Le rendez-vous
Ecrit par deebaji
J’allais tranquillement à mon rendez-vous avec la fille du flic pour lui faire la surprise de son nouveau portable, j’étais fier d’avoir pu lui en acheter un sans trop sourciller. Que voulez-vous ? Mec, j’étais le premier mec dans sa vie qui lui achetait un téléphone et lui faisait gouter aux plaisirs de la nouvelle technologie, rien que ça, ça me rendait super fier et me laissait pousser des ailes, on avait le même âge et pourtant elle m’admirait déjà comme si j’étais son ainé. Que se passera-t-il si je lui offrais ce téléphone haut de gamme nouvellement sortie ? Elle s’offrirait littéralement à moi sur un plateau garni de tous les petits mets d’Afrique que j’aimais tant, les bananes plantains, la sauce, le mafé, le riz. Bref, trêve d’imagination, il fallait maintenant aller lui faire la surprise de son nouveau téléphone et si possible lui soutirer quelques informations sur le coup de l’émotion. Bordel ! Il fallait que ça marche sur ce coup-là. Sinon, j’irais me pendre vu la somme énormissime que j’avais déboursé pour lui offrir son téléphone. Pas de stress, tout se passera bien, mais en attendant d’aller lui rendre visite, j’ai décidé de faire mes petites courses par ci par là, de voir mes parents, puis de rentrer passer un moment avec mes frères et ensuite me changer pour retourner faire mes petits vols, après avoir pris une bien bonne douche du feu. C’est-à-dire, une douche chaude, je n’aimais pas du tout les douches froides, une véritable escroquerie. Je me souviens du temps où nous n’avions rien dans les poches, nous n’avions pas de chauffage ni rien, donc pas d’eau chaude, il fallait gesticuler de gauche à droite pour éviter de recevoir de plein fouet toute la froideur d’une eau glacée dès le matin, j’en finissais toujours gripper et cela pour des jours assez longs. C’était insupportable d’autant plus que je n’avais même pas de quoi me moucher, je me retrouvais trop souvent à devoir utiliser des feuilles de cahier pour le faire et je le garantis, je mets en garde aussi ceux qui seraient tenter de le faire, j’en avais des blessures partout, ce qui augmentait le malaise et donc plus d’éternuement. Quelle catastrophe d’être pauvre, pour rien au monde je ne retournerais à cette vie de malheur. Moi, dans ma tête, j’étais né pour être riche, je ne me voyais pas trainer ce train de vie chiant dans la pauvreté sans même m’être battu avant, il fallait que je devienne riche, il fallait que mes frères et mes parents n’aient plus à se préoccuper ou à attendre les fins du mois, il fallait qu’on vive heureux. Bref, après avoir mangé, partagé un moment en famille avec mes frères et m’être changé après une bonne douche bien chaude, oui il est important de le préciser, j’ai repris la direction de l’université à Diana, la fille du flic avec son paquet cadeau. J’étais au volant lorsque soudain, une idée de génie me vint en tête pour me faire encore plus d’argent que je n’en avais déjà, mon idée était très simple, c’était une nouvelle dimension bien plus large et plus intéressante que des simples petits vols de rue, ça allait beaucoup plus loin que ça. Les voitures ! Évidemment ! Les voitures, elles se vendaient super chères et pourtant leurs propriétaires n’y prêtaient même pas attention, il les délaissait, les laissait prendre de la poussière et elles étaient vraiment mal entretenues alors qu’elles pouvaient se revendre à prix d’or. Vous savez, l’abandon justifie le vol. Non je rigolais, rien ne justifie le vol, nous tenons tous à quelque chose en ce monde et qu’on nous le vol pourrait nous rendre fou, alors ne le faites pas. Moi, j’avais besoin d’argent pour sortir de la pauvreté, pas pour jouer aux caïds de la cité qui font n’importe quoi et vont croupir en prison, je n’allais pas voler pas par choix non, moi si j’allais voler, c’était par