Le piège

Ecrit par Farida IB

Khadija…

Ussama (tournant la clé dans la serrure) : je n’ai pas du tout aimé la façon dont le monsieur à la caisse m’a regardé, il doit se douter qu’on lui ait menti.

Moi : ah oui ? À propos de quoi ?

Ussama me laissant entrer : que nous ne sommes pas mariés.

Moi : techniquement oui, tu as…

Ussama m’imitant : je t’ai fait ma demande et j’ai payé la dot (pendant qu’il referme la porte) ça fait la centième fois que tu me répètes cette phrase.

Moi : mais est-ce que c’est faux ?

Je prends la direction de la cuisine pendant qu’il marche vers le salon sûrement pour déposer les courses. Il me rejoint ensuite.

Ussama : si tu m’avais parlé de ton plan à l'avance, au moins j’allais avoir l'air moins débile.

J’ouvre le placard et sors des assiettes que j’entreprends de laver. Il les rince en ressassant encore et encore l'affaire. Un moment ça m'agace.

Moi : chéri c’est bon quoi, arrête de ruminer cette histoire. Nous avons les protections, c’est tout ce qui compte. 

Ussama moue boudeuse : hmmm.

Je l’observe un moment intriguée pendant qu’il nettoie les assiettes.    Il est comme ça depuis que nous avons quitté la pharmacie toute à l'heure pour ce que vous savez. La journée est passée d'une humeur câline et gai à la colère et ça m'intrigue parce qu'on s'est plutôt amusé aujourd'hui. Après une excursion d’une demi-journée sur la mer rouge avec visite de la mosquée flottante, nous avons passé une belle soirée de balade et avons pris plusieurs photos le long de la journée. J’ai choisi quelques-unes que nous avons prises au niveau de la fontaine de Fahd et l’aquarium de Fakieh que j’ai mis comme photo de profil WA et publier sur instagram d’ailleurs lui aussi. Ce qui nous a valu pleins de commentaires drôles, surtout ceux des filles auxquels nous avons pris plaisir à répondre tous les deux. Nous avons aussi pensé à prendre des cadeaux à tout le monde, tout cela dans la bonne humeur. 

Je songe encore à cela et reste convaincue que ce fut une merveilleuse journée jusqu’à ce qu’on ne passe toute à l’heure à la pharmacie où j’ai dû nous faire passer pour un couple pour pouvoir acheter les préservatifs (la seule parade que j’ai trouvé). Je l’ai mis devant le fait accompli en sachant pertinemment qu’il n’allait jamais adhérer. D’abord, il est resté figé durant l’échange avec le pharmacien ensuite il a ruminé ça tout le long du trajet retour. Là, je commence à regretter parce qu’on dirait qu’il me fait un caca nerveux et je veux tout sauf que provoquer un typhon dans cette ville. J’attends qu’on entame bien le repas pour crever l’abcès.

Moi : je ne comprends pas, c'est toujours l'achat des préservatifs qui te rend si nerveux ?

Il arrête de mâcher et lève les yeux de son assiette pour me regarder.

Ussama : qu’est-ce qui te fais penser que je suis nerveux ?

Moi : tu as la paupière droite qui tremble.

Ussama : tu te fais des idées.

Moi : je ne pense pas ! 

Il me lorgne avant de recommencer à manger.

Moi : je n’aimerais pas que tu te fâches après moi pour une histoire de préservatifs, on n’avait pas d’autres solutions.

Ussama brusque : je ne suis pas fâché.

Moi : si tu le dis.

La personne qui dit qu’il n’est pas fâché tire sa tronche dans son assiette et reste un long moment sans parler avec les deux paupières qui tremblotent à présent. 

Moi revenant à la charge : bon selon toi, j’aurais dû faire quoi ? Me présenter simplement et dire que j’ai besoin d’un préservatif ? Tu sais bien que ça ne marche pas comme ça dans cette partie du globe.  

Ussama : ce n’était pas si nécessaire que ça de les acheter.

J’arque un sourcil.

Ussama : surtout si c’est pour me mettre dans l’embarras.

Moi : mais on ne pourra pas passer à l’acte sans.

Ussama : hmm.

Moi soupirant : je pensais que nous étions sur la même longueur d’onde ce matin ?

Ussama :…

Moi (ton conciliant) : on n’est pas tenu de les utiliser, on le fera lorsque tu seras prêt.

Il hausse nonchalamment les épaules avant que je n’ajoute autre chose.

Moi : tu sais au moins qu’on devra le faire tôt ou tard ? 

