Les choses du pays: " je ne veux pas aller à l'hôpital"
Ecrit par Amazona
Ce matin j'ouvre les yeux, je sent que quelque chose ne va pas, ma chambre se met à tourner, je les referme comme pour atténué cette sensation de tournis, je les ouvre à nouveau mais rien n'a changé. Je me lève inquiète, je commence à avoir peur, j'ai l'impression que je suis entrain de mourir, j'ai besoin de me raccrocher à ce monde, de me sentir vivante. J'essaie de saisir mon téléphone, c'est le premier geste que je fais d'habitude au réveil, si j'arrive à le faire maintenant ce sera une preuve de vie. Bingo, j'y arrive de suite, de toute façon il n'est jamais loin de moi. C'est mon compagnon, mon ami dans ma solitude.
Je suis donc bien en vie mais pas pour longtemps apparemment, la preuve je manque de tomber saisit de vertiges plus violents. J'essaie tant bien que mal de m'agriper en posant ma main sur un mur, il me faut appeler du secours mais avant je songe à parler avec maman, elle ne me sera d'aucune utilité car elle n'est pas sur le même territoire que moi mais si je dois mourir aujourd'hui, j'estime qu'elle a le droit de savoir ce qui m'est arrivé dans mes derniers instant de vie. Je puise donc des forces pour lui envoyé rapidement un Whatsap, même au bord du précipice, je tiens à rester polie, je lui abrège un bonjour , elle ne tarde généralement pas à répondre, c'est à croire qu'elle dort son téléphone à la main elle est pire que moi.
Mais contrairement aux autres fois elle tarde à répondre, comme par hasard au moment où j'ai le plus besoin d'elle. Mon téléphone à la main, je me dirige dans la salle de bain prise d'une envie soudaine de vomir. Heureusement que je n'ai encore rien mangé, il n'y a rien de pire que régurgité son repas, je conclue à la couleur verte de la bile que je souffre certainement de paludisme. Je jette un coup d'œil à mon téléphone, je n'ai toujours pas de réponse de maman, je me décide alors à l'appeler.
Maman au bout du fil: allô ?
Moi: je suis malade
Maman: je me disais bien que quelque chose n'allait pas. Ce week-end tu as à peine répondu à mes messages.
qu'est-ce que tu as ?
Moi: << je ne sais pas,
je n'ai pas la force de lever l'équivoque au sujet de mon silence, sinon je lui aurait dit que ce n'est pas à cause de mon état actuel qui est subite que je n'ai pas répondu à ses messages.
Mais tout simplement parce que j'étais occupé à prendre soin de mon fils qui était arrivé pour le week-end.
--- le palu peut-être. >>
Elle: rend toi immédiatement à l'hôpital, il ne faut pas blaguer avec ce genre de maladie.
Je suis de sortie, dès que je fini je te rappelle, porte toi bien.
Moi: OK
je raccroche, je ne veux pas aller à l'hôpital, C'est un vrai parcours du combattant, il faut être levé à 5h du matin , arrivé à 6h pour espérer être la première reçu à l'arrivée du médecin c'est à dire vers 10h. Mais il arrivait parfois que même arrivé tôt on soit reçu à 12h.
J'en avais fait la triste expérience un jour car quinze personnes étaient passés avant moi en consultation alors que je detenais le premier numéro , on me répondit que c'était des anciens malades,
<<justement moi aussi je suis un ancien malade>>
La secrétaire n'accorda aucune attention à cette information car en réalité ces anciens malades n'étaient rien d'autres que des proches, parents, amis, et connaissances, je fis la moue, elle me dit certainement pour soulager sa conscience :
<< ah quand vous venez ici il faut déjà pensé que c'est pour toute la journée.>>
Non, je ne veux définitivement pas aller à l'hôpital, je n'ai pas la journée pour ça, j'ai devoir cet après-midi
Je vomis un grand coup, je m'écroule à même le sol de la chambre et je m'endors retardant ainsi le moment fatidique car je sais que je ne pourrai que me résoudre à y aller . Je réfléchirai aussi plus tard à qui je pouvais demander de l'aide pour me sortir de cette chambre car je n'ai plus de force.
