Les non-dits (2)
Ecrit par Saria
***Abomey-Calavi***
***Arconville***
***Chez les TONI***
***Kafui***
Les sous-entendus de mon époux me font mal. Donc tout ce
temps, il avait ces idées-là quoi ! Il doit avoir l'esprit mal tourné ce mec. Je ne mentais pas quand j’ai dit à Guy
qu’il ne s’était rien passé entre son frère et moi ! Oui ce dernier m’a avoué ses
sentiments, oui j’ai eu l’impression d’avoir choisi le « mauvais »
numéro. Jamais Jean-Yves ne m’aurait fait un enfant dans le dos, jamais il
n’aurait laissé mamie se défouler sur moi. Mais mon cœur bat pour Guy, ça a
toujours été ainsi. Même si je ne veux plus rester, quel aurait été mon avenir
avec Jean-Yves.
En plus Jean-Yves et moi nous avons quelque chose d'unique, précieuse. On se parle sans détour! Il me connaît et on n'a pas toujours besoin de mots pour communiquer. C'est mon autre moi! C'est mon rocher. Cette relation m'aide à mûrir et avancer sans avoir à recourir à mes parents. Dans les pires moments avec mamie, il me disait quand c'est trop dur appelle-moi pour te défouler, hurles-moi dessus, dis-moi tout ce qui te passe par la tête, dis-moi ce qui te bouffe. Moi de mon côté, je suis consciente d'être la personne qui en sait le plus sur lui. C'est à moi qu'il parle quand il a fait une connerie. C'est la personne la plus loyale que je connaisse.
***Flash-back quelques mois plus tôt à Possotomé***
Après un petit-déjeuner pantagruélique, balade sur le lac, puis piscine. Là encore, l’eau est bonne. Je suis restée à barboter deux, trois heures ? Je n’en sais rien. On enchaîne avec une longue sieste. Je retrouve JY plus tard sur le balcon du bungalow, il me fait signe d’approcher ce que je fais. Il pose sa main sur ma nuque et m’attire vers lui, nos visages se rapprochent. Je savais qu’il allait m’embrasser, il en avait envie et moi je ne savais pas trop où j’en étais.
Moi (posant deux doigts sur ses lèvres) : Si tu m’embrasses…Tu sais bien comment cela va se terminer…On ne pourra plus revenir en arrière.
JY : Je sais…
Moi : Ma question est la suivante…Es-tu prêt à perdre ce que nous avons ? J’aurai des regrets c’est sûr…Je ne pourrai plus te regarder de la même façon…Es-tu prêt pour ça ?!
Il ne répond pas et me serre contre lui, au point où c’est difficile pour moi de respirer. Il met son menton au sommet de ma tête avant de parler d’une voix sourde.
JY : Kafui je t’aime ! Dieu je t’aime à en avoir mal !!! Chaque jour je m’en veux de t’avoir laissé partir, d’avoir tu mes sentiments. Mais ce qui me consolait, c’était de te voir heureuse aux côtés de mon frère. Je me disais que le sacrifice en valait la peine…Depuis quelques jours, j’ai envie de te récupérer…J’ai envie de faire une folie, t’enlever à lui, nous installer au Canada…Je rêve de l’impossible !
Moi (les larmes dans la voix) : Suis désolée...Suis triste de t'infliger ça! Pourquoi c'est moi qui doit te faire mal...C'est pas juste...
JY : Non ce n’est pas ta faute…C'est la vie qui n'est pas juste...Tu t’es retrouvé entre deux rigolos. Ce soir après dîner je vais faire un tour au village…Je vais boire beaucoup…S’il te plaît ferme la porte communicante entre les deux chambres. Je ne veux pas faire une connerie !
La gorge nouée je hoche la tête. On reste comme ça un moment. Voilà, il ne s’est absolument rien passé.
***Fin du Flash-back***
***Dans la journée***
Je me suis réveillée, étrangement bien dans ma peau malgré les histoires de la veille. Je regarde l’heure Jean-Yves doit être en train de dormir. Je l’appelle quand-même.
JY (voix ensommeillée) : Hmm…Ne me dis pas que tu es en train d’accoucher
Moi : Lol ! Je t’ai dit que si tu ne viens pas je n’accouche pas ! Donc arrête de me fatiguer !
JY : Je rêve ou tu m’engueules ?!
