Notoriété
Ecrit par deebaji
Le drive-by avait pris fin et les membres du gang rival avait pris la fuite. Ils s’étaient faits laminés et la moitié de leur équipe de descente avait reçu des balles. Ils en auraient au moins pour quelques mois avant de pouvoir retenter un coup comme celui qu’ils s’étaient hasardés à faire. Par cette occasion, j’avais pu imposer ma personne et leur montrer qui commandait et qui était le plus fou de la bande, celui qui avait le moins froid aux yeux. En vérité, pendant que nous nous rendions à l’emplacement du drive-by, j’étais effrayé et j’avais ce sentiment de lâcheté qui commençait à m’envahir et que je m’efforçais de combattre du mieux que je pouvais. Cependant, ma peur ne partait pas, je la ressentais toujours, il y avait des moments où lorsque la voiture ralentissait au niveau des carrefours, j’étais pris d’envie de m’enfuir en courant sans jamais me retourner, je me disais que j’allais certainement me faire tuer et que cela couterait trop cher aux membres de ma famille qui retomberaient immédiatement dans leur situation de pauvreté chronique. Et malgré tout, je m’y suis rendu. En parlant de famille, c’est justement lorsque je me suis souvenu des dires de mon père que j’ai compris que je devais m’y rendre et défendre mon équipe. Cela remonte à environ douze ans, je n’étais encore qu’un morveux pré pubère avec la tête dans les nuages lorsque mon père me fit sortir avec lui pour que nous allions faire les cours. C’était du temps où il avait toujours son emploi et que l’incident du renvoi ne s’était toujours pas produit. Bref, nous nous rendions donc au magasin le plus proche lorsque ce dernier se mit à me parler. La conversation débuta et il me demanda ce que je vivais au sein de mon école, je lui ai répondu que tout avait commencé à s’améliorer même si, j’avais toujours des petits problèmes avec mes camarades parce que, nous n’étions pas de la même classe sociale. Mon père se tut, il se tut un moment m’observa laissa s’échapper un sourire puis, me demanda ce que je pensais de la vie. Quelle question sordide ! Pourquoi me posait-il une question pareille, je commençais à me dire qu’il avait surement bu comme à son habitude mais non, cette fois, il ne sentait pas du tout l’alcool, il était sobre et me posait une question sérieuse. Je lui ai répondu que la vie que nous menions était une vie ennuyante et trop dure remplie de chiens qui cherchaient à nous empêcher d’avancer et de nous en sortir. Il me regarda tout silencieux et roula jusqu’à un carrefour et s’arrêta puis, il me regarda à nouveau droit dans les yeux et me dit ceci : «si cette vie est remplie de chiens comme tu le penses, autant que toi tu sois le plus féroce de ces chiens». Sur le coup, je pris sa phrase comme une insulte ou une réprimande parce que je m’imaginais que je lui avais peut-être mal parlé ou que je l’avais vexé en disant que je n’étais pas heureux, mais non. Rien à voir, ce n’était pas là une réprimande qu’il me faisait mais une leçon de vie qu’il me donnait. Et cette leçon signifiait : «si ton adversaire est fort, deviens deux fois plus fort que lui» elle signifiait aussi que je devais assumer et ne pas être lâche que je devais être brave et capable dans toutes les situations qui se présentaient à moi. Et, le simple fait de me souvenir de cette phrase de mon père, mélangée avec la blessure que Diana m’avait laissée, la haine et la colère que j’avais en moi sont devenus mes seules armes contre l’adversité. Car, c’est bien de posséder une arme mais s’il n’y a pas le courage d’appuyer sur la gâchette, quitte à prendre des vies ou à perdre la sienne, cette arme ne sert plus à rien parce que son utilisateur n’aura jamais assez de courage pour faire feu. Le courage, oui cette notion humaine, c’est tout ce qu’il me fallait, du courage et à ce moment précis j’avais une vague de courage, de détermination et de haine prêtes à tout casser et à tout transcender. Alors une fois arrivés au lieu du drive-by, je n’ai pas hésité, j’ai dégainé ma mitrailleuse et j’ai ouvert le feu, j’avais l’avantage