Mis à nu

Ecrit par Badgalkro

Alice FOTSO


Je me trouve présentement dans le salon de mes parents car je suis passée prendre des nouvelles. Bizarrement papa est un peu froid à mon égard, je ne sais pourquoi. J'essaie d'en savoir plus auprès de maman mais elle même ne sait grand chose. J'aurais peut-être dû pas passer par ici parce que ce que je souhaite le moins c'est me disputer une nouvelle fois avec lui. Depuis que je suis revenue des USA c'est notre passe temps favori. On ne fait que ça, se disputer. Je ne saurais jamais dire ce qu'il me reproche à chaque fois mais son ressenti est profond, ses propos sont très blessants.

La dernière fois qu'ils nous ont tous convoqué à venir manger ici, c'était la détente entre nous. Aujourd'hui je suis stupéfaite de le voir ainsi. Il change d'humeur comme une femme en pleine période menstruelle. Ça devient fatiguant, franchement ! Mais c'est mon père et je ne peux pas l'envoyer se faire foutre.

Je souffle fort sans m'en rendre compte

Papa: des soucis au travail ?

Moi: un client qui nous donne un peu du fil à retordre mais c'est rien qu'on ne puisse régler.

Il n'ajoute rien et hoche simplement la tête en allant dans sa pièce de repos. Qu'est-ce que je disais ?! Je lève les yeux et je me lève. Faut que je sache ce qui ne va pas.

Toc toc

Papa : entre

Moi: tout va bien papa ?

Papa: oh oui oui ça va, ça va!

Silence

Moi: toi et moi ça va? Je veux dire, est-ce que tu m'en voudrais sans que je ne sache le motif?

Papa: pourquoi je t'en voudrais ?

Moi: tu m'en veux pas alors ?

Papa: je devrais ?

Moi: Monsieur FOTSO, arrêtons un peu le jeu de mots là. Tu es très froid. J'avoue ça fait un moment que j'ai fait la remarque, j'aimerais savoir ce que j'ai fait qui ne t'as pas plus, stp

Papa: tu dis ça fait un moment et c'est maintenant que tu veux savoir ?!

Il hoche la tête

Papa: ok

Il boit une gorgée d'eau.

Silence

Moi: décidément c'était une mauvaise idée.

Je me lève du fauteuil et je vais ouvrir la porte pour quitter la pièce. Au moment où ma main se pose sur la poignée, je l'entends souffler

Papa: c'est ce que tu sais le mieux faire

Je reviens sur mes pas et je me place devant lui

Moi: en vérité je ne te comprends plus.

Papa: On est deux alors dans ce cas

Moi: oh... Mais.... Fais c***... Je viens vers toi afin de savoir ce qu'il ne va pas et c'est comme ça que tu vois la chose ?

Papa: si tu veux crier tu vas ailleurs, c'est pas chez toi ici

C'est mon père qui me dit ça??? Les larmes me montent aux yeux

Moi: depuis l'histoire avec Boris tu as radicalement changé vis à vis de moi.  ça fait 15 ans papa que toi et moi ne partageons plus rien. Nous sommes devenus de parfaits étrangers l'un pour l' autre mais..

Papa: je te faisais confiance

Son regard rencontre le mien. Sa phrase a instantanément l'effet d'une douche froide sur moi. Je me fige et je fuis son regard

Moi: c'est pas vrai papa.

Papa: tu es très intelligente Alice, très ! Je ne vais pas te mentir, le premier sentiment qui m'a animé lorsque je t'ai vu couchée inconsciente et presque nue c'est la honte. Oui ce soir là tu m'as fait honte.

Je m'éloigne de lui à reculons jusqu'à heurter le fauteuil près de la fenêtre.

Papa: je me suis posé mille et une question ce soir là mais la seule qui n'a pas quitté  mon esprit jusqu'à présent c'est '' qu'est-ce qui lui a pris? ''

Mon visage s'inonde silencieusement de larmes

Papa: tu es intelligente Alice, je n'ai pas besoin de parler avec toi pour que tu comprennes pourquoi je me comporte ainsi. Je t'avais pourtant mis en garde;  indirectement je l'ai fait... Je t'ai montré par mes actes que je te faisais confiance. Mais qu'est-ce que t'as fait? Tu as échoué. Aussi simple que ça...