Ussama ton lasse : en espérant que ce soit très tard.

Moi : ah ?

On finit de manger dans une atmosphère tendue comme un string, je débarrasse et entreprends de laver les assiettes lorsqu’il arrive et me parle depuis le vestibule en m’évitant du regard.

Ussama : je suis au salon, j’ai des coups de fils à passer.

Moi simplement : ok.   

Je regarde les muscles de son dos bouger sous son débardeur à col v et soupire de frustration. Là, je crois que je l’ai énervé pour de bons. J'avais pensé qu’on voulait la même chose après le petit intermède à notre arrivée qui m’a laissé sur ma faim, je dois avouer. Sinon que je ne suis pas contre qu’on attende la nuit de noce peu importe l’année, mais s’il est pour qu’on le fasse je n’y verrai pas d’inconvénients non plus. D’ailleurs même est-ce que je le force à faire quelque chose ? C’est lui-même qui a ouvert la brèche et moi, je voulais seulement rendre service ou bien ? Tcchhrrrr !

Je finis de ranger et vais dans le salon récupérer les courses sans le calculer. J’entreprends de prendre une douche parfumée une fois dans la chambre et pour une fois, j’enfile l’une des lingeries que Yumna m’a forcées à prendre lors de nos rares shoppings et à emporter dans ma valise et libère mes cheveux qui me tombent dans le dos. Une robe nuisette en dentelle rouge écarlate qui épouse parfaitement mes formes (sans arrières pensées loleuh). Personnellement, je n’apprécie pas. Je trouve que ça dévoile un peu trop mes courbes, mais je veux bien faire l’effort pour l’occasion. Mine de rien, c’est la première fois que je vais me retrouver avec lui dans le même lit. Je porte un ensemble de lingerie fine en dessous. Ça aussi, c’est une première pour moi. Je préfère mes boxers shorty ou même le shorty simple quand j’en ai marre des gaines amincissantes. 

Je me mets à faire nos bagages pour l’attendre, enfin je prévois nos vêtements pour le lendemain et ajoute tout ce que nous avons acheté aujourd’hui (y compris les présos) au contenu des deux valises avant de les fermer. Normalement, nous sommes là jusqu’en fin de journée demain, et j’espère qu’on aura le temps de parler de ce changement brusque d’humeur. Je m’allonge ensuite de tout mon long sur le lit pour chatter sur mon téléphone histoire de passer le temps. Mes copines me prennent en appel vidéo, elles me donnent des infos sur les déboires de leurs vies. La grande nouvelle du moment, c’est la grossesse très très récente de Chirine (Jemal n’a pas du tout perdu son temps lol) Widad vient de rencontrer quelqu’un qui veut faire du sérieux apparemment. C’est la dernière célibataire de la bande (bon Alisha, c’est une autre histoire) donc on la taquine un peu sur le sujet un moment.

Moi : tu me présenteras le beau frère demain incha’Allah, je vais rendre une visite éclaire à mon père.

Ce qui me fait penser que je dois l’appeler.

Chirine : donc c’est vraiment sérieux l’histoire que tu rentres et tu sors comme tu veux de la résidence du sultan ? Enfin ton père ?

Moi : lol oui, il s’est assagi. Figure-toi qu’on s’appelle très souvent lorsque je suis au bahut.

Widad : chouette alors, je passerai  te voir. J’espère que tu me ramèneras des cadeaux. 

Moi me redressant souriante : lol oui j’ai pensé à toi.

Je pose ma tête sur le montant du lit avant de fixer à nouveau la caméra pour tomber sur leur regard moqueur.

Chirine : yesss on a sorti le dernier sexy du placard !

Widad : ma fille qu'est ce que tu as derrière la tête ?

Moi déplaçant le téléphone : ce n’est pas ce que vous croyez.

Widad : je crois ce que je vois moi, tu as décidé d’achever Ussama ce soir.

Moi : dans quoi même ? Je m’apprête à dormir.  

Chirine : dormir ? Genre dormir ? (oui de la tête) Aux côtés d’un gars comme Ussama, j'espère que tu plaisantes ? C’est l’occasion idéale de sortir nos bottes pour ta première fois  (articulant) toutes les bottes. 

Moi amusée : ça ne sera pas nécessaire de toute façon, je les ai toutes oubliées et je préfère ne pas m’en souvenir. 

Widad : nous allons te rafraîchir la mémoire.

Moi : lol vous êtes même sérieuses ?

Chirine : oh que oui !

