Méli-mélo

Ecrit par Farida IB



Khalil…


Je prends place sur le siège passager avant et entreprends de boucler ma ceinture pendant qu'elle me fixe avec insistance et semble vouloir dire quelque chose. 


Moi la fixant : quoi ?


Miss (me jaugeant du regard) : vous avez entendu ma bouche produire un son ?


Je bous de l’intérieur, mais n’émets aucun commentaire. Sans plus de cérémonie, elle démarre vers une destination qui m’est encore inconnue. Le trajet se passe d’abord dans un silence pesant qu’elle alimente par la suite d’une musique douce. Je ne sais pas comment, mais je me retrouve en train de somnoler quelques minutes plus tard. J’ose croire que c’est l’effet de la fatigue accumulée au cours de ses quinze derniers jours associé à l’effet apaisant de sa playlist. Je fais un effort surhumain pour garder les yeux ouverts, hélas, le sommeil a été plus tenace.  Je ne sais pas combien de temps exactement je me suis assoupi, mais c’était assez pour rêver de deux fillettes qui se disputent.  


Voix : c’est moi à l’avant !! Non, c’est moi ! Mais c’était toi hier !!


J’ai de plus en plus l’impression que c'était réel et ce tout juste à côté de moi, ensuite rien. C’est lorsque j’entends la miss soupirer que j’ouvre mes yeux et beugue sur deux jumelles métisses qui me regarde fixement. Il y a l’une d’entre elles qui a la même lueur de colère dans le regard que la miss toute à l’heure à l'agence. Les cartes du puzzle se remettent tout à coup en place, serait-il vraiment possible qu’elle ait des enfants ? De si grands enfants ?


Jumelle 1 : tata, c’est qui lui ? Et pourquoi il est assis à notre place ?


Je me disais bien, c’est que ses nièces.


Miss : demoiselle, les bonnes manières !!


La dénommée Laïla (l’air déconcertée) : euh bonsoir.


Miss maugréant : bonsoir ma grande mère n’est-ce pas ?


Laïla la petite voix : bonsoir monsieur.


Sa seconde répétant : bonsoir m’sieur


Moi : bonsoir les filles, ce n'est pas monsieur. C'est tonton Lil !


La miss me lance un drôle de regard.


Sa seconde se défilant : moi, je vais derrière.


Laïla : je peux m’asseoir à côté de lui tata ?


Miss (se massant les tempes) : Laïla, j’ai eu une dure journée, je n’ai vraiment pas envie de m’énerver d’avantage. Va te chercher derrière là-bas tssrrrrr !!


Laïla : mais tata…


Miss (haussant le ton) : Laïla !!


La petite sursaute.


Moi intervenant : c’est bon, ça ne me dérange pas qu’on partage le siège en plus il est assez large.


Miss : elle s’assoit derrière avec les autres, point final !


La petite s’y rend les yeux brillants de larmes, elle ne s’en formalise le moins du monde.


Miss (fixant le rétroviseur) : Naïla où sont tes frères ?


La dénommée Naïla : Nabil est retenu en colle (désignant l'enceinte de l'école) et voilà Hamid qui vient.


Tantôt, un petit garçon émerge de l’établissement et contourne pour s’installer à côté des filles. 


Lui avec enthousiasme : bonsoir tata.


Miss (lui souriant à travers le rétroviseur) : bonsoir mon chéri, ça été les cours ?


Hamid : oui tata (me dévisageant) euhh salut monsieur.


Moi lui tendant la main : moi c’est tonton Lil petit gars.


On se fait un check sous le regard interloquée de sa tante.


Miss reprenant : Naïla tu disais que Nabil était en colle, qu’il a encore fait quoi celui-là ?


Naïla : il a utilisé son téléphone en classe.


Elle soupire de frustration et s’excuse avant de descendre pour rentrer dans l’établissement. Quelques minutes plus tard elle en ressort avec un garçon de la tranche d’âge des jumelles qui lui ressemble trait pour trait avec la même carnation de peau.


