L'ÉVEIL DE KAMA – LES ÉLUS. Chapitre 7 : Nouvelle famille

Ecrit par Le Kpetoulogue

L'ÉVEIL DE KAMA – LES ÉLUS

Chapitre 7 : Nouvelle famille


Âpres avoir pris sa douche, un des enfants vint chercher Rahim le conduisant rejoindre les autres. Ils y trouvent les deux plus jeunes enfants, une fille et un garçon. Assis à même le sol dans un salon vide de meubles. La maison semble grande et avoir beaucoup de pièces. Mais la plupart des pièces n’ont même pas de portes. Rahim se dit qu’avant que cette maison ne ressemble à un taudis, elle devait sans doute appartenir à un riche.

Il n’avait pas tort. Bon nombre de petites villes de ce genre ont été ravagées par les guerres. Les maisons étaient toutes pillées de tout ce qu’ils possédaient de valeurs par des milices, ou de simples brigands qui profitaient du chaos, obligeant leurs occupants à vivre avec très peu ou rien du tout. 

Une fois avec les autres, ces derniers se mettent à poser un tas de questions à Rahim. Savoir d’où il vient ? Pourquoi est-il seul ? S’est-il perdu ? Il a fallu que Rokia vienne leur demander de ne pas harceler de question leur invité. Le repas fut bientôt prêt. Dans une grande assiette, il y a avait des morceaux d’igname bouillie et des morceaux de viandes de lapin. Une fois tous regroupés autour de l’assiette, Rokia présente d’abord Rahim. Ensuite elle lui présente les autres. Du plus grand au plus petit. Le plus âgé de 17 ans est un garçon qui s’appelle Eyamba. Le second aussi un garçon âgé de 16 ans se nomme Kamperipa. La troisième une fille de 13 ans s’appelle Sholanah. Les deux plus jeunes ont 7 ans, une petite fille du nom de Ketso, et un garçon du nom de Nenkavu. 

Une fois les présentations faites. Alors qu’il pensait qu’ils allaient directement manger, vu que lui meurt de faim, à sa grande surprise ils se mettent à chantonner un air qu’il avait déjà entendu à la télé. C’était celui d’Happy birthday. Une chanson en anglais. Rokia lui fait signe de la main de les suivre à travers la chanson. Sauf que Rahim ne la connais pas très bien. Il l’avait entendu à peine 2 ou 3 fois à la télé, et ne maîtrisait pas les mots. Il essaie tant bien que mal de les suivre. 

C’est l’anniversaire de Ketso la plus jeune des filles. Elle semble toute heureuse qu’on fête son anniversaire. Quand Rahim y pense, il n’a jamais fêté son anniversaire. Il ne sait même pas quel jour il est né. Sa mère l’a accouché alors qu’elle fuyait les conflits. Il n’avait jamais cherché à savoir non plus. Après tout, en quoi est-ce important de fêter son anniversaire dans une terre qui rivalise d’horreur avec l’enfer ? 

Fêter son anniversaire alors que la mort rode tout autour de nous, qu’on n’est même pas sur de voir demain. Mais pourtant ces enfants semblent si heureux de fêter l’anniversaire d’un des leurs. Comme si à l’instant présent tous les malheurs qui rôdent autour d’eux n’existaient pas. Seulement vivre l’instant présent. Sans s’en rendre compte, le bonheur qui se dégage d’eux finit par le contaminer Rahim qui se met à chanter joyeusement avec eux, oubliant presque sa faim. Par la suite, ensemble ils mangent enfin le repas. 