Je renifle en me triturant les doigts

Papa: je ne suis pas de ces parents qui empêchent leurs enfants de s'épanouir ou encore de faire ce dont ils ont envie, tu le sais très bien.

La porte s'ouvre sur maman qui comprend vite ce qu'il se passe et nous rejoint à tâtons

Papa: Je t'ai laissé aller et venir avec tes sœurs comme tu le voulais. Mais il a fallu qu'un garçon te montre un autre chemin pour que tu fonces tête baissée.

Moi: j'avais 15 ans papa

Papa : (élève un peu la voix) tu t'es presque laissée abuser.

Je fixe maman, cherchant de l'aide. Mais elle fuit mon regard

Moi: ça n'aurait pas été la première fois

Maman: ALICE !!!!

Papa me fixe l'air choqué par ce que je viens de dire, mais je ne m'arrête pas

Moi: au fond nous sommes pareils toi et moi. L'alcool, l'abus sexuel... On en connaît des tonnes. Je ne suis pas tombée très loin du manguier. Sauf que cette fois encore  c'est toujours moi qui étais dos sur le matelas.

Maman: Tu vas retirer ce que tu viens de dire tout de suite

Papa : (accusant le coup) non chérie laisse faire.

Moi: ça fait 15 ans que tu traînes cette casserole

Papa : je ne dirai pas le contraire de toi

Moi: tel père telle fille on va dire...

Maman: ça suffit maintenant! D'où tu te permets de parler à ton père de la sorte?

Papa : j'ai commis une erreur par le passé et je l'ai payé en perdant presque mon mariage. Tu étais là victime, ça cest clair. Mais n'apprend t'on pas des erreurs de ses parents ?

Moi: tu penses vraiment que j'avais prémédité me faire violer ce jour là ? Pourquoi tu m'en veux au juste?

Papa : Je ne te fais juste plus confiance. Je t'ai laissé les clés de ma maison pour te retrouver presque morte ailleurs. Tu saurais répondre à ma question?

Je baisse la tête

Papa: non ?!... Laisse moi deviner.. Tu étais amoureuse de Boris.

Je regarde maman dont le visage reflète beaucoup de regrets

Papa: c'est nous qui t'avons accouché Alice. C'est nous tes parents qui te connaissons si bien... Pour ma part j'en ai terminé.



Frédéric TIENTCHEU


(Sonnerie du téléphone)

Quand je vois le nom qui s'affiche, je m'empresse de décrocher.

Moi : Coralie

Coralie: Tu es à la maison?

Moi: oui. Mais Iris est à son cours de tennis

Coralie : je sais je sais. Elle m'a demandé de lui faire sa mousse au chocolat pour quand elle reviendra de sa séance.

Frédéric : tu peux venir

Clic !

Je me dépêche de ranger tout le bazar et de prendre rapidement une douche. Je ne veux pas paraître négligé à ses yeux. Quelques gouttes de '' L'homme Idéal de GUERLAIN '', j'espère toujours titiller ses souvenirs avec ce parfum. C'est elle qui me l'avait offert à l'époque et je l'avais vite adopté pour lui faire plaisir. Je profite de ce cessez-le-feu pour Iris pour me rapprocher d'elle, discrètement. Lundi c'est moi qui ai proposé à Iris d'aller lui rendre cette petite visite tout en sachant qu'elle ne le refuserait pas car son vœu le plus cher c'est nous voir ensemble.

40 minutes plus tard, je lui ouvre la porte. À sa vue, mes sens s'affolent comme d'habitude. Elle est simplement vêtu d'un t-shirt et d'un jean mais cela n'enlève rien à son charme.

Elle me lance un bonsoir, sans attendre ma réponse  se dirige vers la cuisine vider le contenu de son sac dans le frigo.

Moi: ça va ?

Je dis ça depuis le seuil de la porte de la cuisine.

Coralie: ouais, super !

Moi: cool

Petit flottement

La dernière fois, elle était plutôt sympa, là on dirait une huître. Elle me regarde même pas.

Moi: j'aimerais bien en avoir stp

Coralie: d'accord.

Elle me sert une verrine posé sur un plateau

Moi: tu viens?! On va se poser au salon. Je suppose que tu vas l'attendre

Coralie : je te suis

Nous arrivons, elle met de la distance entre nous en allant s'asseoir en face et cela me frustre un tout petit peu.

