Nouvelle 5 : Ego man (Part 2)

Ecrit par Saria

***Abomey Calavi –Bénin***

***Zogbadjè- Chez les Touré***

***Oubé***

 « Tu as raison chérie, prends tout le temps pour…me connaître comme tu veux…quand tu veux…où tu veux ».

Moi : Ah grand-sœur, le gars-là je le kiffe quoi ?!

 

Je riais aux éclats ; ma cousine me racontait ses « déboires ». Enfin !!! Quelqu’un à la hauteur de sa langue acérée. Je me baisse pour feinter l’oreiller qu’elle vient de me lancer. Au même moment, la porte s’ouvre sur ma mère.

Maman : Eh ben ça rigole ici hein !

Moi : Maman ! Bienvenue, viens écouter les choses de ta fille.

Maman : Elle a quoi ma fille… Bon, toi va mettre la table en attendant. Sors ton frère de son ordinateur pour qu’il t’aide.

Moi : Oh tu me chasses alors que je veux écouter les histoires de la grande ?!

Maman : Avance là-bas avec ton kpakpato !

   

***Foulérath***

 

Je me tourne vers ma grande fille, le visage qu’elle avait ne présageait rien de bon. Je viens m’asseoir près d’elle.

 

Moi : Hum donc maintenant je n’ai plus la primeur des infos, on n’est plus copines ?

Saria : Hein ?!

Moi (la talochant) : Toi-même hein… C’est comme ça qu’on t’a éduquée ?

Saria : Pardon… Non tanti même pas…

Moi : Ah… Dis-moi ce qui t’arrive cette fois-ci.

Saria (boudant) : Tanti c’est Mathys ! Il m’a fait un truc qui m’a perturbé… Il me trouble. En fait je lui ai joué un sale tour. Tu sais celui qu’Oubé et moi avions mis au point pour virer les gars bizarres-là.

Moi : Ah le faux numéro.

Saria : Oui le faux numéro… Il ne l’a pas bien pris… Il m’a serrée dans le couloir du ministère.

Moi : Ah bon ? Je ne crois pas qu’il y ait un souci… Puisqu’il est en bas, au rez-de-chaussée… C’est d’ailleurs pourquoi je te traitais de cachottière.

Saria (figée) : Tanti ?! Tu dis que Mathys est en bas ? Dans cette maison ?

Moi (tranquille) : Oui… Je lui ai proposé à boire avant de monter te chercher.

Saria (paniquée) : Tonton va me tuer ! Eh Dieu !

Moi : Calme-toi et descends. Personne ne mourra ici c’est moi qui gère.

 

En sortant de la chambre :

- Moi à ta place, je ferai un brin de toilette et mettrai la petite robe en tissu wax que ta tante t’a offerte le weekend dernier.

Je ne sais pas pourquoi mais je suis emballée à l’idée que ma nièce se mette avec quelqu'un. De toute façon, ce n'est plus une petite fille.

   

***Mathys***

J’étais confortablement installé dans le salon et buvais à petites gorgées mon verre d'eau. Vous vous demandez ce que je viens faire ici... Eh ben je viens ferrer mon poisson. La petite-là n'a pas dit qu'elle a la bouche ? Je la veux et ce n’est pas le genre de fille qu’on attrape dans la rue… Alors je viens chez elle, c’est culoté mais ça balise le terrain. Je vois sa tante revenir et je me lève ; nous nous étions vu rapidement quand elle est rentrée du travail.

 

Mme Touré : Ah assieds-toi mon fils !

Moi : Merci maman

Mme Touré : Je suis ravie de faire enfin ta connaissance… J'ai tellement entendu parler de toi !

Moi : Aïe... J'ai des sueurs froides maman !

 

Elle éclate de rire, je me contente de sourire.

