Partie 12 : la belle vie

Ecrit par labigsaphir

- Monsieur STERN, fait la secrétaire en passant la tête par l'entrebâillement de la porte.

- Oui, ma chère.

- Monsieur Standford, souhaiterait avoir un entretien avec vous.

- Je suis  occupé, fais-je gêné. Dites-lui que je le rappellerais plus tard.

- Excusez-moi, monsieur STERN ; elle rentre dans le bureau, ferme la porte puis s'avance vers mon bureau en se tordant les mains.

- Oui, que se passe-t-il ? M'enquis-je en me redressant, intrigué par son attitude.

- Il insiste et...

- ET quoi ?

- Il a un ton alarmant, lâche-t-elle en me regardant dans les yeux.

- Passez-le-moi !

Elle sort prestement dans la salle et quelques secondes plus tard, je me tourne vers l'écran, attendant patiemment voir mon cher ami.

- Jasper, bonjour cher ami.

- Bonjour Duke. Comment vas-tu ?

- Bien, merci et toi ?

- Bien, merci.

- L'âge ne nous a vraiment pas arrangés.

- A qui le dis-tu ?

- Comment vont Evelyn et les enfants ?

- Bien, merci. Tiens-tu le coup ?

- Mais oui, ça va. Merci de t'en inquiéter mais ça va.

- Tu dois surement te droguer avec le travail, Jasper.

- Oui, je l'avoue.

- Ne tire pas trop sur la corde, elle pourrait casser.

- Merci du conseil, j'en prends note. Alors, qu'y a-t-il d'urgent ? Ton message m'a fait peur.

- Les actions STERN ont une bonne cote, une très bonne valeur en bourse mais...

- Mais quoi, Duke ? M'impatientai-je en croisant les bras sur ma poitrine.

- Il est fort probable...Comment te le dire, Jasper ; il se gratte la tête.

- En ouvrant tout simplement la bouche.

- Au sein de la commission des bourses, il se murmure que les instances fédérales se sont penchées sur certains dossiers sensibles.

- Comme toujours, et je ne vois pas la relation avec moi.

- Pas toi, mais l'empire STERN.

- Comment ça ?

- Il se peut qu'une enquête serait en cours.

- Pourrais-tu être plus explicite, je te prie ?

- Il se murmure que tu blanchirais de l'argent, finit-il par lâcher.

- Quoi ? Je vais appeler...

- Non, Jasper ! Je ne suis pas censé te le dire.

- ...

- S'il venait à se savoir ou si l'on soupçonnait qu'il y ait une fuite dans le système, je risquerais des poursuites judiciaires.

- Je vois, soupirai-je.

- Des petites entreprises, filiales de Stern font partie de plusieurs consortiums d'entreprises ou fonctionnent en autonomie. Pourrais-tu au moins m'aiguiller sur le secteur d'activité ?

- Je n'en ai aucune idée, j'ai juste eu vent de ces bruits de couloir persistants.

- Je vais demander à mon comptable de faire ce pourquoi, il est doué. J'aviserai aussi le département Contrôle et Qualité.

- C'est une bonne idée, Jasper.

- Merci cher ami.

- De rien. Il faudrait que tu trouves un moment pour passer à la maison, ton filleul demande après toi.

- Je suis désolé, dis-lui que je me rattraperais.

- Ok.

- Je te rappelle dans quelques jours.

- Bonne journée, Jasper.

- Merci et à toi, autant.

Je raccroche et demande à ce que le comptable et le directeur de communication, me soient immédiatement envoyés. Je demande exceptionnellement qu'une audit interne soit déclenchée, ainsi qu'une audit externe de nos consultants.

PENDANT CE TEMPS...

[  JENEYA ]

- Amicie, est-ce prêt ?

- Non, pas encore. Sois patiente, Jeneya.

- Excuse-moi, ma chérie.

- Ce n'est pas grave.

- Je stresse tellement à l'idée de ne pas finir à temps.

- Je sais, je sais.

- Je laisse donc le poulet cuire au four,

- Il sera prêt d'ici une demi-heure.