Elles le font de bon cœur même, je les suis tout de même attentivement. Ça pourra toujours servir (rire). 

Ping SMS.

C’est un message de Nahia, elle négocie pour avoir quelques cours de danse orientale avant ses noces. Je lui réponds pendant que les filles continuent leur histoire là. Elles réussissent à réchauffer très vite ma température. Quand elles me laissent enfin, je pars à la recherche d’Ussama. En descendant la dernière marche, je me rends compte qu’il est toujours en communication. Des bribes de sa conversation me parvient depuis l’endroit où je suis. Je sais qu’il parle avec Eddie parce qu’il vient de dire son prénom. 

Ussama (ton dépité) : il n’y a pas d’autres explications, mes vieux démons refont surface et je n’aime pas ça !!! (soupir) Je n’ai pas du tout envie que ce pan de ma vie vienne rembrunir mon couple alors que tout semble aller bien. (...)

Ussama : jusque là tout se faisait naturellement donc je n’y songeais même plus. Tu te rends compte que ça fait banalement quatre ans ? (...)

Ussama : c’est ma femme, enfin ma future femme. Je ne vais tout de même pas la fuir toute ma vie.

Je fronce les sourcils, me fuir ? Pour aller où ? 

Ussama en réponse : je les visionnerai, même si ça ne va pas changer grand-chose.

J’avance de plus en plus intriguée et complètement dans le salon sans m’en apercevoir. Je me retourne discrètement et tente de m’éclipser. 

Ussama au téléphone : il a confirmé ?  (dans mon dos) Euh Eddie je te rappelle.

Ussama : Khadi tu me cherchais ?

Je me tourne complètement en hochant la tête et le surprends en train de baver littéralement sur moi. Ce qui me laisse le temps de réfléchir à la réponse que je vais lui donner. 

Moi : oui je voudrais savoir si tu as besoin de quelque chose, je monte dormir. 

Je vois sa bouche s’entrouvrir et bien que son expression faciale ne révèle rien, le gonflement de la bosse sous son pantalon dit tout.

 Moi (l’air de ne pas m’en rendre compte) : Sama ? Tu viens ?

Ussama sortant de sa torpeur : euh oui oui, après toi.

Je sors du salon en me retenant de rire malgré que son " Je ne vais tout de même pas la fuir toute ma vie " raisonne en boucle dans ma tête. Je marche vers les escaliers et il me suit. Pendant qu’on marche, je sens son regard dans mon dos et la conversation avec les filles m’embrouille les idées au point où je rate le palier et glisse sur le carrelage. Il me rattrape de justesse. 

Ussama ton paniqué : ça va ? Tu n’as rien ?

Je remue seulement la tête le cœur battant à cent à l’heure. Je veux bouger lorsqu’il parle à nouveau.

Ussama : laisse-moi faire.

Il agrippe fermement mon dos et passe l’autre bras sous mes jambes puis me soulève doucement. On se regarde dans les yeux pendant qu'il gravit les deux derniers marches. 

Ussama : c’est ça ton look habituel pour dormir ?

Je lui fais un sourire radieux.

Moi : ça te plaît ? 

Ussama : ça me donne même l'envie de te croquer.

Je me mords la lèvre machinalement, je crois qu’il s’en est aperçu parce qu’il marque un temps d’arrêt lorsqu’on arrive sur le palier et sans inhibition, il se penche pour m’embrasser. Je réponds avec toute la ferveur qui m’anime et pose même un bras en appuie sur son épaule. Quand on arrive devant la porte de la chambre, je tends la main pour l’ouvrir. Il le pousse avec son pied et le referme de la même manière. Il me pose sur le bord du lit avant de se retrouver au-dessus de moi. 

Ussama voix rauque : où sont les latex ?

Moi : dans la seconde poche de ta valise.

Ussama : tu me guides ?

Je réponds par l’affirmatif en sachant de quoi il parle quand bien même la panique naissait. Je ne sais pas si j’arriverai à faire ce qu’il entend de moi. L’expérience avec son frère, je l’ai enfoui dans un coin de mon passé et pour rien au monde, je le ferai ressurgir. Il recommence à m’embrasser alors que j’essaie de me remémorer les topos de Widad et Chirine. Je fais une légère pression de la main sur sa hanche pour qu’il se décale et on se retrouve assis l’un face à l’autre. Je fais balader ses mains sur le corps en m’attardant sur les seins que je taquine sous son regard attentif. Il m’imite ensuite dans mon geste. Pendant que je lui mordille les épaules avec quelques coups de langue sur le cou, je passe ma main sous son haut et le lui retire. Je me mets à lui caresser le dos jusqu’aux tétons que j’enroule autour de mes doigts, il lâche un soupir puis plonge sa main dans mon soutif pour faire de même. Le gars suit ! Il s’applique tellement bien que je jette ma tête en arrière en gémissant. 

