Le contrat

Ecrit par Farida IB


Cassidy….


Georges (les yeux remplis de rage) : tu ne paies rien pour attendre.


Moi sourire malicieux : merci ! Un contrat, c'est un contrat.


Je plie le chèque et l'enfourne dans mon soutien-gorge. Je me dirige ensuite vers la porte et me place dans l’entrouverture pour lui parler.


Moi : hoo au cas où ça te prendra  de me duper ou de tenter quoi que ce soit, souviens toi que je détiens ta carrière en main. Un seul mot Georges, une seule preuve et tu peux dire adieu à ta brillante carrière !!


Georges (entre les dents) : sale peste.


Moi : comme ta mère.


Georges se levant d’un bond : tu ne mêles pas…


Moi sans le laisser terminer : hasta la vista baby.


Je lui envoie un bisou volant du bout du doigt et claque la porte de son bureau. C’est d’un pas déterminé et avec un sourire triomphateur scotché sur les lèvres que je sors de son cabinet. Ma joie s’est dissipée automatiquement à la vue de son chien de garde. 


Moi la mine renfrognée : toi, tu n’as plus rien à faire ici !


Edem : et nous Cassie ? 


Je marque un arrêt et le lave du regard.


Moi : non mais quel culot ! Tu oses ?


Edem : Cassie, je n’aurais pas fait ce que j’ai fait si je ne m’étais pas entiché de toi. Dès l’instant où j’ai posé les yeux sur toi, avant même qu’il ne me file cette mission. Oublions le passé et reprenons sur une nouvelle base.


Moi : Edem (détachant mes mots) va te faire mettre où je pense. Enfoirée de première !!!

Je quitte devant lui et m’engouffre dans le premier taxi, direction la banque NSIA la plus proche. Sur place je me présente au guichet et pour ne pas perdre du temps dans la file d’attente, je me penche vers une caisse et informe l’opératrice du montant que je voudrais endossée. Elle me confie sans tarder à un autre agent qui me demande de le suivre dans un couloir qui débouche sur un ascenseur que nous prenons jusqu’au huitième étage. A la sortie de l'ascenseur, il me conduit vers un dédale de couloirs pour nous retrouver dans le bureau hermétiquement fermé d’un monsieur que l’agent me présente comme le directeur de la banque. Le Directeur en question m’installe confortablement dans un fauteuil et me sert un thé pendant que l’agent vérifie l’authenticité du chèque. C’est après s’en être assuré qu’on me propose un déjeuner complet le temps de l’encaisser et de répartir la presque totalité du montant dans différent compte comme je l’ai souhaité. J’ai en effet pu terminer le repas avant de recevoir en main propre le montant restant, soit quinze millions de francs CFA et avec les trois-quarts, je suis partie signée le contrat de propriété d’un terrain au quartier Amadahomé. Terrain qui vient substituer l’héritage reçu par feu mon grand-père sur lequel Georges avait la main mise jusque-là.


 Je me rends chez mes parents le sourire aux lèvres. Le divorce étant maintenant une réalité entre nous, il n’a eu d’autres choix que de céder même s’il a fallu déployer un garde-fou derrière lui. Il m'a fallu faire entrer son  détective à la noix en jeu pour déterrer quelques secrets grâce auxquels je l’ai menacé, un tout petit peu quand même lol. Ça m’a valu un surplus que je considère comme mon dédommagement. Je suis tentée de ne plus partir en aventure avec toute cette fortune que je ne  vous dévoilerai pas, mais j’ai grand besoin de m’éloigner de ce pays pour un bon moment.


À la maison, je répartis le quart restant dans des enveloppes destinées à mes parents et mes frères que j’emporte au restaurant. Évidemment mes parents en ont reçu plus que mes frères, maman le double ce que je donne papa et Godwin légèrement au-dessus de la part qui revient à ses frères. En plus de ça, il a un pourboire pour les services qu’il m'a rendu depuis avant-hier. C’est à lui que j’ai confié la rupture de mon contrat de bail et depuis trois jours que je l’exploite pour mes petites courses. Comme prévu, on était tous les sept à dîner dans une ambiance bon enfant. 


Papa : à quelle heure est ton vol ?


Moi : à 4 h 30.


Godwin : à propos, mon ami a accepté de nous conduire à l’aéroport.


Maman (lui lançant un regard méfiant) : quel ami ça ?


Godwin : Serge, tu le connais maman Cassie.


