MAMAN KEVIN

Ecrit par Hübsch

Femme, courageuse, fervente, splendide avec des formes arrondies. Elle représente la femme africaine, aimable, douce, soumise et battante. Son nom c’est Maman Kevin, marié à Paul avec lequel elle eut trois merveilleux enfants : Kevin, Rosine et Chichou. Comme toutes les femmes, la vie lui a donné beaucoup de coups mais elle est toujours debout. Elle a traversé des situations insupportables, des tempêtes, mais elle ne baisse pas les bras pour autant. Elle ira jusqu’à perdre sa fille Rosine au profit d’un simple paludisme mais elle reste forte. Voici l’histoire de Maman Kevin du Togo ,mais aussi l’histoire de toutes les femmes africaines qui se battent pour un lendemain meilleur, toutes ces femmes qu’on oublie souvent de remercier, ces femmes dont les efforts ne sont pas reconnus, mais qui pourtant nous portent haut parfois même au détriment de leur propre bonheur. Grand est le sacrifice des femmes, de nos mères, nos sœurs, nos filles…… Femmes, ces supers héros dans l’ombre.

Après avoir passé toute la journée à se promener sous le soleil chaud, sans rien manger dans l'espoir de vendre quelque chose, maman Kévin rentre à la maison toute fatiguée et soucieuse avec sa marchandise de friperies. Le matin elle vend de la bouillie, l'après-midi elle se promène avec la friperie et le soir elle vend des chips d’igname frites. Comme toutes les femmes togolaises, c’est une battante. Tout cela pour pouvoir joindre les deux bouts parce que PAUL que tout le monde appelle papa Kévin est au chômage depuis des années. Après avoir obtenu une licence en droit, il déposa sa candidature dans plusieurs entreprises et cabinets sans réponse. Cela n'étonnait personne au début vu le taux de chômage au TOGO. Mais, plus le temps passait et plus ses chances de trouver un jour du boulot devenaient minimes, parce qu'il prenait de l'âge et qu'il était resté trop longtemps sans rien faire. De désespoir en désespoir, il se laissait mourir à petit feu. Son quotidien consistait à se retrouver auprès des vendeuses d’alcool ou de boisson locale avec d'autres jeunes et vieux du quartier qui comme lui n’avait rien à faire à part se soûler. Des fois, il buvait même à crédit et c'était encore à sa pauvre femme de venir payer ses dettes. Quand est ce que cette situation s'améliorera ? Entre trois activités maman Kevin n’arrivait pas toute seule à supporter en plus de ses 3 enfants; son mari. Mais elle gardait la foi que le Seigneur ne la laisserait pas mourir pauvre.Fervente chrétienne, elle répétait que le temps de Dieu était le meilleur, ce qui avait le don d'énerver encore plus son mari. Comment pouvait-elle Rester si optimiste quand tout allait mal ? Où est ce Dieu qu'elle loue qui les a abandonnés depuis des années ? Qui a toujours été silencieux quand ils ont pleurés vers lui ? Il a cessé de croire en cet homme il y a longtemps. Depuis que Rosine leur petite fille de 2 ans a perdu la vie faute de moyens, parce qu'il n'avait pas assez d'argent pour les soins à l'hôpital. Parce que les docteurs ont exigés de voir l'argent avant de lui offrir un quelconque soin. Quel est ce pays ou l’argent devient plus importante qu’une vie, de surcroît celle d’un enfant. Ce jour-là il a eu honte d’être appelé togolais. Oui elle s'en est allée, très jeune et innocente emportée par cet affreux ennemi, le paludisme. Ce fut le coup fatal à sa foi. Il a alors décidé de cesser de perdre son temps dans les églises à la recherche d'un quelconque espoir. Il préfère s'habituer à sa nouvelle vie et de se dire que les choses resteront désormais comme ça alors vaux mieux s’adapter. Il a décidé de vivre au jour le jour. Alors chaque matin il se