Mon calvaire: partie 2
Ecrit par Ibtissem
Mon calvaire : partie 2
Hafsat eut une formation hors du pays, elle venait d’être promue à un poste de responsabilité , et devait se rendre au Sénégal pour un mois , ce fut le mois le plus long que j'ai vécu de toute ma vie.J'étais seule avec les enfants, je m'occupais maintenant même des domestiques , veillait à tout après l'école.
Avant de partir, elle demanda à la bonne de dormir à la maison dans la chambre des enfants jusqu'à son retour pour que je ne sois pas seule.Elle me remit une importante somme d'argent pour la gestion de la maison, du goûter des enfants, au salaire des domestiques.
Un jour , après l'école , je trouvais le poignet de la porte de ma chambre déglingué,elle ne se refermait plus, il fallait changer carrément le système. Je demandais alors à Dourfaye de me la faire réparer, je dormais à nouveau dans la chambre , vue que la saison était clémente, il faisait moins chaud .
Il ne fit rien pour le faire réparer malgré mes interminables relances, les enfants rentraient et renversaient mes pommades, mes cahiers et livres, j'étais énervée tous les jours .
Un soir, alors que je révisais mes cours , il vint me trouver , ivre, en peignoir et s'assit au bord du lit, moi sur ma chaise d'étude. Il empestait et franchement cette proximité me dérangeait , je fis mine d’être concentrée et d’être super occupée et là il me lança la phrase fatale:
lui: j'ai pas sommeil
moi: j'ai du valium si ça te convient
lui: je ne veux pas de médicament, j'ai envie de toi , je sais que tu es vierge,je ne vais pas te faire du mal, je veux juste jouir , fais moi confiance
Non mais !!!! je commençais à trembler d’énervement et de peur, la bonne dormait de l'autre coté avec les enfants, que dois je faire la ? Je ne pus retenir des larmes et il regretta aussitôt ses paroles et partit , le zizi bien dressé sous son peignoir.
Je fermais mes cahiers et regagnais mon lit, voila que ma porte ne se fermait plus, enfin je me disais que c'était fini puisqu'il était parti. J'avais mes menstrues,donc je dormais avec slip et cycliste et toujours avec un T shirt assez long dans ces périodes.Je finis par m'endormir , essayant d'oublier cette mauvaise blague.
Vers 2 h du matin, couchée sur mon ventre, je sentis une lourde masse sur mon dos, j'étouffais, et l'odeur de l'alcool empestait , j'ouvris les yeux et réalisais que Dourfaye était sur moi nu comme un ver de terre, son membre entre mes cuisses.
Il mit sa main gauche sur ma bouche pour m’empêcher de hurler et me susurra dans l'oreille: j'ai trop envie, je n'en peux plus, je ne vais pas te faire mal…
Me voila bloquée avec mes 48 kgs sous un gaillard qui en pesait 80 au moins, je ne pus bouger d'un cm, je gigotais pour rien et finis par me calmer, pleurant la tête immobilisée par sa main.
Il se mit à frotter son membre contre mes fesses en gémissant;à un moment donné ,il glissa sa main sous moi pour prendre mon sein.Il augmentait le rythme de sa cadence et entreprit brutalement de m'enlever mon cycliste et Tchipa quand sa main rencontra mon coton hygiénique, il remit mon slip et continua ses mouvements jusqu'à lâcher sa saleté sur mon dos et mes fesses.
sa sueur ruisselait sur mon cou , il se leva sans placer un mot et regagna sa chambre. Je ne sais pas combien de temps j'ai fait dans cette position, écoeurée, désorientée par la brutalité de Dourfaye .
Je sanglotais et rentrais dans ma douche,j'enlevais avec dégoût mon cycliste,mon slip et mon t shirt et jeta le tout par terre, c'était la première fois que je voyais du sperme, à l'école on nous en parlait, je savais tout de la reproduction, mais jamais je n'en avais vu de si près et surtout pas sur mon corps Seigneur.