besoin, par nécessité. Pas parce que ça m’intéressait de risquer ma vie non, mais parce que j’étais obligé de risquer ma vie pour pouvoir vivre, pour pouvoir mener la vie que la vie elle-même m’avait refusée. J’étais en route et je pensais à un tas de choses également, je pensais aux problèmes que je pourrais avoir si jamais ma petite relation d’amour avec Diana, la fille du flic venait à se savoir, ce qui se passerait si jamais ce flic corrompu à vilaine moustache venait à apprendre que le petit con qu’il avait coursé et tabassé quelques semaines plus tôt. «Fichtre diantre sacre bleu» se dirait-il. Que diable cherche-t-il au tour de ma fille, ce malfaiteur, ce pauvre voleur, ce malotru, ce repris de justice. Non en vérité, je n’étais pas repris de justice je m’étais juste fait tabasser par un policier voyou et cupide c’est aussi simple que ça. Il fallait à tout prix l’éviter mais, je savais que la parole seule de Diana ne suffirait pas, il me fallait quelque chose en plus, une valeur sûre, un moyen de lui faire tenir vraiment sa langue, sans pour autant l’effrayer ou la faire fuir, c’était juste le temps que j’arrive à me venger de son père, ce qui suivait ne m’intéressait pas vraiment alors j’ai pris une longue pause et j’ai réfléchis, j’ai réfléchi longtemps mais je ne voyais toujours pas la solution. C’était quand même un grand bourbier, dans lequel j’allais mettre les pieds, il me fallait une issue de secours alors j’y réfléchissais sans arrêt pendant le trajet. Qu’est-ce que c’était effrayant comme situation ce truc ! Bref, après plusieurs minutes de trajet, j’avais enfin fini par arriver aux portes de son université, j’ai pris le cadeau que je lui avais acheté puis je me suis dirigé vers l’entrée de l’université, j’ai longé le premier couloir que j’ai vu et j’ai atterrit tout droit devant le bureau du directeur des études. Il voulait la faire appeler mais non, hors de question, je serais obligé de décliner mon identité et ça ne m’arrangeait pas vraiment qu’elle connaisse ou que je donne mon nom. Soit son père était informé qu’un certain Monsieur Brown avait demandé à voir sa fille soit c’est elle qui caftait en donnant mon nom. C’était hors de question que cela se produise alors j’ai décliné son offre et en sortant j’ai croisé le concierge qui m’a orienté vers la classe de Diana. Il ne voulait pas vraiment m’aider mais peut-être qu’en voyant quelques petits billets de dix, il accepterait de démêler sa langue, chose qui se fit, il fallait bien qu’il gagne sa vie, cet escroc. L’université était immense, j’ai dû monter environ sept escaliers avant de pouvoir enfin apercevoir la salle de classe où Diana était en cours, j’ai attendu là près d’une demie heure, les minutes passaient, le temps passait, ça paraissait être une éternité d’autant plus que son salaud de père pouvait débarquer à tout moment me croiser et me refaire copieusement le portrait, mes cours de karaté, de self-défense, de kick boxing ne servirait à rien face à lui, je n’étais pas non plus vraiment dans mon assiette alors il fallait se dépêcher. C’est finalement vers onze heures trente et sept minutes que Diana, m’eut aperçu elle me fit signe de l’attendre, qu’elle sortirait bientôt je ne comprenais pas trop les signes de mains qu’elle faisait mais bon, j’avais tout au moins compris qu’elle voulait que je l’attende. Ce qu’elle essayait de me dire par ses trois milles signes de mains c’est qu’il fallait que j’aille me cacher pour l’attendre dehors dans ma voiture avec le paquet cadeau parce que son père allait lui aussi se pointer d’une minute à l’autre. Bien entendu, ça je ne l’avais pas compris et ma bêtise m’avait conduit à attendre juste devant sa classe. Quelle histoire ! Au final, après une trentaine de minutes, elle était enfin sortie. Elle m’a pris par la main d’une façon si romantique que toutes