Les genoux enflés...suite
Ecrit par RIIMDAMOUR
Enfin, la dernière partie de PMJT.
Je vous laisse lire et on se retrouve plus tard. Je vous ai réservé tout plein de surprises.
Bisous.
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Les genoux enflés,
- Putain de merde ! Je crie en envoyant valser un verre contre le mur.
Afi arrive en courant, passant son regard de moi aux débris de verre sur le sol.
Son regard affligé et fatigué me fait presque de la peine. Presque seulement mais en vérité je m'en fous.
J'ai putain de mal alors je m'en fous.
Une autre contraction me cloue au sol depuis bientôt cinq minutes.
La prochaine fois que j'aurai envie de sexe, que quelqu'un me rappelle comment c'est douloureux.
- Milouda je sais que tu as mal, mais est-ce que c'est la peine de tout casser dans l'appart ? Demande t-elle en s'accroupissant à contrecœur pour ramasser les morceaux.
Mais elle trouve quelque chose à redire celle-là ?
- Hé Afi, xam iow (merde) ! Tu ne vois pas que je souffre comme ça. Je hurle en me saisissant d'un autre verre qui s'apprête à subir le même sort que son frère.
Malheureusement, mademoiselle le capte en plein vol, manquant de le recevoir en pleine face.
- Arrête de tout casser waay Milouda!
Je sais que je l'énerve mais je n'y peux rien, je suis insupportable et c'est comme ça.
- Wallah hein, tête de ma mère je ne sais même pas pourquoi je reste avec toi malgré tous tes caprices. T'es invivable.
Ouais je sais que je lui en fais voir de toutes les couleurs, mais pour ma défense, ça me procure un certain plaisir de la voir se démener pour m'aider.
- Tombes enceinte, aies des contractions, casses des verres je les ramasserais, on sera quitte et comme ça on en parle plus. Je lui réponds en envoyant cette fois-ci, un coussin faire un câlin au mur.
Elle le ramassa en levant les yeux au ciel et me répondit effrontément.
- Hum... Tomber enceinte, moi ? Si c'est pour devenir une folle comme toi alors non, je m'en passerai bien.
Mais elle m'énerve cette fille, je lui lancerai bien mon téléphone à la figure tiens, mais il est loin de moi.
- Billay yalla nangua biir ! Je te souhaite de tomber enceinte demain et on verra comment tu vas assumer.
Pour toute réponse elle se dirigea vers la cuisine en me lançant un sourire moqueur.
Une autre contraction m'empêche de lui dire ce que je pense de son égoïsme et je me roule par terre. Enfin... à moitié seulement à cause de mon énorme bidon.
Ces stupides médocs qui ne servent à rien là, tchip !
J'ai été réveillée avant-hier nuit par ces douleurs et je suis tout de suite allée à l'hôpital, un peu apeurée mais bien contente quand même, j'étais sûre que le moment d'accoucher était arrivé.
Enfin la délivrance, Je m'étais dit.
Mais quelle n'a pas été ma déception quand cette idiote de gynéco m'a dit, après m'avoir consulté, avec son sourire sournois là :
- Fausse alerte Madame, ce n'est rien. C'est très normal d'avoir des contractions à cette étape de votre grossesse, votre corps se prépare. Mais le moment n'est pas encore venu, faudra falloir patienter.
J'ai failli la gifler cette vieille bique idiote, elle venait de m'annoncer que mon calvaire n'était pas encore fini, mais avec bonne humeur et un sourire en plus.
J'ai demandé à avoir l'avis d'un autre spécialiste car dans ma tête, je devais accoucher.
Les médecins m'ont demandé de rentrer chez moi, de rester allongée et de boire ces satanés comprimés.
Je ne vous dis pas la déception que ca a été.
Je ne suis pas pour autant rassurée car avant elles n'étaient pas douloureuses mais aujourd'hui...
Aujourd'hui...
Un cri guttural s'échappe de ma bouche et je mords encore mon poing.
A ce rythme, je crois que je vais bientôt saigner, mais j'ai mal, tellement mal.
J'aurais tout donné en ce moment pour avoir ma famille à mes cotés : Tata Sokhna, mes badiènes, Josée, et même mon insupportable cousine.
La solitude est sans aucun doute ce dont j'ai le plus souffert pendant ces huit derniers moi.
Surtout quand j'ai appris que j'étais enceinte. Je l'ai appris alors que j'en étais à 14 semaines, je ne savais pas que j'étais dèja enceinte en quittant Dakar.
Ça a dû se faire cette nuit là, quand il m'avait enfermé dans son bureau.
Mon cœur se serre encore plus quand je me souviens de comment il m'a serré dans ses bras.
J'en oublierai presque la douleur dans mon ventre.
Quand j'ai appris que j'étais enceinte, j'ai failli perdre la tête, j'ai fait une dépression périnatale.
A cette époque, je me trouvais encore en France, mon médecin s'est tellement inquiété qu'il m'a dirigé vers un de ses amis psychologues.
C'était tellement dur, entre la fatigue, le manque de sommeil, les crises d'angoisses et surtout le manque d'appétit qui faisait que j'étais tout le temps faible, tremblante.
Je suppose que cette dépression était surtout dû au fait que j'étais toute seule, car dès que j'ai connu Afi, mon état de santé s'était amélioré.
Elle a pris soin de ma santé physique et psychologique. J'ai eu beaucoup de chance d'être tombée sur elle, et j'ai été tellement heureuse de découvrir qu'elle était sénégalaise, ça me donnait l'impression d'être plus proche de mon pays.
Il y a trois jours, quand j'ai eu ma dernière crise, elle m'a emmené faire un tour au parc, ça m'a fait un plus grand bien, mais un gosse idiot a renversé son café sur ma robe, me brûlant au passage, j'ai dû rentrer me changer.
Depuis que je suis au Québec, je ne sors que pour aller à mes rendez-vous médicaux.
Mes courses on me les livre.
Il y a que je n'aime pas ce pays, j'ai le cafard.
Il fait trop froid, tout est trop triste, trop gris, pas comme chez moi. On ne voit que rarement le soleil, bien que ce soit le printemps.
Pas un seul jour n'est passé sans que je ne pense à ma famille, à mon pays, mes amis...mon restaurant.