lève très tard, mange, parcourt le journal à la recherche de numéros loto à jouer. L'après-midi il joue au Ludo avec les vieux du quartier, le torse nu et le ventre en l'air. Le soir lorsqu'il réussit à trouver un peu d'argent, soit parce qu'ayant pitié de lui quelqu'un lui en a donné, ou parce que quelqu'un plus jeune que lui après l'avoir traité comme un domestique lui en a fait cadeau, il se dirige chez la vendeuse d’alcool. Lui le client fidèle, pour s'en gaver à s'en soûler et pour en payer à ses amis. Il n'y a que là-bas qu'on lui accordait encore un peu d'estime mais seulement quand il ne paye pas à crédit. Alors il joue au frimeur avec son pauvre billet de 1000 francs. Une fois qu'il est assez soûl, où qu'il ne lui reste plus de sous, Il rentre chez lui les poches vides, plein de sueur pour se régaler du pauvre plat de sa femme, pour déverser sur tout le monde sa frustration et pour remplir son devoir conjugal. Parce que c'est tout ce qui lui reste de divertissant à faire. Un soir maman Kevin eu droit à des coups parce qu'il l'a surprise en train de prendre des pilules de planification familiale. Ce n'était pas du tout facile de prendre soin de la famille, elle ne voulait pas que ce qui est arrivé à sa petite Rosine se reproduise. Il n'était pas question de faire venir au monde un enfant dans cette souffrance. Une bouche de plus à nourrir. Elle n'aurait pas la force de le supporter. Elle est déjà presque à bout de porter tout ce poids toute seule. Toutes ces tentatives pour pousser papa Kévin à chercher un boulot moins confortable pour l'aider un peu se sont soldées par des échecs. Pour lui il n'était pas question de s'abaisser à faire un travail d'aide maçon ou quelque chose d'autre d'humiliant. Il avait une licence après tout.Alors il l'a roué de coups. Il ne voulait plus jamais entendre parler de pilules dans cette maison. Maman Kevin ne s'est pas découragé pour autant. Elle a plutôt opté pour une injection. Au moins elle n'avait pas à le payer puisque les ONG s'en sont occupées. Au moins comme ça elle ne courait plus aucun risque. Si cela ne tenait qu'à elle seule elle ne remplirait pas son devoir conjugal. On ne peut pas non plus lui en vouloir. Qui en serait ravie dans cette situation ? Elle est tellement fatiguée chaque soir et ça fait longtemps qu'elle n'y prend plus aucun plaisir. Elle se demande même comment papa Kévin pouvait se coucher sur elle en toute quiétude, soûl ou non. Mais elle préfère ne pas se plaindre. Elle ne voulait surtout pas le contrarier. Après tout en Afrique il faut toujours respecter son mari et se plier à ses souhaits quel que soit les situations même s'il ne contribue pas à l'argent de la maison et qu'il est complètement inutile. Oui inutile parce qu'il pourrait au moins aider à la maison pour alléger la tâche de sa pauvre femme. Maman Rosine sort chercher de l'argent, revient laver les enfants préparer le repas, laver les habits, nettoyer la maison, puiser l'eau avant de s'apprêter pour aller vendre le soir. Une fois elle a essayé de le lui demander gentiment "Papa Kévin, s'il te plaît pourrait tu laver Chichou et la mettre au lit, pour que je me repose un peu ? La journée était tellement dure aujourd'hui. Je suis très fatiguée.". La réponse qu'elle a reçue l'a empêché de répéter sa bêtise. "Tu crois que parce que je ne travaille pas, je vais devenir ta domestique à tout faire ? J'ai épousé une femme pour que ce soit moi qui lave les enfants ? Tu veux me rabaisser plus que je le suis déjà mais je ne vais pas te le permettre. Attends-moi le soir tu verras ce que je vais te faire. Reste là-bas pour que je vienne la laver. Regardez-moi ça. N'importe quoi comme ça. "