Maman : hum, je n’ai pas confiance en tes amis là.


Moi amusée : maman ce n’est comme si c’était gratuit non plus, il sera payé pour son service.


Abdoul : da-Cassie tu vas à Yovodé ? (pays des blancs)


Moi : non, là-bas, c’est Arabe-dé.


Ils rigolent et je souris.


Papa : pourquoi, c’est là-bas que tu as choisi d’aller ? Les autres vont en France, aux Etats-Unis, etc.


Moi : c’est le seul endroit qui m’était accessible, mais ce n’est qu’une passade.


Maman : parce que tu comptes aller ailleurs ?


Moi évasive : on ne sait jamais, mais je reviendrai ici d’abord.


Maman mine triste : humm.


Moi : bon voilà pour tout le monde.


Je sors les enveloppes et chacun retire celui sur lequel est inscrit son nom. 


Jordan (mon autre frère, 15 ans) : qu’est-ce que c’est ?


Moi mystérieuse : quelque chose, on l’ouvre après mon départ.


Papa : c’est de l’argent ?


Moi : rhoo papa ne gâche pas la surprise.


Ses enfants se sont mis à le charrier et le sourire est revenu sur les visages. À trois heures trente nous nous sommes rendus à l’aéroport entre adultes. Après l’enregistrement, je suis revenue pour les adieux.


Moi : prenez soin de vous.


Maman : je n'espère plus rien de la vie, je n'attend plus que la mort ma chérie.


Moi : ne dis pas des choses pareilles maman.


Papa : n’oublies pas ma fille, tu n’es pas née pour souffrir.


Moi hochant la tête : je tâcherai de ne pas l'oublier.


Je les prends tour à tour dans mes bras, je termine par Godwin.


Moi : je te confie la lourde tâche de veiller sur tout le monde.


Godwin : je l’accepte de bon cœur, tu nous appelles une fois arrivée.


Moi : sans faute, ce n’est pas un adieu.


Je finis en pleurs dans les bras de maman. Non pas pour les adieux, mais pour tout ce que j’ai eu à subir ces derniers jours surtout le mercredi soir. J’ai tout gardé pour moi. Même à Saliha, je n’ai rien dit afin d’éviter les conflits familiaux, mais l’intérieur me brûle comme pas possible. Bien évidemment j’ai craché ma haine à mon grand-oncle pour m’avoir jeté en pâture au loup juste avant de le ranger dans un coin de mon subconscient. Tout ce que je sais, c’est qu’il fait désormais parti de mon ancienne vie. Lui comme le sieur Elli et sa descendance. 

C’est la voix dans l’interphone qui m’oblige à me séparer de ma mère. Je leur ai fait un dernier au revoir de la main avant de partir pour ma première destination qui est l’Ethiopie. 


Am Gone comme l’a dit Omar B.  



Debbie…..


Moi scandant : et ça dure depuis quand ? Depuis quand Armel ?


Armel : j’ai mis fin avec elle.


Moi : je dois me réjouir pour ça, c’est cela ? Alors bravo (tapant des pieds) Maintenant réponds à ma question !


Armel :….


Moi vénère : Armel, ne me fais pas perdre mon temps. J’ai du travail qui m’attend.


Il se passe la main sur le visage en soupirant.


Armel : deux mois, ça a duré deux mois. Sur la même période de ta prise de fonction.


Moi supputant : les deux mois d’abstinence si je veux bien comprendre.


Armel :….


Moi : période pendant laquelle tu m’as fait le bruit ici que je t’ai mis sous pain sec ?


Armel :….


Moi énervée : Armel répond quand je te parle !!!


Armel : tu peux au moins baisser d’un ton s’il te plaît ? L’ex Premier ministre est juste à côté. 


Moi criant de plus belle : je me fiche que Faure soit à côté. Je m’en contrefiche, tu comprends ?


Armel : tu veux mêler Faurevi à nos histoires ?


Moi (la voix grave) : Armel, je ne suis pas en train de plaisanter avec toi !!


Armel toujours posé : Mi amor calme-toi.


C’est ce ton posé, son calme, comme s’il venait de me sortir un bonjour comment tu vas qui accentue ma colère. Je démarre au quart de tour.


Moi : tu ne me mi amor rien Armel, tu t’es foutu de ma gueule à ce point ? Je pensais qu’on avait fini avec tout ça, les tromperies, les coups foireux. Je pensais que tout ça était maintenant loin derrière nous ?