Mais je ne pouvais pas rentrer, ma grossesse a été déclarée à risque dès qu'elle a été découverte, je risquais d'avorter au moindre petit problème, donc les docteurs m'ont mis sous surveillance régulière.
J'allais à l'hôpital chaque semaine.
Le tabac, l'alcool, la nourriture grasse, la fatigue et les émotions fortes m'ont été interdites, c'est pour cela que j'ai décidé de ne pas rentrer, ni en parler.
Quiconque connaît ma famille saurait qu'ils ne m'auraient pas laissé en paix une minute en apprenant que j'attends un bébé, et il fallait toujours éviter le pire donc.
- Viens, je t'ai fait couler un bain chaud.
Je ne l'ai même pas vu arriver.
- Milouda, lève-toi. Dit-elle en me secouant doucement. Massa ma chérie.
Elle m'aide à me lever et me déplacer jusqu'à la salle de bain.
L'eau chaude et l'huile essentielle de lavande m'aident à me détendre, et la douleur diminue un peu.
Je suis tellement détendue que je m'endors sans m'en rendre compte, je suis trop fatiguée.
**
Amine Aïdir.
- ...Michelle c'est ma meilleure amie. Moi je l'appelle Michou, elle est troop zentille. La maîtresse veut que ze fais comme elle, mais maman m'a dit que copier les autres c'est pas bien. Et puis moi ze ne suis pas méchante tu sais. Mais ze n'aime pas les filles qui tirent mes seveux, et les garçons qui salissent ma robe. Non, z'aime pas...
Je hoche une nouvelle fois la tête, l'air de reéllement m'interesser à ce qu'elle raconte et elle me sourit,ravie.
Je suis chez ma sœur depuis trois mois, je n'ai pas vraiment eu mon mot à dire, elle l'a décidé et j'étais obligé de lui obéir.
Elle a dit qu'avec tous ces enfants qui courent partout il est impossible que je me sente seul.
Mais c'est pourtant le cas.
J'ai été placé dans un internat à mes cinq ans, j'y suis resté 12 années pendant lesquelles je ne voyais ma mère qu'une semaine pendant les vacances. Je n'ai jamais vraiment eu d'ami.
Les membres de ma famille je ne les connais que depuis sept ans tout au plus. Donc je peux dire que je n'ai jamais connu que la solitude, toute ma vie durant.
Mais je ne me suis jamais senti aussi seul qu'en ce moment, entouré de ma famille, et mes amis.
Un sentiment particulièrement mortifiant me ronge depuis plusieurs moi, celui d'avoir fait quelque chose de mal, sans m'en souvenir.
- Hé tonton, tu m'écoutes ? Fait Jamila, interrompant le cours de mes pensées
- Oui ma chérie, je t'écoute.
- Oui, je te disais que Michelle a un nouveau sac à dos. Il est trop beau, z'en veux un moi aussi. Mais maman dit que ce n'est pas bon de vouloir ce que les autres ont. L'année dernière z'avais un sac Barbie moi aussi, mais Jamil a dessiné dessus maintenant il est fichu. Il est vraiment idiot mon frère.
Elle continue de me raconter sa vie à l'école et à me dire à quel point son amie Michelle est géniale.
Cette gosse est trop drôle, je comprends vraiment pourquoi Milou l'adores tellement.
Milouda, toutes mes pensées me ramènent à elle, toujours.
J'ai l'impression de regarder un mauvais film de drame, j'ai l'impression que tout ce qui ce passe dans ma vie depuis un temps n'est qu'un mauvais rêve.
Parce que, cette vie là n'est pas la mienne. Je ne la reconnais pas. Toute ma vie a basculé en un laps de temps.
Je suis tombé gravement malade, ma maison a brûlé, et surtout j'ai perdu la seule personne à qui j'ai jamais réellement tenu.
Tout d'abord, je me suis réveillé dans un lit d'hôpitale il y a huit mois, avec une longue cicatrice sur le front et de nombreuses lésions sur les lèvres et la langue. Ma mère, toute paniquée m'a dit que j'ai dormi trois jours entiers.
Je n'ai rien compris mais la première personne après qui j'ai demandé a été ma femme.
Mais au regard que m'ont lancé ma mère et Lily j'ai compris.
Alors tout m'est revenu en tête, d'un coup, comme un poids qu'on venait de me mettre.
Je me suis souvenu que je l'avais battue, que je l'avais étranglée...
J'ai demandé à ma mère si mes souvenirs étaient exacts, si j'avais vraiment fait tout ça à ma femme.
Ma vie a basculé ce jour là.
Pour la troisième fois de ma vie j'ai pleuré.
Je veux dire, vraiment pleuré,
La première, c'est quand maman a été hospitalisée.
Penché sur elle, couchée sur un lit d'hôpital ; la vie menacée, je me suis aperçu que je pouvais perdre ma mère à tout moment. Que si cela arrivait, je ne pourrais jamais connaître l'amour d'une mère, ce dont j'ai été privé une vie entière.
Toute ma vie, je lui en avais voulu d'avoir délégué sa responsabilité envers moi à d'autres.
Une nourrice s'est occupé de moi à ma naissance, puis j'ai été envoi en pension, j'ai poursuivi mes études universitaires après.
Je toujours regretté le fait de n'avoir jamais été proche d'elle, mais en grandissant, j'ai su que ce n'était pas de ma faute mais bien de la sienne.
C'est ma mère, je l'aime, mais nous ne sommes pas pareils.
Elle est issue d'une famille riche, elle n'a jamais eu la vie difficile avant de connaître mon père.
Quand ils se sont connus, mon géniteur n'était qu'un jeune commerçant sans fortune.
Ils se sont mariés et maman l'a aidé à se développer.
Cinq ans plus tard ils n'avaient toujours pas d'enfants et papa est retourné au Maroc pour épouser secrètement sa cousine Salma.
Elle n'a pas supporté cette trahison et elle a fait une dépression qui a duré plusieurs années, mon frère Sidy est né, puis Samir et par un grand hasard, elle est tombée enceinte.
Mais quand je suis né, papa n'a pas pris ses responsabilités vis-à-vis de moi, il avait délaissé ma mère depuis plusieurs années déjà, là, elle a pris la meilleure décision de sa vie, elle a divorcé et elle est partie, quittant un homme qui n'a fait que se servir d'elle. Mais elle était déjà brisée.
