La vie est ainsi faite !
Ecrit par Farida IB
Annick ANJO…
Papa D (père de Cholah) intrigant : l’avenir s’annonce flou les filles (nous fixant avec insistance) vous n’avez rien à me confesser ?
Les filles et moi, nous lançons un regard entendu.
Cholah (haussant l’épaule) : rien à signaler de mon côté.
Asanda : de mon côté non plus.
Cholah me jette un coup d’œil et je hausse simplement mes épaules.
Papa D (me fixant) : et toi Nicki ?
Moi : idem papa D.
Je pince la cuisse de Cholah qui est assise entre mes jambes pour l’empêcher de parler.
Papa D (nous prenant de court) : une mort certaine plane sur vous les filles.
Je tique.
Asanda/Cholah (entrechoquant bruyamment leurs mains) : heeeeyiii !!!
Papa D : oui, mes sens ne me trompent jamais. À partir de cet instant, faites attention à tout ce que vous faites. Évitez les nouveaux clients jusqu’à nouvel ordre.
Nous acquiesçons toutes les trois puis il se lève dans l’intention de se diriger vers la salle de bain.
Cholah (chuchotant presque) : pourquoi omets-tu de lui parler d’Emmanuel ? Ça ne peut qu’être lui, tu sais si son ex fiancée prépare un coup d’attaque ?
Moi (roulant des yeux) : ce n'est même pas vrai.
Asanda : qu’est-ce qui le prouve ?
Moi : c’est impossible, je connais la fille. (elles écarquillent les yeux.) Oui, j’ai déjà eu l’occasion de la croiser, en plus de tout ce que me dit Manu à propos d’elle. Elle est plus américaine que togolaise donc vos choses de Hounnon (féticheur) là elle n’est pas dedans.
Cholah : Nicko tu plaisantes inh, tu sais ce dont est capable une femme déchue ?
Asanda renchérissant : en tout cas moi à sa place, je vous tuerai tous les deux en esprit, et ce sera ni vu ni connu.
Je la regarde ébahie.
Asanda s’expliquant : mais oui, j’ai toléré dans le passé parce que j’étais encore adolescente et naïve. Quoiqu’avec la vie que je mène actuellement, c’est en sorte pour protéger mon cœur, la déception ça me connaît. Cependant, si je donne à nouveau mon cœur à un homme et de surcroît pendant des années et qu’il me le brise, je considère qu’il a ôté mon cœur et par ricochet ôté le peu de jugeote que j’avais en moi. (accent francisé) Du coup, je n’aurais aucun regret à le TUER dans le sens propre du terme.
Nous la fixons la bouche et les yeux grands ouverts.
Moi (sortant de ma torpeur) : Asa arrête de débiter des sottises.
Asanda au tac : je le pense pourtant.
Je la regarde simplement.
Moi (revenant sur le sujet de départ) : elle n’en est pas capable.
Cholah : si tu le dis. Parles-en à papa D, il saura si c’est lui ou pas.
Moi exaspérée : je te dis que non, en quoi l’amour tuerait ?
Asanda : lol parce que tu l’aimes ton type ?
Moi hésitante : euhh… Bah… En quelque sorte. Oui, oui, je peux dire que je l’aime.
Cholah amusé : tu as hésité sister (riant franchement) je n’ai jamais été amoureuse, mais j’ai déjà vu les gens s’aimer et je peux te certifier que toi, tu n’aimes pas ce gars.
Asanda appuyant : tu cherches quoi sous les coups de reins de papa D alors ?
Moi (balayant l’air de la main) : parce que c’est notre rituel et que j’ai mon travail après tout.
Asanda (se tordant de rire) : géreuse de Bizie inh kiakiakia. Quelle excuse, tu lui as trouvé cette fois ?
Moi boudant : aucune, je n’ai plus besoin d’excuses. Il suffit de m’arranger avec Alex (son patron).
Cholah : krkrkr ce n’est quand même pas cool de faire ça au beubeuhh (se léchant les lèvres) le djo a l’huile comme ça.