Je prends une bouchée du chocolat et mes papilles se régalent

Moi: mmmmmmmmmmmmm.... Mmmmmmmmmmmmm

Je suce ma cuillère

Moi: c'est treees bon Coralie

Coralie : merci

Je prends encore quelques bouchées

Moi: je sais qu'on a décidé de se parler uniquement pour la petite. Mais ça me tue de ne pas échanger avec toi. Je dois t'avouer que j'ai toujours des sentiments pour toi. J'ai des fois rêvé de te reconquérir, de pouvoir me réveiller chaque matin à tes côtés, de passer le reste de nos vies ensemble.

Je soupire

Moi: Oui tu me détestes, oui je t'ai fait du mal, je t'ai fait souffrir. Mais sincèrement pourras-tu me pardonner ?

Coralie :  non... Et ça ne sert à rien d'insister. C'est mort.

Ça fait mal ça...

Moi: OK.

Je me résigne à ne plus évoquer le sujet

Moi: il y a une chose que j'aimerais toutefois savoir.

Elle hausse les sourcils en attente de la question

Moi: pourquoi tu n'as plus accouché ? Je veux dire, Iris est grande, tu aurais pu lui donner un petit frère ou une petite sœur. Tu as eu des complications?

Coralie : je pourrais te retourner la question...

Moi: j'ai bien connu des femmes mais elles n'étaient pas toi

Je dis ça en la regardant

Coralie : Comme ci c'est moi qui fais quelque chose. Tu veux que je te rafraichisses la mémoire ?

Moi: suis désolé petit coeur

Coralie : arrête ça stp... Ça ne prendra plus. Notre pacte a été brisé et pas par moi.

Moi: parle moi stp

Coralie : je ne te dois rien TIENTCHEU, on est pas ensemble.

Moi: je ne suis pas en train de jouer. Je veux réellement savoir

Coralie : moi non plus je ne joue pas. Et tu ne m'impressionnes pas avec  ton regard qui tue et ta voix toute mielleuse

Moi: on se disait tout avant

Coralie: tu as raison. Avant que tu ne gâches tout.

Moi: j'ai besoin de savoir purée !

Je sens qu'elle ne me dit pas tout

Coralie : 14 ans plus tard... Où étais-tu quand j'allais la mettre au monde? T'avais pris la clé des champs

Moi: qu'est-ce qu'ils t'ont fait ? Qu'est-ce qu'il s'est passé lors de ton accouchement Coralie ?

Elle voit bien que je ne vais pas lâcher l'affaire. Et puis je veux savoir. Pourquoi ne me répond t' elle pas tout simplement ?!

Coralie : je ne peux plus enfanter

Elle dit résignée

Mis en faute, je soupire

Moi: c'était quoi?

Elle fuit mon regard

Coralie : ligature tubaire due à une complication lors de la délivrance.

Moi: je suis navré...Coralie, regarde moi stp

Elle me fixe. Je me sens tellement coupable. Si je ne l'avais pas mise enceinte elle n'en serait pas là. Je suis un con. Et toute la vie je vivrai avec ce poids sur ma conscience

Moi: je ne ... Je... Je ne trouve même pas les mots

Coralie : alors ne dis rien. J'ai pas besoin de ta pitié Frédéric. D'ailleurs, il serait préférable de changer de sujet. Je te remercie

Un silence gênant plane. L'envie de continuer le chocolat m'est passé.

Je me lève et je vais dans mon bureau puis je reviens.

Coralie : C'est quoi ça?

Moi: un chèque, tu le vois bien

Coralie : ne me fais pas rire. Tu penses que c'est un chèque qui va réparer toute cette situation? Je n'en veux pas de ton argent... Je ferai mieux de m'en aller.

Moi: non mais tu fais...

Elle me stoppe

Coralie : (en colère) j'en ai rien à foutre. Tu peux te torcher le cul avec si tu veux. Epargne moi ton cinéma, OK?! Non mais tu te prends pour qui? Tu te prends pour qui Frédéric? Tu crois que c'est comme ça que les choses fonctionnent?  Toute ma vie je regretterai de t'avoir connu. Non mais franchement...

Elle ramasse ses effets et s'en va en claquant très fort la porte, comme d'habitude

Moi: WOW! Il vient de se passer quoi?!






VICTIMES DE CIRCONST...