Mme Touré : Non, ne t’inquiète pas ! Rien de grave n'a été dit sur toi…

Moi : Ouf vous me rassurez ! En fait, votre fille et moi sommes sur le même lieu de stage et je viens souvent la déposer… Pour que vous ne soyez pas surpris… je venais me montrer à vous…

Mme Touré : Oh c’est une délicate attention mon grand… Merci pour elle…

 

On devisait tranquillement quand Saria arrive. Elle souriait mais on la sentait crispée. Comme pour tout confirmer dès que ça tante nous laisse…

Saria (grinçante) : Tu fous quoi ici !? Mais tu veux ma mort hein, toi !

Moi (tout sourire) : Zen, beauté ! J'ai déjà discuté avec ta tante… elle est plutôt cool

Saria : Plutôt cool ?! Mais…

Moi (lui faisant un smack au coin des lèvres) : A demain…

Saria : Oh !

   

***Saria***

 

A table vous devinez aisément le sujet ?

Tanti : Oh chéri, le jeune homme t'a manqué de très peu… En tout cas j'ai aimé sa démarche

Tonton : C’est le fils de William et d’Emmanuelle Akplogan, c'est normal !! Ce sont les rares personnes que l'argent n'a pas rendues impolies !!! J'ai travaillé sur un dossier avec la dame….

 

Bla Bla Bla…Donc ils connaissent son arbre généalogique ?

 

Oubé : Moi je l'ai trouvé mignon !!! Une classe folle, hum !!!

Tonton : Quand tu vas recevoir une claque, tu parleras comme ça en ma présence. N'importe quoi !

 

Je ronge mon frein en silence. Ah vous voulez que je dise quoi ?! Dans tout le atalakou-là je peux placer quel mot ?

 

***Quelques jours plus tard***

Mon chauffeur officiel me ramenait à la maison. Arrivé dans la zone du terrain…

 

Mathys : S'il te plaît… Je voudrais récupérer un colis et le laisser chez une amie après t'avoir déposée. Je vais faire vite promis.

Moi : Ok

 

On arrive devant une belle maison R+1. Elle est immense vue de près. Il descend rapidement avant de revenir sur ses pas.

 

Mathys : Tu peux descendre hein… Je vais t’offrir un verre d'eau ou de jus.

Moi : Non merci

Mathys : Ok… comme tu veux…

 

Quelques minutes plus tard, il revient avec un paquet. Il entre et démarre. Ouf, je peux respirer ! J'ai cru un instant que c’était un plan… Bref.

 

Moi : Elle est belle, ta maison

Mathys : C'est à ma mère qu’il faudra le dire… Merci. Au fait… J’organise une fête ce samedi à la maison… Tu es invitée.

Moi : Euh… Je ne connais pas tes amis…et…

Mathys : Saria ce n'est pas une orgie ! Juste une fête entre amis ! Il y aura Max et Vianney ! Eux au moins tu les connais non ?

Moi : Je vais réfléchir !

Mathys : Hmm…

 

***Quelques jours plus tard***

***Foulérath***

C'est la troisième robe qu’elle change. Je la sentais nerveuse, ma petite. Elle tourne sur elle-même devant moi, se poste devant le miroir et se détaille d’un air critique.

 

Moi : Tu es magnifique !

Saria (touchant son buste) : Je la trouve trop ouverte sur le devant. Non ?!

Moi : Ah tu ne vas pas t'habiller comme une nonne non ? C'est une soirée entre jeunes, OK ? Détends-toi. S'il y a le moindre souci, tu m’appelles et je viens te chercher OK ?

Saria : Ok

 

Dès qu’elle m’a parlé de l’invitation je l’ai encouragée à y aller. Hier soir en rentrant du boulot je lui ai rapporté trois tenues dont celle de ce soir. C’était une robe noire à la coupe assez simple qui s’arrête au genou. Le tissu épouse parfaitement ses courbes et il y avait un décolleté… ça lui donnait un petit air sexy sans qu’elle ne soit vulgaire. Je l'avais maquillé légèrement… Le tout complété par des sandales à talons et une pochette recouverte de tissu wax… Elle était à tomber par terre.

 

Moi (la pressant) : On y va poupée je te dépose.

