Mission
Ecrit par Saria
***Quelques jours plus tard***
***Abomey-Calavi***
***Chez les TONI***
***Kafui***
J’étais assise au jardin, je pouvais sortir sans craindre le regard interrogateur des filles sur mes yeux gonflés et rouges. Elles avaient été invitées à un goûter d’anniversaire. J’étais à moitié allongée dans l’une des chaises longues, le regard dans le vide. Cette grossesse me met dans un état lamentable : la moindre contrariété je pleure comme une madeleine, incapable de m’arrêter ou de me contrôler.
Hum…Je me sentais re-trahie. Je ne sais pas comment s’est possible mais c’est comme ça. Vu comment je suis ronde –là jamais je ne pourrais rivaliser avec Nicole ! Une femme on dirait à tout moment qu’elle est sortie de la douche. Jamais une mèche de travers, parfaitement maquillée ! Moi avec mes kilos qui débordent de partout, mes grossesses gémellaires ! Mieux je m’arrête là… trop déprimante la comparaison. Que personne ne vienne me dire qu’il ne se passera rien !
J’ai vu dans que état elle met Guy, quand il est en sa présence. Je n’arrive pas à me raisonner…ils vont recoucher ensemble c'est clair. Ce n’est pas parce que j’ai demandé le divorce que je n’aime pas mon mari. Sans vous mentir ces derniers jours nous ont rapprochés aussi. Même si je réalise que c’était trop beau pour être vrai.
Je mets sur le côté et pose mes deux mains sur mon ventre. Mon bébé joue au ping pong, le médecin m’a demandé lors de mon dernier contrôle si je voulais voir le sexe j’ai dit non. Je veux l’aimer sans à priori, garçon ou fille ce sera mon enfant.
Je sens une présence dans mon dos. Pas besoin de me retourner pour savoir qui c’est. Il reste debout un moment puis s’assoit sur la chaise et me touche l’épaule. Je retire sa main et je l’entends soupirer.
Guy : Kafui…Je pars dans quelques heures et ça me cisaille de te laisser dans cet état.
Kafui : …
Guy : J’ai déconné une fois…Je sais que je t’ai fait mal et j'en suis désolé…Je n’oublie pas non plus l’épée de Damoclès suspendu au-dessus de notre mariage puisqu’on est en instance de divorce…Je ne vais pas tout foutre en l’air.
Kafui : …
Guy : J’ai besoin que tu me fasses crédit encore mon cœur, s’il te plaît ! Je ne peux pas partir tranquille en te laissant comme ça.
Kafui : Ne t’inquiètes pas pour moi, je ne crois pas que tu aies eu un cas de conscience quand tu as couché avec elle et lui a fait un enfant ! Pourquoi je te croirais maintenant ?
Guy : Le contexte n’est pas pareil !
Kafui : Humm…Lol
Un silence s'installe...Tchiiip, s'il croit que moi j'ai envie de disserter sur ce qu'il fera ou pas à Paris!
Guy : Je descends au Méridien étoilé. Tu as sur ta table de chevet le planning de mon séjour, je vais activer ma puce française…Je vais vous appeler le plus souvent possible…
Pour toute réponse, je me recroqueville. Il se penche et me serre fort et pose un long baiser sur ma tempe. Il me chuchote ensuite des choses à l’oreille alors j’étouffe un sanglot.
-Je m’en vais bébé, je t’aime très fort…Prends soin de vous…et des petites.
En 15 ans de vie commune c’est la première fois qu’il fait sa valise seul, c’est la première fois que je ne l’accompagne pas dans ses préparatifs et à l’aéroport. J’aurais aimé qu’il reste, j’aurais aimé qu’il me choisisse moi ! Je déraisonne mais c’est comme ça que je le vis.
***Guy***
Je suis en France depuis deux jours mais je n’arrive pas à
bosser : l’état de Kafu m’inquiète, elle était complètement effondrée. Mon
voyage sur Paris est comme une deuxième trahison. En tout cas c’est comme ça
qu’elle le vit. J’ai beau lui expliquer que cette fois c’est juste le boulot
mais non, elle ne m’entend pas emmurer dans sa peine.