Moi : hmmm, mords-moi l’oreille.

Ce qu’il fait.

Moi : embrasse-moi le cou.

Il entreprend de me donner des coups de langue dans le cou sans lâcher mes seins. Il me lâche le temps que je me lève du lit et prend tout mon temps pour enlever la nuisette en esquissant la danse du ventre (ça par contre, c’est Alisha qui me l’a appris) je sais que ça plaît à Ussama parce que sa bosse durcit de plus en plus. Je passe ma main derrière mon dos dans l’intention d’enlever le soutien-gorge lorsqu’il se lève brusquement.

Ussama : je veux le faire.

Il se place devant moi et plonge sa tête dans mon cou, en deux trois mouvements, il libère mes seins et plonge sa main dans mes cheveux qu’il dégage sur le côté avant de tracer un sillon de petits bisous piquants partant de l’omoplate jusqu’à ma poitrine qu’il contemple avec émerveillement. Son entrain me donne des ailes donc je lui adresse un regard effronté et l’attire près du lit avant de me retrouver sur lui. Je commence à me toucher les seins en me frottant contre son érection, il se mordille les lèvres. Je me penche et l’embrasse sensuellement, je lui lèche ensuite ses tétons puis son nombril. Il émet de petits gémissements qui m’encourage à descendre plus bas. J’enlève son pantalon et écarte la ficelle de mon string pour me frotter contre son boxer une nouvelle fois.

Ussama (entre les dents) : je crois qu’il est temps d’utiliser les protections.

Moi : attends encore un peu.

Je lui prends la main que je glisse vers mon vagin humide et lui montre comment faire. Il frotte ses doigts contre ma vulve un moment avant de le glisser à l’intérieur de sa propre initiative et entreprend de faire des va-et-vient. Je le regarde et souris, sourire auquel il répond. Je me mets à mouver des reins et très rapidement mon sourire s’efface pour laisser place à des halètements. Quand il tend sa main pour me titiller les tétons et caresser mes seins (chose dont il a pris goût) je perds la notion du temps qui passe, des dates et des saisons. Lorsque je reviens en moi, Ussama me regarde avec un petit sourire en coin.

Ussama : tes yeux… Tu as des yeux magnifiques.

Moi dans un souffle : merci. 

Je me tortille pour enlever le string avant de m’abaisser pour enlever son boxer qui dévoile son érection totale. J’ai un hoquet de surprise et reste bouche bée en découvrant son impressionnante virilité. C'est plus que, bien plus que ce que je m'étais toujours imaginée. Wow, mais wow ! 

Je me rends compte que j’ai pensé fort lorsqu’il se redresse et me lance un regard inquisiteur.

Ussama : quoi ?

Moi biaisant : je me demandais si nous avons pris la bonne taille de préservatif.

Ussama : on va voir ça.

Il se lève pour les chercher et les pose sur le chevet du lit, je reviens m’asseoir toute nue sur lui et lui caresse le gland en pleine main en massant aussi ses boules de temps en temps et en le léchant de bout en bout. Quand je vois son sexe décupler, je déchire l’emballage d’une protection et la lui mets. Ça saute un tout petit peu, mais on fera avec. Je lui capture à nouveau les lèvres et l’incite à me caresser la vulve encore une fois avant de m’empaler sur lui en priant intérieurement pour ce qui va suivre. Ça ne pourra pas être pire que… Bon, je l'espère. Je le sens en moi centimètre par centimètre, il grogne pendant que je me mords la lèvre pour m’empêcher de gémir de douleur. Je mets une minute de trop avant de commencer à remuer du bassin, au fur et à mesure, je m’enfonce encore plus et finis par trouver un rythme. La douleur fait petitement place à une sensation agréable puis je commence à le chevaucher comme si ma vie en dépendait et encore plus lorsqu’il m’empaume les seins. Mon corps passe par de petits spasmes et mon souffle s’accélère, je sens mon vagin se contracter autour de lui ensuite, je perds pied et viens dans un long râle.

Moi reprenant mon souffle : tu veux essayer ?