     

***Kouhounou-Chez les Akplogan***

 

***Mathys***

 

Je devisais gaiement avec mes potes : Lee revenu du Gabon, Max, Vianney leurs copines et des amies à celle-ci. On était en gros une vingtaine de personnes, je m’apprêtais à aller me chercher un verre quand Vianney me donne un coup de coude dans les côtes et fait un mouvement de menton vers l’entrée. Je me retourne et… je reste scotché par l’apparition que j’avais sous les yeux ! Magnifique… Elle se tenait debout à l’entrée un paquet dans la main en plus de sa pochette. Je me dirige vers elle avec un sourire en coin. Dès qu'elle me reconnaît elle se détend un tout petit peu.

 

Moi (lui faisant la bise) : Tu es…parfaite

Saria (intimidée) : Merci… Tiens, j'ai apporté un dessert

Moi (la mangeant du regard) : C'est parfait ! Viens, je te présente aux autres

 

Je pose ma main sur sa taille pour la guider… Wow elle est juste wow ! Je vois le regard des gars se poser sur elle ; je la rapproche un peu plus de moi… On se connaît ici ! Je n’ai pas envie de casser la figure à quelqu’un donc…

 

Lee : Eh ben ! Matt tu es un cachotier fini quoi !

Moi : Je ne vois pas de quoi tu parles man…

Lee : Tu gardes le meilleur pour toi… Enchanté Saria… Moi, je suis le gabonais du groupe… Si un jour Cotonou te fatigue, je me ferai un plaisir de te montrer Libreville

Moi (entourant la taille de façon possessive) : Lee… Tu es aveugle ou tu oublies notre code ?

Lee (beau joueur) : Zen, man… Je t’égratignais juste un peu !

Moi : Lol… Excusez-moi

 

Prenant mon invitée par la main, je la guide à l’étage… Au fur et à mesure que nous avançons, les bruits du bas diminuent. J'entre à la cuisine déposer le gâteau flan… Ah pardon les pointus de la page, j’ai vu dans le paquet à travers le Tupperware transparent. Toujours sa main dans la mienne, je la dirige vers le salon de ma mère.

 

Moi : Chérie ?

Maman : Oui ? Mathys ?

Moi : Je voudrais te présenter quelqu'un…

 

***Saria***

Quand il m'a éloignée des autres, j’étais à la fois inquiète et curieuse. Il a maintenu nos mains enlacées et c’est… agréable.

 

Mathys : Chérie ?

 

Mon cœur explose dans ma poitrine… mais j'entends une voix douce répondre avec tendresse

Voix : Oui ? Mathys ?

 

Une femme claire, petite et mince apparaît dans notre champ de vision. Elle est très élégante malgré son âge.

Mathys : Chérie, je te présente Saria

Mme Akplogan : Bonjour ma fille

Moi : Bonjour maman

 

Je suppose que c’est sa mère hein !

MA : Ah enfin ! Bienvenue ma fille… Ne sois pas perturbée hein. Matt s’amuse à me donner des petits noms… Hum…Tu es très belle !

Moi : ….

MA : Je suis heureuse de te voir… tu reviens quand tu veux

Moi : C'est compris maman.

Mathys : Bon j'y retourne… Le bruit ne vous gêne pas ?

MA : Non t’inquiète… Amusez-vous bien.

 

***Quelques minutes après***

 

Contrairement à ce que je croyais, nous ne sommes pas allés rejoindre les autres. Il m'a installée dans ce qui ressemble à un boudoir. Les bruits de la fête nous parvenaient de façon atténuée.

 

Mathys : Ne bouge surtout pas, j'arrive OK ?

Moi : Ok

 

J’en profite pour regarder autour de moi. Il y avait plein de photos de famille accrochées çà et là. Je me penchais sur une photo de Mathys gamin.

Mathys : Ma bogossité c'est naissance non ?!

 

Je sursaute et manque de tomber, je ne l’avais pas entendu revenir… Il me rattrape juste à temps.

 

Moi (me dégageant) : Tchipp je me demande comment tu fais pour passer les portes… vu la taille de ta tête !

Mathys : Tu es jalouse de ma beauté, jeune fille

Moi : Lol.

Mathys : Je suis beau, intelligent et surtout… Je te fais craquer.