C'est tout ma mère ça, tellement influençable, tellement manipulable, tellement faible, malléable ...
Je suppose que Safiètou n'a pas eu de mal à lui faire croire tout ce qu'elle veut à propos de Milouda. Et tal en a bien profité.
Oui, je sais toute la vérité maintenant, Josée me l'a craché au visage, dans ma chambre d'hôpital, alors que je récupérais tout juste de ce truc bizarre qui m'est arrivé.
Josée est venue me voir pour me cracher quelques obscénités à la figure. Elle dit que c'est ma chère mère qui a orchestré tout ça avec l'aide de Taloula, elle m'a dit avoir avoué à Milouda qu'elle racontait ses faits et gestes à l'autre sorcière tous les jours.
Je me demande encore comment, malgré tout, ma mère a bien pu se laisser manipuler comme ça ?
Elle m'a avoué qu'elle a cru que ma femme me trompait avec son cousin, Mansour.
Sérieusement quoi ?
Je suppose qu'elle s'est dit ça puisqu'ils sont inséparables ...
Mais elle jure quand même qu'elle n'est pour rien dans cette histoire d'envoutement, et bizarrement, je la crois.
Elle n'a jamais rien voulu d'autre que m'avoir pour elle seule, sans doute a-t-elle voulu rattraper le temps perdu.
Un envoutement ... j'ai toujours une folle envie de rire quand j'y repense. il y a quelques mois déjà, je niais carrément l'existence de ces trucs là, pour moi c'étaient des création des hommes, des mythes, des croyances auxquelles les gens s'attachent.
Mais voilà, j'en ai été victime, j'y ai été exposé, maintenant je sais.
Ce jour là, je m'en souviens, tout ce que j'ai fait, je m'en souviens.
Mais c'est comme si je revois la scène à travers les yeux de quelqu'un d'autre.
Quand je l'ai battu, j'avais une sensation de flottement, comme quand on fait un cauchemar, c'est horrible, mais on n'a aucune influence sur ce qui se passe.
C'est ce que j'ai ressenti
Je suis perdu, perdu, sans elle.
Je ne suis même pas sûr de savoir qui je suis.
Elle a fait partie intégrante de ma vie pendant près de cinq années, comment donc pourrais-je l'oublier, comment pourrais-je me pardonner ce que j'ai fait.
C'est elle qui m'a appris ce que c'est que l'amour, c'est grâce a elle que j'ai eu pour la première fois le sentiment de compter pour quelqu'un.
Huit mois, cela fait huit mois que je, nous la cherchons sans relâche.
J'ai mis tous les moyens que j'ai a disposition pour qu'on la retrouve, même mon père a donné sa contribution.
Pour la première fois de ma vie, il se soucie de moi, m'appelle tous les jours et ne cesse de me demander pardon pour tout ce qu'il m'a fait, notamment le fait qu'il ait dû nous forcer la main pour que nous nous mariions.
C'est gentil tout ça, mais c'est trop tard, ce n'est pas ce qui me ramènera ma femme
Mon neveu vient s'installer sur mes genoux avec sa tablette dans les mains, il me montre une vidéo drôle d'un serveur qui renverse du café sur la robe de la femme enceinte.
Je regarde d'un œil distrait jusqu'à ce que je remarque ...
****
Milouda

Un autre coup de pied me fait rire faiblement, et me tordre de douleur en même temps, c'est une sensation très étrange.
Je vois quelques secousses sur la peau du ventre, c'est vraiment très étrange.
Afi poses sa main dessus et rit comme moi, ça me fait un peu de bien d'avoir un peu de divertissement, cette semaine a été vraiment épouvantable.
Je ne rêve que d'une chose : accoucher.
Jambes enflées, rétention d'eau, envie constante de faire pipi, et une lourdeur insupportable sur les membres inférieurs.
Même dormir est devenu un véritable supplice, hier j'ai passé la journée à l'hôpital, ils m'ont injecté des calmants qui m'on fait dormir toute la journée.
J'adore sentir la vie en moi mais vraiment... ça suffit quoi. Dans trois semaines, je serai à terme mais vivement que ça se termine.
Afi me tend un verre d'eau et mes médicaments, je les bois et elle m'aide à aller faire pipi, pour la dixieme fois depuis ce matin.
J'en profite pour faire un tour sur le balcon.
Après tout ce temps, je me demande encore ce que l'hôpital attend pour m'hospitaliser. Ils me rabâchent que ma grossesse est à risque mais ils me renvoient tout le temps chez moi.
Grossesse gémellaire... et il fallait que ça tombe sur moi.
En ce moment, je suis sûre que si j'étais chez moi, avec mes proches, quelqu'un m'aurait donné une solution pour mes problèmes de rétention d'eau : une tisane, une herbe, les vieilles savent ces choses là.
Le vent glacial de ce mois de Mars me fouette la peau, ça fait un bien fou !
Malgré la douleur, la lourdeur, la fatigue, je suis plutôt sereine ces derniers jours, j'ai enfin assimilé le fait que je vais être maman et pas de un mais deux bébés. Cet apaisement est lié au fait que je me suis souvenue que la gynéco qui me suivait m'a dit que j'étais enceinte de jumeaux, c'est peut-être parce qu'un membre de ma famille proche à déjà eu des jumeaux.
Là je me suis souvenue, Tonton Beckaye a eu un jumeau, mort né, et que ma grand-mère Mariam( la maman de ma maman) était elle-même jumelle.
Je préfère penser que c'est dû à un phénomène biologique.
Quand j'ai quitté le pays je ne me doutais pas un instant dû fait que j'étais enceinte et ça m'a carrément déboussolé de l'apprendre, comme ça, alors que je croyais refaire ma vie ;
J'ai grave flippé, surtout quand je me suis rendue compte que j'allais élever mes enfants toute seule.
Bon, il est vrai que mon divorce, ou ma répudiation est nulle et non avenue, sur le plan religieux, sur le plan civil n'en parlons même pas, puisque nous ne nous sommes pas présentés devant un juge.
