Loan
Ecrit par Saria
***Maïté***
Hello world ! J’espère que vous allez bien. Je suppose
que je vous ai choqué avec ma révélation mais pardon il y a longtemps que je ne m’excuse plus pour
mon boulot. Il y a également longtemps que je ne m’apitoie plus sur mon sort,
il y a longtemps que le regard des autres et leurs avis hypocrites m’importent.
Je vis ma vie, je la vis pour mon fils. Eh oui ! Mon Loan ma raison de
vivre est comment dire un enfant particulier. Je vais vous raconter mon histoire, pas pour que vous ayez pitié ou pour que vous revoyiez votre jugement (pour ceux qui me jugent), mais pour... pour...bref je ne sais pas...
A 18 ans j’étais en formation dans un institut de beauté, le
plus grand de Cotonou, vous savez celui près du restaurant le Berlin à Ganhi. Mon chemin a
croisé celui de Charles de presque 10 ans mon aîné. Cela m’importait peu
puisque je l’aimais de toutes mes forces et que notre idylle était parfaite. Il
lui arrivait d'être absent (pour le boulot disait-il) mais cela n'avait aucune importance puisque quand il était là il m’emmenait partout avec lui. Il
avait loué un bel appartement pour moi en plein centre-ville et on y vivait.
Tout s’est arrêté le jour où, toute heureuse, j’annonce à mon bien-aimé que j’attendais un enfant. Il est entré dans une rage folle, me sommant d’avorter ou tout finirait entre nous. Plus tard, j’ai compris que monsieur était bien marié et ne voulait pas de problèmes. Il me fit un gros chèque pour mettre fin à ma grossesse mais je n’ai pas pu, alors j’ai déménagé et m’étais refermé sur moi-même. C’est à cette époque que je fis la connaissance d’Anya. Elle était comme moi sans personne, elle venait d’être mise à la rue par les enfants de son défunt époux, soit dit en passant des enfants qu’elle a élevé et éduqué.
J’ai eu mon bébé et Charles a quitté définitivement ma vie. Mon enfant grandissait et moi à force de petits boulots j’ai fini ma formation et j’ai eu mon diplôme. Mais c’est quand il eut trois ans que j’ai réalisé que quelque chose n’allait pas. Mon fils donnait l’impression d’être ailleurs, comme dans son monde. Il ne parlait pas beaucoup mais pouvait piquer de grosses crises de colère et cogner sa tête contre le mur. Les changements l’horripilent et il ne supportait pas les bruits forts. Les médecins me disaient qu’il était juste timide, certaines personnes bien intentionnées me racontaient que c’est peut-être parce qu’on ne lui aurait pas fait toutes les cérémonies à la naissance. Tout compte fait c’est en suivant un documentaire à la télévision que je réalisai le mal dont souffrait mon fils.
Je décide alors de prendre un rendez-vous d’urgence chez le pédiatre qui nous suivait. A lui j’ai raconté ma découverte. Il m’exhorte au calme et nous oriente vers un spécialiste le verdict tombe implacable : Loan est autiste. S’il est suivi et avec une bonne hygiène de vie, il pourrait s’en sortir et avoir une vie normale…Mais c’est onéreux.
J’ai contacté Charles qui m’a éjecté comme une malpropre et m’a conseillé je le cite « Fous-moi la paix ! Fais comme tu veux, vends toi si tu veux pour soigner ton taré mais ne reviens plus jamais me voir». Je l’ai pris au mot, c’était la seule option que j’avais mais comme en toute chose nous avons le choix j’ai décidé que les hommes qui s’approcheront de mon corps devront payer le prix fort !
J’entends des coups frappés à la porte de ma loge et je sors de ma rêverie. C’est Rick, il vient pour qu’on fasse le point de la soirée avec les saoudiens. Aujourd’hui c’est ma journée off, je ne travaille pas au Club. Pourtant ma journée est bien chargée...En fait je me suis engagée comme bénévole dans le centre Mimosas qui accueille, encadre et éduque les enfants autistes. Il y a deux ans j’ai validé mon diplôme d’éducatrice spécialisée en France. J’ai fait l’essentiel des cours par correspondance et j’y suis allée pour les examens finaux. Cela a coûté une fortune ! Mais le plus dur c’était quand je devais laisser mon fils derrière moi ! Mais il le fallait, j’ai compris que pour bien m’en occuper mon instinct de mère à lui seul ne suffirait pas.
Rick : Hey tu me vois ?! Ohé la terre à Maïté !
C’est le seul qui connaissait mon vrai nom et c’est le seul qui savait pour Loan.
Moi : arrête de faire le malin et donne-moi mon chèque
Rick : Hum vas là-bas tes yeux changent quand on parle argent
Moi : Han ! Ce n’est pas toi qui dis toujours que les bons comptes font les bons amis ?
Il me tend un chèque, je regarde, il y avait assez de zéro là-dessus comme je l'espérait, avec le pourboire donné par le saoudien avec qui j’avais passé la nuit c’était juste parfait. Je range mes affaires attrape mes clés, fais un smack à Rick et file. Je risque d’être en retard si je ne me dépêche pas !
Je me gare devant la maison presque en catastrophe, histoire de récupérer Loan. Je rentre toute essoufflée et je vois mon bonhomme qui m’attendait sagement dans le séjour.
Moi : Coucou chéri ! Tu es prêt ?
A cause de sa maladie je ne m’attends pas forcément à une réponse mais je m’évertue toujours à lui parler comme le gamin de 10 ans qu’il est. Quelle ne fût pas ma surprise de l’entendre débiter clairement.
Loan : Maman tu es toute belle!
Je lève les yeux vers Anya pour être sûre que je n’avais pas rêvé, les larmes dans ses yeux me précisent que non. Alors je me penche tout doucement sur mon fils pour l’embrasser sur le front pourtant j’aurais adoré le serrer fort contre moi pour cet exploit mais je me retiens. Il ne supporte pas les marques d’affections trop physiques. Ce n'est pas grave mais c’est pour des moments comme ça que je me bats.
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