Ma vie, mes choix.

Ecrit par Badgalkro

Hélène AKOA


Je ne me présente plus. Vous savez tous que je suis la mère de Zandra et Gabriel. Mais est-ce que vous me connaissez vraiment?

J'ai connu le père de Zandra quand j'avais 18 ans. À l'époque, nous vivions au Gabon. Mon grand-père avait quitté le Cameroun pour s'installer au Gabon en tant que marchand. Il vendait les tissus pagne et ça lui rapportait beaucoup d'argent. Contrairement aux autres, il avait une seule épouse ma grand-mère et se consacrait uniquement à son bien-être et celui de son fils. Oui, ils n'avaient eu qu'un seul fils; Mon papa.  Étant donné que mon grand-père avait construit une très grande maison, quand mon père a épousé ma maman, il lui a proposé de rester vivre dans sa concession. Ainsi, ils pourraient mieux fructifier l'entreprise familiale. Ils se sont installés et un an plus tard, ma sœur jumelle et moi sommes nées.

Quand  nous avons eu 17 ans, nos parents nous ont autorisé à aller vendre dans la boutique. Un jour alors que je venais remplacer ma sœur (Élise) à la boutique, je l'ai surprise avec un jeune homme. Je me suis cachée et j'ai écouté leur conversation. Ils fleurtaient. J'ai donc décider de garder cela pour moi seule. Je le trouvais tout de même beau, et charmant. Entre temps, j'avais continué à les épier, à les suivre, à écouter leur conversation quand j'avais l'occasion. Le voir la chouchouter me rendait jalouse. J'avais toujours envié Élise. Et quand je voyais les garçons s'intéresser plus à elle qu'à moi, ça m'énervait. Du coup, comme un renard, j'ai tissé mon plan et j'ai saisi ma chance lorsqu'elle s'était présentée. J'avais fait tout mon possible pour qu'elle soit occupée à la maison pour ne pas sortir. Alors je suis allée à la boutique et quand il est venu à la fermeture pour raccompagner Élise à la maison , je lui ai dit qu'elle n'avait pas travaillé aujourd'hui. Je lui ai tout de même servi une petite potion dans de l'eau à boire. Elle a rapidement fait effet car quand j'ai commencé à lui faire des avances , il a succombé et nous avons fait l'amour dans l'arrière boutique.

2 mois plus tard, je me suis retrouvée enceinte de lui (Elvis). Lorsque ma mère a su, elle a informé tous les membres de la famille et ils ont exigé de connaître l'auteur. Ma sœur était effondrée surtout que  lors de la confrontation devant la famille , il a avoué avoir entretenu des rapports avec moi. Cependant, il jurait qu'il ne m'aimait pas, c'était un moment d'égarement et la seule pour qui il avait des sentiments c'était Élise.

Dans l'incompréhension et le choc, mon père nous a chassé de la maison. Il a été clair, et ne supportait pas la peine que je venais de causer à la famille. Ma grand-mère et ma mère lui avaient demandé de ne pas agir de la sorte mais son chagrin était très fort pour qu'il continue à me regarder sans avoir envie de me coller des gifles.

En bon garçon, Elvis m'a ramené à Yaoundé au Cameroun avec lui. Dans ma tête je savais bien que c'etait parce je ressemblais à celle qu'il aimait, aussi pour son bébé qui grandissait dans mon ventre et nullement pour ma personne. Il ressentait juste de la pitié pour moi et m'en voulait de l'avoir drogué pour les séparer.

Lorsque Zandra est née, il n'avait d'yeux que pour elle. Une fois de plus j'étais jalouse. Un jour je l'ai menacé de m'enfuir avec le bébé s'il continuait à me traiter comme un meuble. Je pouvais compter le nombre de fois qu'il m'avait touché depuis notre arrivée au Cameroun.

Quand elle a eu trois ans, il a acheté un terrain, a construit et  s'est acheté un camion pour recommencer à transporter de la marchandise pour le Gabon. Je n'étais pas trop emballée par cette idée. Cela voulait dire qu'on passerait du temps sans le voir et on les connaissait ces routiers de ligne, toucher à tout ce qui bouge. Bref..

Son travail l'accaparait, du moins c'est ce qu'il me disait. Il nous couvrait de cadeaux certes mais au fil du temps il ne me touchait plus. Je  me défoulais  sur la petite en la frappant car ça m'énervait. J'avais donc décidé de le suivre au Gabon pour voir ce qu'il y faisait pendant 2 semaines entières. J'ai confié Zandra à une voisine et je me suis mise en route.

Arrivée sur place, j'ai mené mes enquêtes et il s'avérait qu'il sortait avec ma sœur jumelle Élise. Mon cerveau avait disjoncté, je crois un boulon avait carrément sauté dans ma tête.  Un soir, je me suis rendue dans la concession familiale mais comme piquée par le diable, je n'agissais que par haine et j'ai mis le feu à la maison avant de m'enfuir pour le Cameroun directement.