Ce que je voyais dans les films américains était entrain de m'arriver , moi , Hayat . Qu'ai je fais pour mériter ça ? pourquoi lui ? je le respectais tellement.
Il ne m'avait certes pas pénétrée, mais cela aurait pu être le cas si je n'avais pas mes menstrues, et pour la première fois , je les bénissais d’être la , malgré les crampes dont je souffrais.j'ouvris la pompe et me mit en dessous des jets nettoyant cette matière dégueulasse et nauséabonde rappelant du tapioca, que j’arrêtais de consommer depuis cette fameuse nuit, car elle me rappelait tout .
Je pleurais toute la nuit jusqu'au petit matin, cette fois ci , il était allé loin, si je me taisais, il allait arriver à ses fins, si je parlais , j'allais faire un scandale familial, pire Hafsat pourrait ne pas me croire, déjà qu'elle me rendait la vie impossible, je pleurais à l'agonie recroquevillée en position foetus sur mon lit , j'avais de la fièvre et un mal de tête affreux.
Dé-saoulé ,il vint me trouver à 7H30 comme si de rien n'était me demandant pourquoi je n'étais pas encore prête pour l'école; je soulevais ma tête pour le regarder , comme pour lui dire : à ton avis ?
Mes yeux s'emplirent encore de larmes, je ne répondis pas ;il sortit de ma chambre , démarra sa voiture et sortit. Vers 10h , il revint avec des cadeaux à la main qu'il me déposa sur ma table de chevet et 20 mille, j'étais assise par terre et était adossée au lit, je somatisais et vomissais toute la journée.
La bonne vint me trouver et me demanda ce qui n'allait pas, intérieurement je la maudissais de ne pas avoir été la quand j'avais besoin d'elle; je la renvoyais de ma chambre, voulant être seule
Le soir , Dourfaye revint et trouva que je n'avais touché ni à l'argent ni au sachet; il défit le sachet et sortit un ourson en peluche et du chocolat
lui: le chocolat a fondu, tu n'en veux pas ? Je t'ai aussi acheté cette peluche pour que tu ne dormes plus seule.
Je rêve ou bien il pense que je suis dans une solitude monstre. Il sortit de la maison , n'ayant pas obtenu de réponses de ma part.
J'avais 16 ans, Hafsat n'avait jamais voulu que j'aie un copin,je me disais que c'était pour mon bien.Mais elle faisait de la ségrégation, la majorité des petits copins qui venaient me voir étaient d'une famille riche, renommée, ils avaient de gros véhicules, elle les chassait comme des chiens, y'en a eu trois.
elle les chassait tous disant que les fils à papa étaient des voyous, sauf un , Dramane, un va nu pied, sale, crasseux, qui venait de temps en temps à la maison à moto, chargé de cadeaux pour ses enfants. Il avait la trentaine et je ne voulais pas le sentir du tout.
Il était certes gentil et attentionné mais on était complètement différent rien qu'à cause de l'écart d'age . Jusque la ,je me disais qu'elle me protégeait jusqu'au jour ou elle me sortit que j'étais assez grande pour demander de l'argent à mes copins pour mes besoins et non à elle ou à son mari.
J'étais sidérée, ma mère m'a toujours appris à ne jamais prendre de l'argent avec les garçons de peur qu'ils me demandent quelque chose en retour.Comment peut elle alors me suggérer de telles choses, alors qu'on a reçu la même éducation, ma mère l'avait élevée depuis toute petite , avait payé son école jusqu'à la marier.
je devais faire quelque chose pour m'en sortir. Ma mère m'avait offert une radio,elle me servait à enregistrer ma propre voix sur cassette, et c'était le moyen par lequel j'apprenais plus facilement mes leçons, en me réécoutant.