Armel mine désolé : c’est toujours le cas….


Moi folle de rage : bien sûr que non Elli, voilà que c’est tout le contraire que tu me sors là. Et dire que cette baleine comme l’appelle Tina et toi m’avez vraiment prise pour la dernière des imbéciles en me regardant tout droit dans les yeux et de me dire que vous n’étiez que des amis. Pour une fois Elli, pour une fois, que j’ai baissé la garde que j’ai voulu te faire entièrement confiance que j’ai voulu croire en tes propres résolutions à tes paroles que tu m’as fait avaler à tes 20 ans puis après cette histoire avec ta Sacha-du-cul ! Ta grande sœur Elli ? Ton aînée de combien d’années ? Une vieille fille comme ça, elle n’a même pas été gêné de coucher avec plus jeune qu’elle, son dixième petit frère !! Et toi qui montes sur elle sans crainte sans avoir eu peur de suffoquer rien ! Oh, j’avais presque oublié que monsieur était un taureau. 


Armel :….


Moi : je comprends tout absolument tout, pourquoi ta mère prenait cet air dès qu’elle était dans le portrait même si elle l’a toutefois invité au baptême. Encore va savoir !


Armel levant les yeux sur moi : ne mêle pas ma mère à cette histoire s’il te plaît, elle a toujours été dans ton camp. Elle m’a d’ailleurs mis la pression pour te révéler tout ça dès la minute où elle l’a su. Si elle l’a invité…. 


Moi le ramassant : ah parce qu’en plus de tout ça, tu ne comptais pas me le dire. Tu voulais me laisser dans mon sommeil comme le prétendait Tina ce matin. Que je suis trop naïve à la limite maboule et je me rends compte qu’elle a raison sur toute la ligne. Tu as permis à tout le monde de me rire au nez, à ta pute de me manquer du respect en faisant la grande amie avec moi. Me faire passer pour la conne de service devant tout le monde, à sourire et à faire la gentille à ta traînée, à lui être serviable ! (inspirant profondément) Dans tout ça ce n’est même pas le fait d’avoir couché avec elle qui me déçoit, ce n’est pas nouveau, mais que vous m’ayez pris tous les deux pour la dinde de la farce. Que tu es poussé le bouchon loin en me la présentant comme amie. 


Armel (remuant la tête en s’approchant) : ça ne s’est pas passé comme ça, elle était belle et bien une simple connaissance à qui je rendais simplement un service le jour où on s’est croisé au Chu campus. Je te l’avais dit qu’on venait de sortir sa copine d’un drame. (essayant de me toucher, je me défile) Debbie, je n’ai jamais eu l’intention de coucher avec elle, ça ne m’avait jamais traversé l’esprit jusqu’au jour du départ de son amie où elle m’a forcé la main.


Moi rigolant nerveusement : toi ? Armel ? Une femme te force la main ?


Armel : crois en ma sincérité, je ne suis pas ici pour te raconter des balivernes. Je te dirai tout, absolument tout ce qui s’est passé. 


Moi : même ce qui s’est passé avec ton père ?


Armel : il n’est pas question de mon père ici, Debbie.


Il enchaîne en commençant naturellement par le début, leur trajet de la gare routière jusqu’à chez elle et bof tout ce qui s’est passé ensuite.


Moi intervenant : et bien sûr comme la plupart des hommes au lieu de partir sur un abus sexuel et de prendre les dispositions appropriées, tu as pris goût et tu as remis le couvert…


Armel me coupant : pas comme ça…


Il est parti sur l’excuse de la manipulation pour rejeter tout le tort sur lui-même. Une première, j’avoue. Sauf que ça n’exclut toujours pas le fait qu’ils se soient foutu de moi tous les deux. Je croise mes mains sous la poitrine et le regarde.


Armel (la voix cassée) : j’ai manqué ma parole, je le reconnais. J’ai pris moi-même des résolutions que je n’ai pas respectées, je le sais mieux que quiconque. Je ne vais pas justifier mon acte, je n’ai pas d’excuses. J’ai fait le con avec toi, et ce, à maintes reprises et maintes fois, tu m’as donné une nouvelle chance. (passant la main sur ses yeux rouge sang) Là, c’est abusé, c’est sûr ! C’est la goutte d’eau de trop, j’en suis conscient. J’ai trop pagayé avec ton cœur et le pire, c’est que je ne m’en rendais même pas compte avant. Ma mère, Tina, Djifa, Magnime, et même Romeo, ils sont tous d’accord avec ça même si dans le fond personne n’est réellement au courant de qui je suis encore moins mes intentions envers toi. Tout le monde connaît que ce côté volage de moi, personne même pas toi ne se doute à quel point je mets un point d’honneur sur toi, sur nous.


