MON CALVAIRE: partie 10
Ecrit par Ibtissem
MON CALVAIRE : 10 E PARTIE
Je regardais la vie autrement, des épreuves j’en ai connues, mais cela ne m’empêchait pas d’avoir des projets personnels et c’était tout ce qui importait.
Je commençais à penser qu’il était peut-être temps de quitter les « Sembène » et voler de mes propres ailes. Je venais de passer superviseur et gagnais 320.000 f/mois presque le double de mon salaire initiale ,J’avais ma petite voiture.
Mais où irai je ? vivre seule, en tant que fille était très mal vu au Niger et ma mère ferait une syncope en l’apprenant.
Déjà, il avait fallu 2 ans avant qu’elle ne découvre que je ne vivais plus chez hafsat. Elle ne lui avait rien dit et moi non plus. J’avais demandé à madame Sembène de ne pas donner de détails à ma mère et qu’au moment opportun, je le ferai.
Je savais que Hafsat ne lui en parlerait pas, et personne dans la famille ne le ferait car déjà la majorité ne le savait pas et ceux qui le savaient, redoutaient tous sa réaction et donc personne ne voulut s’en mêler.
Ma mère savait qu’au départ de hafsat et Dourfaye sur Lomé, j’ai eu un bref séjour chez les « Sembène » justifié, puisque j’allais me retrouver seule. Pour la ménager, je lui fis juste comprendre que de temps à autre les week ends, j’allais aider madame Sembène et cela m’arrivait de dormir là-bas…Donc, ça m’avait permis d’avoir une longueur d’avance, au cas où quelqu’un se hasarderait à aller lui dire la vérité.
Ma mère n’ayant jamais su ce que j’avais traversé, pensait que j’étais un bon modèle de réussite et envoya mes sœurs à la capitale après leur bac aussi chez des tantes afin qu’elles continuent à l’université Abdou moumouni ou dans les écoles professionnelles. Ce fut le déclic chez moi, celui qui me permit de prendre la décision ultime.
Mes sœurs sont jumelles,( Macca et Madina) elles venaient juste après moi et je les adorais de toute mon âme, on se ressemblait tellement, que n’eut été nos tailles, l’on penserait qu’on était des triplets. A trois, on faisait le bonheur de notre mère. Elles devaient vivre séparément chez des tantes, ce qui n’était quasiment pas facile pour des jumelles.
Je jurais et refusais au grand jamais qu’elles subissent le même sort que moi. Alors je décidais sur un coup de tête et de frayeur certainement, de prendre une maison de location afin de réunir ma famille.
Mon salaire de supervision était peu de chose , mais même s’il fallait manger Gari et sardine, j’avais décidé de prendre soin de mes sœurs. J’ai gardé la foi, il fallait que j’épargne mes sœurs de ce cauchemar invisible à l’œil nu.
Et c’est ainsi que petit à petit j’arrivais à équiper la petite maisonnette que j’avais louée, ni vu ni connu, je n’en parlais à personne de ce projet, même pas aux" Sembène".
Je leur en fis part quand tout fut fin prêt et les remercia de leur hospitalité.Au bout de 3 mois, la maison était prête et je récupérai mes sœurs avec moi. Je pris un gardien et on faisait le ménage et à manger à tour de rôle.
Les avoir à mes côtés me donna la force de me battre encore plus au bureau, j’avais un mobile, mes sœurs devaient réussir. On s’organisait comme des étudiantes et on s’entendait à merveille. On faisait des soirées pyjama, on dormait dans la même chambre, on faisait tout ensemble…
J’appelais ma mère un jour pour lui expliquer ce que j’avais fait et pourquoi je l’avais fait. Elle me donna sa bénédiction et me dit qu’elle croyait en moi et que je pouvais être tranquille.
Je n’en revenais pas bien sûr, je pensais qu’elle allait m’engueuler, mais non, elle me soutint et la vie ne pouvait être plus belle pour moi. Elle promit de nous rejoindre, qu’elle avait besoin de temps, après quand même plus de vingt ans passés à la campagne, se séparer de ses amies et habitudes allaient être difficile.
Après l’arrivée de ma mère à la capitale, à nos côtés, ma vie connut un rebondissement que je qualifierai de gloire de Dieu, mes voies s’ouvrirent, c’est là que je commençais à battre les records au boulot, je passais manager 3 mois après son arrivée, et aujourd’hui je suis directrice de département.
Je m’investis dans l’éducation de mes sœurs. Elles trouvèrent toutes les deux du boulot à la fin de leurs études. Je m’étais battue ces dernières années afin qu’elles réussissent à l’école et gagnent leur pains en travaillant ; elles sont toutes les deux mariées et heureuses. J’étais tout simplement la plus heureuse des femmes…
Je pouvais enfin m’occuper de ma vie, un petit détail était à régler, le dernier et je pourrai essayer de construire ma vie avec quelqu’un : ma mère ne vivra pas continuellement dans une maison de location !!! Ça bien sûr, ce sera un autre casse-tête à régler plus tard…
Je venais de fêter mes trente cinq ans. Bien sûr, toutes les tantes commencèrent à polluer la tête de ma mère, il fallait que je me marie…hum, si seulement elles savaient que je détestais les hommes, elles ne penseraient pas à cela.
