Partie 1

Ecrit par labigsaphir

Partie 1 :

 

-         Maria ! Maria !

Des pas rapides, puis la porte s’ouvre sur une femme brune, rondouillette, très avenante et souriante.

-         Madame, vous m’avez appelée.

-         C’est prêt ou pas ?

-         Oui, madame.

-         Mon époux n’aime pas boire l’eau du robinet.

-         J’ai renouvelé le stock de bouteilles Tangui.

-         Et les fromages, il aime les fromages.

-         J’ai acheté du Bleu.

-         Oui, celui qui sent fort.

-         Oui, madame.

-         As-tu acheté le follon , comme demandé ?

-         Oui, madame.

-         Pour le poisson, mon mari n’aime pas le maquereau.

-         Oui, madame.

-         Il dit qu’il a le gout du poisson sur lequel, on a uriné.

-         Oui, madame.

-         Le thé.

-         La cassette est pleine.

-         C’est bien. Je vais me changer.

Sans un regard pour elle, je me lève, lisse machinalement les plis de ma robe en satin et allonge le pas, remerciant au passage, le couple ONDO, mes parents pour la transmission de leur plus beaux gènes. J’ouvre la porte de ma chambre, m’arrête au seuil et souris en regardant le luxe synonyme de confort.

 

J’avance à petits pas, profite de la vue, tends la main et touche les draps en satin. Je souris bêtement, contourne le lit et frôle la statue MING aux pieds de mon lit. Je souris rêveusement, me redresse et m’apprête à m’asseoir lorsque mon téléphone clignote.

-         Oui, André.

-         Nous avons un souci.

Je me mords les lèvres, je déteste cette phrase. A chaque fois que je l’entends, cette phrase, je crois avoir des aigreurs d’estomac.

-         Combien ?

-         1 500 000 fcfa.

-         Demain.

-         Comme d’habitude ?

-         Oui.

Je raccroche, tire sur la fermeture-éclair de ma robe que je laisse choir sur le sol dans un bruit mat. Quelques minutes plus tard, en regagnant mon immense salle de bain, mes sous-vêtements vont tenir compagnie à la robe.

-         Bien.

Je souris en rentrant dans le bain, pensant à Marie, ma dame de ménage. En deux ans, elle ne m’a jamais déçue. En quelques mois, elle a su s’adapter à mon mode de vie et prévenir mes moindres désirs. Le temps de m’installer et fermer les yeux, un bruit et quelques secondes plus tard, ma porte couine ; un seau à champagne et une flute en cristal, apparaissent.

-         Merci Marie.

-         De rien, madame.

Elle tourne les talons. Elle a la main sur la poignée de la porte, lorsque je m’en souviens.

-         Au fait, ta fille.

-         Elle a accouché, madame.

-         Quand ?

-         Il y a de cela un mois.

-         Excuse-moi, j’avais complétement oublié.

-         Ce n’est pas grave.

-         Regarde dans mon dressing, derrière la porte coulissante.

-         Oui, madame.

-         Le trolley rouge.

-         Je ne comprends pas.

-         C’est pour ta fille.

-         Merci madame.

-         Dans le tiroir de ma table de chevet, la deuxième enveloppe.

-         Je ne peux pas accepter, madame, c’est trop.

-         Marie, tu es plus qu’une dame de ménage pour moi et tu le sais.

-         Merci madame.

Elle s’en va et rouvre la porte deux minutes plus tard.

-         Euh…madame.

-         Oui, Marie. Qu’y a-t-il ? Dis-je en vidant le contenu de ma flute.

Elle rentre et baisse automatiquement les yeux.

-         Je suis certes ta patronne mais loin d’être ton égale. Je dois avoir l’âge de ta fille.

-         Je t’ai toujours remerciée pour cela.

-         Qu’y a-t-il ?

-         C’est mon retour après une semaine.

-         Je n’y vois aucun souci, Marie.

-         Madame, j’ai laissé trainé mes oreilles.

-         Et ?

Le vrombissement de la voiture nous oblige à observer silence, durant quelques instants. Marie quitte la pièce sans un mot. Je secoue la tête et me souviens avoir une lueur dans son regard. Je ferme les yeux et profite de mon bain à remous.

TOC…TOC…TOC…

-         Oui, entrez !

-         Je te cherchais.

-         Je suis là. Je ne t’attendais.

-         Je sais, je sais.

-         Que s’est-il passé ?

Il se penche et m’embrasse langoureusement et pose son mobile sur la petite table de la salle de bain. Mes tétons durcissent et mes mains tire machinalement sur la fermeture de son pantalon. En quelques secondes, il est nu et me rejoint dans la baignoire. …Et ce qui devait arriver, arriva.