Moi soufflant : je le sais…


Armel secouant la tête : tu ne sais pas, je te dis. Tu ne sais surtout pas que maintenant, j’ai appris à t’aimer passionnément. Que je suis tombé raide dingue de toi au point de ne plus pouvoir imaginer ma vie sans toi que je veux que ce soit toi l’unique mère de mes enfants…


J’agite mes pieds pour virer ses larmes et ses morves dessus. Il les essuie d’un revers de main avant de reprendre.


Armel : regarde-moi bien en face parce que je ne me répéterai pas. (je le fais en roulant des yeux) Je ne vais pas t’entendre me dire ce midi tapant que tu me quittes ou les conneries qui vont me faire retourner dans mes travers. Si tu veux, je te laisse tout le temps que tu veux pour digérer cette histoire. Tu peux crier, tempêter, me bouder toute une année si tu veux, me le faire payer d’une manière ou d’une autre, mais on s’aimera !


Moi bloquant le rire : tu penses même avoir ton mot à dire inh ?


Armel : je ne suis pas en train de m’amuser Deb ! 


Moi : non attends. Si je veux bien comprendre, tu t’es grave foutu de moi. Mais là, tu veux que je fasse simplement comme si de rien était parce que tu aurais découvert entre temps que tu as un cœur donc moi la fille de Diapena, je me dois de balayer tout ça d’un revers de main…


Armel : weh, je veux que tu fasses tout ce que tu viens de dire. Non parce que je suis tombé amoureux de toi pour de vrai, mais parce que je vais m’évertuer à devenir meilleur. L’homme que tu veux que je sois pour toi jusqu’à ce que tu acceptes ma bague.


Je tourne ma bouche bien allongée sur le côté.


Armel : Diapena, je sais que tu m’aimes trop pour me quitter. 


Moi froissant la mine : c’est pour ça que tu m’as toujours pris pour ta moins chère.


Armel : même pas bébé, prends en compte toutes nos années ensemble et remonte aux années où nous jouions à papa-maman. Ça toujours été toi et je suis toujours revenu vers toi. C’est toi la femme de ma destinée comme le dit Papou et tout comme lui, je ne veux pas que tu laisses nos adversaires prendre le dessus sur nous, qu’ils aient raison de nous. 


Il est resté à me regarder, je crois qu’il a épuisé son quota de mot. Je l’ai regardé pendant de longues minutes sans rien. 


Moi soupirant : Armel, je suis épuisée. À bout de force.


Armel regard de chien battu : je te ferai un massage.


Je lui lance un regard de braise et  me retourne pour sortir de sa chambre. En ouvrant la porte, je tombe sur sa mère et Tina qui écoutaient aux portes. Elles se sont écartées sur le côté pour me laisser passer. Je trace dans leur cuisine pour reprendre ce que j’étais en train de faire lorsqu’il est venu m’appeler avec son air coupable du moment qui remonte d’ailleurs à mon retour de Ouaga. Le baptême, c’était avant-hier et aujourd’hui son père reçoit son ami l’ex Premier ministre du coup, je suis passée à midi donner un coup de main.


 Depuis la fête, mes questionnements sont restés sans réponse jusqu’à ce qu’il décide toute à l’heure de se confier. J’étais bien loin de m’imaginer que c’était une histoire du genre quoique ma mère, elle l’avait senti à des kilomètres dès l’instant où celle-là que je ne nommerai pas à fait irruption à l’hôpital. Elle n’a pas arrêté de me mettre en garde encore plus pendant la fête. (soupir rageur) Comme je l’ai dit à Armel, ce n’est pas le fait qu’il ait couché avec la baleine qui me dérange le plus dans cette histoire. Ils m’ont tous pris pour une imbécile à jouer les hypocrites avec moi et à conspirer derrière mon dos. Au lieu de me dire clairement la vérité, non Tina n’a pas arrêté une seconde avec les sous-entendus. C’est tout ça qui m’énerve, de me rendre compte que j’ai été aussi conne ! 


Tina : laisse ça, je vais m’en occuper. 


Moi : non ça va.


Elle s’est pointée devant moi et me fixe avec les sourcils interrogateurs.