Je ne savais pas du tout bûcher comme le faisait les élèves. Et si j'enregistrais prochainement Dourfaye ? je ne voulais pas en arriver la , car j'allais devoir le faire écouter à quelqu'un et s'il achevait son oeuvre alors ?
je saisis la radio et l'alluma , la pub d'une émission sur la chaine passait . Elle parlait d'une émission " cherie FM" ,où les gens pouvaient parler des confessions de tout genre, il suffisait d'envoyer un courrier et les présentateurs faisaient intervenir les auditeurs pour des solutions, recommandations ....Je trouvais l'idée géniale.
Je n'avais jamais été douée pour raconter des histoires, mais je pense que cette expérience a crée un déclic chez moi et ce jusqu'à aujourd'hui.
Je pris donc un bout de papier et écrivis tous les détails en préservant l'anonymat, demandant conseils aux auditeurs, mais ce que je voulais surtout c'était faire écouter l'émission à Dourfaye, je priais pour qu'il soit la le jour ou on la passerait.
Mon cœur battait la chamade , arrivée à l'étage de la radio, un mercredi soir, je déposais le courrier la main tremblante et détala , je m'imaginais tout type de choses.
Le vendredi des 18 h, j'allumais la radio pour savoir si mon histoire allait passer , EUREUKA, elle allait passer et faisait déjà polémiquer les présentateurs entre eux avant même que les auditeurs ne puissent commencer les appels en direct.
A 20h, j'étais sur la terrasse, avec ma radio, ouvrit le volume au max, mon histoire allait passer, j'avais peur et je jubilais en même temps.
Dourfaye était à la maison et vint s'asseoir aussi sur la terrasse, rongé par les remords , il ne savait plus comment me parler ou m'approcher. Des qu'il se posa, je me levais pour regagner le salon, les fenêtres étaient ouvertes, donc j'entendais l'émission et observait la réaction du gars.
Quand le problème fut posé, son attention se tourna vers la radio et il se concentra pour écouter, je le suivais de la fenêtre, il était hagard , on parlait d'une histoire semblable à la sienne, coïncidence ?? Il resta la sur la terrasse jusqu'à la fin de l'émission qui dura 1h .
Les auditeurs qui appelaient me donnaient tout genre de solutions: il faut quitter, il faut le dire à ta mère, faut dormir avec un gourdin et lui casser la tête....d'autres tarés pensaient que c'est ma faute, pourquoi je faisais le ménage de leur chambre, etc....
Depuis ce jour, Dourfaye devint sombre avec moi, il me rabrouait pour un oui ou pour un non, lui qui me protégeait de Hafsat, était devenu mon ennemi invisible dans la maison. Pire quand elle revint de sa formation , il sortit le grand jeu du chantage sans mots.
Il commençait à me crier dessus, à me ramasser à la petite cuillère.. C'était mieux ainsi, que de se faire culbuter je me disais; je subissais en silence la maltraitance des deux la. .J'encaissais , je me disais qu'il ne me restait plus que deux ans pour en finir , une fois que j'irai à l'université, je serai sauvée pour toujours. Si j'ai tenu 3 ans, je peux encore tenir 2 années supplémentaires.
Je passais la 1ere , sans ambages, il avait pris ses distances avec moi depuis, et Hafsat , continuait à me jeter des pics que je préférais ignorer.Souvent je la surprenais entrain de me toiser, pour rien.
Dieu m'avait gratifié d'un teint clair , d'une chevelure touffue, noire ,arrivant jusque dans le dos, quand je me peignais,elle restait la à me regarder , l'air envieux , et tirant sa bouche ; souvent elle disait que je sentais mauvais juste pour me complexer, je savais que c'était faux. J'étais svelte ,avec mes 48 kg, je mesurais 1m 68 et j'avais de petites courbes que les garcons ne manquaient pas de souligner dans les dragues.