Après le repas, une fois tout débarrassé et nettoyer, les enfants suivent Rokia dans une pièce où est adossé au mur un tableau. Ils s’assoient un peu partout dans la pièce. Tandis que Rokia passe à chacun un cahier et un bic. Durant deux ou trois heures, elle les apprend des choses. À écrire et à lire. Voyant que Rahim les regarde, Rokia lui passe aussi un cahier et un bic en lui demandant s’il veut aussi apprendre. Il se souvient des cours que lui donnait Mohatundé le vieil homme. Grâce à ce dernier, il savait écrire et lire. Alors il n’a aucun mal à reproduire ce que Rokia écrivait au tableau, au grand étonnement de cette celle-ci. Après les cours, les enfants s’en vont par groupe de deux ou trois vers leurs chambres s’endormir. Sholanah attrape la main de Rahim et lui dit de venir dormir dans sa chambre à elle, qu’il y a de la place. Dans la chambre, il y a sur le sol, trois matelas collé l’un a l’autre. Sholanah dort là avec les deux plus jeunes, Ketso et Nenkavu. Rahim s’y couche.

Il pense au refuge de Kama et à cette maison, sans s’en rendre compte-t-il les compare. Il a bien apprécié le plat de ce soir, mais comparé à la nourriture de Kama, ça ne faisait pas le poids. Au refuge la nourriture y était bonne, délicieuse et abondante. Le matelas sur lequel il est couché semble rempli de tiques. Alors que chez Kama les lits très confortables. Dans cet enfer qu’est devenu cette partie de l’Afrique, le refuge était un véritable paradis. Mais il a quitté tout cela, pour ne pas avoir à regretter quoi que ce soit, il se dépêche de dormir. Ce qui est fait est fait. Demain est une autre journée. 

Le lendemain matin, le soleil n’est pas encore levé, qu’il commence à avoir une petite agitation dans la maison. Rokia et deux autres enfants, les plus grands Eyamba et Kamperipa sont déjà debout. Ils se préparent en faisant le moins de bruit possible, mais Rahim au sommeil léger. Il entend du bruit, donc se lève aussi pour voir ce qui se passe une fois au salon, il les croise

Rokia : << oh … on t’a réveillé Rahim ? Excuse nous, nous sortons. Tu peux aller te recoucher >>

Rahim : << le soleil n'est pas encore levé, ou allez-vous ?? >>

Kamperipa : << ne t’inquiète pas, on va juste chercher à manger. Vas te rendormir >>

Rahim les regarde sortir de la maison, armé d’outils comme pour aller dans un champ … Il retourne dormir. Quelques heures Nenkavu vient le réveiller. Après s’être nettoyé le visage, il les suit dans leurs corvées. Des choses comme balayer la maison et la cour. Laver les vêtements. Tout cela dans la bonne humeur, en s’amusant. Voulant visiter un peu cette ville, Rahim essaie de sortir, mais les enfants l’en empêchent. Ils lui disent que Rokia le leur avait interdit et qu’ils devaient juste rester dans la cour. Personne ne devait sortir de là, sans qu’elle ne l’accompagne. Rahim ne comprend pas pourquoi cette interdiction, mais bon, il n’insiste pas et reste à s’amuser avec les autres. Aux environs de midi, Eyamba revient avec de la nourriture pour les enfants. Dès qu'il la leur donne qu’il s’en retourne aussitôt. Rahim demande aux autres ou il va aussi vite ? 

Sholanah : << Il retourne travailler >>

Après avoir mangé ils vont tous faire la sieste sauf Rahim qui lui reste assis à l’entrée de la maison en train d’attendre sagement Rokia et les deux autres. Ce n’est que quand le soleil s’apprête à se coucher qu’il les voit revenir. Une fois au portail, il part récupérer leurs outils. 

Rokia : << gentil garçon >> 

Alors qu’Eyamba et Kamperipa s’en vont se laver, Rahim approche Rokia pour lui poser des questions. 

Rokia : << Tu ne crois pas que tu devrais d’abord répondre à mes questions ? À savoir où est ta famille ? Est-ce que tu t’es perdu ? >>

Rahim ne veut lui parler ni de Kama ni de son refuge. Après tout est-ce qu’elle le croirait ? Qui croirait a une histoire pareil sortant de la bouche d’un enfant ? Il omet certains détails alors et lui dit qu’il vivait dans un bastion qui a été attaqué. C’est en fuyant qu’elle l’a trouvé. Elle lui propose alors de vivre avec eux s'il n’a nulle part où aller. Chose qu’il accepte, vu qu’effectivement il n’a nulle part où aller, et nul envie de retourner au refuge. De toute façon, il ne peut pas, il n’a plus le collier que lui avais remis Kama. 