Tina : tu es sûre ?


Moi : ça va tata Tina, vous voulez quoi ? Armel et ses frasques, je suis habituée. Ce qui me déplaît par contre, c’est que tous autant que vous êtes n’ayez pas été honnête envers moi. Toi-même y compris ! (elle fronce les sourcils) Oui, c’est maintenant que je comprends le sens de « tu es sur terre pour vivre, pas pour subir. N’accepte que ce que tu mérites sinon ton cœur ne sera pas brisé qu’en morceaux, mais réduit aussi en poudre pour terminer en pâte ! Quand tu vois ta situation, celle de tes parents, tu dois savoir avec qui traîner ! Tu as des projets pour ta famille, tandis que d’autres leur famille ont des projets pour eux. Vous n’êtes pas même chose. » Ce que tu m’as dit ce matin avant mon départ au boulot et qui m’a fait réfléchir toute la matinée.


Tina : vient là (me prenant dans ses bras) ne pleures pas chut.


Ça a le don d’accentuer mes larmes, ça ne s’arrêtait plus. J’ai fait descendre toute ma frustration. Elle nous a fait asseoir et a essayé un moment de me calmer.


Tina : j’ai aussi dit que tu avais un doctorat de l’ENC, l’École Nationale du Courage.


Je lui souris en essuyant mes larmes.


Tina : Debbie j’ai dit tout ça avant d’entendre son discours toute à l’heure, même si j’ai du mal à y croire. Pas qu’il t’ait menti, j’ai senti qu’il était vraiment sincère. Mais on parle d’Armel là.


Je souris davantage de son ton scandalisé. Elle me regarde d’un air dépité et finit par soupirer.


Tina : je ne sais pas quoi te dire ma chérie. Je n'aimerai pas être à ta place à l'heure actuelle parce que moi-même, je suis mitigée. Ça m’énervait qu’il te gaspille, mais aujourd’hui je me rends compte que tu l’aimes, malgré tout et que votre histoire ne date pas d’hier et le plus surprenant qu’il (bégayant) t’ai…t’tt… Bon, il tient à toi.


Je ris doucement.


Tina (du tic au tac) : tu ne vas pas le quitter inh ? 


Je la regarde.


Tina : rhoo ne fais pas la forte tête toi aussi ! Je suis d’accord que tu le punisses, je vais moi-même te filer la punition.


Moi : il faut que je réfléchisse avant de fléchir.


Tina : ok, je veux bien que tu fléchisses et que tu réfléchisses à un moyen de lui faire tenir parole.


Moi haussant les sourcils : comment ça ?


Armel entrant : je peux signer une charte, je ne sais pas un contrat notarié, tout ce que tu voudras qui stipulerait qu’à la moindre craque, au moindre faux pas de ma part, tu mets fin à la relation à tout jamais. 


Tina : je suis d’accord.


Moi : je vais y réfléchir (me levant) je vous laisse, je dois retourner au magazine.


Tina fixant Armel : j’ai essayé.


Armel : merci (à moi) je t’accompagne.


Moi ton sec : pas la peine, je connais la sortie.


Il m’a quand même suivi jusqu’à la chambre de Syntyche où je me suis rendue avec l’intention de dire au revoir à sa mère. Je le fais et rebrousse chemin vers la cuisine pour ensuite sortir dans la cour jusqu’au portail, il me suivait toujours.


Moi soupirant : Armel, on parlera plus tard. 


Armel : je veux…


Moi le stoppant net : ce soir Elli.


Il est resté à me regarder jusqu’à ce que je ne franchisse notre portail. Je le referme derrière moi et me dirige tout droit vers la chambre des plus grands. Je m’arrête sur le seuil et tends une main pour frapper quand j’entrevois ce que Noémie est occupée à faire par l’embrasure. Je tourne ma tête dans le sens opposé en maugréant.


Moi : toi, tu peux me dire pourquoi tu prends des photos de toi toute nue ? 


Noémie : oh ! Fallait au moins t’énoncer.


Moi vénère : m’énoncer de quoi ? Est-ce que tu m’as vu entrer ? Tu devrais penser au fait que quelqu’un puisse te surprendre à tout moment.


Noémie : c’est bon entre, je me suis oubliée quelques secondes.


Moi me présentant devant elle : t’oublier comment dans une si grande maison ? Imagine un instant si c’était Junior ou papa ?


Noémie boudant : ils savent frapper avant d’entrer chez les gens eux.