Hafsat ne goba pas le fait que ma famille soit réunie, le fait que ma mère ne lui demanda rien ni ne changea avec elle, me concernant, la déconcertait.
Elle se demandait ce que j’avais bien pu dire à ma mère pour que tout soit calme ainsi.Elle allait avoir l’obligation de venir de temps en temps voir ma mère, dans la maison que je louais, donc chez moi, alors qu’elle ne supportait pas ma présence.
Pire, j’avais réussi là où elle avait failli, car en temps normal, étant plus aisée que moi et ayant été élevée par ma mère, c’était son devoir de s’en occuper…
Mais non, et Dieu faisant bien les choses, elle ne se donnait pas la peine dans le passé de téléphoner à ma mère. Elle pouvait taper une année entière sans avoir de ses nouvelles, ma mère n’avait jamais changé envers elle et continua comme si de rien n’était.
Hafsat tournait en rond, allait d’une tante à une autre, se justifier sur le pourquoi, quand, comment concernant le fait que j’aie quitté sa maison… un peu tard non ? après combien d’années ? qu’espérait elle faire en réveillant de anciennes histoires.
Au lieu elle-même de régler sa propre vie qui virait au cauchemar, elle continuait à vouloir me salir encore plus. Elle tenait coûte que coûte à ce que tous les membres de la famille pensent que j’étais fautive et en parlent à ma mère. Mais personne ne voulut s’en mêler.
Elle allait de problèmes en problèmes. Il semble qu’elle se soit faite arnaquée par un monsieur avec qui elle avait commencé une relation d’affaire, des dizaines de millions.
Son réseau de femmes opulentes qu’elles suivaient s’était disséqué et ses enfants traversaient des problèmes à n’en pas finir. Ses deux garçons étaient devenus des délinquants allant de la consommation d’alcool à la drogue et la seule fille qu’elle avait eu peinait dans ses relations avec les hommes.
J’avais de la peine pour eux, quoi qu’on dise, leur père fut très bon avec moi, ces enfants ne méritaient pas vraiment ce qui leur arrivait.
Un jour, un de ses garçons vint me voir au bureau, c’était bien la première fois qu’il venait depuis que sa mère m’avait mise à la porte. J’avais essayé de garder les liens avec eux, mais ils avaient reçu l’ordre formels de ne pas m’approcher. Ainsi je perdis tout contact.
Il était pâle, maigre comme un clou et empestait l’alcool. Je le reçus dans mon bureau et lui servit un jus d’orange frais.
Il me dit qu’il avait pensé à moi et qu’il s’était senti mal par rapport à beaucoup de choses qui s’étaient passé sous ses yeux depuis ces années. Il était juste venu m’avertir de faire faire attention avec hafsat car sa haine pour moi n’avait pas de limite.
Étonnée, je voulus en savoir un peu plus…Il se mit à l’insulter père et mère car il estimait que si son frère et lui étaient dans cet état, c’était quelque part de sa faute.
Hafsat n’était jamais à la maison, les enfants étaient laissées à eux-mêmes avec les domestiques. Elle préférait ses mondanités à l’éducation de ses enfants. Elle ne se présentait jamais à l’école quand les professeurs l’invitaient et c’est ainsi qu’ils se dispersèrent, d’abord par l’école buissonnière puis dans les stupéfiants.
Ils sont aujourd’hui sans diplôme et chôment. Leur sœur avait réussi à obtenir ses diplômes mais chômait également.
Il me sortit des histoires à dormir debout. Il me confia que Hafsat faisait des pactes avec le diable pour faire du mal autour d’elle et qu’elle m’avait longtemps mis les barrières dans les roues.
Les quelques exemples étaient le fait de me faire perdre mon boulot, m’éloigner de ma famille que j’avais réussie à réunir, et faire de moi une délinquante, parlant des hommes…et plein de petits détails qui me ramenèrent dans mon passé douloureux.
Avant de partir, il me fit promettre de me battre pour me sortir des liens qu’elle avait tissés contre mon évolution. Il m’acheva en me confirmant qu’elle était à la base de ma rupture d’avec Alif.
A la mention de ce nom, tout mon être se mit à frémir de colère, je repensais en même temps à tout ce que j’ai pu souffrir à cause d’elle et je fondis en larmes.
J’en fis part à ma psychologue et amie, j’avais oublié ses crises d’angoisses, mais voilà que le fils de hafsat venait de raviver le feu rien qu’en parlant de quelque chose qu’à priori je savais déjà.