Malgré la distance que son mari avait prise avec moi, il préférait siester dans ma chambre qu'il trouvait plus propre que la leur. Elle ne m'avait pas donné beaucoup de draps, j'en avais que trois, mais je me débrouillais pour les changer chaque samedi, elle m'avait fourgué son ancienne chambre ,lit 3 places et une armoire 3 battants , c'était à la mode dans les années 85. Je pris soins de décorer l'armoire avec des fleurs artificielles et des coquillages ; j'ai aussi recouvert l’intérieur des étagères avec de vieux journaux pour y déposer mes vêtements.
J'avais pris l'habitude de me doucher chaque nuit avant de me coucher,de m'asperger d'eau de Cologne ainsi que mon lit, et d'encenser ma chambre avant de trouver le sommeil, et ce depuis cette fameuse nuit où il me pissa dessus, je sentais constamment l'odeur de sa semence dans ma chambre ou sur moi, c'était devenu psychologique.
Depuis ce jour aussi je ne supportais plus l'odeur des champignons qui poussaient durant la saison des pluies, ils sentaient exactement l'odeur du sperme , cela me donnait des nausées et me faisait basculer en arrière.
Hafsat me trouva une nuit entrain de mettre de l'encens dans ma chambre, elle me hacha net :
elle: c'est quoi ? tu mets encens la nuit ? , tu attends de la visite ?
moi: visite ? J'entretiens , c'est tout
elle: il ne faut pas m'attirer des djinns dans la maison, tu as compris, tu arrêtes avec tes conneries et puis tu balaies la nuit pourquoi ?
moi: j'ai plus de temps avant de dormir
elle: et tu te laves chaque nuit aussi , c'est nouveau tout ça !
je ne répondais pas et elle quittait ma chambre en claquant la porte. Elle était sale , elle dormait souvent sans se doucher , après avoir parcouru la ville. Elle était désorganisée aussi et perdait tout , beuglait et retrouvait finalement ses objets.
Quand je ne m'occupais pas de sa chambre une semaine, son mari piquait des crises et m'ordonnait de venir faire leur chambre. Je savais tout de cette chambre, je rangeais jusqu'au caleçon de son mari, ses chaussettes, il m'arrivait de voir des préservatifs dans sa poche , que je remettais soigneusement à leur place.
La situation de Dourfaye avait repris des couleurs, il avait de grosses entrées d'argent étant devenu opérateur économique . Il changea sa voiture et changea sa garde robe, il fit aumône de tous ses vieux vêtements aux nécessiteux.
Il avait certes des défauts mais son coté humain était reconnu de tous .
Elle continuait toujours à avoir de mauvaises fréquentations, leur groupe de femmes était pointé du doigt comme étant un groupe adultérin,elles étaient une vingtaine et avaient des amants semblaient ils , elles étaient remplis aux as et organisaient par moment des déjeuners-tontine où elles versaient jusqu'à 5 millions pour une mise mensuelle.
Quand c'était au tour de Hafsat d'organiser chez elle, j'étais malade; Elle ne ratait pas une occasion de me rabaisser devant ses copines, me traitant comme une bonniche, gueulant sur moi. C'était son attitude ,chaque fois qu'elle avait des invités à la maison.Je continuais à encaisser, pleurer en silence les nuits.
J'étais enfin en terminale, l'année où je mis les bouchées doubles pour ne pas avoir à rester encore avec Hafsat ,je bossais comme une malade à l'école.
Aucun garçon ne m’intéressait ,tous ceux qui me faisaient la cour finissaient par abandonner, car je ne couchais pas et je n'allais jamais rendre visite à un garçon.
Hafsat eu un autre enfant en début de l'année scolaire.Un travail supplémentaire s'abattit sur moi.La dame qui devait rester jusqu'à la quarantaine s'en alla au bout de deux semaines à cause de son sale caractère .Elle râlait et n'était jamais satisfaite.
C'était la fête tous les jours à la maison avec des va et vient interminables.