Chez moi, les gens disaient toujours qu'on ne peut pas divorcer d'une femme enceinte, qu'il faut attendre qu'elle accouche, qu'elle ait ses menstrues et qu'elle soit de nouveau pure pour pouvoir la libérer, pour être sûre qu'elle n'est plus enceinte. Il me semble me souvenir que c'est ce que le professeur qui me dispensait mon éducation religieuse m'avait dit.
Dans la sourate At-Talaq (le divorce), il est dit :
« Ô Prophète! Quand vous répudiez les femmes, répudiez-les conformément à leur période d'attente prescrite; et comptez la période; et craignez Allah votre Seigneur. Ne les faites pas sortir de leurs maisons, et qu'elles n'en sortent pas, à moins qu'elles n'aient commis une turpitude prouvée. Telles sont les lois d'Allah. Quiconque cependant transgresse les lois d'Allah, se fait du tort à lui-même. Tu ne sais pas si d'ici là Allah ne suscitera pas quelque chose de nouveau!
2. Puis quand elles atteignent le terme prescrit, retenez-les de façon convenable, ou séparez-vous d'elles de façon convenable; et prenez deux hommes intègres parmi vous comme témoins. Et acquittez-vous du témoignage envers Allah. Voilà ce à quoi est exhorté celui qui croit en Allah et au Jour dernier. Et quiconque craint Allah, Il Lui donnera une issue favorable,
3. et lui accordera Ses dons par [des moyens] sur lesquels il ne comptait pas. Et quiconque place sa confiance en Allah, Il [Allah] lui suffit. Allah atteint ce qu'Il Se propose, et Allah a assigné une mesure à chaque chose.
4. Si vous avez des doutes à propos (de la période d'attente) de vos femmes qui n'espèrent plus avoir de règles, leur délai est de trois mois. De même pour celles qui n'ont pas encore de règles. Et quant à celles qui sont enceintes, leur période d'attente se terminera à leur accouchement. Quiconque craint Allah cependant, Il lui facilite les choses »
Par cela j'ai cru comprendre que le divorce avec une femme enceinte est nul, mais puisque je n'étais pas sûre, je me suis permis de faire des recherches mais j'ai trouvé deux versions différentes.
D'après les malékites, on peut divorcer d'une femme enceinte, si la faute commise est intolérable.
Du coup, je ne sais pas si je suis réellement divorcée ou non ?
J'aurais pu demander à mes oncles, mais...
Donc, j'ai préféré attendre de rentrer pour être fixée. Oui, je vais rentrer, si tout va bien in sha allah.
De toute façon, si je ne le fais pas, Banina dira tout à ma famille, et c'est sûr qu'ils vont rappliquer.
Elle est la seule personne qui sache ou je suis, elle a retrouvé ma trace il y a plusieurs mois, mais j'ai réussi à la convaincre de me laisser le temps d'accueillir mes bébés, depuis, plus aucune nouvelle d'elle.
Elle m'en veut parce que je la fais mentir mais bon...
C'est pour la bonne cause.
Ding dong !
Je me demande bien qui cela peut-être. Depuis que j'habite ici, j'ai très rarement des visites, seulement quelques uns de mes gentils voisins qui viennent voir comment je vais de temps en temps, ou madame Mess, le proprio qui vient me casser les pieds.
Un deuxième coup de sonnerie, Afi n'est toujours pas allée ouvrir, je suppose qu'elle prend un bain à son tour. Bon...
Je me traîne jusqu'à l'entrée avec mon énorme bidon qui risque d'exploser à tout moment, c'est tellement lourd.
J'ouvre brusquement la porte avec la ferme intention de gueuler sur celui ou celle qui a eu le culot de me déranger, ça faisait longtemps que je ne me suis pas défoulée sur quelqu'un, je ménage Afi ces temps ci.
- Oui ! dis-je en faisant face à un homme.
Il me faut plusieurs secondes pour reconnaitre celui qui se tient en face de moi.
Mon Dieu !
Ma première réaction est de reculer, de reculer, de reculer, jusqu'à ce que mon pied cogne contre la commode du vestibule.
Je crois que je vais mourir, mes jambes me lâchent peu à peu et je suffoque.
Je suis entrain de faire une crise d'angoisse mais je crois bien que cette fois-ci, j'ai une très bonne raison.
Lui.
Je ne peux détourner mes yeux de la porte.
Est-ce vraiment lui ?
Une peur atroce me tenaille et aucun son ne sort de ma bouche même si je voudrais hurler.
Il se tient à la porte et me fixe, l'air choqué ou surpris, je ne sais pas.
Dans ma tête des images reviennent un par un, je ressens encore ses coups de poing, ses mains sur mon cou tentant de m'étrangler, je ressens encore la douleur, même si mes blessures on cicatrisé depuis quelques mois.
Comment m'a-t-il trouvée ?
Que me veut-il ?
Est-il guéri ?
Va-t-il encore me battre ?
Il fait un pas vers moi, puis un autre, et un autre.
Fuir.
Fuir.
C'est tout ce que j'ai en tête.
Je ne me suis jamais senti autant...
Vulnérable.
J'ai tellement peur.
Dan ses yeux, je lis un tas de choses, d'émotions que je ne sais plus interpréter.
La folie, c'est la dernière chose que j'ai vue dans ses yeux il y a huit mois.
Je cherche dans son regard.
- Milouda, souffle t-il, les mains sur la tête et les yeux grands ouverts, fixés sur mon ventre.
Il est devant moi, je peux maintenant lire la surprise dans ses prunelles.
Moi, je suis tétanisée, figée sur place, je respire à peine.
Son expression ne change pas pendant ce qui me semble une éternité, son regard passe de mon visage à mon ventre que j'ai tenté de caché avec mes mains.
Puis doucement, il avance les mains vers moi, tout doucement, mon cœur fait un bond dans ma poitrine.
Surtout pas ça, qu'il ne me touche pas.
Non.
Il s'apprête à poser ses mains sur mon ventre, ce geste à le don de me sortir de ma léthargie, et je m'enfuis vers le salon, le laissant planté là, pantois, dans le vestibule, les mains en l'air, avec cette expression de quelqu'un qui vient de voir un ovni, un mélange de peur et de surprise.
J'arrive rapidement à ma chambre et m'enferme, à clef.