Moi hurlant ors de moi : Noémie, tu vas te taire à la fin ? (elle sursaute) Tu prends des nudes maintenant ?


Noémie la voix tremblante : j’étais sur ma playlist, je ne me prenais pas en photo.


Moi : tu veux me prendre pour une folle, c’est ça ? Où tu as entendu une musique dans cette chambre ? Et les bruits de flash qui résonnaient alors ?


Noémie : c’é… C’était un tic toc.


Moi (regard aigu) : on va régler cette histoire ce soir. Tu iras chercher les enfants au centre de jeu.


Noémie : oh pourquoi moi ? Je dois me rendre au grand marché toute à l’heure.


Moi plissant les yeux : depuis le matin que je t’ai remis les sous que faisais tu ? Ah oui, sur ton téléphone n’est-ce pas ?


Noémie : j’ai fait la lessive.


Moi : hum, tu te débrouilleras. Je ne sors pas du boulot avant 20 h.


Noémie la petite voix : tu me laisses ta moto ? Comme ça, je peux revenir plus tôt pour les chercher.


Moi : ok.


Noémie me fixant les yeux tout ronds : OK ?


Moi (fouillant dans mon sac) : viens chercher les clés.


C’est même mieux parce que la façon dont mon sang bouillonne actuellement, je risque de ne pas revenir en un seul morceau à la maison. Je lui laisse la clé et vais me rafraîchir avant de refiler les mêmes vêtements pour me retrouver à guetter un taxi moto au bord de la ruelle. Quelques minutes après, une voiture vient garer à ma hauteur. Je n’ai pas besoin de me retourner pour savoir de qui il s’agit. 


Armel : monte, je te dépose.


Je monte sans rechigner. En dehors du « je reviens te chercher » devant les locaux du magazine personne n’a pipé mot. Au bureau, je me concentre sur mes tâches jusqu’à ce que je reçoive le coup de fil de notre collaborateur au Burkina Faso. 


Moi décrochant : allô bonsoir M. Diomande


M. Diomande : bonsoir mademoiselle Diapena, vous allez bien ?


Moi : je vais bien monsieur Diomande, je pensais que nous nous étions convenu sur le fait que vous devriez me tutoyer dorénavant.


M. Diomande, le ton rieur : c’est l’habitude (sérieux) j’appelle pour te donner mon impression sur votre article. J’ai déjà eu à le faire avec ta patronne et ton collègue, mais je tiens à te féliciter personnellement pour le travail abattu. Sans vous, je n’aurais jamais su que des malotrus faisaient travailler d’innocents enfants dans mon usine et sur les champs de coton.


Moi d’un ton enchanté : merci bien, nous avons simplement fait notre travail qui je dois dire a été rendu possible grâce à votre bienveillance.


M. Diomande : le plaisir a été pour moi, je te souhaite bon courage et plein de succès dans ta carrière.


Moi : merci. Bien de choses à Madame, à Kismat et ses frères.


M. Diomande : je ne manquerai pas de leur dire, passe une agréable soirée.


Moi : vous pareillement.


Après l’appel je me replonge dans mon travail un moment avant que Atayi s’invite dans mon bureau. Je soupire fortement.


M. Atayi : je n’ai encore rien dit.


Je le regarde simplement avancer.


M. Atayi : c’est la patronna qui m’envoie. Enfin, elle nous envoie sur le terrain.


Pour une deuxième fois, enfin depuis notre reprise, je ne travaille plus pratiquement qu’avec lui.


Moi : ok, j’enregistre mon texte et je viens.


Ce que je fais avant de remballer mes affaires et de prendre mon sac sur le dossier. Une fois le sac accroché à l’épaule, je relève les yeux pour lui faire signe de partir quand je tombe sur ses yeux grands ouverts sur le mien. Les mêmes que Noémie il y a quelques heures.


Moi : quoi ?


M. Atayi : tu ne vas pas m’injurier parce que je suis rentré sans frapper ? 


Moi le dépassant : si tu es prêt, on y va.


M. Atayi : ça ne marche pas comme ça d’habitude, j’avais préparé mes répliques. Te dire que tu es plus belle quand tu la fermes ou quand tu suces ton pouce pendant ton sommeil. Et avec les nerfs à vif que me diras Atayi pourquoi tu m’as espionné dans mon sommeil, qui t’a autorisé à rentrer dans ma chambre ?? ...