- Et tu mettras ensuite les gâteaux-marbrés et la tare.

- Exactement.

- Pendant ce temps, je vais m'occuper du poisson braisé, des frites de plantains, la salade de fruits et les entrées.

- Ok, vas-y, ma chérie. Dès que ce sera prêt, je te ferais signe.

- Ok et merci, Amy.

- De rien.

Je sors de chez elle et hâte le pas pour mon appartement. Je suis si stressée, j'ai décidé de faire une surprise à Elric pour son anniversaire. Hier soir, je lui ai demandé de passer me récupérer à 16h, afin que nous passions une soirée en amoureux. Je me suis démenée comme un diable, il y a de cela deux jours pour les courses, veillant à ne rien oublier. Je tiens à marquer ce jour d'une pierre blanche, un jour spécial pour l'homme qui fait battre mon cœur.

« Coucou mon amour ».

« Bonjour le héros du jour »

« Come è una Parte di me ?»

« Comment va une partie de toi ? Je vais bien, merci et toi ? »

« Mieux, maintenant que je t'ai parlé. Ce jour, j'aurai du avoir droit à tous les privilèges comme me réveiller aux cotés de ma chérie »

« Je sais, bébé. Seulement, j'avais du travail. »

« Pourrais-je passer te chercher dans une demi-heure, j'ai envie de te voir et serrer dans mes bras. »

« Non, ce n'est pas possible. »

« Mais pourquoi ? »

« J'ai fort à faire, passe à 16h comme convenu. »

« Dommage mais bon, je vais respecter ta volonté. »

« Sorry, mon cœur, je t'embrasse. »

« Viens me le dire en face. »

« Ha ha ha, à tout à l'heure Biyo'o »

« A tout à l'heure, Ma Croft. »

Je raccroche, ai un sourire rêveur en rejoignant mes fourneaux. Je me jette à corps perdu dans le travail, espérant terminer à temps.

QUELQUES HEURES PLUS TARD...

Voilà, tout est prêt. J'ai mis la nourriture dans les Tupperware, rangé la boisson, les verres et les plats dans les différents paniers. Tout est parfait et dans le meilleur des mondes. Avant d'aller me doucher, j'essaie de joindre Elric, cela sonne une fois, deux fois, puis trois fois. Je raccroche, rappelle, puis me décide à laisser un message lui demandant de passer me récupérer. J'envoie un message par Whats'App, les deux barres deviennent bleus, il a lu. Je vais me doucher en chantonnant, mets la petite robe en cuir rouge, boucle mes cheveux, me maquille légèrement et enfin, me parfume avec la Petite robe noire de qui vous savez. Odessa qui est au téléphone avec son homme, décide de m'aider avec les sacs et nous descendons attendre Elric au rez-de-chaussée.

- Ma chérie, cela fait une demi-heure que nous attendons, je vais devoir y aller.

- Merci Od, grimacai-je.

- Essaie de le rappeler, j'attends.

- Ok.

Je compose le numéro et suis tout de suite envoyée au répondeur, je raccroche.

- Peut-etre est-il en route, ne t'inquiète pas, ma belle.

- Si tu le dis, dis-je désabusée.

- Je vais me doucher et m'habiller. Dès qu'il arrive, fais-moi signe.

- Ok.

Elle monte, me laissant seule au rez-de-chaussée. Je commence à taper du pied, puis rappele Elric qui ne répond toujours pas.

- Elric, cela fait près d'une heure que je t'attends au rez-de-chaussée. Que fais-tu ? Où es-tu ?

Je piaffe d'impatience en regardant tous les sacs que j'ai. Si j'avais pu les emmener en un voyage, je l'aurai fait. C'est justement pourquoi j'ai besoin d'Elric. Le poisson braisé, je ne pouvais le mettre dans un Tupperware, au risque de le dénaturer. Je suis dégoutée, il m'énerve ce mec.

