Le signe du destin
Ecrit par Saria
Chapitre 3 : Le signe du destin
***Le lendemain***
***Sous d’autres cieux***
***Lycée Français Saint-Exupéry – Ouagadougou, Burkina Faso***
***Carmen[1]***
Je viens de m’installer au Burkina, j'y ai décroché le poste de conseillère d’orientation, après avoir déposé ma candidature pour le même poste au Cameroun et en Côte d’Ivoire aussi. Mon profil ne cadre pas totalement mais je suis très motivée et me suis engagée à me former. Aujourd’hui, il y a la réunion de prise de contact avec les parents d’élèves. La directrice m'a un peu briefée sur le déroulement des choses.
La rencontre a commencé depuis dix minutes quand un homme de haute stature entre. Il est grand, noir et beau… mon cerveau bugge… Il ressemble étrangement à Kader Diaby. Non je rêve, ce n'est pas possible. J'essaie de transposer la salopette kaki que Kader aime arborer sur le costume sur mesure du nouveau venu. Il passe rapidement la salle en revue et se trouve une place au fond. Mon cœur bat à tout rompre. Je fais un effort pour essayer de suivre ce qui se dit, à un moment chaque membre du staff se présente. Je fais de même, peut-être que si c’est lui… il saura que je suis là ! C’est inespéré !
Quarante minutes plus tard, tout a été dit. De petits groupes se forment pour mieux faire connaissance probablement. Mes pas me mènent vers là où je pense avoir vu…
Moi (hésitante) : Kader ?!
Il échange avec Marie-Lorraine la professeure d'anglais des classes de quatrième, une jolie brune. Il se retourne et me fait un large sourire.
Kader : Carmen ! Wow, que le monde est petit ! Que fais-tu là ?!
Moi : Tu peux le dire ! Je pourrais te retourner la question !
Il me fait un signe de la main, le temps qu'il finisse d’échanger avec Marie-Lorraine. Moi, j'en profite pour le détailler à mon aise. Toujours aussi beau gosse, aïe maman ! J'en ai des bouffées de chaleur.
Quelques minutes plus tard, nous sortons de la salle ; il pose sa main au bas de mon dos, ce qui n’est pas pour me déplaire. Heureusement que ce matin j'ai choisi une robe qui met mes courbes en valeur et s’arrête au niveau des genoux.
Moi (un large sourire aux lèvres) : Comme ça tu vis au Burkina Faso ?!
Kader : Oui… et je suis là pour mon fils.
Moi : OK ! Tu as un fils ! Eh ben… Qui dit fils suppose une femme non ?!
Kader : Nous sommes séparés
Moi : Ah… et ta copine du Bénin ?
Kader : Selma ? Nous ne sommes plus ensemble.
Moi : Wow… En gros tu es un homme libre ?!
Kader : Oui.
Je lui fais face et fait glisser sa belle cravate entre mes doigts.
Moi (une moue coquine aux lèvres) : Sans faire exprès… Je suis également tout ce qu’il y a de plus libre sur cette terre.
Il ne répond rien et me fait un large sourire. Nous marchons lentement vers le parking, il s’arrête devant une belle voiture rutilante… On dirait que son ancienne vie est à des années-lumière maintenant ! Je lui demande son contact ; comme il fait mine de chercher une carte de visite, je lui demande s'il a un stylo. Quand il le sort, j’ouvre un peu plus mon décolleté et il le note sur ma poitrine. Ah fermez la bouche… Je lui fais un sourire sensuel et retourne sur mes pas en me déhanchant.
Le deal vient d'être scellé ; si besoin était, je crois qu'il connaît mes attentes. Je ne suis pas en quête de mari. En tout cas, pas pour le moment. Mais je sens qu'on va passer du bon temps ensemble. Pour se payer le costume qu'il a, il doit bosser comme un malade. Je vais me charger de le détendre. En gros dézoomez vos yeux de moi, je vais faire du bien à votre parent.
***Sous d'autres cieux***
***Chez les parents de Selma – Cotonou***
***Michel Koukoui***
J’écoute ma fille nous exposer la mission qui lui a été confiée. Je sais que depuis son expérience malheureuse, elle doute énormément d’elle-même et de sa capacité à prendre des décisions. A l’écouter, j'ai l’impression qu'elle attend que nous décidions pour elle ou à tout le moins, que nous donnions notre opinion. Quand elle semble avoir fini :
Moi : Chérie ?
Selma : Oui Pa.
Moi : Je pense que tu es assez grande pour faire tes choix. De toute façon, ta maman et moi t’accompagnerons dans ce que tu voudras.
Selma : Moi… Je ne sais pas trop… C’est vrai que c’est un challenge… Que je sortirai de mes sujets habituels.
Moi : Alors si tu le vois comme ça, fonce !
Selma : Mais…
Adesua : Il n'y a pas de mais sweety… si tou veux, fais-le. Tou as toutes les capacités et pouis, tou n’as pas à perdre d’essayer de faire quelque chose !