Comme s’il espérait ma question, il me bascule sous lui et se place entre mes jambes. Je l’empoigne et l’introduis en moi. Je mouve des reins un moment pour lui donner le rythme et il ne tarde pas à prendre les règnes. Ses poussées se font plus virulentes par contre le plaisir est inouï. Un moment, je sens une chaleur soudaine et accrue inondé mon bas-ventre et enfonce mes doigts dans la chair de son dos. J’enroule mes jambes autour de sa hanche pendant qu’il amplifie ses coups de reins. On ne tarde pas à venir tous les deux en poussant un cri à l’unisson. Il se laisse tomber sur moi.

Ussama : waohh !

Moi : ça veut dire que tu as aimé ?

Il hoche la tête et s’étend pour m’embrasser.

Ussama : je t’aime babe et je suis désolé pour mon attitude pendant le dîner, j’ai eu un moment de panique.

Moi lui souriant : j’avais compris, t’inquiètes. 

Flottement.

Moi : moi aussi, je t’aime mon chéri amor.

Il sourit et se penche sur moi pour me butiner le cou de baisers mouillés. Je frissonne et me blottis fort contre lui.

……

Je finis de placer une broche sur mon hidjab et prends mon collier sur la table lorsque Ussama ouvre la porte et me parle depuis l’entrée.

Ussama : notre taxi est arrivé.

Moi : je l’ai entendu atterrir (plaçant le collier sur mon cou) tu m’aides ?

Il referme la porte et vient se placer dans mon dos avant de m'enlacer par  la taille et enfonce sa tête dans mon cou.

Ussama : on n'est pas obligé de partir tout de suite.

Moi : on ne peut pas se le permettre, j'ai déjà averti mon père qu'on vient.

Ussama : on peut déprogrammer.

Moi : impossible, il y a aussi ta mère qui m’attend de pied ferme ce soir à Abu-Dhabi.

Ussam (bisou dans le cou) : pff is no fair.

Il me place le collier et ferme le dernier bouton de mon haut pendant que je ris. Il n'a pas tort, ce jour était tout simplement FAN-TA-S-TI-QUE. En dehors de  notre moment de câlin nous avons beaucoup discuté et nous sommes beaucoup plus fixés sur l’avenir de notre couple. Nous avons également parlé de « son moment de panique » et je pense qu’il y avait plus de peur que de mal parce que ce matin, c’était encore chaup lapin. Par contre nous avons pris la résolution  de ne plus reprendre. Enfin, nous allons essayer de modérer avant le mariage qu’on tient à célébrer après mes études. 

On arrive chez mon père dans l’après-midi et Ussama lui annonce notre décision à reporter le mariage. Il l’écoute patiemment puis se tourne vers moi.

Père posément : ça te convient ?

Moi hochant la tête : oui père, ce serait très difficile pour moi de concilier le mariage et les études. Encore que j’étudie dans un autre pays.

Père : et tes études finissent quand ?

Moi : incha’Allah dans deux ans. Pour le reste, je vais suivre des cours en ligne.

Père (se tournant vers Ussama) : jeune homme j’espère que d’ici là, tu ne changeras pas d’avis et décideras de rompre ton engagement envers ma fille. Je compte vraiment sur toi et ta famille pour prendre soin d'elle  comme il faut quelles que soient les circonstances. Ça me tient vraiment à cœur. Je sais votre père loyal et sincère, mais avec vous les fils, j’ai l'impression que la loyauté et la sincérité ont sauté une génération.

On se lance un regard amusé avant qu’il ne réponde.

Ussama : tant que je vivrai vous n’aurai pas à vous en faire.

Père : encore heureux, mais toujours est-il que ça exclu le sexe entre vous.

Moi (sur un ton de reproche) : mais père !

Il me lance un regard bref avant de fixer Ussama à nouveau.

Père : ce n’est pas tout, mais il faut que je cause avec ma fille.

Ussama : d’accord (me pressant la main) je t’attends dehors.

Je hoche la tête et il s’en va, mon père passe l’heure qui suit à se plaindre du fait que je ne vienne jamais le voir pour prendre de ses nouvelles. Il s’enquiert également de l’évolution de mes études et je profite à lui demander une piste pour retrouver la famille de ma mère à Jeddah. Comme prévue, Widad arrive juste à temps pour partager le goûter avec nous. On passe un super moment, je dirai avant de rentrer sur Abu-Dhabi. C’est après le dîner qu’on se retrouve dans leur salon pour leur annoncer la nouvelle. Eux par contre le prennent un peu mal et après nous avoir bombardés de questions sur le pourquoi du comment, oumi lance un regard insistant sur le Léon avant de conclure.