Moi : N’importe quoi !

 

Du doigt il me montre ce qu'il avait rapporté. Un ensemble de grillades, petits fours et deux coupes de champagne

- Tu ne crois pas qu'on devrait rejoindre les autres ? Je veux dire ce sont tes amis… tes invités …je

Mathys : Non… Honnêtement ce sont des figurants… dis-moi, tu es bien là ?

Moi : Oui…

 

Nous commençons à manger en silence ; je découvre un jeune homme drôle, sans aucun complexe. Mathys vous dit les choses sans prétention, telles qu'il les pense.

Soudain comme pris d’inspiration, il me débarrasse de mon verre, le dépose et me prend par la main. Nous empruntons un escalier. C’était encore une autre partie de la maison. Un peu avant qu'on ne passe une porte, il me demande de fermer les yeux… Ce que je fais en protestant mollement. Il me guide puis je sens beaucoup de vent… J’avance à petits pas. Il pose mes mains sur un plan dur et passe les siennes autour de ma taille en se mettant dans mon dos. Il chuchote contre mon oreille : « Ouvre les yeux »

 

A l'instant où je le fais, c'est un cri d’admiration qui m’échappe. On était sur le toit de la maison, la ville s’étalait à nos pieds et scintillait de mille feux.

 

***Mathys***

A voir sa réaction, je n'ai pas eu tort de la faire venir dans mon antre. Ici, tout est paisible et tranquille. Elle avait une expression à la fois émue et émerveillée. Je l’attire contre moi et l’embrasse. Elle se crispe certainement surprise ; je lui mordille la lèvre inférieure, elle gémit.

 

Alors je resserre ma prise, ma langue trouve la sienne ; c’était comme si je m'enivrais. Je la sentais fondre contre moi. C’est moi qui mets fin au baiser. Je la serre à nouveau contre moi… J’avais envie d’elle mais je sentais inconsciemment qu’elle avait une expérience limitée en la matière. Il fallait que j’y aille mollo. Déjà, elle n’osait plus rencontrer mon regard.

 

Moi (voix enrouée) : Hum… Tu veux rester encore un peu ...ou tu voudrais qu’on redescende ?

Saria (petite voix) : En fait... Je voudrais rentrer s’il te plaît.

Moi : Ok… Après toi.

 

Le retour se fait en silence, chacun était dans ses pensées.

 

***Une semaine plus tard***

***Mathys***

 

Moi : Pardon?!

 

On était dans la cuisine de ma mère j’étais adossé au plan de travail pendant que Saria gouttait pour la énième fois le chocolat fondu. A la base, on était censé faire un moelleux mais à ce rythme-là… Hum. Depuis la fête, on était tout le temps fourré ensemble.

 

Saria (léchant un doigt) : Hmmm… lequel de tes parents est député ?

 

Pardon, dites à la fille-là d’arrêter… Ses hmmm… sa langue… les yeux qu’elle ferme quand elle lèche ses doigts… Ça...ça me… bref je sens ma troisième jambe se déplier.

 

Moi : Aucun… Ma mère est colonelle de la douane et mon père est ingénieur des ponts et chaussées.

Saria: Mais les gens disent…

Moi : Oui les gens imaginent ma vie à ma place et… Saria, si tu lèches encore tes doigts je ne réponds plus de moi !

Saria (ouvrant de grands yeux) : Oh !

 

Elle dépose la spatule et pousse le saladier au milieu du plan de travail et me regarde. Je crois que c’est à ce moment qu’elle réalise mon état. Je la vois déglutir et l’air reste comme figé. Je me penche et lèche la goutte de chocolat à la commissure de ses lèvres.

Je l’embrasse avec gourmandise et elle répond à mon baiser. Il faut dire que depuis la dernière fois, il y a eu de l’entraînement. J'avais envie d’elle et apparemment c'était réciproque. Je me baisse et je la soulève, elle passe ses mains autour de mon cou… Direction ma chambre… Écoutez, ma mère est gentille mais si jamais je m’amuse dans sa cuisine

Les (més) aventures...