L'Université
Ecrit par YadRosa
Marrakech, Maroc...
- Eh la balaise ! Pousse toi de mon chemin !
- ...
- T'es sourde ou quoi ?
Le jeune homme qui parle pousse la fille qui est devant lui et elle manque de tomber, secourue par deux bras solides.
- Dorénavant, enfonce toi bien ton putain d'appareil dans l'oreille ! s'écrit le jeune homme qui l'a poussé en s'éloignant.
Un groupe de jeunes étudiants se met à rire aux éclats.
La jeune fille se redresse, surprise passée. Elle réajuste son appareil auditif et remercie son sauveur avant de s'éloigner à la hâte...
...
Pourquoi me regardez vous ? Vous allez vous moquer aussi de moi c'est ça ? Non ? Ça me soulage un peu. Je me présente à vous alors. Je me nomme Kenza Talbi. Marocaine, dix neuf ans. Je fais un mètre soixante cinq pour cent deux kilos. Hum, je peux déjà entendre vos murmure du genre, "dix neuf ans et cent deux kilos ? ", " Putain mais elle est balaise ! ", " C'est quoi cette face horrible ? " etc, etc.
Oui, c'est vrai, je ne ressemble pas à Cendrillon ou à Beyonce. Encore moins à ces tops modèles qui se pavanent chaque jour ici à l'université. Moi je suis juste Kenza. La fille la plus moche et la plus isolée de l'université. Je n'ai pas d'amis encore moins de petit ami.
On se moque de moi partout où je passe non seulement parce que je suis grosse mais aussi parce que j'ai du mal à vite entendre ce qu'on me dit. Je suis à moitié sourde et je suis obligée de porter un appareil auditif tout le temps. C'est ma vie en résumé. Le reste, vous l'apprendrez avec le temps.
Je me lave le visage et je sors des toilettes des filles de ma démarche lente. Les moqueries, je les rencontre presque tous les jours et bah, j'ai fini par m'y habituer. Même si ça fait mal, j'encaisse en silence. Que faire d'autre de toute façon ?
Je croise Stanley qui lui sort des toilettes des garçons. Stanley Miller. L'etudiant le plus craquant de tout l'université. C'est lui qui m'a retenu lorsqu'Ilban m'avait poussé tout à l'heure. Si seulement...
Tête baissée, je me presse de sortir dans la cour mais il m'interpelle.
Stan : Kenza !
Je me fige un moment et me retourne ensuite très lentement. Dieu qu'il est beau... avec des muscles si... aouch !
Il s'approche de moi de sa démarche de mannequin. Je manque de fondre sur place. C'est la première fois que quelqu'un veut vraiment me parler. Je veux dire que la plupart du temps c'est pour se moquer de moi et de mes lunettes d'Harry Poter.
Stan : ça va ? Tu ne t'ai pas fait mal tout à l'heure ?
Je le regarde sans trop savoir si je dois dire oui ou non.
Stan : Ehoo, Kenza !
Moi : hum, hum ? Ah oui. Je...au fait... euh... ça va, ne t'inquiète pas.
Je me retiens de lui sourire parce que mes dents ne sont pas vraiment beaux à voir.
Stan : ok. À plus alors.
Il finit à peine de me parler qu'un groupe de jeunes basketteurs se précipite vers lui en me bousculant.
J'avais oublié de vous dire que Stan est capitaine de l'équipe de basket de l'université. En plus d'être brillant comme élève bien sûr...
Voix : what are you doing here nigga ? Le coach demande à te voir.
Stan : OK. On y va.
Ils se retournent et au moment de partir, je vois plusieurs d'entre eux me lancer des regards méprisants. Plus précisément Ricardo, le cousin à Stan. Je les laisse sortir avant de faire pareil. Le mieux serait que je rentre chez moi. J'en ai assez pour aujourd'hui.
(...)
Moi : hi Mom !
Maman : hi mon coeur. Déjà rentrée ?
Moi : wep...
Je me dirige vers la cuisine d'où émane une bonne odeur. Je fais un bisou sur la joue de ma mère et je prends place sur une chaise. Elle me parle tout en continuant à s'affairer avec ses fourneaux.