Oumi : quand même, tu viens à Londres avec nous (lorgnant Ussama) la façon dont celui là te regarde comme un poulet rôti sorti tout droit du four ne me dit rien qui vaille.

Nous : oh ?  

*** Quelques jours plus tard ***

Yumna…

Eddie SMS : j’y serai.

Je lis le message et souris avant de lancer un appel vers son numéro. Il décroche à la deuxième sonnerie.

Moi : 10 contre 8, vous luttez tellement mais jamais vous ne pourrez nous égaler.

Eddie : 9 aux dernières nouvelles. 

Moi curieuse : qui d’autre ? Adriana vient finalement ?

Eddie : du tout pas, c’est un invité (précisant) à Ussama.

Moi : ça, c’est qui que je ne connais pas ? 

Eddie : tu lui poseras la question.

Moi : compte sur moi, alors on prend le vol ensemble ?  

Eddie : tu comptes partir quand ?

Moi : jeudi à 22 h 00 pour avoir la chance d’atterrir en même temps que mes frères et compagnies.

Eddie : dommage, j'ai prévu bouger un peu plus tard.

Moi : oh, mais je nous ai réservé deux places dans le boeing.

Eddie : désolé, j’ai déjà ma réservation aussi.  Mon agenda ne permet pas de partir à cette heure.

Moi : ah ok, pas grave. On se verra donc sur place.

Eddie : c’est cela. 

En fait, nous partons à l’assaut de l’Italie pour l’enterrement de vie de garçon de Khalil qui va se dérouler en même temps que l’EVF de Nahia. Les deux jets brand new de Khalil seront affrétés au départ de Paris le week-end avant celui du mariage (dans cinq jours précisément) pour arriver le même jour sur Toscane en ce qui concerne les Lady’s et en Sicile pour nos gentlemen. Dix demoiselles en cavale dans la ville des eaux magiques, ce sera chaud devant ! (rire) Je lui donne des précisions sur le convoi des hommes. Ils devraient être une huitaine y compris le beau frère de Nahia et son frère, sauf qu’apparemment il y a un invité surprise dont il refuse à nouveau de révéler l’identité. Je zappe avec l’intention de cuisiner Ussama plus tard. 

Moi : sinon quoi de neuf ?

Eddie : rien d’extra, je suis à Seattle.

Moi : ah ok, Adriana est là ?

Eddie : oui, je te la passe ?

Moi : pourquoi pas ?

Je reste à l’écoute quelques minutes avant qu’il ne me revienne. 

Eddie : elle ne peut pas te parler pour l'instant, une prochaine fois.

Moi : no problem, bon séjour à toi.

Eddie : merci, à toute.

Moi : à toute.

J'ai compris qu'Adriana ne veut pas me parler tout simplement, comme avant-hier quand on s'est croisé chez Eddie. J'y étais pour régler les choses par rapport à sa fameuse surprise au restaurant et elle était venue voir son homme en coup de vent. Je l'ai trouvé méfiante et snobe et on comprend pourquoi du coup je ne lui en tiens pas rigueur. Je tiens déjà à préciser que même si la nouvelle morphologie d'Eddie allant de sa nouvelle coupe de cheveux à chignon à ses tattoos wiccans lui donne une fière allure, je le considère toujours comme un frère et ce n’est pas prêt de changer. 

D'autant plus que je fais face à un retournement de situation suite à ma rencontre inattendue avec Elias. Tout me pousse malgré les risques que cela puisse comporter à reprendre notre relation. Le revoir m’a fait comprendre que c’est un leurre que de vouloir m’en séparer. Tous mes sentiments ont refait surface d'une manière exponentielle et je n’ai plus envie de le laisser s'éloigner. Ce soir-là, nous avons longuement discuté d'une éventuelle réconciliation et du fait qu'il se soit converti à l'islam (parce oui il a fait ça). Il m'a assuré qu'il ne l'a pas fait pour être avec moi, mais pour ses convictions profondes. Évidemment que ça remet les choses en perspective pour nous, mais j’ai décidé de lui laisser le temps de prendre la mesure de ce qu’implique ce genre d’engagement. Ça me laisse aussi le temps de réfléchir parce qu’il souhaite qu’on donne une nouvelle dimension à notre relation. Depuis lors, nous avons recommencé à nous écrire pour prendre les nouvelles l'un de l'autre sans plus.

Je retourne en cuisine vérifier la cuisson de mes croquettes de poulet, une fois que c’est fait, je réajuste la température du four et reviens reprendre mon téléphone pour aller sur Whatsapp. Ussama est en ligne ça tombe bien.