C'est fou comme le sommeil est doux quand on est malade. À mon réveil, je suis toujours affalée sur le sol, le temps est passé mais pas la maladie, je me lève pour vomir à nouveau. À mon retour dans la chambre, je m'oblige à réfléchir à qui appeler . Je pense à mon ex, il à une voiture, il n'habite pas loin...mais il à aussi une femme et c'est lui qui a mis un terme à notre relation, pourquoi se donnerait -il la peine de venir ? je dois me résoudre à vivre sans lui, mes voisins ? nous échangeons à peine des salutations cordiales, pas assez pour leur demander leur aide, d'ailleurs je note qu'à l'avenir si je m'en sort, je serai dorénavant un peu plus ouverte avec eux car on ne sait jamais la preuve! de la famille ? Je ne connais personne qui volerai à mon secours, ils sont tous trop occupé, les enfants, le travail, bref chacun vie sa petite vie. je conclue avec dépit que la seule personne qui pouvais m'aider c'était moi même. je fais un effort surhumain pour m'habiller et je fonce dehors, la pluie qui commence à tomber me fait douter de ma décision, j'arrive cependant à l'hôpital quelques minutes plus tard à peine trempé.
Moi: Bonjour madame
la dame à la réception : bonjour
Moi: je voudrais rencontrer un généraliste
elle me tend un numéro,et me fait signe d'aller voir sa collègue en face pour remplir la fiche de prise en charge de l'assurance maladie. En chemin je me réjouis en regardant mon numéro, le 3, cela veut dire que je n'aurai pas à attendre longtemps d'être reçu. Je m'étais finalement fait un film pour rien.
Arriver en face de la dame de la deuxième réception je lui tend le document à remplir , elle le remplit très vite et m'indique la caisse pour le règlement. tous ce passe à merveille je pense. Je vais à la caisse et c'est là où les choses commencent à se gâter.
dès qu'il à terminé avec la dame devant moi, le monsieur de la caisse se lève pour chercher je ne sais quoi dans le bureau à côté, je viens m'asseoir en face de sa chaise vide pour lui mettre la pression car de là où il se trouve il peut me voir, mais il continue de grifoner je ne sais quoi sans tenir compte de ma présence. Les choses du pays, même pour payer c'est les problèmes.
Quelques minutes plus tard mon supplice prend fin avec l'arrivée d'une dame qui avec un soda et des sandwich à la main s'assoit sur la chaise du monsieur. Elle ouvre son coca, le boit et se décide enfin à me dire bonjour.
Moi: bonjour madame
Elle se met au travail, pianote quelque chose sur l'ordinateur, prend l'argent dans mes mains tire le ticket de caisse et me le tend.
Une étape de plus de passer, il ne me reste plus qu'à rencontrer le docteur. Un dernier renseignement à prendre à la réception car je ne connais pas le bureau du médecin.
La dame de la réception : vous entrez par cette porte, c'est le dernier bureau à votre gauche.
Je suit sans peine ses explications et j'arrive dans ce bureau oú se trouve deux femmes occupées à prendre les paramètres(tension, poids etc) de deux patientes.
Je murmure un bonjour, je tend mon numéro.
L'une des dames: ah le numéro 3, depuis qu'on vous appelle ?
ne sachant pas quoi répondre
Moi: je n'était pas encore arrivé
Elle: vraiment les gens de la réception, il nous donne des listes alors que les gens ne sont pas encore prêts.
L'infirmière 2: s'adressant à l'autre <<de toute façon le docteur est encore en réunion >>
Je saisis cette information qui me fait déjà cogiter. Je fais un rapide calcul, si le médecin est encore en réunion à 9h à quel heure sortira t-elle ? car il s'agissait d'une femme, à quel heure me recevra t-elle ?
Une troisième infirmière qui s'avère être la major entre dans la salle.
J'ose expliquer ma situation
Moi: madame, dans mon cas c'est une urgence.
L'infirmière 3 : si vous êtes pressé allez aux urgences, ici on est en médecine interne et le docteur à dit qu'elle ne recevrait probablement pas aujourd'hui de toute façon
Moi intérieurement, <<finalement elle reçoit ou elle ne reçoit pas ? >> mieux je vais aux urgences .
Je longe le couloir, direction le service des urgences. J'y trouve un personnel exténué, j'explique rapidement ma situation.
L'urgentiste: madame désolé, je compatis à votre douleur mais nous ne pouvons pas vous recevoir à moins que ce soit un cas de...il machouine un langage médical que je ne retiens pas.
dépité, je sort de la pièce quelque peu énervé d'avoir été baladé par ci par là, je fonce à la pharmacie oú on me donne un traitement complet contre le paludisme que je commence immédiatement.
2h plus tard, plus un repas dans le ventre, je suis en forme.
Vous comprenez maintenant pourquoi je n'aimais pas aller à l'hôpital?