle par ton prénom !


Moi : il a dit Naïma, moi, je m’appelle Nahia.


Je dis tout ça le cœur battant priant que l’autre s’efface, mais le gars ne démarre toujours pas sa voiture, merde trop soyé le vieux.


Bilal (l'air de rien) : tu peux aller lui parler, ça ne me gêne pas.


Moi (la voix tremblotante) : puisque je te dis que ce n’est pas à moi qu’il s’adresse.


Frédéric : je te parle, tu m’ignores Naïma.


Bilal : Nahia, tu es la seule fille dans cette rue.


Ouf ! Il démarre enfin.


Moi : tu vois qu’il est parti, ce n’était pas à moi qu’il s’adressait.


Il n’émet aucun commentaire, pire il change de sujet, l’atmosphère avec. Je l’écoute sans capter ce qu’il raconte, toutes mes pensées, c'étaient convergées vers la scène de toute à l’heure. 


Bilal : je vois que tu n’as plus tout à fait ton esprit ici, il vaut mieux que tu rentres. Je te raccompagne.


Moi (toute chambardée) : je te suivais bien, tu as dit que Brady a fait la connaissance d'une togolaise là bas et qu'il s'ennuie moins.


Bilal : ça, c’était il y a deux minutes, de toute façon (regardant sa montre) il se fait tard, ta mère serait déjà là. Si elle a bien quitté Cotonou à dix-sept heures comme tu l’as dit, elle serait déjà rentrée. Allons-y !


Moi (la voix inaudible) : ok !


Tout le reste du trajet se passe dans un silence pesant, j’avais envie d’en parler, mais tout restait au travers de ma gorge. De toute façon, j’allais dire quoi ? J’ai déjà nié connaître le monsieur (soupir). 


Bilal…


Je me suis assuré que Nahia rentre chez elle avant de continuer chez moi, je ne sais pas quoi penser de ce qui vient de se passer. Elle avait l’air assez gêné pour que j’en rajoute, je me refuse de croire qu’elle joue à un double jeu avec moi. Non, je ne veux pas douter d’elle. Je n’ai pas envie de croire qu’elle soit comme ces filles qui suivent le matériel et se laissent berner par les « grotos » comme nous le disons dans notre jargon togolais. Tout ce qui me console, c’est le fait qu’elle n’ait pas bougé d’un cran durant tout le temps que le monsieur a mis avant de partir.


Bref, je saurai tirer les vers de son nez au moment opportun, pour l’heure, c’est cette folle d’Elodie qui me tape sur les nerfs. De tous les glaciers à Lomé, il a fallu que nous nous retrouvions dans celui-ci (soupir). 


C’est la voix grave d’Alia (la meuf de mon frère) qui me ramène sur terre, j’ai pris le train onze sans m’en rendre compte (rire).


Moi (taquin) : la grande Mme SOLLOU, tu nous fais l’honneur de ta présence aujourd’hui.


Alia (souriant de toute sa dentition) : je vous attends toujours chez mon père, vous n’êtes fort que pour faire sortir de belles paroles. Rien de concret tsuipp, esclaves que vous êtes !


Moi (le ton riant) : cette histoire d’esclaves te tient tellement à cœur pourtant sans mon frère ton existence ne serait qu’un mythe, on se demande finalement qui est l’esclave et qui est le maître ou la maîtresse parmi vous krkrkr.


Alia : en plus, ils se glorifient, c’est de la pure gentillesse de ma part !


Moi (faussement déçu) : hélas, je comptais sur toi pour le rendre heureux. Je croyais que tu nous aimais réellement, puisque ce n’est pas le cas, j’entamerai des recherches pour trouver une nouvelle femme au frérot (je conclus avec une moue de pitié), j’ai peur qu’il finisse le cœur brisé.


Son visage change, elle affiche un air perplexe.


Moi (sourire satisfait) : je croyais que tu n’étais avec lui que par pure gentillesse !


Alia (le ton boudeur) : peut-être !


Moi : je t’ai pris au mot krkrkr.


Alia : ne vous méprenez pas non plus, je suis son terminus !


Moi (mdr) : là, je reconnais notre première dame !


Alia : la première et la dernière krkrkr…


Elle rentre aussitôt dans la concession, signe qu’il faut que j’aille en balade contrainte. Je ne peux me plaindre puisque mon frère est également soumis à ce rituel lorsque Nahia vient par ici (rire).


Tina….


Moi (à Nahia) : tu aurais dû réagir au quart de tour, remettre les raves de ce vieux fou dans son sac. C’est quoi ces bêtises ? De quel droit se permet-il de t’appeler pendant que tu es avec quelqu'un ? Pour te dire quoi même ?


Nahia : aucune idée, j’étais prise de court. Je ne savais pas quelle démarche suivre, je priais juste qu’il s’éloigne.


Moi (la voix furieuse) : Nahia tu fais trop du laisser-aller, tu ne peux pas tolérer ce genre de manquement encore moins devant ton petit ami ! Son attitude de la dernière fois en dit long sur ses réelles intentions envers toi, c’était l’occasion idéale de le remettre à sa place et tu n’aurais pas besoin de justification concernant Bil. Il a raison de ne rien dire ce dernier, tu voulais qu’il te dise quoi ?