du temps et de la sophistication sur le gang rival qui nous avait attaqué. Ils ne pouvaient pas se procurer des armes telles que les nôtres, leurs armes étaient assez rudimentaires et ressemblaient à de vieux revolvers non sillés et bon pour la casse. J’ai ouvert le feu et j’ai mené la danse, c’était un viol collectif au sens figuré à sens unique. Les balles fusaient de partout et je n’en ai reçu aucune pourtant j’étais à découvert et personne ne couvrait non plus mes arrières. Mais j’avais réussi à repousser les assaillants et à les faire rentrer chez eux en rampant, ce qui allait bientôt me valoir le nom du KingMad de Brook. En référence à ma ville et au fait que j’ai foncé dans le tas en tirant sur tout et tout le monde, que j’ai survécu à une fusillade avec un gros échange de tir sans recevoir une seule balle. Même moi, je n’en revenais pas. Je me croyais déjà mort au moment même où j’ai ouvert le feu et que je me suis mis à leur tirer dessus à découvert. Je savais que ce moment viendrait où je me prendrais une balle en m’effondrant au sol et que ce jour serait le dernier de ma vie. Et c’est particulièrement pour cette raison que j’ai tenu à donner tout, donner le maximum pour rester dans les mémoires et, avoir mon nom dans l’histoire. Peu, importe si je mourrais, c’était la façon dont je finissais qui comptait à mes yeux et puis de toute façon, à part ma famille rien ne me retenait vraiment dans cette vie. Diana avait trahi la confiance et l’amour que j’avais pour elle et je suis sûr que l’un de mes frères auraient poursuivi et achever mon travail. Mais l’histoire voulait que ce jour précis, ce soit moi qui mène la danse, ce soit moi qui m’impose, ce soit qui ouvre et termine le feu. Jimmy Koba, Jeronimo Jeremy et Alfred s’imaginaient que j’étais très certainement mort et que c’était pour cela que les tirs s’étaient arrêtés. Mais que croyaient-ils ? Mon Dieu, l’on ne se débarrasse pas si facilement de moi, même si moi-même, je doutais fortement de mes chances de survie. J’étais tout de même parvenu à repousser nos assaillants et dans notre camp nous n’avions qu’un seul blessé, Koba parce qu’il était trop grand, il faisait donc une cible facile et plus atteignable pour les membres du gang rival. Et c’est ainsi qu’officiellement, j’avais pu faire asseoir ma domination sans aucune forme de discussion. Tous m’avaient reconnu comme étant leur chef, même Jeronimo l’avait très bien compris, je n’avais plus à faire mes preuves lors d’un tel ou d’un tel braquage non, elles étaient déjà faites sans que je ne m’en rende compte. Les passants qui avaient assistés à la scène n’osait même pas jeter un regard dehors même après que les échanges de tirs se soient arrêtés, ils étaient beaucoup trop effrayés pour jeter un coup d’œil hors de leur tanière. Pour eux j’étais fou et je pouvais les prendre pour des ennemis et les cribler de balle alors, il fallait mieux rester dans sa hutte et attendre d’entendre un bruit de crissement de pneu de voiture avant de sortir la tête de leur terrier. Cependant, quelque chose non prévu à la base se produisit. Au loin, je commençais à entendre des bruits de sirène de police, le bruit était assez faible mais suffisant pour me donner l’envie de détaler. Eh merde, Jeronimo était avec nous, il ne fallait pas qu’il se fasse chopper là en compagnie de hors la loi, sa couverture serait grillée immédiatement, il fallait s’enfuir au plus vite. Les passants qui s’étaient abrités dans les boutiques et les maisons dans le but d’assurer leur sécurité avait prévenu la police. Et vu que cet incident n’avait pas été prévu, Jeronimo n’avait pas eu le temps de débrancher les câbles de communication empêchant ainsi tout appel à l’aide entrant. Nous étions dans la mouise et il fallait vite s’en sortir ou toute ma petite démonstration n’aurait servit à rien. Il fallait préserver cette image d’intouchable que j’avais réussit à donner lors de la confrontation. Mais dans le même temps, les membres du gang que j’avais humilié étaient allés prévenir leurs affiliés qui, se précipitèrent à