Dès que la porte est fermée, mes jambes me lâchent, et je glisse au sol, contre la porte.
Je reste comme ça inerte, mes membres refusant de bouger, comme si mon cerveau me demandait un temps d'arrêt pour pouvoir assimiler les évènements des trois dernières minutes.
Amine.
C'était lui, c'était Amine à la porte.
Amine, mon mari, cet homme que je fuis comme la peste.
Je croyais pourtant être bien cachée, je croyais avoir bien brouillé toutes les pistes en changeant de ville autant de fois, ne restant jamais à la même place très longtemps.
Comment il a fait ?
Pourquoi il est là ?
Qu'est ce qu'il me veut ?
Soudain, j'ai comme l'impression qu'on me presse le cœur, fortement, mes poumons commencent à manquer d'air.
Une autre crise de panique.
Non, calme toi Milou, ne panique pas !!!
Je sais que ce n'est pas bon, pas pour mes bébés ?
J'essaie de me calmer du mieux que je peux, j'ai j'arrive tout juste à inspirer normalement.
Derrière la porte, j'entends des brides de voies, Afi et...la sienne.
Je prie de toutes mes forces pour que ce soit un cauchemar, que j'ouvrirais les yeux et que je me rendrais compte que je suis dans un mauvais rêve.
Un autre sentiment que la peur me gagne petit à petit, de la colère, de la hargne, de la haine.
Je le hais, je me hais, je hais tout le monde.
Pourquoi je n'arrive tout simplement pas à vivre heureuse ?
Pourquoi il est revenu dans ma vie ?
Quand je l'ai revu tout de suite, je ne pourrais pas décrire le flot d'émotions qui m'a submérgé, mais c'est la peur qui prédominait.
La peur de me retrouver en face de l'homme à qui je me suis sacrifié et qui m'a battue à mort.
Tout ce dont j'arrive à me rappeler, c'est du goût du sang dans ma bouche alors que je sentais la dureté de ses phalanges contre ma joue. De l'air qui me manquait alors que je suffoquais entre ses mains.
Cette scène, j'en ai fait d'atroces cauchemars les premiers mois je ne dormais pas du tout, à cause de ça.
J'en étais devenue paranoïaque, j'avais développé une phobie de beaucoup de choses.
Parler aux gens était devenu très difficile pour moi, je ne regardais plus personne dans les yeux, et j'avais tout le temps peur.
J'étais morte de peur à l'idée qu'on puisse me faire du mal.
Alors je me suis terrée dans mon appartement, je me suis laissé dépérir, jusqu'à ce que j'apprenne que je suis enceinte.
Tout ça...
*******
Josée Da Rosa O'hara.
J'arrive pas à croire que ce crétin m'ait planté en là pour se précipiter dans l'immeuble, me laissant le soin de trouver ou garer la voiture.
Putain, je crois que jamais je le supporterais celui là.
Je trouve enfin un petit espace entre deux voiture et j'arrive à y ranger la mienne.
Bon, on verra commment la faire sortir plus tard.
Pour l'heure, il faut que je rejoigne Amine, je veux la voir.
Je veux voir Milouda, c'est tout ce dont je rêve depuis huit mois.
Je ressens un boule au ventre à fur et à mesure que j'avance, je rentre dans l'immeuble puis apelle l'ascenseur.
Mon dieu ! Il me tarde de la voir.
Mais jespère que ce connard n'a pas tout foutu en l'air, je lui avais pourtant dire de me laisser y aller avant.
Connaissanrt Milouda, je doute qu'elle accepte de le voir après tout ce qu'il lui a fait.
Et je ne pense pas que le choc que ça lui causera soit bénéfique pour elle, puisqu'elle est enceinte.
Mais pourquoi il tarde autant à venir ce stupide ascenseur, ish.
C'est avec appréhension que j'arrive au troisième étage deux minutes plus tard. Numéro 19, c'est là, c'est son appartement.
La porte est ouverte et je vois Amine hurler sur une jeune femme qui le menace d'appler la police.
- Je ne partirais pas mademoiselle, pas avant d'avoir vu Milouda. C'est ma femme ! Crie t-il.
- Monsieur, partez, s'il vous plaît ? La police va rappliquer d'une minute à l'autre.
Amine est entrain de chauffer, là, faut que je le calme, le laisser s'énerver ne fera qu'empirer les choses.
J'arrive à le convaincre de se calmer un peu et l'adresse à la jeunne fille, qui est aussi énéervée de nous, et je la comprends.
Je crois que j'aurais réagi pareil.
Je pousse l'autre connard là à sortir de l'appartement et parle à la jeune fille.
Je lui explique que nous sommes la famille de Milou, qu'on la cherche depuis très longtemps, et qu'on a pû retrouver sa trace grâce à une vidéo sur Youtube.
Un jeune garçon renversait du café sur Milou, on a juste identifié la vidéo et sa provenance et nous voilà.
Elle m'écoute d'une oreille attentive tandis qu'amine fulmine à coté de moi, il trépigne littéralement.
Tchrr... Celui-là.
Après plusieurs minutes à essayer de convaincre la jeune fille, je réussis enfin à nous faire pénétrer dans l'appartement.
Elle m'explique que Milouda s'est enfermé dans la chambre quand elle a Vu Amine.
Dans quoi je me suis encore fourrée, moi ?
Je me le demande bien.
J'aurais bien pû rester à Dakar, m'occuper de mon mari et de mon père mais...
Pff...
Je le fais juste pour Milou, par pour celui-là.
Je le lui ai d'ailleurs clairement signifié.
Je passe encore plusieurs minutes à convaincre Milou d'ouvrir la porte, je l'entends pleurer derrière et ça me brise le cœur.
- Milou, s'il te plaît. Sors de là, je t'en supplie.
Elle finit par capituler mais demande à ce qu'mine parte.
- Qu'il parte s'il te plaît ! je ne veux pas le voir.
***
Milouda.
- Plonge tes pieds dedans. Me dit Josée en apportant une bassine d'eau chaude.
L'eau chaude n'a malheureusement pas l'effet sollicité, mes jambes me font toujours autant souffrir.
Je me mords de nouveau la lèvre, à sang.
Cette douleur me permet d'en supporter une autre, plus forte.
