Le club des 3 "M"

Ecrit par Amazona


C'était la rentrée, nous découvrions notre nouvelle salle de classe, nous nous comme à l'accoutumée accaparées du dernier table banc. Mes copines et moi étions inséparables depuis la maternelle, nous formions le club des trois "M".


"M" comme "Meilleure" mais aussi parceque nos trois prénoms commençait par cette lettre. Nous étions très unies, les seules choses qui nous distinguaient étaient nos apparences physiques et nos personnalités diamétralement opposées. 


Mélissa la plus âgée, représentait la protectrice, la sagesse, toujours de bon conseils. C'était aussi "la sœur en Christ" ou la sainte nitouche, récemment convertie au christianisme, elle respectait les règles de la bible à la lettre ce qui était bien en soi mais parfois nous trouvions son zèle un peu excessif. Par exemple, sa religion ne lui autorisait pas d'avoir des rapports sexuels avant le mariage, alors elle fuyait le sexe opposé comme la peste et par conséquent, aucuns garçons n'avait le droit de lui adresser la parole. C'était sa façon de lutter contre le péché de l'impudicité disait-elle. 


Maggy sa petite sœur, ne s'emcombrait pas d'autant de scrupules, elle jouissait des avantages que lui donnaient sa beauté sans rougir, un peu fofolle sur les bords mais le cœur sur la main. Toujours prête à venir au secours de tous.


Et moi? Moi, j'étais le vilain petit canard, un physique ingrat mais une tête bien pleine. l'intello qui réussissait l'exploit de faire aimer les mathématiques à la bande.


Assis depuis son bureau dans un coin de la pièce, le professeur avait protesté gentiment.


---Non les filles, pas besoin de vous asseoir à trois.


Pointant du doigt les places libres


La classe est encore vide continua t-il, vous avez le privilège d'êtres arrivées les premières alors ne vous privez pas.


Je m'étais tournée instinctivement vers Maggy, c'était notre meilleure arme. Elle avait comprit à mon regard ce qu'elle devait faire pour nous sortir de cette situation, il n'était pas question pour nous d'être séparés.


Elle ne s'était pas faite prier longtemps pour dégainer, elle savait qu'elle avait des atouts et aimait en jouer.


Elle avait prit une grande inspiration, avait étirée ses lèvres jusqu'à ses oreilles pour laisser apercevoir des dents blanches parfaitement alignés, c'était ce que nous appelions affectueusement son fameux sourire "Colgate". Un sourire digne des publicités de grandes marques de dentifrice.


---Monsieur s'il-vous-plaît, 


Un doigt levé Maggy demandait à prendre la parole.


---Nous souhaitons jouïr de notre privilège  pour rester ensemble.


L'effet d'étonnement passé, le professeur se leva, ouvrit la bouche pour dire quelque chose qui ressemblait à une contestation mais à notre grande surprise la referma aussitôt et se rassit. 


Un rapide coup d'oeil jetté du côté de Maggy nous fît comprendre qu'elle avait joué son ultime carte, ses yeux révolvers qui ne laissaient personne indifférent.


---Ok, c'est bon les filles, après tout c'est vous qui serez mal à l'aise à force.


Nous avions éclater de rire, reconnaissantes, et criés toutes en choeur.


---Merci Monsieur !


Je me suis tourné vers ma copine


---Merci Maggy, tu es la meilleure !


---De rien Magalie.


C'est ainsi que nous fonctionnions, chacun jouait sa partition dans ce trio improbable. 


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Nous nous étions donnés rendez-vous vous chez les deux soeurs. Cela faisait trois mois que nous ne nous étions pas vus. J'avais convoqué une réunion de crise à mon retour des vacances, comme il nous arrivaient de le faire lorsque l'une d'entre nous avait un problème de la plus haute importance à résoudre et devait le soumettre au clan. 


En arrivant sur les lieux,  je n'avais pas prévu la scène qui se jouait devant moi. Mélissa, sa grande sœur Amélie et sa mère, se donnaient en spectacle à la terrasse de leur maison.


---Tu es une prostituée! Une pécheresse !


---Tu vas te taire petite insolente!? 


---Je vous en prie, arrêtez de vous chamailler, ce n'est pas comme ça que je vous ai elevé. 


---Enfin maman, si quelqu'un doit se taire ici c'est ta fille. Elle ne respecte pas mon droit d'aînesse.


