LE DÉBUT DE LA MANIGANCE

Ecrit par Akagami

Le début de la manigance 



«Il vient toujours une heure dans l’histoire où celui qui ose dire que deux et deux font quatre est puni de mort» -Albert CAMUS

 

Clayfe se réveilla durant l’après-midi au sein de l’infirmerie de l’école. Il ignorait par quelle magie il avait atterri sur ce lit recouvert de drap blanc. Autour de lui, il n’y avait que de sinistres matelas sans occupant. Visiblement il était le seul hospitalisé de la journée. Ce fait est assez récurrent car l’infirmerie ne dispense pas les meilleurs soins possibles. Boris l’y avait sûrement conduit. C’est ce qu’il pensait jusqu’à ce qu’il se remémore tout ce qu’il a vu ce matin. Il décida de quitter l’infirmerie afin de rejoindre la classe pour ne pas manquer les cours de l’après-midi. L’horloge murale indiquait 13h18 minutes. Il avait dormi durant tout ce temps. En arrivant devant la porte de sortie du local, une infirmière le croisa et lui ordonna de retourner sur son lit. Il voulut rouspéter et se dégager mais la mine de la dame ne laissait pas place à une quelconque négociation. Il décida de rebrousser chemin jusqu’à son lit. C’est avec une mine abattue que Clayfe s’étala sur son lit. Il dormit pendant au moins une bonne heure avant que l’on ne vienne le réveiller pour le déjeuner. La nourriture était juste à la limite potable. Il n’avait rien avalé depuis le début de la journée et là il se contenta de tout avaler sans demander son reste. Il demanda à l’infirmerie qui était de garde s’il pouvait rejoindre l’orphelinat,vu que de toutes les façons il n’allait plus pouvoir suivre les cours de l’après-midi. Une bande recouvrait la moitié de sa tête. En tombant,il s’était fait une ouverture assez superficielle au niveau de la nuque. Les saignements avaient,certes,cessé mais on redoutait encore une hémorragie interne. C’est la raison pour laquelle il était préférable de le garder encore en observation,le temps d’en savoir un peu plus sur l’évolution de la blessure. Clayfe n’aimait pas la tournure que prenait les événements. Il culpabilisait en quelque sorte. Il se demandait pourquoi il avait regardé par la fenêtre de Boris. Surtout,pourquoi aucun membre de l’administration n’est venu lui rendre visite. Ce qu’il avait vu dans la chambre de Boris,ne l’inquiétait pas plus que sa propre santé. Il savait que Boris n’en resterait pas là et qu’il voudrait à tout prix en découdre avec lui. C’est avec le dos à moitié courbé qu’il retourna sur son lit. Il n’avait pas son sac à dos non plus. Il s’est dit intérieurement qu’il le trouverait derrière la fenêtre de Boris. Il tenta de fermer les yeux mais les images et les suspicions défilaient dans sa tête. Il allait se rendre dans le bureau de l’infirmerie de garde pour lui demander s’il pouvait récupérer son sac à dos dans la cour et revenir,lorsqu’il entendit la voix de Boris dans le bureau 


-Clodette je te parle sérieusement. Ce gosse est une véritable calamité. C’est un assassin


-Voyons Boris,garde ton calme et explique moi ce que tu as vu. Tu ne peux pas te permettre d’avancer de tels arguments. 


-Je l‘ai retrouvé dans la classe avec Jeannette. Disons,ce qu’il en restait de son corps. Clodette,j’arrive pas à y croire. Cette jeune fille...j’ai mal. Je ne sais... je ne sais toujours pas comment...


-Je n’arrive pas à croire que Clayfe ait pu commettre un tel acte. Il est pourtant si silencieux habituellement. Je comprends. Même moi je suis choquée par cette nouvelle. Ressaisis-toi. Tu dois te montrer fort pour les élèves. Si tu te mets à pleurer,tu ne pourras plus les consoler ni rien faire.

 

-D’accord. J’ai compris. Gardez le bien ici. Il faut éviter qu’il ne prenne la tangente. S’il nous échappe c’est pas bon. Toute l’école est déjà au courant de l’affaire. Les policiers ne tarderont pas à venir. Je suis venu te prévenir de ne pas le laisser s’enfuir


Clayfe retourna sur son lit et sortit de sa poche l’instrument qui allait lui sauver non seulement la peau mais aussi sa renommée.

ET SI C'ÉTAIT APATÉ...