Asanda : je te dis canon de chez canon, tu as tiré sur un bon numéro.
Elles se lancent un regard complice.
Moi méfiante : n’y pensez même pas.
Cholah (me suppliant du regard) : tchoo on veut goûter, il est sucré ?
Moi : que c’est un bonbon ?
Asanda (se léchant à nouveau les lèvres) : ses lèvres pulpeuses rose là !!
Moi secouant la tête : onh onh pas moyen, c’est ma propriété.
Cholah : rhoo ne soit pas chiche, on a toujours fait dans le partage.
Moi ripostant : justement, il n’est pas un client.
Cholah : juste une sucette.
Moi catégorique : j’ai dit non !!!
Cholah : ekanwé ! (c’est ton problème.)
Moi : j’assume !!
Papa D (sortant de la salle de bain) : les affaires doivent reprendre mes chéries.
Cholah (ton suave) : yes paaapa !!
Je lui jette un coup d’œil.
Cholah : quoi ?
Je m’adresse à elle en Dendji (patois que son père ne comprend pas).
Moi : tu es si heureuse de coucher avec ton père.
Cholah minant : c’est mon homme après tout !
Asanda (se dirigeant à son tour dans la salle de bain) : et ça recommence !!
Moi : boyii (dégage!!). (à Cholah) Ce n’est plus celui de ta mère ?
Cholah : elle a choisi elle-même de quitter son foyer.
Moi : qui sait si c’est elle la menace qui nous guette ?
Cholah : mttcchhrrr.
Moi (du tic au tac) : Papa D,
Il arrête de se nettoyer et se tourne vers moi.
Moi continuant : en fait, j’ai un petit ami en ce moment.
Papa D (arquant le sourcil) : vraiment ? (oui de la tête) Ce n’est pas une information pourtant.
Je jette un coup d’œil inquisiteur à Cholah qui secoue la tête.
Moi : je me demandais si c’est lui le problème.
Papa D : non, il est plutôt de bon augure.
Je fais un petit sourire à Cholah qui me toise au passage. Bref, je suis habituée.
Nous avons repris nos « affaires » lorsque Asanda revient, je rentre à la maison trois heures plus tard et retrouve Emmanuel fixant l’écran de la télévision comme d’habitude.
Moi (pendant qu’on se fait la bise) : et ta journée bébé ?
Emmanuel : harassante comme d’habitude, j’ai l’impression d’être le seul employé de l’entreprise. Il m’accable trop.
Moi faisant genre : tu veux que je lui en touche deux mots ?
Emmanuel : oh non, il ne faut pas abuser de sa gentillesse non plus.
Moi (bisou sur le front) : ok, c’est à toi de voir. Tu as mangé ?
Emmanuel : mouais, les restes d’hier.
Moi : ok chéri, je vais prendre un bain.
Emmanuel : ça été avec les filles ?
Moi (depuis le couloir) : oui, oui, elles te passent le bonsoir.
Je reprends une douche rapide et me couche aussitôt, j’ai le corps en compote et ma chatte en feu actuellement. Emmanuel arrive sur l’entrefaite et me caresse la jambe.
Moi (grimaçant) : pas ce soir poussin.
Il continue pourtant.
Moi (ton plaintif) : s’il te plaît chéri…
Il s’assit à sa place en soupirant.
Emmanuel (une once de déception dans la voix) : je ne comprends pas, il y a quelques mois nous étions en mode chaud lapin et là, c’est à peine si on le fait une fois dans la semaine.
Moi (me retournant) : je suis juste un peu dégoûtée.
Emmanuel : je vois (ton gai) tu ne serais pas enceinte par hasard ?
Je me redresse brusquement.
Moi (plissant le front) : une grossesse ? Quoi ? Moi ? (renfrongnant le visage) Quelle horreur !!
Emmanuel : oui, pourquoi pas ? Austine et moi envisagions d'avoir six enfants.
Moi (ton agacé) : comme tu l’as si bien dit, Austine point final. Je n’ai pas envie, je ne veux pas abîmer mon corps.