---Justement, c'est ce que je dis, tu es la grande et tu dois te montrer plus raisonnable. Et toi, tais toi pour l'amour de Dieu!


-- Dieu! C'est de ça dont il est question maman ! Dieu veut que ta fille arrête de courrir derrière les pantalons des hommes!


En réponse, Amelie lui asséna une gifle, à la suite de laquelle une bagarre s'etait déclanché


J'observait la scène stoïck sans trop savoir quoi faire. Personne ne semblait tenir compte de ma présence. Jusqu'à ce que Maggy apparaissant au pas de la porte du salon et vienne me tirer par le bras.


---Magalie! Désolé que tu ai dû assister à ça.


---Mais enfin que se passe-t-il ici ?


---T'inquiète, c'est Mélissa qui fait sa pimbêche. 


Nous avions trouvés refuge dans la chambre de Maggy.


---Depuis un certain temps elle devient invivable, elle essaye de convertir toute la maison à son style de vie. Tu m'imagines moi, pratiquer l'abstinence ?


Sans attendre ma réponse et d'un ton moqueur elle continua.


--- Ce sera certainement plus facile pour toi de le faire, vu que toutes les deux vous êtes vierges. Mais moi vois tu c'est tout autre chose, quand on à goûté à ....


---Bref, on est pas là pour parler de ça? Tu as déclancher le code rouge? C'est que tu as certainement des choses de la plus grande importance à nous partager !? Je t'écoute.


Je ne savais plus si c'était le bon moment pour annoncer à mes copines mon état compte tenu des circonstances. Je cherchais un moyen de reculer l'échéance en parlant de la pluie et du beau temps. J'arrivais tant bien que mal à le faire quand soudain Maggy se mit à me scruter comme si c'était la première fois qu'elle me voyais.


---Tu as grossit?! 

Demanda t'elle.


---Non, elle est enceinte ! Cria Mélissa qui venait de faire son apparition.


---Quoi? Comment ? Rétorqua Maggy


---Oui en effet, et c'est le but de ma visite.


Voilà! C'était dit comme ça, sans prendre de gants. Il ne me restait plus qu'à expliquer comment ça c'était fait. 


J'ai parlé alors de Karl, de notre rencontre au camp de vacances, de nos ébats, sans toute fois rentrer dans les profondeurs à  cause de la présence de  la "sainte nitouche", de la découverte de ma condition par l'une de mes cousines qui en avait tout de suite reconnue les signes, de la confirmation de celle ci par un test de grossesse et surtout du refus de Karl d'en assumer la responsabilité une fois informer de la situation.


À la fin de mon discours, Maggy vint se tenir à mes côtés pour essuyer les larmes qui perlaient sur mes joues humides.


---Ta mère est-elle au courant ?


---Non, pas encore heureusement. Mais cela ne saurait tarder, je suis à trois mois de grossesse déjà.


---Alors, c'est simple, tu dois te faire avorter le plus rapidement possible !


---Oui, c'est bien ce que j'ai l'intention de faire.


---Non, il n'en est pas question ! L'avortement est un péché ! Melissa sortait enfin de sa torpeur.


Sa réaction fut démesuré, à la hauteur de sa  réputation de mère fouettard. D'abord elle nous fît la morale, sans oublier le fameux "je te l'avais dit, les garçons n'ont qu'une chose en tête, le sexe!" 


Ensuite elle entama un discours sur le péché depuis la création du monde avec Adam et Ève, et ses conséquences. "Le salaire du péché c'est la mort!" <<Tu brûlera dans les flammes de l'enfer si tu fais ça!>>


Enfin, elle menaça de briser notre amitié et tout avouer à ma mère, si jamais je mettais ma pensée d'avortement à exécution. 


Elle avait un plan bien meilleure que ça disait-elle.


---Mais même s'il me venait à l'idée de garder ce bébé, tu sais bien que quoi que je fasse, ma mère me tuera !


---C'est simple, je vais en parler avec un frère en Christ à l'église, très généreux sur les bords et hospitalier en plus avec ça, je sais qu'il sera d'accord pour vous  prendre en charge, toi et le bébé. 


Voilà, tout avait été dit, je n'avais pas tellement le choix, je devais me plier aux exigences de madame sans quoi elle mettait ses menaces à exécution. Pour clore la discussion, un rendez vous avait été prit pour la dimanche prochain, jour que Mélissa avait décidé pour que nous rencontrions ensemble son fameux frère en Christ pour exposer mon cas et solliciter son aide...


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