J’ai parlé aux filles et à la dada, depuis mon arrivée mais elle non…Elle refuse de me parler. Je ne sais pas quoi faire ! Maman Hortense est hors du Bénin sinon je l’aurais sollicité.
C’est lorsque que j’entends sa voix que je réalise que j’ai composé son numéro instinctivement !
Jean-Yves : Allô ?
Moi : Euh…Oui…Allô !
Un long silence s’installe aucun de nous ne parle. Je fini par raccrocher, je ne sais même pas pourquoi je l’appelle lui après tout ce qu’il m’a fait !
Je tourne en rond, je finis par mettre mon égo de côté et je le rappelle. Dès qu’il décroche.
Moi : Je ne saute pas de joie à l’idée de te solliciter…Si j’avais d’autres options, si j’avais eu le choix je ne t’aurais pas appelé…Mais je sais également qu’elle est toujours passé avant tout…Je suppose encore plus qu’elle porte ton enfant.
Jean-Yves : Que se passe-t-il ?
Moi : Je suis en mission à Paris…Et Kafui le vit mal…Elle est seule avec les filles et la dada. J’ai besoin que tu sois présent…Que tu lui parles…Change lui les idées….Fais au mieux pour le bébé et elle…J’ai besoin que tu le fasses s’il te plaît…Je suis mort d’inquiétude ici !
Jean-Yves : Ok
Aucun de nous n’ajoute plus rien. Mais je savais qu’il prendrait les choses en main. Que les portes qu’elle referme, elle les lui ouvrira. C’est dur mais ce que je ressens ne compte pas.
***Ottawa***
***Chez Jean-Yves***
Mon frère qui m’appelle c’est forcément en relation avec Kafui…Ça je l’ai compris. J’ai parlé à Kafui il y a quelques jours. Elle semblait triste...J'ai cru que c'est parce que je venais de reporter pour la troisième fois mon retour sur Cotonou.
Elle me manque énormément et ça me fend le cœur de sentir de
la déception dans sa voix. Mais elle sait que si ce n’était pas important je ne
resterais pas aussi loin. Je sais que ça arrange les affaires des pro-Guy.
Le docteur Fawaz me tient également informé de son état. Mais avec ce que Guy vient de me dire je suis un peu inquiet.
Je lance l’appel vers son numéro…
***Deux jours plus tard***
***Paris***
***Nicole***
Toute la journée j’étais comme fébrile, depuis que la mère de Guy m’a communiqué son adresse « Hôtel le Méridien Etoilé » chambre 408, c’est à quelques minutes des Champs-Elysées. Je suis rentrée du boulot et confié Junior à sa baby-sitter.
Je traîne depuis 30 minutes au bar de l’hôtel, tout en regardant ma montre. De toute façon, il n’a rien prévu selon ce que sa mère m’a laissée entendre. Et plus il se fait tard, plus ça arrange mes affaires.
J’ai pris tout mon temps pour me préparer. J’étais sexy sans être vulgaire. Guy a horreur de ça, élégance, sophistication et sensualité, voilà ce qui le fait craquer chez une femme. J’ai choisi une robe courte noire, le cou fermé avec des fleurs jaunes. Hissée sur de hauts talons, maquillée légèrement.
23h30, je me lève et me dirige vers l’ascenseur. J’ai les mains moites et mon cœur bat la chamade quand j’arrive à son étage.
Je frappe à la porte, pas de réponse, j’insiste. J’espère qu’il ne dort pas ! Je m’apprêtais à frapper de nouveau quand la porte s’ouvre sur lui. Apparemment, il travaillait…Il ne semblait pas vraiment surpris de me voir.
On reste là à se regarder, alors je me jette à son cou et me met à lui dévorer la bouche. Ses deux mains se referment sur ma taille.
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