Elvis est rentré en m'annonçant la nouvelle selon laquelle tous les membres de ma famille avaient péri dans un incendie. Ça ne m'intéressait pas je voulais juste qu'il reconnaisse m'avoir trompé avec ma propre soeur. S'en était suivie une grosse dispute pendant laquelle il me disait comment il me méprisait, qu'il ne m'aimait pas et ne m'aimerait jamais. Ses mots m'ont déchiré le coeur et si je ne l'avais pas, personne n'allait l'avoir. J'avais entendu qu'il soit de dos pour l'assomer à coup de bois sur la tête jusqu'à ce que mort s'en suive.

La haine ne m'a plus quitté et j'ai dû vivre avec elle.

Il s'est passé ce qu'il s'est passé, j'ai eu Gabriel avec un libanais qui n'a pas voulu s'en occuper. Je les ai quitté car j'avais bien vu que je ne leur apportais rien .

Je me suis prostituée dans les maisons Closes, j'ai vendu mon corps pour un morceau de pain. Et un Jour, alors que je passais devant un magasin, j'ai reconnu ma fille sur une affiche de produits de beauté. Elle avait donc reussi, elle était très belle. J'ai eu un pincement au coeur et je me suis mise à la chercher. Je suis répartie là où je les avais laissé son petit frère et elle. J'ai su qu'elle sortait avec un homme plus âgé qu'elle, qu'elle voyageait beaucoup. C'est quand le Ministre BELL est décédé que mes yeux se sont posés sur mes enfants. En retrait et cachée, je les observais. J'enviais mes enfants, cette vie qu'il menait devrait être la mienne. Ils me la devait car c'est de mon vagin qu'ils étaient sortis.

J'ai patienté autant que j'ai pu, le bon moment pour me présenter à eux. Il le fallait.

Ma première tentative a échoué, Zandra a refusé de me laisser entrer dans leur vie.  Mais je ne devais pas me laisser  faire. Gabriel je ne le connais pas vraiment et il me semble inaccessible. Du coup, je vais passer par Zandra. Cette fois, elle  me laissera entrer, même sans le vouloir. 


Quand je traverse le portail, mes yeux tremblent. La dernière fois on  m'avait fait comprendre qu'ils avaient vendu la maison. Mais après les avoir suivi, j'ai su que la maison nouvellement construite leur appartenait. Elle avait récupéré le titre foncier de son père, la petite futée. En tout cas, vue de l'extérieur elle est très grande et très belle. Elle a exploité tout le terrain.

J'appréhende sa réaction mais mes larmes doivent l'emouvoir. Quand elle se met à gueuler en me demandant de sortir de chez elle, je fonds en larmes devant elle en me mettant à genoux. Je la supplie dans l'optique qu'elle s'approche et quand c'est le cas, je m'accroche à elle.

Quelques instants plus tard, elle n'est plus si agressive et nous finissons en larmes toutes les deux sur le gazon. Nous faisons presque 30 minutes là dans la cour, elle me dit comment je l'ai traumatisé, qu'elle vit avec des séquelles, qu'elle m'a détesté de tout son coeur. Je l'écoute en m'excusant de tout mon possible, je sais ça ne me ressemble pas mais mais je dois le faire.

Le soleil pointe, elle me demande de la suivre à l'intérieur pour continuer la discussion. Un moment après le portail s'ouvre et elle dit que c'est Gabriel. Mon coeur s'emballe. Je ne sais pas comment il va réagir.

Il passe, il me voit, il n'en fait pas cas. D'après ses dires il va dormir. Je ne me laisse pas démonter. Dans mon attitude, Zandra comprend que je ne suis pas prête de partir. Elle me dit qu'elle va faire à manger, s'excuse et me laisse toute seule. Ça lui prend environ 1h et elle revient avec un plateau pour moi et va s'asseoir en face de moi. On continue quand même la discussion jusqu'à ce que nous entendions des pas sur les escaliers.

Une fois de plus il veut s'en aller mais Zandra le retient. Il ne me regarde pas. Je le regarde échanger avec sa sœur. Elle a de l'autorité sur lui, c'est déjà ça. Quand il insiste pour s'en aller, je l' interpelle en le suppliant de m'accorder un instant.

Gabriel : JE NE SUIS PAS TON FILS. N'OSE PLUS JAMAIS M'APPELER MON FILS, C'EST CLAIR?

ça me fait sursauter...

Oui, avec lui ça va très compliqué.

Il ne veut rien savoir et me trimballe dans la cour où il me balance comme un sac de patate. Mes larmes doivent les émouvoir, je ne me retiens pas. Sans l'aide du  gardien, il m'aurait sans doute bastonné. Il a mal je le sais  mais ils vont devoir me prendre avec eux..

 Ils ont pas le choix 

VICTIMES DE CIRCONST...