UN QUART D’HEURE PLUS TARD…

Son mobile sur la table de chevet vibre, je fais celle qui n’entend rien. Il se retire, contourne le lit et décroche.  Un coup d’œil furtif vers moi, je détourne le regard et le laisse filer à la salle de bain.

-         Humm…Les hommes, de vrais chiens.

Je prends une robe en coton rayé, sans manches et encolure dans mon dressing-room, après avoir passé la crème. 

-         Excuse-moi pour tout-à-l’heure.

-         Pas besoin de te sentir coupable, Edouard. Le boulot, je suppose.

-         Euh, oui, oui, le boulot.

-         Humm.

-         Bébé, je promets te consacrer plus de temps à mon retour.

-         Comment ça ?

-         Je dois repartir.

-         Comment  ça ?

-         Une mission.

-         Tu viens à peine d’arrivée, Edouard.

-         Ecoute, ne rends pas les choses plus compliquées.

-         Edouard, quand restes-tu à la maison t’occuper de ta femme et ta fille ?

-         Le luxe dans lequel tu vis, a un cout.

-         Humm.

Je me parfume, me rends en cuisine et demande à Marie de me faire un plat. Je vais prendre place sur les chaises en rotin, dans le jardin et mange dans le calme.

-         Chérie, fait-il quelques secondes plus tard.

-        

-         Pardon mais il faut que je m’en aille.

-        

-         Je reviens bientôt…Dans deux semaines…

-        

-         Je vais en mission en France, pour deux semaines…Je reviens bientôt.

-        

-         Je t’aime.

Il me prend le plat des mains et le pose sur la table. Je lève les yeux vers lui. Il se penche, veut m’embrasser, je tourne la tête. Il se redresse, me regarde dans les yeux et s’en va. Je fais un rapide sms et elle débarque une demi-heure plus tard.

-         Eeeeeeeh, madame le Percepteur Général.

-         C’est Edouard, le Percepteur Général de Douala.

Elle m’embrasse, s’assied et termine mon plat.

-         Encore toi, Isa. Tu arrives  et termines, sans demander mon avis.

-         Aka, fiche-moi la paix ! Je suis chez moi ici et si tu t’amuses même, je te pique ton gars.

-         Sa mère ne l’a pas circoncis pour moi.

-         La preuve, la, photo de son kiki se balade dans tout Yaoundé.

-         Lui, il est surement né à 5h du matin.

-         Ha ha ha ah tu es folle.

-         Ma chérie, tu as bien entendu parler de la position de 5h du matin.

-         N’est-ce pas ? Tu es folle, Isa.

-         Pas plus folle que toi.  Au fait, où est ta moitié ?

-         Marie !

Elle arrive moins de trente secondes plus tard.

-         Un plat pour Isa et du vin blanc.

-         De suite, madame.

-         Merci Marie, dit Isa en souriant.

Ella a à peine tourné le dos qu’Isa se tourne vers moi.

-         Ma chère, j’ai un nerveux japap pour toi.

-         Franck a demandé que je lui fasse un enfant.

-         Euille ! fais-je en ouvrant grandement les yeux.

-         Je te dis.

-         Il est marié, Isa.

-         Et puis quoi ?

-         Isa, il faut quitter derrière les problèmes.

-         Je n’ai appelé personne. Je n’ai dragué personne.

-         La solidarité féminine, Isa.

-         Quelle solidarité ? Si elle ne garde pas bien son mari, est-ce de ma faute ?

-         Isa, tu vaux mieux que cela.

-         Raison pour laquelle, ton mari se balade, le phallus sur la main dans tout Yaoundé.

-         Isa,

-         Isa, quoi ?

Marie arrive, installe une table en rotin entre nous, s’en va et revient rapidement avec un plat. Je soupire m’adosse et l’observe en silence.

-         Désolée, ma chérie.

-        

-         Tu sais, je n’ai jamais eu de chance avec les hommes. A chaque fois que j’ai cru à une relation sérieuse, ils se sont toujours servis de moi.

-         Je sais. Isa, tu devrais arrêter ce cycle infernal.

-         Je verrais. Laisse-moi manger et accompagne-moi.

-         Où ?

-         Tu verras.

-         Humm, Isa.

-         Non, ce n’est pas un plan foireux.

-         Humm.

-         Où est ton époux.

-         Sur la route de l’aéroport.

-         Encore, fait-elle en levant les yeux.

-         Oui. Mission de deux semaines en France.

-         Tu peux dormir chez moi.

-         Ouais.

-         Bien.

DEUX HEURES PLUS TARD…

-         Mimi, je te présente mon homme, Franck.

-         Ravie de faire votre connaissance, Franck.

