Partie 10 : ingénieux, vous avez dit ?
Ecrit par labigsaphir
****SOUS D'AUTRES CIEUX ****
- Alors,
- Oui, Louvega.
- Pourquoi avoir demandé à ce que nous nous rencontrions dans un endroit aussi miteux et surtout, hors de Londres.
- Tu le sais pourtant, réfléchis bien.
- Au sujet de notre affaire,
- C'est justement à ce sujet que je souhaitais m'entretenir avec toi.
- Qu'y a-t-il de nouveau ? Il y a quelques mois de cela, nous avons tant bien que mal essayé mais ce fut un échec cuisant.
- C'est vrai mais cette fois, je crois que tous les pions sont en train d'être placés sur l'échiquier.
- Ah bon ? Demande-t-il en se redressant, les yeux brillants.
- Alors, qu'attendons-nous ?
- Patience, Louvega, Patience.
- Jusqu'à quand ?
- Dans ce monde, tout est une question de patience.
- Tu sais que je survis au prix de certains moyens...terribles et pas commodes.
- Je sais, c'était un risque à prendre et nous étions tous d'accord pour le faire.
- Et les autres ?
- Ils sont toujours de la partie mais préfère rester cachés.
- Ok, c'est mieux.
- Alors, comment procéderons-nous ?
- ...
- Wow ! Il faut vraiment en avoir dans la caboche pour échafauder ce plan.
- Eh oui, je ne suis pas né de la dernière pluie, l'aurais-tu oublié.
- Non, non mais non.
- Quand je te disais qu'il faudrait avoir une personne là-bas.
- C'est vrai et cela ne pouvait être moi.
- Du Whisky ?
- Pourquoi pas ? J'espère qu'il n'est pas frelaté.
- Ce n'est pas parce que je ne mène pas un train de vie dispendieux que je vais servir du n'importe quoi à mes invités, se vexe-t-il.
- C'est bon, je te taquinais, Louvega.
- Que faisons-nous dans l'immédiat ?
- Je te ferai signe dans quelques jours, afin de mettre tout sur pied.
- Ne traîne pas trop, s'il te plait.
- Il faut tout de même que la vis soit à la taille de l'écrou.
- Je suis tout à fait d'accord.
- Bien ! Maintenant, il faudrait que j'y aille.
- A plus tard !
- A plus tard !
[ JENEYA ]
- Oui allo chéri.
- Es-tu prête ?
- Bien sûr que je le suis. Je serai chez toi dans 8 minutes.
- Ok.
Je raccroche en souriant, il est vraiment drôle et attentionné, pensai-je en vérifiant les papiers dans mon sac pour la énième fois. J'ai prévu rater une semaine de cours afin d'aller assister à des réunions importantes à Londres. Je soupire car cela fait juste quelques mois que je fais partie du conseil d'administration que déjà, je suis lasse de cette vie. Avant j'avais ma petite vie, quoique monotone mais calme, j'aspirais à cette paix et maintenant, le stress fait partie intégrante de ma vie. Je n'ai que 22 ans que déjà, la fatigue psychologique commence à me gagner.
Si seulement je profitais de cette vie, mais que nenni ! Entre mes cours et l'empire Stern en passant par Elric, je ne sais plus où donner de la tête. Oh ! Pourquoi ouvrez-vous grand les yeux. Cela fait environs deux semaines qu'Elric et moi, nous fréquentons et tout va bien, je vous assure. Nous avons tacitement décidé de garder cette idylle pour nous, laisser notre relation voir le jour et mûrir avant de l'officialiser. Les réactions des autres le lendemain de ce fameux dîner, n'ont fait que nous conforter dans cette idée.
Amicie, Odessa et Oan, n'y sont pas allés de main morte, jugeant tous nos faits et gestes. Je fais l'impasse sur nos coups de fil, raison pour laquelle, nous avons opté pour les sms car plus discrets ; les autres peuvent travaille avec les agences d'informations et mener à bien des missions, tant la pression fut et est présente.
Elric et moi, avons souvent pris l'habitude de nous retrouver chez lui pour passer du bon temps. Quoi ? Nous l'avons fait une fois et le reste du temps, juste des caresses parfois poussées mais rien de spécial. Elric est un homme jaloux, surveillant tous mes appels à part ceux de ma famille ; oh oui, je lui ai dit que c'était sens interdit. Je tiens encore à garder mon identité en tant que petite-fille des Stern, secrète.