Je me recouche en lui donnant dos, je l’entends ensuite refermer la porte en me souhaitant une bonne nuit.
*
*
Nihad ANOUAM…
Dominique (mon nouveau boss) : vous avez fait un super boulot Mlle ANOUAM. Vous n’avez pas qu’une belle plastique, vous avez tout le potentiel pour diriger une entreprise.
Moi flattée : merci, c'est tout ?
Dominique : oui, ce sera tout, vous pouvez y aller.
Je me lève et contourne le siège pour me diriger vers la porte qu’elle m’appelle à nouveau.
Dominique : on peut se tutoyer et s’appeler par nos prénoms ? Ça devient lourd tous ces protocoles.
Je souris lentement.
Moi : ça me va Mad… Euh Dominique.
Elle me fait un sourire radieux puis je quitte son bureau pour le mien.
Le temps a fait son office et ma vie est loin d’être ce qu’elle était il y a encore quelques mois. Bon ça, vous le savez déjà que j’ai quitté l’entreprise familiale. J’ai ensuite pris contact avec un chasseur de têtes qui m’a branché direct à l’un des partenaires de MIKALA textile. Dominique, le boss m’a tout de suite adopté à l’entretien et après l’évaluation elle m’a signé un CDI sans détour. Le salaire n’est pas mal, même si le nombre de zéro n’atteint pas celui que je percevais chez ma mère, mais bon, c’est mieux que rien.
Depuis mon altercation avec elle et son type, je ne les ai plus revus, enfin, elle m’envoie des messages auxquels je réponds selon mon humeur du moment. Je sais par le biais de la chef de file des kongosseuses de la boîte qu’ils filent le parfait amour et parallèlement les licenciements et les décisions radicales pleuvent tous les jours. Tout ça ce n’est même plus mon problème, je vis ma vie tranquillement tranquille. Les recherches de Gabrielle n’ont rien donné, enfin pour le moment le type est clean, mais elle n’a pourtant pas lâché le dossier. Elle en a fait son « affaire », en tout cas eux même là-bas.
Celui qui fait la pluie et le beau temps dans ma vie en ce moment, c’est… Bon pas besoin de le rappeler lol. Je lui ai fait la tronche quelques jours, ensuite nous avons eu une sérieuse discussion qui a aboutit sur la conclusion qu’il fasse sortir cette fille de sa vie. C’est ce qu’il s’applique à faire, toutefois entre nous, c’est le big love en ce moment. C’est le bip d’un message qui me sort de mes pensées.
« Milenzi ça fait quoi si tu demandes après ta vieille mère ? »
Je lève les yeux au ciel avant de répondre.
Moi : « Là-bas, chez mes oncles maternels à Bitam, ils ont l’habitude de dire que quand l’éléphant avale le fruit Mpoga, c’est qu’il fait confiance à son anus !! »
Maman : « Je te signale que je n’ai aucun problème avec mon trou. »
Moi : « Encore heureuse »
Maman : « hmm ANOUAM, ma fille, il est temps que tu reviennes à de meilleurs sentiments »
Moi : « Je n’ai rien contre toi maman »
Maman : « Tu n’aurais pas dû partir ainsi de l’entreprise ni de la maison, je t’avais dit que j’allais remettre de l’ordre dans ta situation. »
Moi : « Aux dernières nouvelles, je me défends très bien seule »
Maman : « donc tu ne veux plus revoir ta mère ? »
Moi : « Tu es mariée maman, quand on est marié, on va seul au foyer »
Maman : « JM sait maintenant que tu existes, il ne demande qu’à te voir. »
Moi : « Bonne journée maman »
Elle ne répond plus et c’est tant mieux. Bon, j’ai oublié de mentionner que j’avais aussi libéré la maison de la sablière, je loue maintenant un appart aux trois quartiers. J’ai préféré m’éloigner de tout ce qui concerne ma mère, j’attends juste de voir comment ça va se terminer. Enfin, pour l’heure, j’apprends à m’adapter à ma nouvelle vie.