Nahia (soufflant) : j’ai manqué de tact parce que j’avais paniqué.


Moi (sur un ton de reproche) : n’essaie pas de te justifier accepte le fait d’être une chiffe môle, tu avais peur de ce monsieur au lieu d’avoir peur de la réaction de ton mec. Tu as montré à Bilal qu’il ne fait pas le poids devant un homme qui est de surcroît véhiculé et qui peut t’offrir du luxe, alors que lui non.


Nahia (elle me jette un coup d’œil en coin.) : mais non ! Sur quel terrain te glisses-tu là ? Tu sais très bien que ce n’est pas le cas, ne dis pas ce genre de chose Tina.


Moi (me calmant) : sans vouloir t’offenser (soupir), ma puce un homme t’aime encore plus lorsqu’il voit que tu le préfères lui à des milliers d’autres qui peuvent t’offrir plus qu'il en a. Je trouve ta réaction très puérile, tu ne lui as pas donné sa place à Bilal et c’est pathologique chez toi, dès qu’une situation te dépasse, tu te crispes au lieu de l’affronter. (ajoutant) Je continue de croire que tu aurais dû affronter cette Elodie, faire fie de sa forme et défendre ta relation au lieu de t’en prendre à Bilal. Avec le Frédéric, tu n’as rien à te reprocher de toute façon, tu t’excuses simplement auprès de Bilal, tu vas le remettre à sa place et tu reviens lui expliquer le cas ou même, tu le fais devant Bilal. Je ne pense pas qu’il sera assez idiot pour t’accuser de quoi que ce soit après ça, là, il a le droit de penser ce qu'il veut parce que tu lui as donné une bonne raison de douter de toi.


Nahia : …


Tina : enfin… C’est ce que j’aurais fait moi à ta place, arrête de t’en vouloir et trouve un moment idéal pour t’excuser auprès de Bilal et lui relater les faits tels quels. Il n’est pas problématique, il comprendra d’accord ?


Elle hoche simplement la tête.


Tina : rhoo Nahia ce n’est pas la peine de larmoyer pour si peu, essaie juste d’être plus réactive dorénavant.


Nahia (reniflant) : merci…


Tina : je t’en prie. Now sourit avant que je ne raccroche, il faut que j’appelle Brady.


Elle force un sourire, je prend l'initiative de la distraire un peu avant de raccrocher. Je lance ensuite un appel vers Brad tout en me ressassant l'histoire de Nahia dans la tête. Ma petite froussarde à moi, elle a trop les airs de princesses. Il faut souvent mettre les barres sur les ″t″ à ceux-là qui ne veulent pas se faire respecter tssuiipp. Un vieux con comme ça !


****

Mes idées reviennent sur mes appels qui sonnent dans le vide, ça fait la quatrième fois que je tente et je décide de laisser tomber. Il y a un texto à Bilal que je viens de recevoir.


Bilal : alors ?


Moi : je viens de le faire, il n’est pas en ligne !


Bilal : réessaie, je l’ai eu, il y a à peine une trentaine de minutes.


Moi : ok !


Je prends un grand souffle et relance l’appel tout en dressant mon lit, le kit oreillette placé à l’oreille, au bout de la troisième tentative, il décroche enfin !


Moi (sans regarder l’écran de la tablette) : enfin, il daigne prendre mon appel !


Voix féminine : bonsoir, Brad, il est sorti faire des courses. J’ai dû décrocher vu votre insistance, je me suis dite qu’il peut s’agir d’un cas d’urgence.


Je me retourne et aperçois une bimbo moulée dans un T-shirt au milieu du ventre et un short en jean qui lui arrivait à mi-cuisse. Ehh bien d’autres n’ont pas perdu leur temps du tout !


Moi (fixant l'écran interloquée) : euhh… Non rien, s’il vient dis lui juste que Tina à appeler.


La fille (l'air étonné) : euuhh… Ok, je lui dirai sans faute !


J’éteins carrément la tablette et me jette sur le lit, j’envoie immédiatement un texto à Bilal avant de me mettre sous les draps.


Moi (à Bilal) : j’ai finalement pu le joindre, mais c’est sa nouvelle chérie qui a décroché ! Au moins je me suis exécutée à votre demande, sur ce bonne nuit, j’ai cours demain matin de bonne heure.


Bilal : ce n’est pas ce que tu crois, Tina, c’est une coloc à lui.


Moi : j’ai pris note, je dois vraiment te laisser. Je suis tenaillée par le sommeil.


Bilal : ok, je te laisse dormir. Ne porte pas de jugements hâtifs surtout.


Moi : j’ai compris Bil t’inquiètes ! 


Je passe la pire des nuits surtout avec les nombreux appels de Brad jusqu’au milieu de la nuit. 


Je dis Bradley il cherche vraiment ma Tina hein, je la soutiens même et vous? #TeamTina ou #TeamBradley ? J'attends les votes pour la suite de l'histoire

My pathetic love sto...