Les baptêmes et mariages ne suffisaient plus, les femmes avaient intégré un cercle de marabout et charlatants pour pouvoir maitriser leurs époux et faire leurs belles vies.
J'entendais bien ce qu'elles se disaient , tapant des mains, chacune racontant comment elle gérait son homme.
Plusieurs fois j'avais surpris ma cousine déballer des potions noires que son marabout lui envoyait afin qu'elle le mette dans la sauce.
Je devais enlever ma part de sauce avant l'opération. Visiblement cela marchait, Dourfaye avait arrêté de parler dans la maison, il observait seulement ,impuissant contre les sorties interminables de sa femme.
Je gardais le bébé des journées entières, souvent il dormait avec moi; souvent il pleurait sans raison, j'étais tellement impuissante que je me mettais à pleurer avec lui,n'arrivant plus à le calmer. J'avais à plusieurs reprises mis mon sein dans sa bouche pour lui donner de l'affection afin qu'il dorme et arrête de pleurer.
Une fois , elle m’appela et me fit manger des herbes mélangées à de la viande, elle a veillé à ce que je finisse le tout. Je me disais que cela devait être pour m'aider à avoir le bac ; bref je ne m'en étais pas méfiée et même , qu'aurai je pu faire sinon manger sans secouer la tête.
J'eus mon bac, enfin, j'avais perdu du poids par manque de sommeil , mais cela en valait la peine.Enfin j'allais partir étudier ailleurs loin de mon calvaire …
Comme chaque vacances, j'allais retrouver mes parents à la campagne pour 3 mois, je m'arrangeais pour ne pas provoquer mon père jusqu'à mon retour.Ma marâtre avait enfin conçu le mâle désiré et la sérénité avait regagné notre maison, tout le monde vivait en paix.
On avait un maître coranique qui faisait régulièrement des lectures de coran pour toute la famille. Il vint le jour là pour me féliciter pour ma réussite au bac . Il me posa des questions assez perplexes sur ma vie à la capitale alors que je me trouvais seule avec lui sur la terrasse de notre maison
lui: ma fille, es tu bien ? Tout va bien?
moi: oui oustaz, ça va !
lui: tu pries à ce que je vois , mais pourquoi tu mens ? J'ai fait istikhara sur toi et ce que je perçois n'est pas bon du tout . As-tu mangé des herbes ou décoction ?
moi: oui, Hafsat m'en donnait, mais c'était pour mon bien, pour que j'ai le bac facilement
lui: que tu es innocente et naïve , c'est pas grave, je vais te remettre ceci, il faudra le porter tout le temps sur toi, c'est pour ta protection
Une amulette! Quand on était jeune, on en portait, mais les miennes disparaissaient dans les 48 h et ma mère me chicotait pour ça, on ne me croyait jamais quand je disais que je ne savais pas où elles étaient. Je lançais cette dernière dans mon sac et l'oublia .
Pour la première fois mon père me fit asseoir et me demanda ce que je voulais faire comme études, je lui dis que je voulais faire des études en finances pour travailler dans une banque comme ma mère. Il refusa et m'intima de faire le droit international et sortir diplomate comme il l'a été . Je ne voulais rien de tout ça moi mais je ne disais rien.Il décida d'en parler à ma mère et ensemble ils s'entendirent pour appeler Hafsat et lui faire part de leur proposition.
Mes parents remercièrent gracieusement le geste de ce couple pour tout ce qu'ils firent pour moi et leur firent part de leur volonté à me faire obtenir une bourse d’études de l'état pour que j'aille étudier à l'étranger.
Mon père estimait que Hafsat avait des enfants dont il fallait qu'elle s'occupe et qu'il ne fallait pas l'encombrer encore plus .
Elle le prit très mal, pour une offense même, et me bouda ainsi que mes parents .