Une demi-heure plus tard, Odessa descend et la voiture de son mec se gare. Je les regarde s'en aller, dépitée. J'essaie à nouveau d'appeler Elric qui ne répond pas, laisse un énième message avant d'appeler Amicie à qui j'explique ma mésaventure. Elle pique un crise et décide de venir me retrouver. Un quart d'heure plus tard, elle est là.

- Il n'est toujours pas là!

- Oui, ma belle.

- Quel connard! Tu comprends pourquoi je ne voulais pas que tu te mettes avec lui ? Il est surement en train de se gratter les baloches quelques part.

- Amicie! Depuis quand as-tu un langage fleuri ?

- Ah fous-moi le camp avec tes expressions d'aristocrates, fils de bobo. Il est où ? Il sait pertinemment qu'il doit passer te chercher et ne se bouge pas.

- Je t'assure.

- Et dire que cela fait deux jours que tu bosses comme une forcenée pour lui faire plaisir.

- ...

- Alors, que fait-on ?

- Aide-moi à remonter, s'il te plait; je suis au bord des larmes.

- J'ai essayé de le joindre, c'est aussi le répondeur.

- Ok.

- Je suis désolée, ma belle.

- Ok.

Nous mobilisons deux autres étudiants pour nous aider à grimper les étages avec les sacs lourds.

- Et dire que tu as dépensé 200 euros pour les courses. Je fais l'impasse sur le gaz, l'eau, le courant et le manque de sommeil.

- ...

- Mais pour qui se prend-il ?

- ...

- Voilà pourquoi les camerounais m'horripilent...Fils de...fils de...Fils de de mes couilles...Voilà pourquoi je déteste les fils de bobos. A toujours prendre les autres pour de véritables cons.

- ...

- Tchiip! Un connard, il me sentira passer.

- Merci à vous mais attendez, dis-je en leur demandant de rentrer dans l'appartement. Asseyez-vous, s'il vous plait.

Je tire les sacs à moi et leur fais rapidement des plats, ils protestent pour la forme avant de prendre en promettant me ramener mes plats dans la matinée. Je m'assieds après avoir fermé la porte, les larmes aux yeux.

- Quoi ? Tu vas pleurer ?

- Prends les clés de la voiture, nous allons chez lui.

- Pour quoi faire, Amicie ?

- Lui régler ses comptes. 200 euros ? Massa, il sait ce que ça peut acheter ?

- Laisse-tomber, Amicie, laisse-tomber; j'avoue être déboussolée par cette façon de faire, Elric me déçoit beaucoup.

- Tu es meme quelle genre de camerounaise ? Pardon, lève-toi et allons chez lui.

- Non, la go, laisse-tomber.

- Humm, Elric, hummm. J'avais bien dit. C'est vrai que l'on ne connait pas le caillou qui va tuer l'oiseau mais celui-là, je l'avais vu venir. La vraie sorcellerie, c'est quand tu fais tourner une go alors que tu sais que tu ne la ya( l'aime pas).

- ...

- Avec sa petite quéquette!

- Hein ?

- Mais oui, il n'y a que les laids gars et ceux qui ont les petits trucs pour se comporter de cette façon.

- Ha ha ha ha ha mais Amicie, qui t'a mangé comme ça ?

- Aka, laisse ça, toi aussi. Un gars qui se comporte comme lui, est un zéro! S'il ne voulait pas venir, il fallait qu'il te le dise.

- Je te dis. Je l'ai pourtant appelé à midi pour confirmer.

- Vraiment ! Avec sa tete d'enclume!

- Ga ga ga ga Amicie, tu es terrible hein. Alors que je suis en train de pleurer mon argent, toi, tu passes le temps à me faire rire.

- Jen, tu es trop gentille, dis donc. Si c'est moi, il va me rembourser l'agent-là.

- En même temps, il ne m'a rien demandé.

- Aka, il a besoin de demander. Tu es étudiante et 200 euros, c'est deux cent euros ; Odessa et elle, ne savent rien de ma situation en Angleterre.

- Ma chérie, pardon, prends un plat et tu viens te servir, on va manger.

- C'est ce que tu dis un peu comme-ça ?