- Massa ! fait Josée en m'entendant geindre de nouveau.
Afi me masse les pieds et l'autre est assis sur le canapé, il ne me lâche pas du regard, pas une seconde.
Si je n'avais pas aussi mal, je l'aurais envoyé paître.
Cinq jours qu'il est là, je n'ai accepté de le voir qu'hier, et seulement parce que j'étais trop occupée à vomir.
C'est fou la force avec laquelle je déteste cet homme. Ça me fait tout bizarre de le dire, que je le déteste, je n'aurais jamais cru dire ça un jour.
Mais là, je crois bien que c'est mort, je supporte à peine de le voir.
Le jour de leur arrivée, j'étais en etat de choc, je me suis enfermée dans ma chambre, par peur de voir amine. J'étais terrifiée, littéralement.
Dans ma tête il allait encore me taper.
Après que Josée m'ait convaincue de sortir, je me suis rendue compte en le voyant essuyer discrètement une larme, que ce n'était pas le même homme que celui qui a failli me tuer.
Le voir me regarder avec autant de regret dans les yeux, ça m'a délesté d'un poids énorme.
Ça m'a rassuré, je n'étais plus la seule personne qui souffrait, et la peur s'est transformée en haine.
J'ai voulu lui rendre au centuple le mal qu'il m'a fait, le faire souffrir.
Après toutes les crasses que je lui fais subir ces derniers jours, il aurait du partir depuis belle lurette, mais non, il reste, désespérément.
Un autre spasme me force à dégurgiter le reste de mon dèjeuner. Afi me tiens mon pot à vomi tandis que les deux autres me regardent avec des yeux inquiets, c'est vrai qu'ils n'ont pas l'habitude.
Oulà...
Après ça je crois bien que je me garderais de tomber de nouveau enceinte.
Cinq minutes après, j'ai une nouvelle crampe, à force de rester assise aussi longtemps. Je me lève pour me dégourdir les jambes et à peine suis-je debout que je sens un liquide chaud couler sur la partie inférieure de mon corps, je vérifie si je n'ai pas renversé ma tisane en me levant.
Je croise alors le regard de Josée sur mes pieds...
- M....M... Milou je crois que tu viens de perdre les eaux, crie t-elle en se mettant debout.
Elle alarme toute la maisonnée qui se retrouve autour de moi en quelques secondes.
Moi, j'y comprends rien, je suis un peu perdue jusqu'à ce que : « je crois que tu as perdu les eaux » prenne tout son sens, et je commence à paniquer... Comme tout le monde d'ailleurs.
- Oh putain... s'écrie Afi en mettant sa main sur sa bouche. Putain. Mais c'est trop tôt, les médecins avaient dit dans une semaine. Putain !
Josée commence à invoquer tous les saints qu'elle connaît, et faut dire qu'elle n'en connaît pas beaucoup et à un moment, elle bug.
- Saint Christophe, Saint Joseph, Sainte Anne, Sainte Anne... Sainte Anne... Sainte... Sainte euh... euh...
J'aurais ri de la situation si je n'étais pas entrain de subir la douleur d'une énième contraction qui me fait serrer les dents.
- Conduisez-moi à l'hosto et fermez là !!!
Ils réagissent enfin, Afi disparaît dans la chambre et Josée me tire par la main.
Cinq minutes plus tard, je suis enfin installée dans la voiture, Josée au volant et Amine avec moi derrière.
J'ai clairement refusé qu'l me touche, mais il n'a pas fait cas de mon énervement, il reste obstinément à coté de moi-même si je le frappe de toutes mes forces.
Nous arrivons rapidement à l'hôpital et je suis de suite prise en charge.
Mes contractions ne sont pas aussi douloureuses que celles des jours passés heureusement mais j'ai une furieuse envie de pousser.
La sage femme me dit de me retenir et de patienter encore quelques minutes.
Je panique réellement que je suis à un stade de travail trop avancé et qu'ils ne pourront pas me faire la péridurale.
Donc je vais devoir accoucher de deux bébés, par voie basse ?
Mon Dieu, comment vais-je faire.
Je cherche inconsciemment la main d'Amine que je sers fort, tant pis pour ma colère.
Je m'en rappellerai après, pour le moment, je flippe.
***
J'ai été là, j'ai assité à l'accouchement.
Je n'y crois toujours pas.
Il est vrai que je me suis évanoui à un moment donné mais... j'ai assisté à la presque intègralité de l'accouchement.
Je n'arrive pas à y croire.
Je suis Papa. Moi.
De deux bébés.
Mon Dieu.
Les larmes coulent sur mes joues depuis une trois heures, sans arrêt.
Je chiale comme une fille mais je m'en fous.
Mon cœur, il va exploser, je n'ai jamais ressenti une sensation pareille.
Je crois que je ne réalise pas bien.
Josée non plus.
Nous sommes tous les trois devant la vitre de la crèche de l'hopital, contemplant mes deux petites merveilles.
J'aurais aimé les tenir encore longtemps, mais les nurses ont refusé.
Milouda dort depuis. Elle était tellement fatiguée qu'elle a eu beaucoup de mal à pousser, l'accouchement ne s'est pas trop mal passée d'après les médecins, mais ça la vidée de ses forces.
Si bien qu'elle s'est endormi à peine le dernier bébé sorti, elle n'a même pas pu les allaiter.
C'est moi qui leur ai donné leur premier biberon, avec l'aide de Josée.
Je ne pourrais pas décrire la sensation merveilleuse que ça a été.
Mais je suis gratifiant.
Je serai éternellement reconnaissant à Milouda de m'avoir laissé l'accompagner en salle d'accouchement. Même si la voir, souffrir milles mort m'a encore plus fait me senti encore plus mal.
J'aurai voulu être à ça place, souffrir à ça place. Ça me fera toujours mal de la voir souffrir.
Mais je suis tellement fière d'elle, tellement.
Josée et Afissatou sont à coté de moi, la première prend une tonne de photos de mes petits anges à travers la vitre et la seconde n'a pas dit un seul mot.
Elle se contente de garder un petit sourir ému aux coins des lèvres.
Je suis papa.
J'ai des enfants.
Je suis papa.
Je crois que je vais aller prier deux rakkas pour rendre race aux seigneur, le remercier que tout ce soit bien passer.