Je disais donc qu'Elric et moi, avons pour habitude de nous retrouver chez lui, lorsqu'il ne travaille pas et j'ai du temps libre. Il sait que je m'intéresse de près au marché boursier mais par rapport à mes études et rien qu'à mes études. J'ai dû lui dire que j'allais à Londres pour rendre visite à mon grand-père malade, pour qu'il ne pose plus de questions. J'étais en train de réserver ma place dans l'Eurostar lorsqu'il m'a demandé de tout arrêter de le laisser me payer le billet d'avion. J'ai eu beau discuter mais il a tenu bon, et m'a offert ce voyage en première classe ; s'il savait seulement, humm.
Mon portable se met à vibrer sur la table-basse, je récupère et lis le message.
« Descends, je suis en bas ! »
« Ok »
Je porte mon trolley et sac à main, les pose devant la porte avant d'éteindre partout et fermer. Je descends les escaliers en faisant attention, mes bagages sont lourds pour ma petite personne. Elric qui a du s'en rendre comptes, vient à ma rescousse après un étage. Je profite pour regarder ses fesses moulées dans un jean, il me précède dans l'escalier.
- Je ne savais pas que les femmes pouvaient aussi mater les hommes, glisse-t-il.
- Et pourquoi pas ?
- C'était réservé aux hommes mais les femmes indépendantes et adeptes du féminisme ont tout gâté.
- Où est le rapport, Biyo'o ?
- Monsieur Biyo'o !
- Aka, à d'autres !
- Dis donc, tu prends déjà des libertés, Croft.
- Je te rappelle que tu m'as donné la main et j'ai choisi le bras.
- Comme la plupart des africains, oui.
- Dis-moi,
- Oui, bébé.
- Es-tu certaine de ne pas avoir un ancêtre camerounais ?
- Ha ha ha ha ha
- Pardon dis-moi, parce que seule une camerounaise peut jouer un camerounais. Elles ont l'art et la manière de le faire, je t'assure.
- Elles maîtrisent votre psychologie, c'est plus facile.
- Oui, oui. Au lieu de mettre ton trolley dans la malle-arrière, je préfère le mettre sur la banquette.
- Ok.
Je veux monter dans la voiture lorsqu'il bloque la voiture, je ne comprends pas et me tourne vers lui.
- Que fais-tu, Elric ?
- Elric ? Cela fait bien des semaines que tu ne m'as appelé ainsi.
- Que veux-tu, chéri ?
- N'aurais-tu rien oublié ?
- Non, je ne crois pas.
- Approche donc, je vais te montrer.
Je m'approche, ne sachant vraiment où cela nous mènerait. A peine suis-je prêt de lui qu'il m'attire, met ses mains sur mes hanches et m'embrasse là. J'ai du mal à me lâcher au début et finis par me détendre ; il sait y faire, je l'avoue.
- Mmmm, fais-je en posant ma tête sur son torse.
- Doucement, chérie, nous ne sommes pas dans ma chambre.
- L'on pourrait nous voir, je sais.
- Viens allons-nous en, nous pourrons discuter avant que tu n'embarques dans cet avion.
- Ok.
Il débloque la voiture et nous nous y installons, je me sens plus légère. Je ne peux dire que je fais totalement confiance à Elric mais je sais me sentir bien depuis que nous sommes ensemble.
- Chéri,
- Pourrais-tu t'arrêter au supermarché à Corgnac ?
- Pour quoi faire ?
- J'ai un achat à y faire ?
- Ne pourrais-tu pas faire cet achat à Londres ?
- Non, j'en aurais besoin dans l'avion.
- Humm ; il parait vraiment dérangé et serre les dents. C'est la première fois que je vois cette réaction chez lui.
- Que se passe-t-il ? Demandai-je en posant la main sur sa cuisse.
- Rien, rien, répond-il en évitant mon regard.
- Humm.
Un quart d'heure plus tard, il gare dans le parking au premier étage et prétend être indisposé. Je ne fais pas grand cas et me rends dans l'une des pharmacies avec l'ordonnance prescrite par mon médecin généraliste. En revenant, je trouve Elric en train de discuter avec une femme noire alors que je suis encore à quelques mètres de la voiture. Je ne sais pourquoi mais je décide de me cacher et les observe.
Elric a vraiment l'air agité mais pour qui ne le connait pas, il serait impossible de le remarquer. Il lance de fréquents coups d'œil à droite et à gauche, tournant tout le temps sur lui-même, il est visiblement gêné de la savoir là et voudrait qu'elle s'en aille. Cela aurait-il un lien avec son attitude depuis que j'ai demandé à venir ici ? Je décide d'y aller et martèle le son de mes talons ; Elric est paniqué durant quelques secondes puis se reprend.
- Alors, tu as trouvé ?