Moi : Tu m’as convaincue de ne pas avorter…Puis tu disparais me laissant à la merci de personnes qui ne m’aiment pas forcément…Ton frère pense que je suis enceinte de toi ! Tu peux croire ça ?
JY : Oui
Moi : Oui ? Oui de quoi ?!
Il me raconte l’embrouille, les sous-entendus, la bagarre chez lui, notre retour de Possotomè. Je commence alors à comprendre certaines choses.
Je ne sais même pas si je dois être fâchée ou pas !
JY : Tu es silencieuse
Moi : Tu préfères que j’explose ?
JY : Non non pardon !
Moi : Ok…Je te laisse te rendormir.
L’échange avec Jean-Yves tourne dans ma tête tout le temps où je fais ma toilette. Finalement, je réalise que Guy m’aime même si je suis profondément blessée à l’idée qu’il me croit capable de le tromper...Pis avec son petit-frère. Je ne lui ai peut-être pas donné de garçon mais peut-être bien qu’il est sincère quand il dit qu’il m’aime.
Je descends, la maison est calme, les petites devaient être déjà à l’école. J’entendais des voix au fur et à mesure que je m’approchais du bureau…Guy…Il s’engueule avec qui ? J’ai l’impression d’entendre ma belle-mère. La porte était entrouverte légèrement.
Guy : Je t’ai dit de maîtriser ton serpent à sornettes !
Mamie : Je ne vois toujours pas de quoi tu parles !
Guy : Je t’ai dit que j’allais à Paris…Il n’y avait que mon épouse et toi qui connaissiez le numéro de ma chambre ! Comment se fait-il que Nicole apparaisse devant ma chambre à moitié nue ?!
Mamie : C’est pour ça que tu cries ? Vous avez un enfant, si ta femme veut te parler de l’enfant je fais comment moi ?
Guy : Nicole n’est pas et ne sera jamais ma femme maman ! Tu ne m’aimes pas ! Tu n’as pas à cœur mon bonheur ! En quelle langue il faut que je te dise que c’est Kafui que j’ai choisi ?
Mamie : Kafui djan !
Un silence s’installe puis mon mari reprend d’une voix amère :
Guy : Je ne peux pas te faire confiance n’est-ce pas ?! J'ai voulu te donner ta chance, tester ta loyauté et tu n'as pas pu résister. J'étais à peine étonné de la voir débarquer, c'est pourquoi je t'ai donné tous les détails de mon programme ce jour-là...Jean-Yves a raison de te tenir à l’écart de sa vie…Pour avoir la paix, c’est ce que je vais devoir faire également. J’en ai marre de tes manigances ! J’ai également été clair avec Nicole…Il n’y aura plus rien entre nous ! Comme vous êtes copines dis-le lui !
Mamie : Tu me menaces ?
Guy : Non je t’empêche de me nuire plus que tu ne l’as déjà fait ! Je t’interdis de venir chez moi…Je passerai te voir, mon frère et moi allons continuer à subvenir à tes besoins comme nous l’avons toujours fait. Mais par pitié je ne veux plus que tu te mêles de ma vie ! Je ne veux pas de scandale non plus !
Je me retire sur la pointe des pieds. Hooopa ! Qui l’eût cru ?! Guy et sa mère !
Environ une heure plus tard pendant que je me prélassais dans mon lit, j’entends frapper à ma porte. J’imagine bien qui c’était. Si je fais un peu ma précieuse ça fait quoi ?!
Il frappe encore un moment avant que je ne dise :
Moi : Oui ?
Il apparaît devant moi…Un peu hésitant. Son regard tombe sur le canapé-lit resté au milieu de la pièce. Nos regards s’accrochent, je dis la première chose qui me passe par la tête.
-Tu n’es pas allé travailler ?
Guy : Non…J’ai une journée off aujourd’hui…
Moi : Ah
Guy : Euh…Tu n’as besoin de rien ?
Moi : Non j’ai envie de manger un sorbet mangue…sinon ça va…
Guy : Si je trouve le sorbet…J’aurai droit à un sourire ?
Je prends le temps de la réflexion, comme si c’était un sujet vital…Puis je baisse les yeux
Moi : Oui
Il me tend la main et je la saisis. En m’appuyant sur lui je
sors de mon lit, main dans la main nous descendons les marches.
Aujourd’hui je vais déposer la hache de guerre. Façon, il a réglé mamie ça me met du baume au cœur. Nous méritons de souffler tous les deux. On règlera progressivement le reste des comptes.
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