Après je devrais remplir mon rôle de responsable, je vais devoir appler la famille au pays et leur dire la bonne nouvelle.
Je n'ose même pas imaginer comment ils vont réagir, ils n'étaient même pas au courant de la grossesse de Milou, tout comme moi je ne l'étais pas il y a une semaine encore.
J'ai cru que le ciel m'était tombé sur la tête en débarquant à Trois Rivières.
Quand j'ai vu ma femme avec un si gros ventre....
Bien sûr je l'avais vu sur la vidéo, mais je n'étais pas certain que c'était réellement elle.
Pour moi, c'était impossible.
J'ai tout de suite fait appel aux services d'un de mes collègues qui est informaticien, quand j'ai vu la vidéo, pour qu'il me trouve sn origine.
Le lendemain, j'ai été surpris d'apprendre que la vidéo à été prise au Quebec.
J'ai prévenu Josée sans réfléchir et on a pris le premier avion.
J'avoue que je n'étais pas vraiment préparé à la voir....
Pff...
Ça a été dur, mais alhamdoulilah.
***
Milouda
Ma badiène est entrain de me traiter de tous les noms, en peulh. Je n'ai jamais été aussi contente de ne pas comprendre ma langue paternelle, elle parle, elle parle.
Mais je ne l'écoute même pas.
Mon regard est vissé sur Amine. Il est penché au dessus du berceau de mes bébés et semble être plongé dans une grande discussion avec elles. Il sourit de temps en temps en les regardant. Un sourire que je lui ai vu de très rares fois.
Je pourrais le regarder des heures faire ça, c'est d'ailleurs ce que je fais.
Jusqu'à ce que la sœur de mon père me pince brutalement le bras.
- Aïe ! Badiène kodoum woni ? Qu'est ce qui se passe ?
Cette phase est très certainement l'une des seules que je sais dire en peulh.
- Néné, je te parle et tu ne m'écoutes même pas. Voilà ce que je disais, hein. Tu ne nous respectes pas. Biir nga ba weusinn fi wokho niouka. Tu ne nous as rien dit alors que tu étais enceinte. Est-ce que tu t'es une fois souciée de nous, du sang d'encre qu'on se faisait pour toi. On t'a cherché partout. On a failli faire ton deuil, petite égoïste, mal polie...
Et elle continue pendant une éternité, je garde la tête baissée en signe de respect mais je ne l'écoute même pas.
Badiène Matel aussi, j'ai accouché il y a deux jours, j'ai pas encore complètement cicatrisé, je suis fatigué, j'ai mal et elle vient me prendre la tête ici.
C'est exactement pour cette raison que je ne leur avais rien dit.
Elles sont arrivées ce matin, elle et trois de ses sœurs, ainsi que ma folle de cousine Khadija.
Elle dort dans ma chambre en ce moment, elle dit être fatiguée à cause du décalage horaire qui n'est que de quatre heures.
Mes tantes me somment de faire mes bagages et de rentrer au pays sans plus attendre.
Je passe l'heure suivant à leur expliquer que mon obstétricienne m'a dit que je ne pourrais pas voyager d'ici une semaine.
Elles finissent par capituler et déclarent qu'elles attendront et qu'elles logeront à l'hôtel en attendant.
Je souffle quand elles partent enfin.
Bizarrement, il ne reste plus qu'Amine et moi au salon.
Je suppose que Afi est rentrée chez elle et Josée à l'hôtel. Elles se reposent sûrement, elles sont fatiguées, elles s'occupent de moi et des filles depuis deux jours sans arrêt.
Amine aussi, il a une mine fatiguée, mais comblée.
Il s'occupe super bien des filles, et refuse de les lâcher une seconde.
Il leur change leur couches, m'aide à leur donner leur bain et les berce tout le temps jusqu'à ce qu'elles s'endorment.
Vraiment, je suis agréablement surprise.
Toute la haine que j'avais à son encontre s'est miraculeusement envolée quand les filles sont nées.
Comme par magie quoi, je ne comprends pas.
Josée dit que c'est normal, certaines femmes ne supportent pas leurs maris pendant leurs grossesses. Si c'est ça, il a beaucoup de chance ne n'avoir vécu avec moi que pendant cinq jours de ma grossesse hein.
Tout d'un coup tout ce que je ressentais pour lui, tous ces sentiments, m'ont de nouveau submergé, je crois même que je lui ai pardonné. Et ce, depuis la première fois que j'ai tenu mes bébés dans mes bras.
Elles sont magnifiques, tellement parfaites, tellement parfaites que j'ai peur que quelqu'un me les casse en ne les tenant pas bien.
C'es carrément fou l'amour que je ressens pour elles. Moi qui croyais être folle de leur père, hum... ce que je ressens pour elles est deux fois plus fort.
C'est inexplicable.
Je n'ai pas d'autres mots.
Quand je les regarde, toute la douleur, tout ce que j'ai enduré ces derniers temps s'efface dans ma mémoire, j'oublie tout et je pardonne tout.
La première fois qu'elles m'ont regardé, mon Dieu, et que j'ai vu qu'elles ont les mêmes yeux que leur père...
En parlant de lui, il s'approche avec l'un des bébés, il me le donne délicatement et va prendre l'autre, puis il prend place à coté de moi.
J'allaite l'une pendant quelques minutes, puis il me donne l'autre. On reste comme ça, tous les quatre, dans le silence du salon.
- Tu as pensé à leurs prénoms ? Demande t-il doucement.
Il ne me regarde pas, cela fait des jours qu'il ne me regarde plus, il a honte, il est géné, je le sais.
Moi, je ne veux plus le voir comme ça.
Je ne lui en veux plus, c'est fini, tout est derrière nous maintenant. Je lui ai pardonné, je lui pardonne.
Mais je ne pense pas qu'une vie à deux soit de nouveau possible, entre nous.
Quoi que nous fassions, ça ne marchera pas, il y a trop d'obstacles à notre vie en commun, ça mère notamment.
Et puis, la menace plane encore au dessus de nos têtes, il y a la personne qui nous a fait ça... Cette histoire de maraboutage dont je ne me remettrai jamais, puis il y a Safiètou.
J'ai laissé tomber.