Miss (le réprimandant) : toujours est-il que tu as été puni ! Nabil, je suis très en colère contre toi, je t’ai déjà dit que je n’aime pas le désordre. 


Le dénommé Nabil : mais maman je ne faisais rien de grave, je voulais juste utiliser la calculatrice…


Maman ? Je prends quelques minutes pour l'assimiler, elle l'a eu à dix ans ? 


Le petit s’interrompt pour me fixer aussi perdu que moi.


Nabil : bon… Bonsoir monsieur (s’adressant à elle) maman, c’est qui ?


Miss (inspirant profondément) : bon tout le monde, je vous présente…


Moi lui coupant la parole : Khalil, mais vous pouvez m’appeler tonton Lil. Je suis le nouveau collaborateur de votre maman, enfin tante !


Miss hautaine : les enfants, c’est M. Ben Zayid.


Moi roulant des yeux : vous n’allez quand même pas leur infliger ce protocole !


Miss (me défiant du regard) : je vais me gêner ! 


Moi (me tournant à nouveau vers eux) : vous pouvez m’appeler tonton Lil.


Laïla : finalement, on l’appelle comment ? Tonton Lil ou M. Ben Zayid ? Sinon moi, je préfère tonton Lil.


Les autres en chœur : moi aussi !!


Moi (sourire espiègle) : et bien, la tribune a voté.


Elle me fusille du regard et je lui réponds par un simple haussement des épaules.


Miss continuant : comme vous voulez ! (à moi) Je vous présente mon fils Nabil, mes nièces Laïla, Naïla et mon neveu Hamid. Les enfants, c’est mon nouveau collaborateur comme il le disait tantôt (anticipant sur la réaction du tout petit) Hamid ça veut dire que nous allons travailler ensemble.


Hamid : ah ok tata. Et il va habiter avec toi ou avec nous ?


Miss (pendant qu’elle redémarre) : avec moi, enfin, son appartement est juste à côté du mien.


Nabil : super ! Est-ce qu'il sera au tournoi avec toi samedi ? Ça serait trop cool !! Nous ferons équipe avec tonton Liam et grand-papa.


Nous parlons tous les deux en même temps.


Moi : il se pourrait que je vienne.


Miss : non


Nabil l'air déçu : pourquoi  ?


Miss : mon chéri ne te berce pas d’illusions, monsieur a sûrement des plans pour le week-end. (me fixant au coin de l’œil) Il doit avoir d’autres végétations à visiter, pas vrai monsieur Ben zayid ?


Moi : je serai là mon petit bonhomme, c’est un tournoi de quoi ?


Naïla répondant à sa place : ce samedi, c’est foot américain au programme.


Moi intéressé : c’est tentant comme programme, je viendrai sans faute.


Nabil geste de victoire : yeesss !!! J'ai hâte d'être à samedi.


Sa mère enfin la miss lui jette un coup d’œil réprobateur par le rétroviseur et se concentre sitôt sur sa conduite. J'avoue que j'ai encore du mal à m'imprégner que ce soit vraiment son fils. 

Le trajet retour se passe dans une atmosphère de questions réponses avec les enfants que je trouve très attachants et bien éduqués au passage. Elle se gare une vingtaine de minutes plus tard à la devanture d’une belle résidence à la façade vitrée. Ils me disent au revoir chacun de leur manière avant de s’engouffrer derrière le portillon. La miss attend qu’ils partent pour me demander de l’attendre quelques minutes. Ce que je fais en échangeant avec Melissa qui énonce le ton de la soirée via texto. 