Rahim : << Est-ce qu’ils sont tous tes frères et sœurs ?? >>

Rokia : << C’est ainsi que je les considère, je les considère comme de mon propre sang>>

Rahim comprend alors qu’elle avait dû les recueillir et décidé de s’occuper d’eux. C’est évident la guerre apporte toujours son lot d’orphelins, lui-même en est un. Ensuite il lui demande si cette ville aussi est un bastion. Elle y répond par la négative. Cette ville est sous la domination d’une milice. Des villes comme ça, petites ou grandes existent partout à Kuzimu. Leurs populations sont obligées de travailler pour les miliciens. Ces derniers abusent de leurs pouvoirs et ce sont les populations qui en paient les frais. Par exemple, les gens de cette ville doivent travailler dans un champ, et dans une usine pas loin. La milice s’enrichit et s’arme grâce aux récoltes des champs et au rendement de l’usine. Quant à la population, son seul salaire, c'est deux repas par jour et le droit de vivre. 

Rahim décide alors de les aider à travailler, puisqu’il va vivre ici il veut se rendre utile. Rokia lui fait savoir qu’il est encore jeune, mais il insiste tellement qu’elle finit par céder. Le lendemain Rahim se met donc en route avec eux vers les champs.

Ce sont d’énormes champs où on ne cultive que du riz, du maïs et des tubercules. Le travail aux champs était dur, très dur et éreintant. Sous un soleil de plomb, ils doivent travailler du lever au coucher de soleil. Avec une pause d’à peine une heure  aux alentours de midi. C’est d’ailleurs de cette pause qu’ils se servent pour envoyer de la nourriture aux autres enfants.

Chose bizarre dans les champs certains travailleurs sont des enfants qui ont le même âge que les petits frères de Rokia qui restaient à la maison, entre 8 et 10 ans. Rahim ne comprenait pas trop pourquoi ces derniers n’étaient pas obligés de travailler. Dans les champs, certains gardes tournaient beaucoup autour de Rokia. Il faut dire que même si elle n’est pas exceptionnellement belle … d’ailleurs après avoir vu la beauté de Kama, quelle femme pourrait encore surprendre Rahim? Néanmoins, Rokia a des formes qui ne laissent personne indiffèrent. Rahim s’est plusieurs fois surpris à être excité quand elle sortait de la douche le corps mouillé vêtu d’un simple pagne. 

Néanmoins, Rokia réussissait tant bien que mal à esquiver les gardes. Souvent certains venaient à la maison avec des cahiers et des bics, s’entretenir seul à seul avec elle. Sans doute pour la courtiser se disait Rahim. Quand cela arrivait les enfants devaient aller jouer dehors dans la cour. Toute façon ce n’était point important. À eux quatre, Rokia, Eyamba, Kamperipa et lui, ils travaillaient suffisamment dur aux champs et à l’usine pour les permettre de subvenir à leurs besoins. Rahim ne se plaignait pas du travail, jamais il ne s’est plaint. Il travaillait durement dans les champs, souvent il partait aider l’un des grands à l’usine. D’après ce que lui a dit Eyamba, cette usine servait à empaqueter les aliments qui étaient ensuite expédiés un peu partout dans Kuzimu. Le propriétaire doit certainement faire énormément de profits, étant donné qu’il ne donne pas de salaire aux employés qui sont nombreux à travaillés dans cette usine. Ils le font parce qu’ils n’ont pas le choix. Soit ils travaillent soit ils meurent. Ils se contentent des deux repas par jour qu’ils peuvent obtenir en travaillant sous la menace de la milice. Le chef de cette milice reçoit une belle somme de la part du propriétaire pour les employés qu’il lui livre.


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