Elle ne concevait pas m'avoir fait arriver jusqu'au bac et que mes parents décident de mon avenir à sa place; elle voulait que je fasse des études de médécine, elle voulait que j'aie un jour une clinique privée.
Aussi depuis ce jour , elle arrêta de parler à mon père et ce jusqu'à ce qu'il décède et me tourna le dos.J'habitais toujours chez elle et faisait la navette entre la campagne et la ville le temps que je sois orientée par l’état.
Moi je savais ce que je voulais et décidais de faire ma demande selon mes choix, donc ni mon père ni ma cousine n'avait réussi à me faire prendre leur choix.
La bourse de l'état obtenue, m'avait orientée au sud du Nigeria où je devais effectuer mon bain linguistique avant d'entamer mes études en finances. Je devais faire 6 mois à apprendre l'anglais, puis 4 ans d'études .
Ca me convenait bien, je n'avais que 17 ans. Malheureusement , je ne pus même pas finir mon toefel , je n'avait fait que 3 mois , car j'étais malade tout le temps, je ne supportais pas du tout l'humidité et il pleuvait 10 mois sur 12 ,une maladie que les docteurs ne comprenait pas .
Je revins à la campagne directement , refusant de repartir avec tout ce que j'avais vécue, entre les attaques par des sectes dans notre campus, la phobie de sortir au delà de 19h à cause des sacrifices humains qui se pratiquaient dans cette zone, les transes que mes camarades de classe piquaient ,tombant et se roulant par terre, c'était la psychose.
Mes parents me forcèrent à retourner finir les mois restants et prendre mon diplôme; je pris le chemin bon gré malgré, puis revint le même jour après avoir parcouru plus de 200 Km, j'étais déjà à kano. Il fallait chercher un bus et entreprendre un voyage qui devrait durer 2 jours de route, avec toutes les attaques de bandits armées possibles.
Au fond de moi, quelque chose m'ordonna de faire demi tour , j'étais avec 4 camarades , et je leur remis toutes mes provisions de nourriture que ma mère m'avait faites afin qu'ils les utilisent une fois la bas. " Sans moi leur avais je dis" .
Ils firent tout pour me convaincre de continuer, j'avais refusé. Dieu m'avait épargné une attaque dont ils avaient été victimes le lendemain sur la voix de Lagos, ils perdirent tout, leurs provisions, leur argent, des filles dans le bus furent violées...
Mon père voulut m’étriper lorsqu'il ouvrit la porte cette fameuse nuit. Il était presque minuit, affamée et les cheveux hirsutes, je tambourinais à la porte pour qu'on vienne m'ouvrir.
mon père:tu fais quoi la toi ?
Moi: je suis revenue, et je repars plus au Nigeria ,je veux la côte ou le Maghreb
Mon père: pays de débauche oui !!! en tout cas , ne compte pas sur moi , pour tes études, tu vas devoir te débrouiller ,comme tu aimes faire à ta tête, c'était ton choix ,pas le mien de toute façon
Ma mère vint nous rejoindre au salon, en larmes : tu veux me tuer ? Ne vois tu pas tout ce que je fais pour toi donc ?
moi: c'est pour toi que je veux réussir, mais pas au Nigeria, je peux très bien étudier la finance ailleurs ,il y'a le maghreb, la côte …Je serai plus en sécurité je pense
ma mère: je n'ai pas les moyens de te payer les études dans ces pays là et tu le sais n'est ce pas ?
Moi: Dieu fera maman, je vais à la capitale demander une dérogation de bourse vers le magreb ou la côte
Ma mère se chamailla cette nuit avec mon père , qui était hors de lui. Elle décida dès le lendemain de me renvoyer à la capitale pour aller faire mes soi disant démarches.Je revins donc chez ma cousine, qui d'un regard amusé et ironique me lança:
elle: oh tu n'es plus au Nigeria toi? tu fais quoi chez moi ?