Je me replonge dans le travail jusque dans l’après-midi et c’est le gargouillement de mon ventre qui me signale que je n’ai encore rien mangé de la journée. Je décide de prendre une pause de quelques minutes. J’arrête le split et remet ma veste que j’avais posé sur l’accoudoir de ma chaise et fonce dans les vestiaires. Je vérifie ma mise en beauté et applique juste de la vaseline sur mes lèvres avant d’en ressortir. Dans le hall, je croise le DRH de la boîte qui me fait un compliment comme il en a pris l’habitude depuis que je suis ici avant de l’appuyer par son regard lascif. Je secoue la tête amusée en le dépassant, dommage que mon cœur soit pris en ce moment. Sinon, c’est un beau spécimen, en plus d’être un as du travail.
Dring Dring !!
Moi d’accroche : OBIANG laisse les autres travailler.
Gabrielle : tchipp quel bon travail même.
Moi : lol, c’est ce qui me nourrit actuellement.
Gabrielle : il suffit que tu laisses ta fierté de côté pour mener ta belle vie d’avant. On se fâche contre le cash ? Tu as déjà vu ça où ?
Moi : c’est mieux ainsi.
Gabrielle : donc je dis hein, Nihad, tu es sérieuse que tu veux laisser le type gaspiller l’argent de ta mère ?
Moi : elle-même a décidé de faire le gaspillage !!
Gabrielle : oh ?
Moi soupirant : OBIANG la vie de ma mère ne fait pas partie de mes priorités en ce moment.
Gabrielle : ça devrait, le papi pose déjà sa valise. Il commence à s’installer.
Moi comprenant : ton type a trouvé quelque chose ?
PING SMS
Gabrielle (ton gai) : et comment ? Je t’ai dit que c’est un geek, on en parle ce soir. Bon, je ne t’appelais même pas pour ça.
Moi : il y a un souci ?
Gabrielle : oui, c’est le concierge de ton immeuble. Je l’ai raté toute à l’heure.
Moi perplexe : tu l’as vu où ?
Gabrielle : bah chez toi ! Il m’a pris en grippe parce que j’avais ton pass, le type m’a carrément pris pour une voleuse. Ce n’était pas grâce à ta voisine du dessous que je serais à Sans famille (prison centrale) présentement.
Moi (bloquant le rire) : qu’est-ce qui s’est passé ?
Gabrielle : en fait, j’étais à SAN Gel pour mes courses et j’en ai profité pour te faire un ravitaillement. Ce que je voulais ranger avant…
Je n’entends même plus ce qu’elle dit par la suite parce que j’ai bloqué sur, je t’ai fait un ravitaillement.
Moi (l’interrompant) : tu as fait des courses pour moi ?
Gabrielle : c’est ce que je disais, le papi m’a fait tout un scandale…
Moi (l’interrompant une fois de plus) : rohhh ma co tu es trop chou.
Elle observe quelques secondes de silence.
Gabrielle : je me disais que tu en avais besoin.
Moi : merci, mais il ne fallait pas te déranger, on me paie ici pour ça.
Gabrielle : quand même, c’est pratiquement rien.
Moi : je sais, je te revaudrai tout ça.
Gabrielle (le ton rieur) : ne pense pas que tu vas y échapper, lorsqu’on aura fini de chasser le type de ta mère on partage tout fifty-fifty.
Moi : lol, compte sur moi. (au tac) Il faut que je te laisse, c’est maintenant, je prends ma pause déjeuné.
Gabrielle : suicide-toi pour l’entreprise des autres !
Moi : mouff !
Elle raccroche.
Je décide de lire le message d’entre temps et comme je me doutais bien, c’est Dylan le destinateur.
« Bébé, j’ai besoin d’un bâton, urgent »
Ekieee !! Donc où je suis là, je dois trouver un million à ce Mpongwè de fils de Dylan. Pardonnez, il faut que je mange d’abord, le tournis veut finir avec moi.