Hey Ade et son français, c’est vrai qu’elle connaît bien certaines expressions mais son accent anglo-saxon demeure ! En tout cas, ceci en rajoute à son charme.
***Adesua Koukoui***
Je sais que le problème de Selma va plus loin qué ça. Mais comme Michel a commencé à parler, je ne voulais pas couper sa parole. So, j’attends quand on se retrouve seules pour parler. L’occasion se présente quand mon mari va faire la sieste.
Nous nous retrouvons sour la petite terrasse qui donne sour le jardin. Au moins today, le soleil ne tape pas fort.
Moi : Viens là Honey ! J’ai l’impression qué tou n’as pas sorti tout de ton cœur.
Selma : Hum… mummy… Affaire de Burkina là !
Moi : Il y a Kader, c’est ça ?
Selma : Ouagadougou n’est pas si grande non plus…
Moi : Peut-être qu’il est reparti là-bas, …en France ? Tou as dit que sa famille est là-bas ?
Selma : C’est vrai… Et puis ça fait un an, je ne crois pas qu’il restera aussi loin des siens… Ok… Je vais y aller alors.
Moi (l’attirant contre moi) : Tout va bien !
***Les locaux de CTN Mag – Cadjèhoun***
***Selma***
Ma pause a été plus longue que prévu. J’entre au magazine au pas de course. Je hèle Tim au passage qui fait le beau devant les nouvelles stagiaires. Celui-là quoi, il ne changera plus ! J’arrive devant le bureau du boss quand il me rattrape essoufflé.
Tim : Toi, tu viens de me gâcher mes plans du week-end comme ça !
Moi (imperturbable) : Toi, tu ne m’as pas dit jamais de cul plat ?
Tim : Oui mais tu n’as pas vu la copine qui les as déposées ce matin… Le bassin…
Il dessine des formes imaginaires sous mes yeux avec une mine extasiée.
Moi (secouant la tête) : Tim pardon, épargne-moi les détails de tes histoires de fesses ! Allons voir le boss… Si nous voulons aller en mission au plus tôt.
Tim : Yes ! Je savais que tu accepterais !
Moi : Tchiip ! Quand je pense que Fotso me met sur un truc comme ça avec une tête de nœud comme toi ! Notre monde a bien changé !
Tim : Eusss ! Petite, tu parles au meilleur journaliste people du Bénin sur deux ans d’affilée !
Moi : Avance là-bas !
C’est en rigolant qu’on entre chez le big boss, après avoir frappé bien-sûr ! Monsieur Fotso est cool mais il ne blague pas avec les bonnes manières.
Nous réglons les détails, il est question que je parte dans trois semaines pour le Burkina Faso qui sera ma base pour un mois et demi, deux maximum. De là, je pourrai faire des déplacements rapides sur le Mali, le Niger et le Sénégal. Le budget sera à régler à la comptabilité. Cette petite réunion improvisée nous prend quand-même un peu plus d’une heure.
Je rentre juste après. J’ai fini un peu plus tôt ce que j’avais à faire. Dès que je me gare, ma boule d’énergie vient à ma rencontre.
Audrey : Coucou Tatie chou !
Moi : Hey miss, ça va toi ?!
Audrey : Yop ! Et toi ? Mamie Adesua a dit qu’elle a envoyé mon Pepper soup par toi.
Moi (rigolant) : Ah je vois pourquoi j’ai un si bel accueil ! Regarde dans la voiture, en espérant que je ne l’ai pas oublié au magazine.
Audrey: Ah Tata onh onh dèh!
Elle avait pris un faux accent burkinabé. Nous nous regardons et éclatons de rire. Cette petite est une vraie canaille. Elle mène son monde à la baguette.
Le temps de déposer mes affaires sur ma table de travail, elle entre avec un large sourire, le tupper ware à la main.
Moi (sans transition) : J’ai accepté la mission, je pars pour Ouagadougou dans trois semaines et j’y reste un mois au moins.
Audrey : Yeeees !!!! Tu viens rester chez moi !
Moi : Chez toi ?!
Audrey (faisant de grands gestes) : Chez mon père ! Et surtout, ne dis pas non ! Tu seras traitée comme une reine. Je ne permettrai pas… mais pas du tout que tu ailles à l’hôtel !
Moi : On se calme, l’hôtel ça peut être sympa et…
Audrey (m’interrompant) : Et triste aussi… Alors que si tu viens chez moi…
Moi : Chez ton père !
Audrey : Chez nous, tu seras bien… Il n’y a pas de femme dans la maison à part la gouvernante donc…
Moi : Hummm
Audrey : Dis ouiii tatie, s’il te plaît !
Elle fait des yeux de merlans frits, je vous jure, trop drôle !
Moi : Oui… C’est d’accord mais tu demandes à ton père d’abord. Ok ?
Audrey : Ok !
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[1] Lire chapitre 11 du TOME 1