Ce jour-là maman Kevin eut mal, tellement mal que quand Chichou pleurait pour qu'elle lui mette sa poupée au dos et que Kévin faisait la tronche qu'il voulait manger autre chose que ce qu’elle avait cuisiné, elle failli craquer. Alors elle quitta la maison comme une folle, laissa ses deux enfants là et se rendit à l'église pour pleurer à la vierge Marie. Elle pleura toutes les larmes de son corps, elle n'en pouvait plus. Elle supplia la vierge de faire quelque chose dans sa vie, de lui venir en aide. Pas pour son ingrat de mari mais pour elle et ses enfants. Le soir elle retourna se coucher après avoir donné à manger aux enfants et fit mine de ne pas bien se sentir. Elle redoutait la bastonnade qui l’attendait mais heureusement pour elle, le soir-là, papa Kévin était trop soul pour faire quoi que ce soit. C’est des jours comme ça que maman Kévin  se réjouissait de le voir rentrer soul. Ces jours-là elle avait un semblant de paix avec ses enfants.

 Deux semaines plus tard, maman Kevin cherchait la somme de trente mille qu'elle avait caché sous son lit pour payer l'écolage de Kévin parce que celui-ci avait été renvoyé de l'école faute de non-paiement de scolarité. Elle fouilla, encore et encore mais rien. La chambre était vide, et il n'y avait aucune trace de l'argent. Elle failli perdre sa tête. Elle se mit alors à chercher son mari chez les vendeuses d’alcool du quartier, son pagne noué à la va vite et le soleil lui brûlant le visage. Elle le retrouva enfin entrain de frimer à son habitude avec des billets neufs de 10 mille. Non pas ça, pas son pauvre argent, ses économies, elle failli s’évanouir de douleur. Avant de dire mot elle lui arracha le seul billet qui lui restait en main. Il avait déjà tout dépensé. Elle savait qu'une fois qu'ils seraient seuls il lui fera payer son insolence mais elle s'en foutait. C'en était de trop, c'était son argent, ses efforts, sa souffrance. Et elle ne pouvait pas comprendre comment le seigneur avait pu lui donner un mari pareil, inconscient et égoïste. C'était la goutte d'eau qui débordait le vase. S'il osait encore lever la main sur elle cette fois ci elle le quitterait et irait se débrouiller avec ses enfants. Elle partirait et le laisserais seule. Elle qui autrefois était belle et rayonnante avec un teint clair. Elle pour qui se battait les garçons de son quartier. La voilà devenue toute moche à cause de la souffrance et son teint a fini par noircir à force d'être exposé au soleil. Voilà ce qu'elle est devenue parce qu'elle est tombée amoureuse du mauvais gars. Parce qu'elle a cru au conte de fée qu'il lui promettait. Il était charmant, charmeur et elle est tombée sous son charme.

Le soir au retour de papa Kévin, les valises étaient déjà prêtes. Maman Kevin était assise dehors, la tête soutenue par son bras gauche. Après avoir réfléchi toute la journée elle avait pris sa décision.

Il était sans doute soûl après avoir dilapidé l'argent toute la journée. Il la regarda une pointe de dédain dans le regard et se mit à l'interroger.

-"Hey! femme qu'est ce qui se passe ici? Que font les affaires dehors et pourquoi les enfants ne sont pas encore couchés?"

-"Paul je n'en peux plus. Je vais rejoindre mes parents au village avec les enfants. Nous partons demain matin. Nous t'avons attendu pour te prévenir."

Dans un instant elle crut déceler un état de sobriété.

