Partie 1

Ecrit par Myss StaDou

 

L´HOMME FORT : Partie 1

(Nouvelle par Myss StaDou)

 

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« Voilà ma fille que je te donne… Elle est niang niang ».

 

La famille de ma nouvelle épouse crie de joie. La cérémonie de dot s´est bien passée. Malgré nos petites divergences, ils ont accepté la dot et nous pouvons clore cette cérémonie par une fête qui vient de commencer à 2h. La bonne humeur est à son paroxysme. Je tourne la tête et je regarde Corine. Elle est tout belle dans sa tenue en pagne. Mes sœurs se sont chargées de nous habiller ce soir. C´est leur cadeau de mariage. Avec le stress des dernières semaines, j´ai du mal à exprimer ma joie. Le plus dur reste à venir.

 

- Mon beau !

 

Les frères de Corine se dirigent vers moi. Ils sont au nombre de cinq. Eh oui, ma belle est l´unique fille de ses parents. Elle est la quatrième de cette fratrie. La petite princesse. La fleur toujours chouchoutée. C´est la raison pour laquelle elle est douce et calme de nature. Elle se détend lorsqu´elle est avec ses proches. J´ai fait un très bon choix.

 

Mon meilleur ami qui est près de moi attire mon attention.

 

- Voilà le contingent, se moque-t-il.

- Aka ! C´est juste l´ainé qui est dans l´armée. Les autres sont tout mous. Je n´ai pas peur d´eux ! Personne ne m´a aidé à payer cette dot et…

- Mon beau ! crie le benjamin de Corine.

 

Il me fait une accolade en riant. Je fais de même.

 

- Félicitations !

 

Ses frères se joignent à lui. Ils m´encerclent et mon ami s´écarte, pour ne pas dire qu´il disparait.

 

- Grand-frère, dit l´avant-dernier, te voilà qui vient d´épouser notre sœur. Vous vous aimez et nous souhaitons que ce soit toujours ainsi. Je prie… Et mes frères aussi… Je prie que le diable jamais n´entre chez vous.

- Oui ! Que Dieu veille sur vous, dit l´ainé en posant la main sur mon épaule. Mais un conseil : ne lève jamais la main sur elle. Jamais… Si tu tiens à ta vie.

 

Je souris en coin.

 

- Pourquoi ?

 

Les frères échangent un regard et éclatent de rire.

 

- Il y a des choses qui ne s´expliquent pas. Mais on ne doit pas tout expérimenter dans la vie. N´arrivez jamais à la ligne rouge. Vous formez un si beau couple.

 

*****   SALOMON  *****

 

- Corine !

 

Je titube en frappant contre la porte. Cette fichue porte semble se dévisser. Pourquoi je vois encore double ? Cette porte serait-elle en train de trembler ? Le pays est risqué.

 

- Corine ! Où est encore passée cette bordelle ? Corine, ouvre cette porte !

- Salomon… Salomon, tu es de retour ?

 

Je me retourne. Le geste brusque manque de me faire tomber. Corine vient de la route. Elle tient deux sacs de marché. Ces derniers semblent lourds vu la lenteur de ses gestes. Au lieu de laisser ces conneries et venir m´ouvrir la porte, elle traine le pas ?

 

- Mouf ! Fais vite ! Tu es trop bête !

- Je viens, dit-elle d´une voix essoufflée. Elle s´arrête près de moi et pousse les sacs de marché. Elle fouille la clé dans son pantalon en me lançant des regards inquiets.

 

- J´avais peur. Tu n´es pas rentré depuis deux jours.

 

Elle ouvre la porte et prend les sacs de marché. La voir agir ainsi m´énerve aussitôt. J´attrape sa tête par l´arrière et je la pousse.

 

- Imbécile ! Tes saletés sont plus importantes que moi ? Et ne me pose plus de questions bêtes !

 

Elle atterrit sur le sol. Je l´y rejoins pour lui assener des gifles qui remettront son cerveau en place. Je lui assène des coups qui la font crier de douleur. Lorsqu´elle veut s´enfuir, alors que je sens la fatigue s´emparer de moi, je la rattrape et je lui coupe une chandelle. Elle atterrit lourdement sur le sol et crie. C´est bien fait pour elle ! Elle n´a que ce qu´elle mérite pour sa grande gueule.

 

**** CORINE *****

 

Je grimace en prenant le bébé qui m´est tendu.

 

- Il est beau, je murmure en le regardant. Tu as fait un très beau bébé.

- Merci, me répond ma cousine.

 

Je lève la tête et je croise son regard sur moi. Mon sourire disparait aussitôt. Je détourne le regard.

 

- Corine, d´où viennent ces bleus sur ton visage ?

- Je suis tombée.

- Tombée où ? demande-t-elle en élevant la voix.

- Ne crie pas. Tu vas effrayer ton bébé.

- J´ai le droit de m´inquiéter en te voyant ainsi. Où t´es-tu fait un tel visage ?

- Tu connais mon quartier. J´ai glissé l´autre jour en partant…

- Glisser sur le goudron ? Tu es à deux pas de la route. Je vis dans un bas-fond, mais jamais je ne me ferais un tel visage en tombant. Dis-moi la vérité. Ce fainéant t´a battue ?

- Qui ? je demande innocemment en berçant l´enfant qui gémit.

- Ton mari ! Ça ne fait pas une année que vous êtes mariés et…

- Laisse-le tranquille. Je suis ici pour te voir et porter ton enfant. Je ne voudrais pas de problèmes avec toi.

 

Elle me regarde et tchipe.

 

- Ma sœur, s´il te frappe, quitte-le ! Je ne veux pas aller pleurer à la morgue.

 

Mon pas est lourd lorsque je quitte l´hôpital quelques minutes plus tard. J´ai hésité à venir voir ma cousine. Je savais qu´elle verrait que quelque chose cloche. Ca fait pourtant une semaine que mon mari m´a battue. Les bleus sont têtus à partir. Je ne veux plus que cela arrive. Alors je fais profil bas. Je ne veux pas être un sujet de moqueries pour ma famille.

 

Je viens de me marier. Ma priorité est de faire des enfants et de trouver un travail qui me permettra de faire des économies. Je suis bien décidée à réussir.

 

*****  SALOMON *****

 

Je vois Corine s´activer dans la maison. Je remarque alors un détail qui m´avait échappé jusque-là.

 

- Eh madame, est-ce dans cette tenue que tu t´es rendue au marché ?

 

Elle se tourne, un napperon dans la main, elle me lance un regard perdu.

 

- Oui.

- Avec une robe aussi courte ?

 

Elle baisse les yeux et jauge sa tenue.

 

- Elle n´est pas courte. Elle m´arrive au genou.

- Hum ! C´est très bien. Marche une fois nue. Je t´ai déjà dit que je ne veux plus voir cela.

- Peut-être mon ventre soulève un peu la robe, dit-elle en caressant son ventre proéminent. Mais ma robe n´est pas courte.

 

Je ricane en la voyant partir vers la cuisine en tirant des pieds. Très bien ! Madame est déjà assez grande pour me tourner le dos lorsque je lui parle. Ça commence à bien faire. Je n´aime pas le mépris.

 

- Corine, reviens ici tout de suite !

 
L´homme fort