Partie 1
Ecrit par PaulBernardAMGL
Je m'appelle Tatiana. Il y en a sûrement qui me connaissent déjà. Douce puterie... Oui. C'était moi.
Aujourd'hui, j'ai vingt ans et je n'ai plus rien à voir avec celle que j'étais il y a un an. Depuis que Martial a déménagé et que Youss est obligé de poursuivre ses études à l'étranger, je mène une vie monotone. Se lever, aller en cours, rentrer, manger, dormir. Et le lendemain le cycle se répétait jusqu'au dimanche où je m'occupais de la maison. Pas de sortie avec mes copines, pas de virée nocturne avec mon frère et ses amis, rien. Depuis le départ de Youss, j'ai perdu goût à toutes ces choses qui constituaient mon quotidien.
Lui de son côté, était à fond dans ses études. Ses études étaient vraiment importantes à ses yeux et moi dans tout ça je me considérais comme une distraction. Comme si le peu d'attention qu'il m'accordait pouvait l'empêcher de réussir. J'ai donc décidé de mettre fin à cette relation.
- Non non non ! s'écria-t-il quand je lui annonçai que c'était fini. Je vais mieux m'organiser pour t'accorder plus de temps.
- Il ne s'agit pas de toi Youss. Mais c'est mieux pour nous deux. Si on est vraiment fait pour être ensemble alors on se retrouvera. N'insiste pas s'il te plaît. Ne rends pas cette décision encore plus difficile que ce qu'elle est...
Il se tut pendant ce qui me sembla être une éternité avant de répondre.
- D'accord j'ai compris. Mais je reviendrai te chercher, peu importe les années...
- Et je me donnerai à toi. Mais pour l'heure, concentre-toi sur tes études chéri. C'est tout ce que je te demande.
Je coupai l'appel puis fondis en larmes. Je passai tout le weekend dans ma chambre à me morfondre.
Le lundi, je séchai mes larmes et retournai en cours comme si de rien n'était. Mais je sentais ce besoin de parler à quelqu'un, de partager mon mal-être. J'avais déjà entendu parler de ce fameux café des cœurs brisés où les gens qui avaient des peines de cœur partageaient leurs expériences. Mais je n'avais pas le cœur brisé, j'avais juste pris une décision un peu trop difficile à digérer. Il me fallait juste du temps et une bonne paire d'oreilles.
Je me tournai alors vers la seule que je considérais comme mon amie. C'était Imelda, une métisse de ma classe.
- Oh viens là chérie, fit-elle en me serrant contre elle lorsque j'eus fini de lui raconter ma rupture.
Elle me serra avec force en couinant. Je me sentis quelque peu soulagée après lui avoir parlée. Elle ne me comprenait peut-être pas, mais au moins elle partageait ma douleur.
- J'ai de quoi te changer les idées, me dit-elle avec un sourire espiègle.
- Ah non ! Si c'est pour cette fête dont tu me parlais depuis, la réponse reste non, répliquai-je sans même prendre la peine de l'écouter.
- Mais ça fait combien de temps que tu n'es pas sortie ? Ça pourrait te changer les idées.
- Non mais c'est trop tôt pour reprendre tout ça je trouve. Je n'ai pas encore la tête aux sorties et tout le reste.
- Je te promets que c'est ce qu'il te faut pour passer à autre chose. Tatiana, ne me laisse pas y aller seule s'il te plaît !
Je connaissais très bien Imelda. Je savais qu'elle n'irait jamais à cette fête seule mais je cédai quand même.
- D'accord, je viendrai, soupirai-je en levant les yeux au ciel.
- Yes ! s'écria-t-elle en sautillant comme une petite fille à qui on accepte d'acheter une glace.
- Mais à une condition, l'interrompis-je en levant un index devant son visage rayonnant.
- Tout ce que tu voudras, répondit-elle toute excitée.
- Tu restes avec moi toute la soirée, lui dis-je tout simplement.
Elle posa son index sur ses lèvres et fit mine de réfléchir pendant quelques secondes.
- Marché conclu, répondit-elle enfin en me tendant la main d'un air qu'elle se voulait sérieux.
Je la serrai comme une femme d'affaire qui venait de conclure un gros deal.
- Renvoie-moi l'affiche de la fête s'il te plait, lui dis-je en me levant. Je veux savoir ce à quoi m'attendre et m'y préparer psychologiquement.
- Arrête un peu ! râla-t-elle en levant les yeux au ciel. C'est une fête, tout ce qu'il y a de plus ordinaire. Avec des mecs, des filles, à boire, à manger et de la bonne musique. Tu te rappelles encore de tout ça n'est-ce pas ?
Je hochai la tête sans me rendre compte sur le moment qu'elle me narguait.
- La fête c'est vendredi, alors prépare-toi, me dit-elle alors que nous quittions la salle de classe vide.
Tout le reste de la semaine, elle n'arrêta pas de me rappeler cette fête, jusqu'au vendredi.
- Qui organise cette fameuse fête ? lui demandai-je alors que nous étions sur le point de nous séparer.
- Un ami que tu n'oublieras pas de si tôt.
- Il a quoi de si spécial ? lui demandai-je.
- Tu verras par toi-même, me répondit-elle avant de monter sur la moto de son mec.