Moi : où est-ce qu’elle nous envoie ? Je vais squatter ta voiture parce que je n’ai pas ma moto avec moi.


Il s’arrête les sourcils froncés et vient me palper le visage.


M. Atayi : ça va, tu vas bien ?


Moi : Atayi ça va, on y va ?


M. Atayi : hum après madame.


Il déverrouille les portières et on s’installe dans la voiture. C’est une fois le trajet entamé que j’envoie un message à Armel pour lui dire que ce n’est pas la peine de revenir me chercher avec les explications à l’appui. Il me fait un retour auquel je réponds, et c’est comme ça qu’on s’est retrouvé à avoir une discussion normale tout le trajet durant sans aborder le sujet qui fâche. Avec Atayi, on travaille jusqu’à 18 h 30 et comme nous n’avons plus besoin de retourner au magazine, il me laisse à un carrefour pas loin de la maison. Je décide de parcourir le reste du chemin à pied dans le but de prendre un bol d’air et me vider la tête et fut aussitôt intercepter par maman Eunice qui venait de raccompagner sa sœur. Elle me sort le même discours que Tina. C’est tout gentiment que je lui ai répondu avoir pris note en évitant le sujet concernant son mari avant de rentrer chez moi. Dans ma chambre, j’ai mangé un bout, traîné un peu devant un dessin animé avec les plus petits puis je me suis douchée puis au dodo. J’ai à peine fermé l’œil que j’ai entendu dada m’appeler avant de la voir faire son entrée. Je me redresse et m’adosse au montant du lit.


Dada : ça va ?


Moi : oui, assois-toi.


Dada (prenant place au bout du lit) : je t’ai trouvé calme toute la soirée, des problèmes au boulot ?


Moi : non ça va, tu voulais me dire quelque chose ?


Dada : oui (l’air d’hésiter) ne le prends pas mal. En fait, j’ai besoin d’un peu de sous pour compléter ce que j’ai pour pouvoir faire mon marché demain. Le kiosque est à nouveau dans un état piteux.


Moi plissant les yeux : comment ça ? Qu’as-tu fait des sous que je t’ai remis avant de partir en voyage ?


Dada : ahh je l’ai prêté à ton père, il avait des soucis au garage.


Moi : et sa femme ? Elle lui sert à quoi exactement ?


Dada : d’un côté, je suis aussi sa femme.


Je la regarde et intérieurement soupire de frustration.


Moi : ok on verra ça demain matin.


Dada : merci.


Moi : attends d’abord de les recevoir pour me remercier.


Dada sourire jaune : je compte sur toi.


Elle me presse le bras avant de sortir, je m’allonge sur le dos en soupirant. C’est tout ça là qui m’épuise. Je ferme mes yeux pour essayer de dormir et oublier mon existence un tant soi peu, mais le sommeil n’était pas du même avis. Je passe une nuit agitée. Au réveil, je me rends compte que j’avais un invité dans le lit. Si ce n’est que le fils de Monsieur Elli. Je me love contre lui en espérant ainsi faire une grasse matinée. Il faut noter que l’harmattan commence à sévir et ce n’est pas mon moment préféré de l’année. 


Je me suis bien vautrée, pour une fois que je n’ai rien de prévu un samedi. C’est sans compter sur ma mère qui débarque en catastrophe dans la chambre en pleurant la femme de Fo-Yéma qui selon elle, ère dans les couloirs de la maternité du Chu Tokoin depuis hier parce qu’elle n’a pas accès à la salle d’accouchement pour faute d’argent. On s’active tous les trois pour nous rendre sur les lieux. Sa fille bondit sur moi dès qu’elle me voit, Armel vient se mettre entre nous.


Angèle : tout ça, c’est de ta faute la diablesse. Mon père croupit déjà en prison, mais si jamais ma mère meurt, je te jure qu’à l’instant même, tu la suis.


Dada : Angèle calme-toi, nous sommes ici pour trouver une solution.


Angèle (s’agitant dans tous les sens) : c’est bien beau de venir jouer au médecin après avoir tué le patient !!!


Moi à sa mère : Navi Marie, j’ai besoin de ton carnet.


Angèle vociférant : n’daa ne lui donne rien, on ne prendra rien venant de cette petite sorcière.


Tanta Marie : Angèle laisse la faire. Je n’en peux plus, je n’en peux plus du tout. Depuis hier qui est venu ? Tu appelles depuis là qui est venu ? Je vais accoucher en plein air (criant) woooyyiiii cet enfant va me tuer woooo !!!