Mais pourquoi alors cela revenait avec force pour m’empêcher de respirer. Pourquoi je revivais les mêmes angoisses ??
Je décidais alors d’avoir le cœur net, je me disais qu’il fallait mette un terme à tout cela, j’aurai voulu que sa méchanceté retombe sur elle, pas sur ses enfants.
J’avais toujours refusé de faire recours aux marabouts et autres charlatans depuis mon adolescence. D’abord c’était notre gourou de la maison qui me mit la puce à l’oreille, puis TT ( takouyandi ), maintenant le fils même de hafsat ????!
Durant ma dépression, ma copine de bureau m’envoya chez un marabout qui voulut abuser de moi. Lui aussi me sauta presque dessus, ne pouvant pas se maîtriser, il se confondit en excuses en me sortant qu’il ne savait pas ce qui le prenait.
Ça commençait à faire trop je trouve, qu’est-ce que tous les mecs avaient contre moi ? et depuis je me disais que j’avais raison de ne pas me fier à ce genre de personnes.
Je fis appel à une amie qui était versée dans ce genre de réseau, elle voyageait même pour les rechercher vue le business énorme qu’elle gérait. Je lui expliquai l’objet de ma requête.
On se donna RDV pour aller visiter un clairvoyant.
J’avais le cœur qui battait la chamade rien qu’en y pensant, mais j’étais plus que jamais déterminée à connaitre le fin fond de l’histoire.
Arrivée sur place, le clairvoyant nous fit asseoir dans une salle et revint après avec de la terre enroulée dans un linceul blanc. Il dessina dessus et secoua la tête, moi j’attendais avec impatience l’interprétation.
C’est là qu’il me demanda qui est cette dame noire et ronde qui me talonnait depuis ma puberté jusqu’à nos jours ? je fus si choquée que je ne plaçais pas un mot.
Il continua son récit avec des détails tellement fous que je me demandais s’il n’augmentait pas d’autres choses, ou qu’il n’était pas au courant de mon histoire au préalable.
Il me détailla mon histoire avec Alif, jusqu’aux jumeaux que j’ai perdus.J’étais seule avec lui, ma copine m’avait laissée et était au dehors à m’attendre.
Hafsat m’aurait attachée selon ses dires pour que je devienne une va nu pied, une prostituée et que son souhait était que je ne me marie jamais de la vie. Absolument toutes les catastrophes que j’ai connues seraient liées à elle.
C’est là que je lui posais la question à savoir pourquoi elle m’en voulait à ce point ? pourquoi tant de méchanceté, elle avait pourtant eu ce qu’elle voulait non, elle avait gâché mon mariage et à date j’étais encore célibataire, mais que voulait elle d’autres ?
Il me répondit que j’avais une grâce que l’œil humain ne pouvait voir et elle le savait car elle passait sa vie à aller chez les manipulateurs des forces occultes, toute sa force, elle la mettait pour me déstabiliser.
J’allais devenir quelqu’un de connu dans les 4 coins du monde, et c’est ce qu’elle s’acharnait à bloquer. Il me dit qu’en fait j’étais naturellement protégée, il n’avait rien à me donner pour ça, car j’avais la protection divine.
Je revins à la maison bouleversée et décontenancée par ce que je venais d’apprendre, déjà depuis ma rupture d’avec Alif, j’avais refusé toute relation sérieuse en m’affichant, car je n’y croyais plus.
Au bureau, j’avais connu quelques petits problèmes avec des directeurs qui me harcelaient et finissaient par bloquer mon ascension parce que je refusais leurs avances. Mais je le prenais comme un acte normal de la vie et j’assumais tout ce qui m’arrivait et cela avait fini par payer.
Donc, elle réussissait peut-être à retarder mon évolution, mais n’arrivait pas à me bloquer totalement, je souffrais mais quand Dieu voulait me donner quelque chose, il ne donnait pas petitement….
Donc je me disais, c’était déjà ça…On y va seulement ! jamais je ne lui avais souhaité du mal et je continuerai dans ce sens, Dieu s’occupera d’elle sans que je ne lève le petit doigt.
Visiblement, hafsat s’acharnait plus sur le domaine relationnel me concernant, elle voulait ma honte coûte que coûte, pour gagner quoi ?
Etait-elle à la base de mon rejet constant des hommes, ou même du fait qu’ils veulent juste me mettre dans leur lit ? cette possibilité m’effrayait au plus haut niveau.
J’avais une stabilité financière, mes sœurs étaient casées, ma mère se portait comme un charme, mais depuis peu, une angoisse constante me pompait l’énergie, j’avais peur que tout mon bonheur ne vole en éclat du jour au lendemain.
J’étais dans mon inquiétude quand je rencontrai un étranger, un malien, un vrai pot de colle, je faisais tout pour m’en défaire, mais il était là , aux petits soins avec moi. Il s’appelait youssef….
Récit reccueilli et transcrit par Ibtissem….