- J'avoue que non, et toi ? Je lui répond.
C'est idiot mais je n'ai pas pensé à comment j'appelerai mes enfants, tout ce que j'avais en tête, c'était d'accoucher, c'était ma priorité.
- Si, mais je me suis dit que c'était à toi que revenait ce droit. Me dit-il les yeux rivés sur les petites quenottes de ma princesse qui entourent son pouce.
Oh...c'est tellement mignon.
- Non Amine, tu es leur père, c'est autant ton droit que le mien.
Là il lève les yeux vers moi, et j'y lis... de la gratitude.
Je sais, j'aurais pu l'écarter de tout ça, mais non... ce n'est pas la peine, et puis je veux que mes filles grandissent à coté de leur père.
- Merci. Souffle t-il en plongeant don regard dans le mien.
Je me pose une question depuis un certain temps : pourquoi la vie ne peut pas être simple ?
J'aime cet homme, je sais qu'il m'aime mais nous ne pouvons pas vire ensemble, normalement.
J'aurais pu faire comme si de rien n'était mais maintenant les choses ont changé, je ne suis plus toute seule, j'ai des enfants, et je dois les protéger, ce que je compte faire en m'éloignant de leur père.
Je me lève pour couper court à ce contacte qui m'émeut plus qu'il ne le devrait.
Je me dirige vers la chambre des petites pour les coucher.
- Je pensais à Alia* et Afia*. Dit-il quand nous nous retrouvons de nouveau seuls au salon.
Alia et Afia Aïdir.
C'est parfait. Je le lui fais savoir en souriant et je ferme les yeux pour savourer le plaisir que me procure le fait d'entendre le nom de mes enfants pour la première fois me donne.
Là tout de suite, je me sens tellement bien, tellement apaisée.
C'est peut-être à cause des antidouleurs mais qu'importe...
Alia et Afia...
- J'ai appelé ton oncle. Annonce Amine me tirant de ma rêverie.
Ses yeux sont toujours tournés vers moi et il me scrute avec attention.
- Il a dit que puisque tu étais enceinte, notre union est toujours valide. Continue t-il.
Je m'en doutais bien.
Quoi lui répondre, je préfère garder le silence.
Il vient s'agenouiller devant moi et pose sa main droite sur son cœur.
- Milou je... je profite de ce moment pour te demander pardon. Le plus sincèrement du monde. Tout ce que je t'ai fait subir, c'est... je n'ai même pas les mots pour te dire à quel point je m'en veux.
Je le sais Amine... je le sais.
- Je voudrais que tu saches que quoi que j'ai pu te dire ou te faire, je n'étais pas en possession de toutes mes capacités... je... Je n'aurais jamais pu te faire du mal sciemment, jamais.
Là, mes larmes coulent, je me rend compte que je n'ai pas été la seule à souffrir de cette situation. Et je m'en veux, d'avoir été aussi égoïste.
Il saisit ma main et la pose à gauche, sur sa poitrine.
- Tu es sans aucun doute la meilleure chose qui me soit arrivée dans ma vie. Tu es une femme formidable, et voilà que tu me donnes deux merveilleuses filles. En ce moment, j'aurais été l'homme le plus heureux du monde si je savais que tu m'as pardonné, tout le mal que je t'ai fait.
J'acquiesce, en effaçant une larme de ma joue.
- Je te pardonne, sincèrement. Je sais que tu n'étais pas toi. Mais... Amine, je ne pourrais pas oublier tout ça du jour au lendemain. Je ne crois plus en notre relation. Je voudrais qu'à notre retour, tu me libère, réellement cette fois-ci.
Une larme coule de ses yeux, puis une deuxième.
- Non, s'il te plaît mon amour. Ne me dis pas ça. Supplie t-il en serrant ma main. Je ne peux pas me séparer de toi à nouveau.
Ça me fend vraiment le cœur, de le voir ainsi.
- Amine, il le faut. Et j'ai déjà prit ma décision. Je ne reviendrais pas dessus.
Il sait que je suis sérieuse.
- Ton oncle m'a dit que dans 40 jours, il nous demandera notre décision. Je te demande de mettre ce temps à profit et de réfléchir. Nous sommes une famille maintenant, et je n'ai aucune envie que mes enfants grandissent avec des parents séparés. Je te demande juste de réfléchir.
Il se lève et vient s'asseoir tout près de moi et je me blottis dans ses bras.
- Vas-tu me détester si jamais je campe sur ma position ?
Il embrasse le haut de mon crâne et me dit.
- Non. Tu es la mère de mes enfants et la femme que j'aime. Je ne te détesterai jamais.
Je le crois sincèrement.
Je lui serais éternellement reconnaissante de tout ce qu'il à apporté à ma vie. Mais j'ai déjà pris ma décision, bien que je l'aimerai toujours.
Mais qui sait, peut-être que je changerai d'avis.
****Fin****
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The end.
Haha... En ce moment, je sais que plusieurs d'entre vous sont entrain de me maudire mais non, ce n'est pas une blague, c'est bien la fin.
Bah ouais hein, c'est la fin que j'ai décidé de mettre, et je m'y tiens.
Mais je suis pas satisfaite...je sais pas...
Je me sens pas bien, c'est peut-être pourquoi j'ai mis une suite comme celle-là.
LOL!
Il se peut aussi, que je rectifie un peu cette partie dans les jours à venir.
Mais ne vous inquiétez pas, je vous aime, vous le savez hein? Et puisque je vous aime, je vais vous mettre une after. C'est qui la meilleure?
Mais est-ce que vous avez remarqué? A la dernière publications beaucoup d'entre vous ont été sûre que Milouda a fait un déni de grossesse, et bien non!
Pas de déni de grossesse, c'est un concept vu, revu et rerevu, donc il n'y avait aucun intérêt à ce que je le fasse.
Bon, cette fois-ci c'est bien fini hein.
Milouda va me manquer.
Mais à votre avis, comment vont-ils finir?
Ils vont divorcer ou vont-ils rester ensemble?
j'attends vos commentaires, mais ne me tapez pas s'il vous plaît.
C'est que je suis un peu contre le truc du 'tout est bien qui finit bien'. Vous comprenez, mais pour l'after, je tiendrai compte de vos avis.
Je le jure.