Moi écrivant : salam frérot ! Ça dit quoi ?

Ussama : salam petite, ça va ! Du boulot à rattraper et toi ?

Moi : tranquillement posée en case, Eddie vient de confirmer sa présence en Italie. Il m’a aussi appris qu’il n’est pas le seul que tu as invité.

Ussama : en effet.

Moi : c’est qui ? Je le connais ?

Ussama : je ne pense pas, tu le verras sur place.

Moi : Ben Zayid tu en fais des mystères dernièrement. Plus de confidences, plus de potins. Ce sont les autres qui m’informent de tout ce qui se passe dans ta vie. Il y a ça entre nous ?

Ussama : je fais comme toi.

Moi perplexe : tu parles de quoi ?

Ussama : du fait que tu n’aies jamais pensé à me parler de ton petit ami américain.

J’ouvre les yeux hébétée après avoir lu le message, je ne me souviens pas lui avoir présenté Elias. Il l’avait juste déposé à l’aéroport il y a des années sans plus de précisions. Je sors de Whatsapp et l’appelle via Facetime.

Ussama décrochant : oui cheikha ? 

Moi la petite voix : c’est Eddie qui t’en a parlé ?

Ussama : ça n’a pas d’importance comment je le sais, tu comptes nous cacher ce jeune homme encore longtemps ?

Moi : nous ne sommes plus ensemble.

Ussama : oui, c’est ça !

Moi : enfin techniquement, en fait…

Je lui parle de notre essai ensuite de mes appréhensions ce qui fut à l’origine de ma décision de rompre avant de conclure sur nos retrouvailles.

Ussama : pourquoi tu ne vous donnes pas une seconde chance ? Ses intentions sont louables en plus, il pose des actes concrets. Papa va bouder sa nationalité, c’est sûr. Mais bon le fait qu’il se soit converti fait pencher la balance en sa faveur. 

Moi : oui, par contre comment savoir si sa conversion est authentique et non  pour sauver les apparences ?

Ussama haussant l’épaule : je ne saurai le dire, mais ce n’est sûrement pas en le tenant à l’écart de ta vie que tu le sauras. Bien qu’il paraisse très évident que tu veux tout le contraire.

Je le regarde sans savoir quoi répondre étant consciente qu’il n’a pas tout à fait tort. Il me fixe le sourcil arqué en espérant que je parle. Je pousse un soupire profond un peu avant qu’il ajoute autre chose.

Ussama : c’est à toi de voir petite, Khalil et moi avons trimé pour être avec celles que nous aimons aujourd’hui. Je ne souhaite pas que ce soit le cas pour toi, mais si c’est lui que ton cœur a vraiment choisi suis ta voie et bats-toi. Et si telle est la volonté d’Allah, tout ira bien incha’Allah.

Moi touchée : barak allah oufik (″que Dieu te bénisse″ dédicace).

Ussama : amine, wa iyakoum (idem). Bon, j’espère que ça ne te dérange pas que je mette fin à cette discussion maintenant. Je tente d'élaguer le plus de travail possible avant les noces de Khalil.

Moi : pas du tout, mais avant de raccrocher dis moi pourquoi tu reportes les tiennes.

Ussama : ça nous arrange tous les deux, c’est tout.

Moi : je vois, et qu’est-ce que vous êtes partis faire à Jeddah ?

Ussama : bye Yumna.

Il raccroche sans crier gare, je regarde l’écran avec un petit sourire. En tout cas quand ça va cuire, on va manger ! En parlant de manger, je jette le téléphone sur le lit et vais sortir mes croquettes du four. Je les accompagne avec de la salade de roquettes et une limonade à la menthe fraiche et à l’érable. Une fois repue, je prends une douche froide et mets encore la clim à fond dans la chambre. Il y a une sacrée canicule aujourd’hui. Je m’installe ensuite dans mon coin bureau et attaque mes livres. En ce moment, je me donne à 200 % dans les études, je ne suis plus qu’à cinq semaines avant l’examen final. Par rapport à l'Australie, je cogite encore, ça implique que je passe deux années supplémentaires loin de ma famille. Déjà que je n'ai pas assez profité d'eux ces dix dernières années. Quand je réalise que mon père commence à se faire vieux, ça m’inquiète un peu de le laisser. (soupire)

Je révise trois bonnes heures avant de me mettre au lit. Je médite un moment sur les paroles d’Ussama et conclus que c’était le coup de gueule qu’il me fallait. C’est pour ça qu’au petit matin, c’est moi qui écris à Elias en premier pour prendre rendez-vous afin d’en discuter avec lui. On s’entend sur mon retour d’Abu-Dhabi où je compte rester jusqu’au mariage ainsi, je pourrai donner un coup de main à maman pour finaliser les préparatifs. 