Nahia…


Dieu quel effort surhumain, je fais pour ne pas bastonner votre type-là tcchhuiipp !! On sent le genre de mec pédant, fat, prétentieux, snob, vaniteux, hautain, imbu de sa personne, qui ne se prend vraiment pas pour de la merde… Je ne sais pas moi une longue liste de qualificatifs pour vous dire simplement qu’il me sort par les pores ! Tout ça parce qu’il se croit beau et que la fragrance de Clive Christian impérial Majesty qui me reste coller à la peau en ce moment même, renseigne déjà sur le nombre impondérable de 0 dans son compte en banque. Et puis quoi encore ? Mon fils est plus beau que lui, tchuiippp !!!


 Toutefois aussi paradoxalement que cela puisse paraître, je le plains plus qu’il me répugne. Je le plains parce qu'il faut vraiment avoir un faible estime de soi pour faire preuve d’une si grande bassesse à SES AGES !! Un papi comme lui qui devie sa trajectoire juste pour une histoire de fesses sans se soucier des répercussions autour de lui, encore qu'il n'a pas l'air de se remettre en cause  retchhuiipp !! Il a quoi ? 35 ou 40 ans et avec ce hight level d’immaturité, ce n’est pas vraiment gagné d’avance inh. Plus on finira ce travail, moins je suis susceptible d'avoir un AVC avec lui.


C’est ce que je répète en boucle dans ma tête en pénétrant la cuisine où je retrouve mamie à son poste. Je lance un bonsoir au bout des lèvres et me dirige tout droit vers le congélateur que j’ouvre et commence mon inspection. L’autre type qu’on appelle Manaar, il va sauf que me rembourser mon argent aujourd’hui, mais en attendant, je me sers d’abord ici lol.


Après une minutieuse fouille, je ne trouve pas de la viande de mouton, mais j’arrive à dégoter des morceaux de côtes d’agneau et me met à mijoter quelques recettes dans ma tête lorsque mamie me sort de mes pensées.


Mamie : jeune fille, c’est à toi que je parle.


Moi levant les yeux sur elle : excuse-moi, j’avais la tête ailleurs. Tu disais ?


Mamie : je demande ce qui te contrarie autant ce soir, tu n’as pas l’air dans ton assiette.


Moi extrapolant : je te dis mamie, une journée de dingue !


Je fouille l’étagère à la recherche d’un papier aluminium pour emballer la viande.


Mamie : pense à te relaxer de temps à autre, tu n’es pas une machine.


Moi : j’y songe vraiment, par contre on dirait que tu as besoin de plus de repos que moi. Tu as les traits tirés.


Mamie : ma fille ces triplés là vont me faire perdre le nord un jour.


J’éclate de rire. En fait, la nounou des bébés est en congé pour maladie et mamie s’en sort à peine avec eux. 


Moi : ça ira mamie, d’ici quelques jours Camille sera de retour.


J’emballe finalement la viande dans un sac en plastique que je pose sur le plan de travail. Je me met à chercher d’autres ingrédients utiles à la recette pour laquelle je me suis décidée.


Mamie soupirant : je l’espère vivement ! (du tic au tac) Où est-ce que tu va avec tout ce que tu ramasses là ? Tu ne veux pas préparer pour tes parents ce soir ?


Moi : non (mentant) je dois y aller, j’ai du travail à rattraper. Amou s’en chargera.


Amou entrant en ce moment : Amouchka va encore se charger de quoi ici ? Je suis épuisée moi ! Bonsoir.


Elle fait le tour pour nous faire la bise.


Moi sans ménagement : du dîner de ce soir.


Amou moue boudeuse : mais pourquoi ?


Moi : parce que je suis prise ce soir.


Amou : pfff ! Vivement que les travaux de notre maison prennent fin. 


Moi : parce que là-bas tu ne feras pas la cuisine ??


Amou : si mais pas tous les jours.


Moi : lol, en tout cas je suis prise ce soir.


Amou : repfff (desserrant son visage) Au fait, c’est qui le blanc, enfin la gueule d’Arabe dans ta voiture ?


Moi évasive : mon collaborateur porté disparu.


Mamie me fixant l’air surprise : ah, il a finalement retrouvé son chemin ?