mes craintes se dissipèrent à la minute. Nous nous sommes ensuite dirigés vers la sortie de son université et tout nous nous sommes arrêtés devant un restau où nous avons dîné. Elle mangeait avec charme et élégance, c’était intéressant de la voir à table, elle n’avait rien d’une gloutonne affamée déchainée comme une furie sur un petit repas non. Elle était distinguée, je crois même que si son père n’avait pas été ce qu’il est, c’est-à-dire une espèce de policier corrompu a vilaine moustache de renifleur de culottes, j’aurais bien voulu aller jusqu’au mariage avec Diana, c’était une femme qui en avait, elle savait vivre, elle savait faire. L’élégance se dessinait sur ses phalanges avec du vernis blanc sur les ongles, les doigts fins et les ongles bien taillés, pas de faux ongles, pas de maquillage abusif, pas de faux cils, elle était vraiment belle naturellement, je restais donc là assis à m’extasier sur elle et sa beauté, je n’avais même plus envie de manger, tout ce qui comptait c’était ce qui se passait sous mes yeux. Lorsqu’elle s’en est aperçue, elle s’est mise à sourire et nom de Dieu qu’elle avait un beau sourire. Moi Caleb Brown, pour la première fois de ma vie j’étais sous le charme d’une femme. Quelle histoire ! Une histoire qui malheureusement ne pouvait pas durer, je n’étais pas vraiment le riche homme qu’elle s’imaginait et tout ce qu’elle vivait avec moi n’était que du paraître, rien de concret. Et c’était ça qui était triste d’autant plus que notre histoire ne pouvait voir le jour où se concrétiser, son père représentait une véritable menace. Mais, et si j’arrivais aussi à le contraindre de m’accepter dans sa famille sans pour autant le détruire ou lui causer du tort ? Je n’en avais hélas pas les moyens et je tenais bien à ma petite vengeance. Après avoir dîné, nous nous dirigions vers la sortie lorsqu’elle m’a à nouveau pris par la main et m’a volé un baiser. Eh bien, pour parler de charme, faut dire qu’elle savait s’y prendre cette femme. Dans quelle bêtise est-ce que je m’étais encore fourré ? Je ne pouvais pas me permette de me laisser enrôler dans des histoires d’amour, c’était beaucoup trop de paramètres et de calculs. Si en plus, je n’avais pas vraiment d’avenir étant donné que j’étais un voleur, je le savais pertinemment que je n’avais absolument rien à lui offrir mais, je ne pouvais pas le lui avouer, c’était sûr et certain, qu’elle m’abandonnerait à la minute même où la vérité sortirait de ma bouche, mais je n’avais pas encore atteint mon objectif d’avoir un maximum d’informations sur son père alors je ne pouvais pas encore faire marche arrière. Et d’ailleurs, lorsqu’on parle du loup, il ne tarde pas à faire voir sa queue. C’est-à-dire que, son père s’était rendu à son université pour lui rendre visite mais qu’il ne l’avait pas trouvé et qu’on l’avait informé qu’elle était sortie en compagnie d’un homme. Misère de misère ! Depuis quand est ce que sa fille voyait des hommes ? Il le lui avait strictement interdit et cela l’avait mis dans une colère noire. Pauvre de moi, me voilà fait comme un rat, heureusement que je n’avais pas donné mon identité à l’accueil dans le bureau du directeur des études, il serait capable de me rechercher à travers ce nom et de remonter jusqu’à ma famille pour leur faire je ne sais quoi. Ma famille comptait sur moi à présent, je ne pouvais pas leur ramener un problème comme un policier fou sur le dos. Mais, nous ne savions pas encore que le vicelard était passé à son université parce qu’il n’avait aucun moyen de la joindre et, Diana avait totalement oublié de me dire qu’il viendrait effectivement la voir aujourd’hui, elle était beaucoup trop contente de me voir et si en plus j’étais venu lui rendre visite avec un cadeau son père passait totalement au second plan pour elle mais, pour ce dernier, il en était tout autre…