- Oui, chéri ; la jeune femme se retourne vers moi et me dévisage, j'ai l'habitude de toutes les façons. Les femmes noires ont souvent envie de me demander ce que je fais avec l'un des leurs alors que le monde grouille de blancs.
- Chéri ? Demande-t-elle.
- Toi, comment m'appelles-tu souvent ? Réplique Elric.
- Bonjour ; je la dépasse et vais m'asseoir, il ne tarde pas et me rejoint. Je capte au passage le regard noir de l'autre et décide de l'ignorer.
- Qui était-ce, Elric ?
- Une amie, pourquoi ?
- Pourquoi avait-elle l'air de vouloir me prendre en grippe ?
- Elle est ainsi avec tout le monde, c'est sa nature.
- Ah bon ? C'est donc un drôle d'oiseau cette femme.
- Je te le confirme.
Nous discutons tranquillement en allant à l'aéroport, j'aurais pu dire que tout va mieux mais non ; Elric, je le trouve de plus en plus bizarre. Je me mets automatiquement sur le défensive mais n'en dis mot. Nous passons une demi-heure ensemble avant de nous séparer, ses baisers sont différents, je ne sais pas pourquoi et je refuse d'y penser.
QUELQUES HEURES PLUS TARD...
- Bonjour Jaleel,
- Bonjour Mademoiselle Croft. Avez-vous bien voyagé ?
- Oui, merci. Comment vont mon grand-père et ma sœur ?
- Bien, ils vous attendent.
- Déjà ?
- Oui.
- Bah, allons-y, Jaleel.
Il prend mon trolley pendant que je m'installe confortablement sur la banquette arrière. Une demi-heure plus tard, il gare dans le parking de l'entreprise Stern. Je monte au troisième étage, tous sont déjà assis ; je m'excuse et prends aussi place.
- Je disais donc, soupire le directeur des projets, qu'après des négociations après Alaric Bradshow, nous avons finalement signé les accords finaux. Je vous annonce donc qu'une équipe sera constituée afin de concrétiser, réaliser le projet bilatéral.
- Je m'en réjouis d'avance ainsi que la société Stern, avance papi.
- C'est vrai, une très bonne affaire, renchérit Jamice.
- J'avoue que Dick a eu une merveilleuse idée.
- Nous comptons aussi sur toi, Jeneya, balance papi l'œil brillant ; s'il comptait me mettre la pression, il a réussi.
- Pouvez-vous continuer ? Demande Jamice au directeur des projets.
- Monsieur Jamice Stern a repéré une start-up en Amérique du nord, commence-t-il. Cette start-up a été créée par un ingénieur surdoué de 22 ans. Son projet portait initialement sur l'électrification des villages à partir d'une des machines créée par sa petite personne à partir d'une pile rechargeable au moyen des énergies naturelles ou propres. Nos experts avec l'aide des scientifiques les plus pointus dans ce domaine, ont procédé à l'expertise de cette machine et surtout la faisabilité du projet afin de donne leur accord, ce fut probant.
- Ce qui serait bien non seulement pour l'image mais aussi pour l'environnement, fais-je.
- Exactement, Jeneya ; c'est la première fois qu'il le dit avec joie, j'en frissonne.
- Jeneya, pourrais-tu avec l'aide de de notre chargé de communication, continue Jamice,
- De créer et monter de toutes pièces une campagne de sensibilisation visant non seulement à présenter ce projet mais aussi à mettre la société en avant, complétai-je.
- Tu apprends vite, termine papi.
- Bien sûr ; je suis heureuse qu'ils aient pu penser à moi.
- Seulement, intervient tonton Jamice, dans le souci de préserver l'environnement et participer à la création du tissu social voire économique de la sous-région, nous avons pensé sous-traiter avec une petite entreprise. Fondée il y a de cela une dizaine d'années par un ingénieur du nom de Ramos Costa, pur produit de l'université américain d'Harvard. Ramos est un idéaliste, il croit dur que pour s'en sortir seuls les autochtones pourraient sortir ce pays du bourbier dans lequel, il se trouve. Il traîne depuis des années, quêtant l'aide des organisations internationales et du gouvernement mexicain plutôt occupé à lutter contre les cartels de drogue.
- Lui donner un coup de pouce, reviendrait non seulement à aider l'entreprise, les populations mais aussi au gouvernement qui est je pense, coincé dans un cercle infernal. C'est une très bonne idée, je suppose qu'il a veillé dans sa politique des stratégies environnementales, fais-je remarquer.
- Oui, confirme le directeur des projets.
- Quels rapports entretient cette start-up avec les populations ?
- Nos experts sont sur le terrain en ce moment, répond-il ne voyant toujours pas où je veux en venir.