Je souris parce qu’elle vient de reprendre mes mots sans le savoir.


Moi : apparemment oui !


Amou : et tu vas travailler avec lui ?


Moi : oui (ajoutant) c’est pour ça qu’il est là.


Amou (les yeux sortant de l’orbite) : tu plaisantes, j’espère, on ne travaille pas seulement avec un canon de son genre. On l’épouse et on l’enferme à double tour dans une maison avec des vivres à sa disposition.


Moi roulant des yeux : en quoi même tchuiipp !! Que ton mamour vienne t’entendre t’extasier à ce point sur un homme, tu vas sentir l’affaire là. D’ailleurs, je te le laisse cadeau.


Amou (fixant mamie en biais) : j’admire seulement !


Mamie la toise et nous pouffons de rire.


Mamie : donc tout le temps que tu prends pour vider le frigo de tes parents, il t’attend ? Pourquoi tu ne l’as pas invité à rentrer ?


Moi fronçant les sourcils : pourquoi devrais-je le faire ? Je n’ai pas envie qu’il interfère dans ma vie privée. Nous allons travailler sur un projet pour quelque temps et puis c’est tout. 


Amou : en gros, tu vas lui faire ta Nahia !!


Moi : ce qui est normal d'ailleurs. Il est là pour le travail donc on se concentre sur cet objectif, le reste ce serait peut-être par courtoisie que je le ferai. Encore que je doute fort de pouvoir faire preuve de courtoisie à son égard. Il est évident que je ne le blaire pas, mais pas du tout.


Mamie arquant le sourcil : déjà ? Qu'est ce qu'il t'a fait ?


Moi : il n’a pas besoin de faire plus pour m’irriter, sa disparition a suffit largement pour me donner une idée sur la personne bordélique qu’il est.


Amou : roohh Nahia ne le juge pas avant de le connaître.


Je veux parler, mais je suis interrompue par le bruit des enfants qui entrent au même moment avec les triplés dans leur landau trois places. Ils se groupent sur Amou et lui font des bisous sonores,bon à part Laïla qui va directement prendre place sur l’une des chaises cuisines.


Amou la réprimandant : Ducard toi et moi avons passé la journée ensemble ?


Laïla (du bout des lèvres) : bonsoir maman.


Amou : donc il faut maintenant payer pour que tu me salues ? Je peux savoir ce qui nous vaut ce visage austère cette fois ?


Nabil (qui répond le ton rieur) : tonton Lil a pris sa place sur le siège passager avant.


Mamie et elle me regarde le sourcil arqué d’interrogation.


Moi : la gueule d’Arabe !


Amou : ah ok (se tournant vers Laïla) il faut toujours que tu fasses cette moue digne des pires selfies pour aucune raison apparente en ignorant que ça te rend de plus en plus vilaine !


Laïla farouche : c’est faux, je suis belle !


Amou : va demander au miroir de te dire qui est la plus belle en ce moment !


Elle se lève docilement pour s’exécuter, on la regarde partir en riant entre adultes. Elle est suivie de Nabil qui prend par la porte de l’extérieur contrairement à elle.


Moi : heeppeepp, tu vas où jeune homme ? 


Nabil s’arrêtant brusquement : je vais chez tonton Lil, il est toujours dans la voiture n’est-ce pas ? Je veux lui parler de la journée de samedi.


Moi fermement : que je revois tes deux pieds gauches ici.


Il s’exécute. 


Moi : il n’y aura rien avec votre fameux tonton Lil le samedi.


Les enfants à l’unisson : ohhh pourquoi ?


Moi : parce qu’il ne sera pas de la partie 


Amou/Mamie : hmmm.


Je leur jette un coup d’œil. 


Moi à Nabil : de toute façon, tu es privé de téléphone et de sortie jusqu’à nouvel ordre. 


Mamie : qu’est-ce qu’il a fait cette fois ?


