Partie 14
Ecrit par PaulBernardAMGL
- Après que je me sois évanouie comme une grosse merde, répondis-je en me couvrant le visage d'une main. C'est tellement gênant. Je ne tiens pas l'alcool mais je n'imaginais pas qu'un verre de vodka aurait raison de moi. Ce devrait être vraiment fort comme vodka. Je crois qu'avec ça, je ne suis pas prête de retoucher à un verre d'alcool.
- Mais non ça n'a pas été trop difficile, répondit-il en souriant. Tu n'es pas lourde. Et puis regarde.
Il gonfla son biceps droit. Le machisme incarné.
Il commença à parler en fixant le verre, qu'on lui avait servi entre temps, comme s'il allait le vider du regard.
- J'ai été vraiment surpris que tu tournes de l'œil pour si peu, fit-il. C'en était presque comique.
- Que s'est-il passé après que j'aie perdu connaissance ?
- De quoi te souviens-tu ?
Je haussai les épaules.
- Absolument rien, mentis-je.
Je parlais d'une voix mal assurée. N'importe qui aurait pu comprendre que je n'étais pas à mon aise ou que je mentais. Mais pas lui. Du moins il semblait n'en avoir rien à faire.
- Eh bien, commença-t-il. Tu t'es évanouie dans mes bras. Ensuite j'ai appelé Lone pour qu'il vienne te ramener chez toi. J'ai même voulu venir avec lui pour m'assurer que tout se passe bien mais les gars risquaient de foutre le bordel dans la maison en mon absence.
- Quel gentleman tu fais ! soufflai-je au bout des lèvres.
Il sourit à nouveau.
Je ne supportais plus ce sourire qu'il arborait constamment. Le même sourire qu'il avait sur le visage en regardant ses gars me besogner. Il semblait se moquer ouvertement de moi. Il devait croire son petit secret (en italique) bien gardé.
Je ne supportais plus sa voix. Elle agissait comme une lame sur mes tympans. Tout sur lui me rappelait qui il était : un violeur, un lâche...
Il évitait mon regard depuis le début du rendez-vous. Moi j'avais du mal à le regarder tout simplement. Son parfum qui sentait pourtant si bon était devenu écœurant d'un coup. Si quelques jours plus tôt j'avais pu lui trouver un quelconque charme, tout ce qu'il m'inspirait pendant que j'étais assise en face de lui c'était un profond dégoût.
Plus se poursuivait cette entrevue, plus mon envie de dégueuler sur lui croissait. Mais il me fallait me contenir. Pour que ma vengeance se déroule sans coup férir, il fallait qu'il continue de se bercer d'illusions. Il fallait qu'il continue de se croire le plus fin.
- Tu organises souvent des fêtes ? lui demandai-je.
- Tout le temps, répondit-il. Tous les jours sont bons pour célébrer tu ne trouves pas ?
Je hochai la tête.
- J'espère que je serai encore la bienvenue à tes prochaines fêtes, lui dis-je d'un ton très peu convaincant.
- Bien sûr, répondit-il. D'ailleurs il y a une autre fête ce vendredi et j'aimerais que tu viennes. Cette fois tu seras mon invitée. Je ne m'occuperai que de toi, et ce toute la soirée.
Je déglutis péniblement. Une nouvelle occasion de se faire violer ? Il fallait être idiote pour accepter.
- Je ne pourrais pas, répondis-je. Les vendredis soir, je les passe en famille. Le vendredi dernier j'ai pu venir parce que mon père était absent.
- Une autre fois alors, fit-il.
- Sans faute. Il va même falloir que je rentre. Mon père ne va plus tarder.
- Tu veux que je te dépose ? me proposa-t-il alors que je ramassais mon sac.
- Oh non ce ne sera pas nécessaire, répondis-je. On vient me chercher. Ça a été agréable de te revoir.
Je lui tendis la main avant qu'il ne veuille me faire une autre bise. Il la serra et posa un baiser sur le dos de ma main. Je grimaçai mais il ne remarqua rien.
Dès qu'il me lâcha la main, je me hâtai vers la sortie. Je voulais mettre le plus de distance entre lui et moi. Je dépassai son pote sans lui accorder un seul regard.
Alex était garé de l'autre côté de la rue. Je traversai et m'assis dans la voiture.
Je poussai un long soupir. Il me jeta un regard interrogateur.
- Tu t'en es bien sortie ?
- Il ne se doute de rien mais je ne ferai plus jamais ça ! décrétai-je comme si on m'y avait forcé.
- Que s'est-il passé ?
- Rien de spécial. Mais je n'avais pas imaginé que le revoir pourrait autant me dégoûter. Ses moindres faits et gestes me rappelaient ce qu'il m'a fait. Et avec son éternel sourire, j'avais l'impression qu'il se moquait de moi. Le regarder en face et devoir lui sourire comme si de rien n'était me donnait l'impression de me faire violer à nouveau. Je ne peux plus et ne veux plus jamais revivre ça ! Il m'est déjà arrivé de me sentir faible, stupide ou encore sale par le passé mais jamais les trois ensemble. Et c'est comme ça que je me sens actuellement. Ramène moi chez moi, j'ai besoin d'une douche.
Il démarra la voiture et se fondit dans la circulation.
- Tu vas donc le laisser s'en sortir comme ça ? s'enquit-il alors qu'il ralentissait devant un feu orange.
- Oh non ! répondis-je. Il me le paiera d'une manière ou d'une autre. Il me faut juste trouver la personne idéale pour prendre ma revanche sur lui. J'ai déjà ma petite idée.
- À te voir sourire comme ça je n'aimerais pas être à sa place, commenta Alex. A qui penses-tu ?
Je ne répondis pas tout de suite. Je gardai le silence pendant une bonne minute.
- Jayde !