nos trousses pour avoir suffisamment de temps pour nous rattraper et nous faire la peau définitivement. Il faut dire que le gang affilié dans lequel ils étaient, lui il ne faisait pas les choses à moitié. Ils étaient armés jusqu’aux dents et étaient eux aussi munis d’armes sophistiqués. Eh merde, il fallait foutre le camp en vitesse. Voilà que nous nous retrouvions assaillis par la police et un gang de malades en même temps. Il devait y avoir une solution, n’importe laquelle mais il devait y en avoir une. Ce n’était pas le moment de réfléchir alors avec Alfred nous avons jeter Koba dans une des voitures avec lesquelles nous étions arrivés puis j’ai sommé Jeremy, Jeronimo et Jimmy de prendre la fuite. Ces derniers ne comprenaient pas mes inquiétudes et se prélassaient, jusqu’à ce qu’ils finissent par comprendre en voyant au loin un cortège de berlines noires avec des motifs tribaux dessus. Et là, ils eurent compris, mais c’était trop tard. Tout comme ils avaient aperçu le gang rival arriver, il était aussi sûr et certain que le gang rival aussi les avait vu au loin et s’ils prenaient la fuite maintenant en nous suivant sachant que Koba était gravement blessé à la jambe et que nous pourrions être à cours de carburant à tout moment, le gang rival les suivrait également pour nous épingler. Chose qui fut d’ailleurs, ils n’eurent pas le temps de réfléchir face à la menace que dégageait ce gang rival et sont montés dans la deuxième voiture en nous suivant. Nous voilà donc suivis par des gangsters prêts à nous enterrer vif et à nous découper pour nous revendre à des cannibales. Quelle chienne de vie, sérieusement ! Je n’avais pas signé pour ça moi, j’étais au volant et je faisais de mon mieux pour accélérer arriver à temps à l’hôpital déposer Koba et me planquer quelque part avec Alfred. Dans l’hôpital, Koba serait certainement en sécurité et nous nous pourrions nous cacher quelque part en attendant que ces truands repartent d’où ils venaient. Enfin, ça c’était le plan de départ. Pendant que j’étais au volant, un plan me vint en tête. Au lieu d’aller directement à l’hôpital, et de nous faire poursuivre comme des lopettes à travers toute la ville, le mieux ne serait-il pas de tendre un piège à nos deux assaillants ? Un piège, oui mais lequel ? Eh bien, c’est très simple. Pendant que nous nous ferions poursuivre par le gang affilié qui s’était lancé à nos trousses, je ferais un détour vers la direction où j’avais entendu les bruits de sirène de police pour que nos deux assaillants se croisent. De fait, les policiers penseraient que nous nous étions les victimes du gang qui nous poursuivaient et verraient un gros poisson en choppant aux de criminels ce qui nous faciliteraient une échappatoire et condamneraient nos assaillants du gang rival à un bon moment en détention mais, il se pouvait que ces derniers s’imaginent que c’était nous les assaillants et qu’ils nous prennent automatiquement en chasse. Il fallait donc que cela soit fait avec précaution de sorte à éviter les soupçons et à passer pour de réelles victimes d’agression. Ce que nous étions d’ailleurs car, les personnes dans les voitures derrière nous, elles ne suivaient pas pour nous faire des berceuses ou nous raconter des histoires, non. Si elles nous suivaient, c’était uniquement pour mettre un terme définitif à notre existence. C’était un plan à risque, car s’il arrivait que les policiers ne soient effectivement pas à nos trousses sachant que nous étions bientôt à court de carburant, notre voiture finirait par s’arrêter et nous nous ferions prendre et abattre sur le champ. C’était quitte ou double, il fallait tout miser sur ce plan, c’était nos vies que je jouais et j’allais gagner si le sort nous était favorable. Alors c’est ce que j’ai fait, j’ai changé de direction en me dirigeant vers le bruit de sirène qui devenait de plus en plus fort. Et après quelques mètres de courses folles, nous avions enfin aperçu les voitures de police. Sauvés !! Jamais je n’aurais cru que la police pourrait réellement me sauver la vie à moi et mon équipe...