Moi : coller pour usage de téléphone pendant les cours.


Amou se tournant vers lui : toi vraiment, il faut toujours que tu ramènes quelque chose.


Nabil sanglot dans la voix : maman je suis désolé ça ne va plus se répéter promis. 


Moi (pas le moindre émue) : n’empêche que tu es puni, ça te servira de leçon pour la prochaine fois. (il éclate en sanglots.) Tu m’effaces ces larmes de crocodile tout de suite. (lui criant dessus) Tu m’énerves même, file dans ta chambre et tu y restes jusqu’à ce que ta tante t’autorise à sortir.


Il part en courant alors que je continue de vociférer dans sa direction, je ne me tais que lorsqu’il disparaît de mon champ de vision. Je me retourne pour tomber sur le regard insistant d’Amou et sa belle-mère. 


Moi soupirant : quoi ?


Mamie : tu ne trouves pas que tu y es allée un peu trop fort avec lui ? Il s’est tout de même excusé.


Moi : on sait tous que c’est pour faire pire demain donc il a eu. (bouclant le sac à course) J’y vais, Amou veille à ce qu’il respecte sa punition s’il te plaît.


Amou : pardon, ne me mêle pas à ta barbarie. Reste pour le faire toi-même !


Moi la petite voix : mamie ?


Elle me toise sans plus, je prend une grande inspiration avant de me saisir de mes affaires pour me diriger vers sa chambre. Là, on se parle au calme puis je redescends quelques minutes plus tard avec lui. Il m’aide à garder mes affaires que je charge dans le coffre arrière une fois dehors pendant qu’il discute avec votre type-là. Je reviens lui faire un câlin lorsque je finis et contourne pour m’installer au volant.


Khalil (quand Nabil s’en va) : j’avais fini par penser que tu n’en sortiras plus jamais. 


J’actionne de démarrer sans lui prêter plus attention. Une vingtaine de minutes plus tard, je gare sur le parking au bas de notre immeuble et nous descendons tous les deux à la fois. Il m’attend une minute le temps de reprendre mes affaires et de verrouiller puis je nous dirige au quatrième étage.


Khalil (pendant qu’on monte les escaliers) : il n’y a pas d’ascenseur ici ? 


Je me retiens vraiment de dire le fond de ma pensée.


Moi : non


Khalil : et je dois faire ça tous les jours ?


Moi exaspérée : je peux vous mettre en contact avec un agent immobilier si le logement n'est pas à votre goût.


Khalil : je songe déjà à ça parce que pour être franc avec vous, la vétusté de la façade ne me dit rien qui vaille.


Je tchippe fort pour que ça rentre bien dans ses oreilles, ce qui m’a valu un coup d’œil désapprobateur. On arrive à l'étage abritant nos apparts et je le fais attendre encore  quelques minutes au pas de la porte de mon appartement pour prendre les clés du sien et profiter me débarrasser de mes charges. On se retrouve ensuite là-bas pour un tour du propriétaire. C’est aussi spacieux que chez moi. Sauf qu’ici, le salon, la salle à manger et la cuisine sont à aire ouverte et l’espace est judicieusement réparti entre chaque pièce. Il y a un joli petit coin-repas derrière la cuisine qui donne sur l’une des deux grandes portes-fenêtres de l’étage principal. Il y a également une mezzanine sur laquelle est hissé un majestueux lustre de cristal qui ajoute du cachet au décor. Nous déboulons ensuite dans la chambre à coucher principale peinte de brun chocolat et de vert pomme. Elle a une porte qui donne accès au grand balcon avec vue sur la ville. Après quoi je lui montre la salle de bains attenante à la chambre principale pour terminer par le divan confortable du boudoir. Là, je décèle une pointe d'admiration dans son regard.


Khalil : je vois que vous vous êtes débrouillée pour me trouver quelque chose de potable.