Moi: je ne supporte pas le climat, donc je vais demander une dérogation ou au magreb ou à la coete, ca se fait
elle: hum ! Tes parents ont pris le devant pour toi non ? Bonne chance! Lanca t elle ironiquement
Dourfaye attablé écoutait notre dialogue et coupa court ,malgré l'opposition de Hafsat;il décida de payer mes études là où je voulais sans attendre la dérogation de l'état qui pouvait prendre des mois ou ne jamais aboutir.
Nos rapports avaient repris à zéro Dourfaye et moi,un jour où il m'appela en l'absence de sa femme et me demanda pardon pour tous les torts qu'il a pu me causer.
Ce qui le toucha , c'était mon silence, qu'il qualifia de courageux et la manière dont j'avais géré.
Il était tombé amoureux de moi et se sentait en confiance avec moi, mais qu'il avait réalisé son erreur , l'alcool y avait participé pour beaucoup.
Je l'écoutais finir son récit et lui dis que je lui pardonnais . Il me demanda aussi une chose: "reste comme tu es ,je t'en supplie , ne te donne jamais à un homme et garde toi d'agir comme ta soeur . une vraie femme c'est celle là qui respecte son mari et qui le soutient".
Je ne savais pas pourquoi il me donnait tous ces conseils, je me contentais de hocher la tête et on passa à autre chose.
Ils avaient pris leurs vacances pour aller ,avec leurs enfants au togo et c'est là qu'ils m'inscrivirent dans une école privée de la place.
Pendant ce temps, pour ne pas rester à la maison à ne rien faire, j'eus une offre de travail d’hôtesse pour la fondation Helen keller pour 15 jours et je gagnais 10.000F le jour. Je pus ainsi reunir 150.000F.
J'avais élu domicile chez une amie d'enfance pour ne pas rester seule chez hafsat.
Mon père tomba malade et décéda cette année d'un diabète, on se parlait à peine , lui et moi, tellement je l'avais déçue .La rentrée avait eu lieu depuis une semaine, ma mère me demanda d'y aller sans tarder.
Je n'eus même pas le temps de le pleurer, je partis le 2 e jour de son décès. Un voyage vers l'inconnu, avec comme référence une adresse et numéro de téléphone d'une tante éloignée que je ne connaissais pas.
Je devais rester chez elle,le temps de trouver un appartement.
Je pensais que ma vie d'étudiante serait enfin la délivrance à laquelle j'aspirais.Tout au long du voyage qui dura 2 jours , je cogitais sur mon avenir, celui de mes sœurs encore sur les bancs, ma mère qui allait en retraite sous peu, mon père n'étant plus la .
Je me demandais comment on allait s'en sortir...Mon père n'avait quasiment rien laissé, rongé par l'amertume de ne pas avoir eu de fils, il avait déjà dépenser ses économies de son vivant. Il disait qu'on était que des filles qui allaient perdre son nom en nous mariant .
conclusion:
Ce tournant de ma vie, je vous le raconterai dans un autre récit ….peut être, si je trouve encore la force d'en parler.
Il m'a fallu 20 ans de silence avant de décider d'écrire mon histoire, je peux vous assurer que ce n'était pas facile du tout.
J’espère vraiment par mon récit, que les mères réfléchiraient à maintes reprises avant de laisser leurs filles en adoption temporaire.
J'invite aussi les papas qui pensent que les filles sont des malédictions ou inutiles à se rattraper. Ils se doivent de leur témoigner leur amour et de prendre avec deux mains tout ce que Dieu leur donnent comme progéniture.
J'attire particulièrement l'attention des adoptants de bonne intention. c'est un couteau à double tranchant, ça peut marcher comme ça peut ne pas marcher.
La jalousie est vite créée et ressentie par les enfants adoptés ,particulièrement chez les filles qui se comparent toujours aux enfants de la maison…
récit recueilli et transcrit par Ibtissem...