Maman : c'était comment aujourd'hui ?
Moi : bof, la routine !
Elle se tourne vers moi et me regarde avec tristesse.
Maman : ça changera un jour ok ? Soit juste forte et accepte toi comme tu es.
Moi : impossible maman. Ça ne changera pas ! Je n'aurai jamais d'amis et tout le monde se moquera toujours de moi !
Maman : ne dis pas ça Keni !
Moi ( hurlant) : c'est pourtant la vérité !
Je me lève et je me précipite dans ma chambre. Je ferme ensuite à double tour. J'envoie valser au loin mon sac et j'ouvre une boîte dans laquelle il y'a un tas de sucrerie. Je choisis une grosse tablette de chocolat que je me mets à manger rageusement en versant de chaudes larmes.
~Stanley Miller~
Moi : mec, tu délire ou quoi ? Vous délirez tous bon sang.
Voix 1 : ne fais pas la victime. Tu faisais quoi avec cette fille dans les toilettes ?
Moi : on ne faisait que discuter, rien de plus. Et d'ailleurs, qu'est ce qui pourrait bien se passer entre Kenza et moi hein ? Tell me !
Voix 1 ( ton railleur) : je ne sais pas moi ! Mais je suis sûr que Merry ne sera pas très contente si elle apprend que tu communique avec ce genre de fille. Plutôt que tu en pince pour une autre fille...
Moi : écoutez, vous commencez sérieusement par me taper sur le système là. Je n'ai absolument rien à faire avec Kenza et d'ailleurs ce n'est pas mon genre de fille. Elle beaucoup trop...
Voix 2 : balaise ?
Mes potes éclatent de rire. Ce ne sont que des idiots.
Voix 2 : que diriez vous si on faisait un jeu ?
Voix 3 : lequel ?
Voix 2 : un pari !
Moi : un pari ? Nous allons parier sur quoi ? Et pourquoi ?
Il me lance un regard moqueur et baisse le ton.
Voix 2 : je propose que tu charme la petite Kenza et que tu te la fasse le soir du bal de fin d'année.
Moi : non mais are you mad ? Je suis fiancé mec, t'as oublié ?
Voix 4 : moi je trouve ça cool. Je suis sûr que la fille flash déjà sur toi. Ça ne sera qu'un jeu d'enfant !
Voix 2 : wai. Ça sera excitant je crois !
Ils éclatent encore une fois de rire. Excédé, j'essaie de me lever mais l'un d'eux me retient et je me rassied.
Voix 2 ( chuchotant à mon oreille) : écoute Stan, ce n'est qu'un jeu. Mais bon, si tu le fais je t'assure que Merry ne saura pas que tu l'as fait juste marcher.
Moi ( hurlant) : c'est du chantage ! Tu me fais chanter Rick ? Are you serious ?
Voix 2 ( à haute voix) : à toi de voir mon vieux. C'est ça contre mon silence. Ou bien les gars ?
Tous les autres le soutiennent en poussant des cris de loup.
Voix 1 : alors Stan ?
Moi : je vous encule tous !
Voix 2 : on en reparlera Stan ! Et je sais que tu le feras !
Je lui lance un regard noir alors qu'il s'éloigne avec le reste de l'équipe de basket, qui sont aussi mes potes. C'est dans quel merdier je me suis embarqué ? putain !
Stanley Miller, est mon nom. Étudiant en Gestion des ressources humaines, Master. Je suis Anglo-marocain. J'ai vingt deux piges et je peux dire que je suis très beau gosse. Avec mon teint caramélisé, mes un mètre quatre vingt cinq, des muscles où il faut et un visage angélique, j'avoue que je fais tomber plus d'une femme à mes pieds. J'ai du charme c'est vrai mais je ne l'utilise pas n'importe comment. Comment dire ça terre à terre ? Je ne suis pas un play-boy...
Ça me ferait plaisir de continuer à discuter avec vous mais j'ai vraiment mal à la tête après ce que mon cousin Rick vient de dire. Il faut que je réfléchisse à ce que je vais faire ou mes parents ne me pardonneront jamais...