- Et si tu nous expliquais ? Demande papi, sceptique.
- Qui d'autres que les populations sont à même de nous définir leurs attentes et surtout l'apport de cette entreprise dans leur sociétés. Il serait plus facile d'identifier leurs force et faiblesses afin de mieux construire le projet, le peaufiner.
- Mais, Jeneya, nous ne sommes pas une organisation à but non lucratif, me coupe Jamice.
- J'en viens, s'il vous plait, continuai-je sans me démonter. A la fin de cette enquête, puisque c'en sera une, il serait facile d'ouvrir d'autres marchés, créer ou un exploiter des niches de marchés. Cette enquête aurait donc une certaine portée. Et pour finir, j'aimerai savoir si l'entreprise Stern fait dans du social.
- Au minimum, répond Papi en grimaçant.
- C'est-à-dire ? Demandai-je plus qu'intéressée.
- Nous aidons les souverains dans les contrées où nos bases sont installées et de temps à autres, faisons des enquêtes visant à nous assurer que nos sous-traitants respectent bel et bien, les droits de l'homme.
- Pourquoi ne créerons-nous pas une fondation afin d'aider les enfants ou une certaines tranche de la population avec la particularité de changer de région toutes les années ?
- A ce temps, nous devrons engager un budget, intervient le directeur des projets.
- Que sera ce budget par rapport à ce que nous pourrions gagner ? Nos seulement, nous serons plus connus, notre image en serait rehaussée et certaines portes nous seraient ouvertes. Papi, tu pourrais rencontrer certains hommes de ce monde, voire les plus puissants avec pour possibilité l'ouverture de certains marchés.
- C'est vrai. Pourquoi n'y avons-nous pas pensé plus tôt ? Jeneya, tu écris le projet et nous le présentes dans deux mois(2).
- Non, huit(8) mois, papi. N'oublie pas que je dois encore travailler sur la campagne avec le directeur des projets et en comptant mes partiels, je ne pourrai m'en sortir. Je préfère faire des recherches, rencontrer et discuter avec des experts afin de vous proposer quelque chose de correct et viable.
- Adjugé !
Le reste de la réunion se déroule relativement bien. J'ai l'impression que les autres me regardent différemment et consentent à parler de certains points devant moi, car sont certains d'être compris. En rangeant mes affaires, je suis interrompue par papi qui me fait signe de la main.
- Nous avons une tradition, ici, je veux dire dans l'entreprise.
- Laquelle ? Demandai-je curieuse d'en savoir plus.
- Avant de valider un projet, au moins deux des actionnaires doivent le valider après éligibilité des sociétés directes ou des sous-traitants.
- Ok.
- Je ne suis pas certain d'avoir le temps de le faire, raison pour laquelle je tiens à ce que tu vois cela avec Jamice. J'aurais pu demander à Dick mais il ne travaille pas surplace et ne peut donc avoir accès à certains documents ou comprendre certains procédés financiers.
- Ok.
- En cas de doute, n'hésite pas à faire appel à tous nos experts, ils sont payés pour.
- Merci pour ta confiance.
- Tu es travailleuse et volontaire, j'ai aimé ton laïus de tout-à-l 'heure.
- Merci papi.
- Il n'y a pas de quoi, Jeneya ; son regard est assez énigmatique. J'ai l'impression qu'il va dire quelque chose mais se ravise.
Jamice qui est en retrait, me demande de le suivre. Nous nous installons dans son bureau et quelques minutes plus tard, la secrétaire accompagnée d'une dame portant un tablier blanc et poussant une table sur roues. Mon appétit est ouvert par les effluves dégagés par les plats. La dame fait le service et nous mangeons en évoquant des sujets assez légers.
- Quoi, c'est tout ?
- Je suis pleine comme une outre, tonton.
- Je croyais que tu avais faim, sourit-il.
- Si ! Et maintenant, ça va.
- Bien. Alors, comment se passe ton année universitaire ? Ton intégration au sein de la société ?
- Tout va pour bien même si je l'avoue, c'est parfois difficile de tout concilier.
- Tu y arriveras, il suffira de t'endurcir et prioriser dans le temps.
- Huhum. Alors, pourquoi souhaitais-tu me voir ?
- Droit au but, n'est-ce pas ?
- Oui, tonton Jamice.
- Tu prends déjà les bonnes habitudes, c'est vrai mais je te trouve encore fragile.
- Cela viendra et si nous parlions de cette société de sous-traitance et cette start-up ?
- Ecoute, Jeneya, j'ai demandé à te voir afin de te demander de soutenir ce projet.
- Seulement après vérification et si les résultats sont concluants.