-“Mais si tu veux partir, pars. Qui t'en a empêché. Tu penses que je t'aime ? Je t'ai juste épousé parce que tu faisais trop le show dans le quartier. Façon dont tu te dandinais avec tes belles paires de fesses là. Ah la belle époque ! La porte est grandement ouverte. Qui te veux même avec tes seins sous forme de chaussettes et ton visage de sorcière. Moi je te tolère juste parce que je n’ai pas vraiment le choix. “

Maman Kevin était choquée par ce qu'elle venait d'entendre. Elle a encore pleuré toute la nuit mais elle n'a rien répondu. Elle est juste restée dehors toute la nuit à réfléchir. Qu'à t'elle bien pu faire pour mériter ça après dix années de mariage. C'était décidé, elle rentrerait chez ses parents. Elle n'eut pas la force de retourner dans son lit cette nuit-là. Elle étala une natte au dehors mais ne réussit pas à fermer l'œil de la nuit. Le matin très tôt elle se leva, balaya la cour comme la bonne femme qu'elle est. Elle donna le bain à Chichou et l'habilla. Elle coiffa le petit Kévin et sortit les valises. Elle rentra dans la chambre pour réveiller son mari. Il était temps de partir. Monsieur se réveilla grognon parce qu'il était trop tôt pour qu'on le réveille.

"Oui Tu me veux quoi encore?"

"Nous partons pour le village."

Il se souvint alors de ce qu'il avait dit hier mais fit comme s'il ne savait pas de quoi elle voulait parler. Alors maman Kevin prit son sac et s'apprêtait à partir quand même quand il sauta hors du lit et se jeta à ses pieds. D'une main ferme il tenait ses pieds et la suppliait de ne pas le laisser. Il versa de chaudes larmes et lui disait qu'il était incapable de vivre sans elle. Qu'il était soûl et qu'il ne pensait pas les bêtises qu'il a dites. Qu'elle ne pouvait pas le séparer de ses enfants. Qu'il était vraiment désolé pour tout et qu'il allait changer.

Maman Kevin pensait que c'était plutôt lorsqu'il était soûl que la vérité sortait de lui. Oui elle connaissait bien son mari mais c'était le père de ses enfants et après tout ce qu'ils ont traversé ensemble, il méritait une deuxième chance. Ceci ne pouvait pas être la fin de leur histoire. Alors elle le pardonna et elle ramena ses affaires à l'intérieur de la maison. Avait-il fait cela parce que sans elle il n'aurait pas de quoi se nourrir ? Était-ce par égoïsme ou vraiment par amour ? Lui seul le savait.


**

Deux ans plus tard les choses se sont un peu améliorées. Il ne la tapait plus et il essayait de l'aider. Le soir il l'aidait à éplucher les ignames et à servir les clients. Les gens l'avaient surnommé kolikoto (qui veut dire en langue locale vendeur d’ignames frites). Cette manie que les Togolais ont de vous appeler en fonction de votre métier. Au début ça le dérangeait mais il s'est habitué. Ce n'était pas si pénible que ça. Il jouait toujours au Ludo et traînait chez les vendeuses d’alcool mais il rentrait chaque soir aider sa femme. C’est maman Kevin qui était la plus heureuse, elle avait même retrouvé le sourire, elle n'était plus tout le temps si fatiguée.

 Puis un jour, il rencontra Prudence, une jeune fille qui venait boire de temps en temps quelques verres et avec qui il conversait parfois. On dit qu'il est parfois facile de raconter sa vie à un inconnu et encore plus facile autour d'un verre de sodabi. Tout a commencé quand celle-ci lui a demandé par hasard où il courait toujours quand il était 17 h. 