Je me prépare ensuite pour mes services gériatriques et y passe toute la journée avant de me rendre à  l’hôpital. J’alterne ainsi mes journées pendant les trois jours qui suivent. Je prends ma soirée du mercredi pour me mettre en condition en vue du voyage. Bon, c'est juste un prétexte pour me reposer après les trois jours de supplice. En réalité, je  pars léger, Khadija m'a ramené des courses de ses trips et Tina approvisionne tout ce dont nous aurons besoin pour notre séjour. Le jour du départ, c’est une collègue à moi qui passe me prendre à la maison et le vieux Mustapha à son hôtel pour nous conduire à l’aéroport. Beaucoup de vols pour cette date étaient pleins donc j’ai dû le solliciter. 

On arrive à l’aéroport et on descend tous les deux, direction le terminal de départ. Il fonce vers le terminal alors que je m’arrête au niveau des comptoirs pour les contrôles d’usages. Après quoi, j’embarque dans la cabine personnelle du Cheikh pour être la première à arriver à Paris. J’accomplis les formalités de nouveau et me tourne les pouces une bonne heure dans le hall avant de voir mes frères trainer leur trolley dans ma direction. Je cours à leur rencontre en souriant toutes mes dents dehors.

Moi : mes frangiinnnnnsss !!!

Khalil m’évite lorsque j’arrive à leur niveau donc je tombe direct dans les bras d’Ussama.

Ussama : lol ça va toi ?

Cartia : c’est comment ? Tu veux nous foutre la honte en plein Paris ?

Moi riant : ils m’ont manqué.

Abdallah : et moi donc ?

Me voilà en train de faire la bise à tout le monde, c’est au tour de Jemal de me chahuter un moment, je tombe sur Khadija en dernière position.

Moi la détaillant : ma belle, tu rayonnes dis donc ! La preuve que mon frère s’occupe bien de toi.

Khadija sourire ravie : n’est-ce pas !

Ussama me lance un coup d'œil  avant de suivre les autres pour leurs enregistrements. On se cherche une place par la suite et on se met à bavarder au point où j’oublie même de l’interroger sur l’inconnu. Et oui, je ne lâche pas l’affaire lol. Une trentaine de minutes plus tard le groupe de Nahia débarque à son tour après les formalités. Nahia, qui n’a pas vu son chéri depuis environ un mois, lui saute au cou.

Jemal : surtout faites comme si nous ne sommes pas là.

Est-ce qu’ils le calculent même ? Ils  se parlent quelques minutes puis elle se jette à nouveau à son cou, on ne sait dans quel coup ils se mettent à s’embrasser. Mais c’était trop beau à voir, attendez que je filme d’abord  lol.

Finalement, tout le monde sort son téléphone pour filmer, ils stoppent net lorsqu’ils s’en rendent compte et Nahia cache son visage dans le torse de Khalil.  

Abdallah : c’est dans la boîte !

Ils s’échangent un regard amusé avant d’éclater de rire en même temps que nous. Place aux salutations et présentations. À un moment donné on se retrouve à discuter du programme du week-end entre femmes. C’est Murielle, l'une des amies de Nahia et Cartia qui animent et nous intervenons de temps à autre. Khadija qui suit à peine notre échange de temps en temps des regards avec son mec. 

Chirine s’adressant à elle narquoise : il ne va pas disparaître t’inquiète.

Elle baisse le regard, on se met à la chahuter pour être interrompu par Salim.

Salim : on attend qui déjà ?

Ussama : un ami (regardant sa montre) son avion atterrit dans quelques minutes.

Nous reprenons notre bavardage gaiement en nous donnant les derniers potins comme si on se connaissait depuis toujours. L’effet des réseaux sociaux (rire) 

Nahia (regard appuyé vers Khadija) : c'est comment tes yeux brillent fort fort comme ça ? 

Cartia : tu as remarqué non ?

Ça nous fait rire un moment ensuite on passe sur un autre sujet. 

Amouchka (intervenant en fixant un point devant elle) : Tina c’est qui monsieur muscle qui suit ton beau frère comme ça ?

Je suis son regard en même temps que les autres pour le voir arriver suivi de très près d'Elias. 





Le tournant décisif