Il le dit avec un petit sourire en coin, presqu’un rictus. Ce qui a le don de m'irriter au plus haut point, mais je prends sur moi de ne pas rentrer dans son jeu.


Moi biaisant : vous avez des draps propres et des serviettes dans la penderie, j’ai fait quelques courses qui n’attendent que vous. (quittant devant lui) Si vous avez besoin d’autres choses vous savez où me trouver.


Khalil ton narquois : je le ferai avec plaisir !


Moi tenant la porte : au fait, je pense qu’un nettoyage rapide s’impose à vous. Je ne savais pas que vous (articulant) réapparaîtrez aujourd’hui.


Il ouvre les yeux et la bouche l’air désabusé et sans autres forme de procès, je referme la porte en souriant de satisfaction. Dans mon appart, je troque ma tenue de ville contre une minie robe évasée dans l’intention de prendre la cuisine d’assaut. La poêle au feu, j’y ajoute un peu d’huile et entreprends de dégraisser les côtes. Quelques minutes plus tard, j’ajoute un peu de vin, de la crème fraîche, un brin de pâte d’ails et d’oignon et du thym haché au contenu et laisse mijoter pendant que j’ajoute du riz dans la casserole sur le second feu. Je rajoute des ingrédients à la viande marinée lorsque j’estime que c’est bon et l’assaisonne avant de laisser cuire à feu doux. Je vérifie également le niveau de cuisson du riz et diminue le feu en dessous. Tout ça dans le but de foncer dans la salle de bain pour une douche rapide. 


Ce que je fais en laissant l’eau fraîche dégouliner le long de mon corps pendant un bon moment. Une ombre se dessine derrière moi ensuite, je sens des mains qui happent mes seins et avant même que je ne puisse réagir le contact de ses lèvres à température ambiante sur mon corps frais me fait frémir. Je me retrouve adosser à la paroi de la douche et pointe avec désinvolture ma poitrine vers l’avant pour lui offrir mes tétons qui durcissaient au fur et mesure. De sa bouche, il suce l’aréole de mon sein gauche en stimulant le bout du sein droit en quelques secondes en alternant par de très légères caresses sur les galbes des seins en suçant comme un nouveau-né. Je ne peux pas expliquer ce que je ressens en ce moment. J’ai chaud, j’ai froid, j’ai même tiède, mes jambes flageolent, ça picote dans mon bas-ventre, je ressens des papillons partout, et pourtant, ce n’est qu’une succion !!


Moi : arrrggghhhh !!! 


Le goût de ça !!


Quand j’estime que c’est mieux que ce que je peux supporter, j'enroule un pied autour de sa taille pour lui offrir l’entrée de mon cocon doux. Mais plutôt que d’y enfoncer Gaspard déjà très tendu, il entreprend d'embrasser mon ventre puis mes cotes puis l’intérieur de mes cuisses puis de sa langue, il remonte du périnée jusqu’à mon petit bouton d’or. Tantôt, il le lèche de manière un peu plus rapide et un peu plus appuyée, tantôt, il le coince dans sa bouche avec ses lèvres pour le frotter avec le côté rugueux de sa langue, tantôt, il le suce. Là, je sens l’odeur du brûlé, mais je lui tiens la tête pour l’inciter à continuer en gémissant fortement. Je rentre en transe et ondule du bassin lorsqu’il rajoute un doigt.


Moi le griffant : haaannnnnnnnn.


Il ne s’arrête pas pour autant. Il s’évertue à me faire l’amour avec sa langue et avec sa bouche tout en me procurant des caresses intenses sur le corps. 


Moi me tortillant : pitiééééééééé prends moi je t’en supplie. 


Il ne m’écoute même pas, il accélère juste ses doigtés. C’est lorsqu’il pince mon bouton que je viens en produisant un son aigu que je ne me connaissais pas. J’essaie de reprendre mon souffle lorsqu'il se relève et vient se saisir de mes lèvres pour un long et langoureux baiser, tellement intense que j’enroule mes bras autour de son cou pour l’éterniser.