Armel se tournant vers moi : allons-y au guichet, il n’y a plus de temps à perdre.


C’est ma mère qui arrache le carnet de consultation de la main d’Angèle et nous courrons vers les sages femmes. Pour avoir été ici il n’y a pas si longtemps que ça, ils nous ont reçus avec déférence et ce sont vite occupés d’elle. Je me suis chargée de régler tous les frais d’hospitalisation une chose sur laquelle Armel n’était pas d’accord. J’ai attendu qu’on attribue une chambre à la mère et au bébé (une fille, 3 kg 600) pour lui remettre un peu de liquidité avant de rentrer en laissant ma mère avec elles. Pendant tout ce temps Angèle n’a pas décoléré, mais quoi me faire ? J’ai fait ce qu’il y avait lieu de faire. Je passe l’après-midi dans un lourd sommeil. La soirée s’écroule au restaurant avec mes frères, j’avais promis à Sophie et Caroline. Les filles m’ont rendu fière en arrachant la première place au premier trimestre. Qui dit mieux ? (moi non, rires) J’en ai profité pour revenir sur l’histoire des nudes avec Noémie, elle tient mordicus que ce n’était pas le cas. Hum ! De retour au bercail, j’ai surveillé les bains et les soins dentaires avant de faire de même pour me retrouver sous les couettes. Même scène au petit matin, je l’ai regardé dormir un long moment.


Moi : et maintenant que va-t-il se passer ? 


Apparemment il ne dormait pas donc il m’a répondu du tac au tac.


Armel : j’ai décidé d’aller passer les fêtes de fins d’années avec toi à Dakar.


Moi : tu te fous de moi ?


Armel : j’ai déjà pris les billets, je veux rentrer dans la nouvelle année rien qu’avec toi.


Moi : Elli arrête de jouer avec mon « conguolo » (cerveau) je demande entre ta Cassidy et toi…


Armel : il n’y a jamais eu de Cassidy et moi et il n’y en aura pas. Ça n’aurait jamais dû arriver et ça n’arrivera plus.


Moi : et qu’est-ce qui me garantie que tu ne rechuteras pas, qu’une autre Cassidy ne viendra pas (appuyant) abuser de toi !? 


Armel : ça !


Il me sort un papier de nulle part, c’est écrit Contrat d’amour en gros caractère sur l’entête. 


Moi le regardant dépassée : tu es même sérieux avec ton affaire là ?


Armel : oui, je ne veux plus donner uniquement que ma parole. J’ai compris qu’elle n’a plus de valeur à tes yeux, que t'en as marre de mes paroles et moi-même en fait. 


Moi soupirant : tu as vraiment tout compris, je ne sais plus ce que je dois faire de toi. Ce qui m’énerve, c’est que je t’aime quand même.


Armel : eh bien continue de m’aimer même quand je ne le mérite pas, car c’est là que j’en ai le plus besoin. (me tendant un stylo) Il ne manque plus que ta signature. 


Moi lisant à haute voix : je soussigné tant tant tant, atteste sur l’honneur que je respecterai les clauses de ce contrat sous peine de rompre ma relation avec Mademoiselle Diapena Yendoubé Deborah à tout jamais. (riant) Ça, c’est quel notaire qui a accepté participer à ton délire ?


Armel : un pote à Bradley, tu le signes ?


Je le fais.


Moi (lui remettant le contrat) : en tout cas, c’est toi qui l’as dit. La prochaine fois, j’enlève juste mon corps sans préavis.


Armel : il n’y aura plus de prochaine fois. Je prends à témoin tous les lecteurs de notre histoire.


Moi : lol.


Il m’enjambe, se penche vers moi et me regarde dans les yeux.


Armel : maintenant parlons de notre voyage.


Moi soutenant son regard : dans cette position ?


Armel : c’est la meilleure position pour discuter.


Moi : lol je n’irai nulle part avec toi à moins que tu m’amènes aussi au Nigeria et à Madagascar.


Armel : tu, QUOI ? Tu sais combien coûtent les billets à cette période de l’année ? 


Moi : c’est mon dernier mot.


Il essuie une sueur fictive sur son front en se recouchant.


Moi : tu sais ce qui te reste à faire (lui donnant dos) bonne nuit Elli.


Armel : il est 6 h du matin.


Moi : alors bon matin !






  
 


Le Maître du jeu-2