-         Franck, je te présente, Mimi, ma copine.

-         Miranda, dis-je en corrigeant.

-         Excuse-moi ma belle, Miranda.

-         Enchanté, Mimi. Pourrait-on faire fi du protocole ?

-         Bien sûr, fais-je en souriant.

Un signe de la main et un serveur vient déposer un seau à glace devant nous. Il ne fait pas dans la bagatelle, 3 bouteilles de champagnes grand cru, deux bouteilles de whisky et le reste.

-         Merci bébé, dit mimi en posant la main sur la cuisse de son homme.

Je prends le verre tendu par le serveur, intercepte le regard de Franck et souris.

-         Bébé, merci pour la table ; Isa dépose un baiser sur sa joue.

-         Merci, Franck. Dis-je en prenant une gorgée de champagne.

-         Franck que l’on voit à la télévision est différent de celui dans l’intimité, lâche Isa.

-         Il est vrai que le personnage public semble arrogant et froid mais ce n’est qu’une image ; il me fixe encore.

-         Je comprends, Franck.

Je pose mon verre sur la table et récupère mon sac sur la table-basse.

-         Excusez-moi, une envie pressante.

-         Prends ton temps, mimi.

-         Ok, Isa.

Je me presse et sens un regard glisser sur mon corps. Je rentre dans les toilettes, remplis la petite bouteille qui ne me quitte jamais et rentre dans un des box. Je fais ma petite affaire, me rince, vais laver mes mains et rejoins la table. Isa n’y est pas, je regarde  à gauche et à droite, mais ne la vois pas.

-         Si tu cherches Isa, elle échange avec une de ses cousines à l’extérieur.

Il s’assied près de moi, trop près et  posa sa main sur mon épaule.

-         Je n’aime pas qu’on me touche.

Je recule jusqu’au fond du canapé, il se rapproche et pose la main sur ma cuisse.

-         Tu vaux mieux qu’Isa. Tu es fraiche, belle et intelligente.

J’enlève sa main, me lève et récupère mon sac-à-main. Il pose la main sur ma fesse. Je vois rouge, me retourne et le gifle.

-         Que se passe-t-il ici ? Demande Isa.

-         Ton mec est un crétin !

-         Désolé, je crois avoir bu un coup de trop.

Je quitte la salle et compose le numéro de ma mère dans la voiture.

-         Je n’arrive pas à l’avoir, maman.

-         Elle dort déjà. Elle est épuisée.

-         Je vois.

-         Quand comptes-tu arranger la situation ?

-         Maman, laisse-moi encore du temps.

-         Cela fait 4 ans, Miranda.

-         Je sais, maman.

-         Tu devrais savoir où sont tes priorités, ma fille.

-         Je sais, maman.

-         En plus de t’occuper de ton enfant, tu devrais aussi penser à gérer  ta famille.

-         Maman, je le fais déjà.  Pas plus tard que la semaine dernière, j’ai terminé les 5 millions qu’il fallait pour le concours à l’ENAM de Jao. J’ai aussi envoyé le million pour l’ESSEC de Marina.

-         Je sais et moi ? Tu oublies que je m’occupe de la petite.

-         Je t’envoie 250 000 chaque mois pour les dépenses de la maison, paie tes factures de courant et d’électricité.

-         Je sais mais ce n’est pas suffisant.

-         Maman, je ne peux pas faire plus.

-         J’ai besoin de brésiliennes, d’une tenue entière et,

-         Pourquoi ?

-         Ma copine se marie avec un blanc dans deux semaines.

-         Maman,

-         Je me suis sacrifiée pour vous après le départ de votre père. Je me suis empêchée de vivre. J’aurais pu faire comme d’autres femmes, vous laisser au village et aller me chercher en Europe. Je serais aujourd’hui mariée à un blanc.

-         Maman,

-         Non, Miranda. Je ne demande pas trop. Renvoyez-moi maintenant l’ascenseur.

-         Maman, je ne suis pas ton seul enfant et pourtant, je m’occupe de toute la famille depuis des années.

-         Tu peux faire plus.

-         Maman,

-         Edouard t’a installée chez lui, pourquoi ?

-         Maman,

-         Avec ta beauté, tu aurais pu épouser un ministre mais as choisi aller vivre chez lui.

-         Maman, je ne travaille pas.

-         Tu comprends pourquoi je t’avais demandé de refuser sa demande en mariage. Tu aurais eu la possibilité de gérer plusieurs dossiers à la fois et de maximiser.

-         Maman,

-         Aujourd’hui, je ne vivrais pas dans cette bicoque.

-         La bicoque de bastos avec tout le confort possible.