Manaar se détachant : ça suffit pour l’instant mademoiselle.


Moi voix rauque de plaisir : je veux plus.


Manaar (front contre front) : tu voulais me parler.


Aka, où il a vu parler encore là là ?


Moi :…


Manaar : ok, allons éteindre le feu sous ce riz avant que l’appartement ne prenne feu.


Moi (cachant difficilement ma frustration) : il faut d’abord éteindre celui que tu as allumé dans mon bas-ventre !


Il m’incite à me redresser et ouvre à nouveau le jet d’eau sur moi puis entreprend de me frotter le corps avec des gestes très très lents, encore plus lents lorsqu’il atteint l’entrée de mon antre. L’odeur à la cuisine devenait de plus en plus percutante du coup nous avons dû mettre une pause à tout ça. Sans doute que ce n’est plus ce soir que nous allons « parler ». 


Je récupère le riz ce qui reste et nous sert pendant qu'il met le couvert. On mange ensuite en nous taquinant comme deux vrais amoureux, enfin vous comprenez. On finit et on débarrasse ensemble puis il m’aide à laver les assiettes et ranger la cuisine tout en nous amourachant. Et moi, je n’ai envie de rien d’autre que de profiter de cet instant. 


Drind Drrinngg !!


C’est la sonnerie de l’intérieur. J'ai une idée sur qui ça peut être. 


Manaar : tu attends quelqu'un ?


Moi : ça doit être mon collègue et voisin.


Manaar : ah il est finalement arrivé ?


Moi hochant la tête : wep ce soir.


La sonnerie se fait insistant.


Moi (posant mon torchon): je dois ouvrir.


Manaar : ok


Je regarde par le judas pour avoir confirmation avant d'ouvrir.


Moi (passive-agressive) : oui ? En quoi puis-je vous aider ?


Khalil sans transition : tout est surcongelé dans le frigo.


Moi : normal, ça fait deux semaines qu’eux autres loges là-dedans. (par anticipation) Il y a un hyper marché à deux pattées de maison d’ici. C'est sur le même alignement,vous n’allez pas le louper.


Il veut parler, mais je le stoppe d’un geste de la main.


Moi : il y a également un restaurant à cent mètres de là si ça vous dit. (il hoche la tête.) Autre chose ?


Khalil : bof. Sinon le sexe ça détend souvent, sauf qu’apparemment, vous êtes restée sur votre faim.


Il repart aussitôt avec son sourire énervant là, je reste sur le cul quelques minutes avant de refermer la porte. Je me retourne pour rencontrer le regard inquisiteur de Manaar. 


Manaar : c'est le genre là ton collaborateur ??


Moi faisant ma mauvaise foi : quel genre même ??? 


Manaar l'air sceptique : hmmm


Moi (lui butinant le cou) : lol tu es jaloux ? (caressant son membre à travers le tissu) On peut reprendre nos affaires maintenant ?


Manaar (voix rauque) : j'espère que je n'ai pas de soucis à me faire.


Il est sérieux qu'il est jaloux ???


……


Je fixe le plafond tout sourire en me remémorant les instants magiques que je viens de vivre. Je n’ai aucune idée de ce qui se passe dans la tête du type ce soir, mais j’ai retrouvé Le Manaar dont j’étais tombée amoureuse et ça, ça donne à réfléchir !


Pour l’heure, je ferme les yeux et savoure chaque caresse, chaque poussée lorsque soudain, un bruit assourdissant nous parvient de l’autre côté. 


Eux : oohhhh monsieur le passager !! Ohhh mademoiselle l’hôtesse !!


Akiieee les murs-ci sont construits à base de contre-plaqué ou quoi ???


Nous nous sommes improvisé des auditeurs libres de monsieur le passager et mademoiselle l’hôtesse tout au long de la nuit. Ils avaient sans doute le corrigé de notre affaire là.  



Le tournant décisif