Pendant qu'elle va chercher un plat, je pose la bouteille de Mojito et les coupe sur la table. Je me sers à mon tour et nous nous mettons à discuter en mangeant et descendant la bouteille. Je ne supporte pas et ne tiens pas l'alcool, je suis K.O après une demi-heure. J'ai la lumineuse idée de prendre une photo de la bouteille de Mjito avec les coupes et la mettre en profil.

- Oui, allo, fait-elle en décrochant son téléphone...Oui, elle est là...Non, elle ne veut pas te prendre...C'est normal, toi aussi! ...Où étais-tu ? ...Quoi ? ...Tu savais pertinemment qu'elle t'attendait, Elric...Je crains que "désolé" ne suffise pas...Elle t'a attendu deux heures et demi, au bas de l'immeuble...Cela fait deux jours qu'elle ne dort pas bien, parce qu'elle pensait à ton anniversaire...Ce n'est pas correct...Ah bon ?...Tu es parti prendre un verre chez Oan, tu as tellement bu que tu t'es écroulé à ton retour à la maison...Ah bon ? ...Cela fait juste une demi-heure que tu t'es réveillé...Wow! ...Tu es en route ? ...Ma chérie, il dit qu'il est en route.

- Non, fais-je simplement terminant mon verre.

- Elle ne veut pas te parler.

- Il demande à ce que tu allumes ton téléphone.

- Non

- Non, non, je ne te souhaite pas une bonne soirée...tu n'es pas gentil.

- Pourquoi t'en occupes-tu ? Lui demandai-je après qu'elle ait raccroché.

- Que voulais-tu que je fasse ?

- Laisse-tomber, Amicie, laisse-tomber.

- Et avec le chéri ?

- Il campe sur ses positions, polygamie ou rien.

- Que vas-tu faire ?

- Je lui ai dit qu'il avait un an pour se présenter chez mes parents ou c'est terminé entre nous.

- Je vois.

- Il dit que je suis trop dure et pas douce.

- Ah oui ?

- Tu sais, Jen, ce sont les hommes qui rendent les femmes dures. J'étais très douce au début, je laissais tout passer mais pleurais aussi beaucoup. J'ai décidé de ne plus pleurer, ne plus lui montrer mes larmes.

- Je te comprends.

- Il me reproche de ne pas prendre soin de moi, de ne pas faire comme les autres.

- Et pourtant, tu prends soin de toi, ma chérie.

- Il veut peut-être que je ressemble à sa copine qui n'a pas d'enfant.

- Copine dont il s'occupe, de la tete jusqu'aux pieds.

- Tu as tout compris. C'est lui qui paie surement son loyer et l'entretien. Alors que moi, rien! Meme quand je suis coiffée, je n'ai pas droit à un compliment.

- Aie!

- Meme quand je suis sexy, rien!

- Humm.

- Cela fait 10 semaines que nous n'avons pas fait l'amour, t'en rends-tu compte ?

- Quoi ?

- Oui, 10 semaines. Nous vivons tous les deux, comme es colocs, des co-chambrés.

- Il a surement une petite ailleurs, là où il vit.

- C'est certain, Jen; sa voix devient faible et ses yeux, rouges.

- 7 ans de ma vie, Jen, 7 ans. Comment ai-je pu ?

- Parce que tu l'aimes, tu as tout simplement cru qu'il changerait.

- Oui, j'y ai cru. J'ai envie de partir mais mon cœur me trahit toujours.

- Il sait que tu veux partir et passe de temps à autres, pour te déstabiliser.

- ...

- Amy, il va falloir prendre une décision, tu sais ?

- Oui, je sais.

Un silence s'installe entre nous, chacune est dans ses pensées. Je ne sais pas ce qui se passe avec Elric, j'espère qu'il a une excuse solide. Une demi-heure plus tard, j'emballe une partie de la nourriture et la donne à Amicie qui rentre chez elle. Je réponds rapidement à Odessa par sms et vais prendre une douche avant de me glisser sous les draps.

Jeneya CROFT, l'Impé...