LE VOYAGE
Ecrit par Marc Aurèle
L’INFINITY QX4 rouge vermeille survolait le macadam de la RIE1 en direction de DASSA ZOUME. Sur la banquette arrière, un peu comme s’il était vautré dans un fauteuil royal, mon père lisait son journal et quelques fois levait la tête vers l’avant du véhicule. |
Assis à l’avant du côté passager, moi Marc, fils de Cynthe
CELESTIN, renfrognais la mine. Je ne ressentais aucune douleur ou encore moins
quelque chose de désagréable, mais je ressassais juste les termes de la
discussion que je venais d’avoir avec l’homme assis sur le siège à l’arrière du
véhicule. Je m’en voulais de n’avoir pas eu le dernier mot de cette discussion.
Mon vœu le plus cher était que Janvier soulève son pied de dessus de
l’accélérateur afin que la voiture réduise sa vitesse. Le nouveau chauffeur de
mon père faisait feu de tout bois. Il jouait à fond avec le moteur v6 qui le
lui rendait bien. Les quatre roues survolaient le macadam. La boite à vitesses
de la 4x4 tournait en régime cinq et le compteur de kilométrage sur le tableau
de bord affichait des variantes allant de 140 à 160 kilomètres/heure. Je venais
juste de parcourir l’habitacle de la voiture avant de tourner mon regard.
J’admirais le paysage sur ma droite et machinalement, passai ma ceinture de
sécurité.
Nous étions à quelques miles de la ville de Zogbodomey. La
petite bourgade livrait sa verdure des temps de pluies. Ses forêts de tecks
affichaient oisivement leur belle taille et l’ombrage qu’ils laissaient trainer
sous ces beaux feuillages verts. Nous venions d’entrer dans la petite ville et
déjà, l’hôtel de ville était dernière nous. La voiture fonçait inévitablement
vers sa destination. Les nids de poules ou dirais-je plutôt les lits de
sanglier causés par le mauvais entretien de la voie ne ralentissaient pas
réellement le bolide survolté. J’aperçus les silos de l’usine d’huilerie et
très vite la ville de Bohicon fut traversée malgré les panneaux de limitation
de vitesse. La voiture n’avait point ralenti et l’état du nouvel axe routier
que nous venions de franchir favorisait davantage la vitesse. Nous étions
désormais sur l’axe Bohicon - Dassa-Zoumé.
Un peu comme dans une course, notre voiture s’offrit une rivale. Une belle BMW série 5 de couleur jaune nous suivait désormais de près. Visiblement, le conducteur du véhicule voulait à tout prix dépasser notre voiture et y parvint à la hauteur du passage à niveau de PAOUIGNAN. Je vis le bolide allemand supplanter la 4x4 américaine ; je regardais les étagères de farine et de manioc avec leurs indications diverses quand la boule jaune passa. Je l’apercevais à peine devant nous qu’il disparaissait dans le virage. Je me surpris quelques secondes à m’imaginer au volant de cette BMW quand un brusque coup de frein me ramena à la réalité.