Prudence était une belle jeune fille de 22 ans qui aimait mordre la vie à pleine dents. Elle s'habillait hyper sexy, voire dénudé et sortait avec de grands monsieur haut placés qui de surcroît était mariés. Elle se faisait entretenir de la tête jusqu'au pied et tout ce qui l'intéressait c'était l'argent. Mais ce qu'il ignorait c'est que si elle est venue se réfugier dans ce quartier et qu'elle se contente d'une petite pièce comme chambre, c'est parce que les femmes des maris avec lesquels elle sortait la recherche activement. Papa Kévin a alors commencé à lui raconter sa vie et elle a commencé par y trouver des trous à boucher, une opportunité de s'incruster telle une sangsue. Elle se contenterait de lui soutirer quelques pièces en attendant de trouver un autre pigeon à plumer. Prudence a alors commencé à jouer à des jeux de séduction. Papa Kévin se trouvait chanceux qu'une femme comme elle puisse s'intéresser à un homme comme lui. Il reprit confiance en lui et se mit à se soigner un peu plus. Il aidait plus sa femme dans son commerce, pas pour ce que vous croyez. Juste pour pouvoir lui voler de l'argent qu'il ira donner à prudence plus tard ou pour lui donner gratuitement du koliko. Le commerce de maman Kevin est devenu une source de fonds qui entretenait prudence. De ses mèches jusqu'à ses pommades. Maman Kevin ne se doutait de rien. Elle croyait Kévin responsable de la disparition de son argent et c'est lui qui en payait les pots cassés malgré le fait qu'il niait tout. Qui pouvait plutôt croire que c'était son père le fautif. Papa Kévin passait un peu plus de temps avec Prudence et celle-ci lui soutirait autant d'argent qu'elle pouvait. Il était devenu un peu plus gentil à la maison pour être dans les bonnes grâces de sa femme au moment de lui demander de l'argent. Maman Kevin quant à elle continuait de prier la vierge de donner un boulot à son mari parce qu'il avait beaucoup changé envers elle. Un soir aux alentours de 18 h papa Kévin se trouvait avec prudence à jouer aux amourettes quand son téléphone sonna. Croyant que c'était sa femme il refusa de décrocher. L'appel devenant insistant il se décida à répondre. C'était la secrétaire d'une entreprise dans laquelle sa femme avait déposé ses dossiers il y'a un an malgré son refus. Celle-ci lui expliquait qu'elle était sur le point de ne plus rappeler quand une femme la supplia de retenter et qu'il devait être reconnaissant envers cette femme. Oui parce qu'au Togo, les secrétaires ont autre chose de plus important à faire que de vous appeler pour un emploi, pour qu'une fois employé vous venez les embêter. Alors quand il vous appelle une fois et vous ne répondez pas ou que vous avez la malchance d'être inaccessible, eh bien c'est fini prochain candidat. 

Bon trêve de bavardages!

Eh bien ! papa Kévin venait d'être appelé pour une interview au poste de conseiller juridique dans un cabinet de la place. Aussitôt qu'il annonça la nouvelle que prudence vit une opportunité en or, déjà que les pigeons se faisait rare à cause de la vigilance de leurs femmes.

-"Alléluia, bébé Dieu a écouté mes prières. Bébé tu te souviens quand je te disais ne pas avoir faim ? Eh bien je jeûnais et priait pour que le seigneur fasse quelque chose. Je suis tellement contente bébé. Seigneur merci "

Demandez-moi si elle a déjà mis pied à l'église cette prudence.

Et à cet idiot de Paul répondre

-" Merci bébé, tu es une vraie femme toi. Pas comme celle qui ne me sert à rien à la maison la bas. Seulement à pondre des enfants et à se plaindre. Je ne savais même pas que tu priais pour moi. Tu es une vraie femme et tu ne vas pas le regretter, je vais te rendre fier. "

J'avais envie de lui sauter dessus et de lui demander et toutes ces années que ta femme n'a cessé de prier pour toi mais je ne suis que l'écrivaine alors on continue.

Il se rendit alors à la maison et annonça la nouvelle à sa femme. Pas parce qu'il était reconnaissant, non loin de là. Juste pour lui demander l'argent du transport. Maman Kevin était si contente qu'elle n'a pas cessé de louer son Dieu. Elle se rendit au marché et puisa dans ses économies pour lui dénicher un pantalon et une chemise à bas prix. Friperie mais stylé comme on dit ici. Elle le lava, le sécha et le repassa. Le lendemain, elle pria pour que l'interview se passe bien et lui donna un billet de deux mille francs pour le transport.

