Ouaga, nous voilà !
Ecrit par Saria
***Une dizaine de jours plus tard***
*** Fidjrossè, Cotonou ***
***Selma***
J’étais épuisée ; veiller un malade, mieux un homme du gabarit de Kader n’est pas aisé. Là, il arrive à se lever, à bouger. Hummm, au boulot Tim me couvre et j’arrive à travailler de la maison.
Ce matin on vient de finir la toilette, Kader est adossé aux oreillers quand je sens son regard sur moi. Je le fixe à mon tour et il me fait signe d’approcher. J’avance à petits pas, il tapote la place à côté de lui.
Je m’installe au bord du lit, mes yeux rivés aux siens.
Kader : Je te demande pardon…
Étrangement, j’ai l’impression que c’est lié à l’épisode de Carmen. Comme pour me donner raison, il continue.
- J’ai voulu faire le con… Mais je t’aime toi.
Moi : Qu’est-ce qui te fascine chez elle… et que je n’ai pas ?
Kader : Rien… C’était de la curiosité… Elle me traque littéralement dans Cotonou. Je ne veux pas être brutal mais je voulais voir ce qu’il y avait derrière tout ça.
Moi : Hmm… Je croyais que tu… enfin tu…
Kader (me coupant) : Oui… Je ne suis pas un salaud mais je ne suis pas un saint. Selma… Jamais je ne te ferai mal délibérément. Ce que tu as vu ne serait pas allé plus loin. Je sais que tu doutes et que tu es malheureuse… Je t’en demande pardon. Tu veux bien, s’il te plaît ?
Moi : J’ai besoin de temps…
Kader : Je comprends… Merci pour tout le reste…Euh... Je voudrais te dire aussi que dès que je serai rétabli, il faut que j’aille au Burkina Faso.
Moi : Pardon ?!!
Kader : J’ai eu des flashs… C’est au Burkina que j’ai été battu… A Ouagadougou précisément.
Moi : Pourquoi ?!
Kader : C’est ce qu’il faut que je découvre ! Si des gens m’en veulent à ce point peut-être que ma fille n’est pas en sécurité… Bref, je ne peux pas rester sans comprendre !
Moi : Ok.
***Quelques jours plus tard***
***Maquis Chez Amy***
Tim : Tu n’y penses pas sérieusement… Pas vrai ?
Je déjeune avec Timmy au maquis ivoirien de Placodji. Il réagit négativement parce que j’ai émis la volonté de partir à Ouagadougou avec Kader.
Moi : Je ne comprends pas ta réaction.
Tim : Ce mec t’a envoûtée ou quoi ? Tu ne peux pas le suivre au Burkina ! Loin de chez toi !
Moi (butée) : Ce mec comme tu dis, je l’aime ! Je l’aime, Tim ! Et je ne suis plus une gamine !
Tim (posant sa main sur la mienne) : Selma…
Moi (changeant de sujet) : Où en es-tu de tes recherches ?
Tim : Il n’y a rien sur lui concernant le Burkina. Actuellement, je cherche sur la France… J’aurai bientôt un contact qui m’aidera à éplucher les listes liées aux professions d’artisans.
Moi : Mais pourquoi la France ?
Tim : Il a le même accent de benguiste que toi et c’est ce que j’ai sous la main… Pour le moment.
Moi : lol… Ok… Merci
***Une semaine plus tard***
***Ouagadougou***
On arrive à Ouagadougou sous un soleil brûlant avec le bus de TCV. J’aurais préféré l’avion mais Kader n’a pas de papiers, au moins à la frontière terrestre ça se gère facilement quand on glisse de l’argent.
J’ai les jambes engourdies et je peine à tenir debout. Tim nous avait recommandé un ami à lui Lucien Yaméogo, chauffeur de voitures de location et plus, comme lui-même aime à le dire. Selon Tim, ce dernier connaît Ouaga comme sa poche. On avait déjà échangé un peu via WhatsApp, lui et moi.
Après trente minutes, nous arrivons à récupérer nos bagages. Je me renseigne pour nous acheter des puces quand quelqu’un me tapote le dos, je me retourne pour rencontrer le regard rieur de Lucien. Court, trapu et de teint noir, c’est le bonhomme bon vivant qu’il m’a paru être que je vois.
Moi : Lucien ?
Lucien (souriant) : en chair et en os ma chère !
Moi : Ah ! Dieu merci… Je te présente Kader !
Lucien (serrant chaleureusement la main de Kader) : Enchanté mon frère, bienvenue au pays des hommes intègres ! Le voyage a été, j’espère !
Nous : Oui merci.
Il nous guide vers l’extérieur, nous nous dirigeons vers une Peugeot 505 grise pompeusement baptisée « Limousine ». Kader et moi échangeons un sourire entendu.
Lucien : Je vous ai trouvé une maison d’hôtes confortable et les prix sont corrects à la Zone du Bois. La patronne est une grande amie. Vous y serez bien !
Moi : Merci Lucien
A cette heure-ci, la circulation est fluide, la « Limousine » roule à une bonne allure. J’ai l’impression que nous sortons de ce qui semble être le centre-ville.
Quelques minutes plus tard, nous nous arrêtons devant une belle villa. Lucien descend et sonne, une belle dame de type européen d’une cinquantaine d’années vient ouvrir.
… : Bienvenue ! Moi c’est Nora !
Lucien : Hey ! Venez, je vous présente Nora votre hôtesse ; Nora, je t’ai amené Kader et Selma !
Nora : Bienvenue au Faso !
Elle fait un signe et deux jeunes gens viennent récupérer nos bagages, Kader me tient par la taille et nous suivons notre guide et notre hôtesse.
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