-         C’est le moins que tu puisses faire pour ta maman. J’ai sacrifié ma jeunesse pour vous et souffert plus de neuf heures pour que ta grosse tête sorte de mon intimité. J’ai eu une épisiotomie et,

-         Maman, j’ai compris. Cela fait 4 ans que tu as 250 000 fcfa tous les mois sans compter les enveloppes d’Edouard et les miennes.

-         Ce n’est pas parce que tu donnes que je dois te rendre compte de comment je gère.

-         Si tu n’es pas contente, viens donc la récupérer.

-         Maman,

Elle raccroche. Je soupire et démarre en secouant la tête. Ma vie est en chantier depuis quelques années. J’ai quitté les bancs en classe de troisième, après le troisième échec à l’examen. J’ai préféré faire la vie et m’occuper de mes frères, pendant que ma mère était en vadrouille dans tout le Cameroun, à la recherche du bon gars. A 22 ans, il ne serait pas abusé de dire que j’ai une vie remplie.

LE LENDEMAIN MATIN…

TOC…TOC…TOC…

-         Quoi encore ?

Je tire la couette, m’y enfonce, ferme les yeux et les rouvre lorsque je reconnais la voix de Thérèse.

-         Qui es-tu pour m’empêcher de rentrer dans la maison de mon fils ?

-         Thérèse, il ne

-         Qui t’a donné l’autorisation de m’appeler par mon prénom ? Depuis quand une domestique peut appeler la mère du patron par son nom ?

-         Pardon, madame.

-         A son retour, tu seras virée !

-         Pardon madame.

-         Aka dégage d’ici ! Où est la fainéante et avorteuse femme de cette maison.

-         Elle dort encore.

-         Elle dort qu’elle fait même quoi dans cette maison ? Depuis qu’elle est ici, incapable de donner un enfant à mon fils.

-         Madame, vous ne pouvez pas entrer.

-         Aka, dégage !

Des pas rapides et ma porte s’ouvre à la volée.

-         Miranda, sors de là !

Merde ! Il a fallu que je tombe sur une femme comme elle. La porte couine. Merci Seigneur, elle est repartie. Je me rendors et suis réveillée quelques minutes plus tard par un vent froid sur mon corps, suivi d’un jet d’eau glacé.

-         Mon Dieu ! Tu n’as pas le droit.

-         J’ai tous les droits dans la maison de mon fils.

-         Je suis aussi chez moi, maman.

-         Tu sers à quoi dans cette maison ? Depuis 4 ans que tu manges l’argent de mon fils avec ta famille, tu nous sers à quoi ?

-         Maman, c’est Dieu qui donne.

-         Quel Dieu qui donne ? Dis plutôt que tu as passé le temps à avorter et maintenant, tu es incapable de donner un enfant à mon fils.

-         Maman,

-         Ne m’appelle plus maman, je ne suis pas la mère des avorteuses !

Je me lève en tremblant et me frottant les mains. Elle se rapproche de moi, se penche, fronce les yeux et se pince le nez.

-         Tu as bu, la veille.  Tu es dans un foyer et dès que mon fils n’est plus là, tu sors faire la fête avec ta pute de copine et reviens saoul.

-         Isa fêtait,

-         Eh eeeeeeeeeeeeeeeeeeeeh je ne veux pas avoir avec qui tu étais ! Je ne veux pas savoir avec combien d’hommes tu as couché.

-         Je ne te permets pas.

-         Tu ne me permets pas quoi ? Tu es une pute et une roulure.

J’ai les larmes aux yeux.

-         Ce n’est pas parce que je n’arrive pas donner un enfant à ton enfant que tu dois me traiter de cette façon.

-         Qui es-tu pour me donner une leçon ?

-         Ta fille.

-         Je ne suis pas la mère des prostituées. Toutes mes filles sont des intellectuelles, de même que mes fils. J’ai toujours dit à Edouard que ne lui correspondais pas.

-         Maman, tes filles ne se sont pas mariées vierges.

PAF !

-         Ne parle plus jamais de mes filles !

J’arrête ma joue et la regarde, surprise par son aplomb.

-         Heureusement que mon fils a compris son erreur et commencer à m’écouter.

-        

-         Le week-end dernier, il doté la fille de ma collègue, avocate.

Je crois avoir mal entendu et ferme les yeux durant quelques secondes, le temps pour l’information de faire son chemin.

-         Ils sont allés se reposer en Egypte pour deux semaines.

-        

-         Tu as la chance que mon fils veuille toujours t’épouser mais comme deuxième femme.

-        

-         Tu as intérêt à te ressaisir et être droite sinon je te foutrais à la porte !

Elle quitte la pièce en pestant, je m’assieds sur le lit gorgé d’eau.

       
DOULEUR ET PLAISIR