Papa Kévin se rendit à l'interview avec un peu D'espoir. À la fin de l'entretien on lui demanda qui était cette femme qui n'arrêtait pas de les harceler jour et nuit pour qu'on lui trouve un boulot. Papa Kévin n'en savait rien il s'est dit que c'était peut-être sa femme. Il lui était reconnaissant. Il venait de trouver un boulot avec une paye de 75 mille francs par mois. Ça fait longtemps qu'il était désespéré et qu'il ne pensait plus pouvoir trouver un boulot. Il n'avait jamais compté autant d'argent de sa vie. Le premier mois tout se passa bien puis lorsqu'il reçut son salaire il donna 10 mille à sa femme. Il lui avait dit qu'on ne le payait que 30 mil pour le moment. Néanmoins maman Kevin ne s'est pas plainte. Elle était contente que son mari avait maintenant retrouvé le sourire et elle l'assurait que tout ira mieux. Elle continuait son commerce de koliko et utilisa pour régler une partie de l'écolage des enfants. Chichou venait de rentrer en maternelle. Heureusement que c'était une école publique et que l'écolage n'était pas aussi cher que dans les privés. En ce même moment, Paul loua une chambre salon avec cuisine et WC douche interne qu'il aménagea pour prudence. Il se fit de plus en plus rare à la maison et quand sa femme se plaignait, il disait que c'était à cause du boulot. Il avait du mal à donner de l'argent à sa femme et chaque fois qu'elle en demandait c'était tout le voisinage qui devait en entendre parler. Il criait et hurlait, puis la traitait de tous les noms. Il ne mangeait presque plus à la maison. Maman Kevin ne comprenait rien. Elle se disait qu'on lui mettait peut-être trop la pression au travail. Elle rendait grâce parce qu'au moins de temps en temps il lui donnait 5 mille pour deux mois où 10 mil quand il était De bonne humeur. Jusqu'au jour où il disparut totalement. 

Cela faisait deux semaines que maman Kevin n'avait pas vu son mari. Celui-ci vivait la belle vie avec prudence qu'il présentait désormais à tout le monde comme sa femme. Celle à qui il doit tout ce qu'il est devenu. Maman Kévin ne savait pas où le chercher. Elle ne connaissait pas prudence et elle ignorait même qu'elle existait. Et pour couronner le tout, il avait changé de numéro. Quand elle tentait de l’appeler ça sonnait dans le vide. Il y avait au bout du fil l’ombre d’une carte sim jeté au fond d’un puits dans l’espoir de se débarrasser de son ancienne vie et d’en commencer une nouvelle. Ne sachant que faire maman Kevin se rendit à son bureau où on l’informa que son cher époux était à la mairie entrain de célébrer son mariage avec la belle et jeune prudence. Maman Kevin n’en croyait pas ses oreilles. Elle aurait voulu y aller pour le regarder en face mais elle craignait que son pauvre cœur ne puisse le supporter. Maman Kévin ne savait plus où se mettre .C’était son erreur pour avoir voulu que leur vie s’améliore avant de penser au mariage. Sur le coup,tout n’était que trou noir elle perdit connaissance et se retrouva à l’hôpital. Quand elle revint à elle physiquement elle n’avait rien de grave mais intérieurement elle était détruite. Elle revoyait tous les efforts qu’elle a consentis, toutes les souffrances qu’elle a acceptées pour cet ingrat qu’elle a appelé mari. Il est parti et les a abandonné comme un lâche, un irresponsable quand la chance lui a souri. Lui faire ça à elle ? Elle en voulait à son Dieu d’avoir laissé cela arriver, toutes ses prières pour qu’il trouve un boulot. Elle s’est  sentie stupide d’être tombé amoureux d’un homme comme lui. Mais il n’était pas question de laisser une hypertension artérielle avoir raison d'elle et l’arracher à ses enfants. Même abattue elle allait se battre pour les élever afin qu’ils ne commettent pas la même erreur qu’elle.

Fin..............

Femmes, ces super hé...