Partie 18 : Toujours plus d'émotions
Ecrit par Fleur de l'ogouée
Moussavou Marc-André
J’ai une mine affreuse, un
look horrible, je ne ressemble à rien, depuis que j’ai su que Nina à quitter le
Gabon mon cœur saigne, c’est définitif cette fois ci tout est fini, c’est
horrible de savoir que tout ceci est de ma faute, c’est horrible d’être à ce
point idiot et indécis, je me suis auto-saboté, j’ai moi-même participé à mon
malheur. Une énième journée de travail bâclée, je n’ai jamais autant été déçu de
moi, au final accédé au top l’échelle sociale n’aura servi à rien, je suis
toujours ce misérable petit orphelin, rejeté par sa famille. En me dirigeant
vers la sortie je suis rattrapé par la secrétaire de mon patron, il a besoin de
s’entretenir avec moi, je la suis inquiet.
-Monsieur Moussavou prenez
place
-Merci Monsieur Nguimbina
-Alors si je vous ai convoqué aujourd’hui
c’est pour parler de vos résultats ses dernières semaines, vous notre meilleur
élément depuis 5 ans nous ne comprenons pas vos performances récentes. Donc j’ai
pris la liberté de vous envoyer en congé pour deux semaines, allez, reposez vous et revenez nous en meilleur forme. Il ne sert à rien de vous gardez ici
dans cet état.
-Merci monsieur le DG, je prends
note de vos remarques et je reviendrai avec de meilleures performances
-Voilà ce que j’aime entendre,
vous pouvez disposer maintenant
-Merci et bonne soirée à vous
Le clou s’enfonce à nouveau, 5
ans que je bosse ici et pas une seule fois mes supérieurs se sont plaints de moi
et là en quelques semaines j’ai réussi à tout faire flancher, je suis un idiot
ça c’est peut de le dire, j’ai tout perdu dans cette histoire et je ne peux m’en
prendre qu’à moi. Je me pose dans la voiture, mon regard croise ce coffret, j’ai
envie de le jeter par la fenêtre, je le range dans la boîte à gant, je n’ai
plus envie de le voir. Je me suis précipité chez le bijoutier il y a quelques
semaines pour acheter une bague et enfin faire ma demande à Nina, tous ces
drames m’ont poussé à mûrir en quelques jours, ne voulant pas ma perdre j'étais prêt à enfin passer à l'acte pour qu'elle revienne. J’ai commandé une magnifique bague,
j’ai acheté des fleurs, je me suis rendu chez elle, quand je suis arrivé devant le portail le gardien m’a dit qu’elle
ne vivait plus là, j’ai appelé Julie qui m’a annoncé que Nina est allé s’installé
au Nigéria pour une période indéfini, que sa boîte d’ici sera désormais géré
par sa cousine Betty. J’ai de suite appelé Betty pour avoir plus d’informations,
après m’avoir copieusement insulté, elle a confirmé l’info. Je suis allé chez
ses parents, sa mère m’a confirmé l’histoire et m’a conseillé de ne plus
rentrer en contact avec elle et surtout d’éviter de provoquer la colère de son
père, lui qui ne m’a jamais estimé se retient de pourrir ma vie parce que sa
femme lui a dit que ça ne servait à rien. Elle est partie, a rayé 10 ans définitivement,
à avancer et moi qui aie cru qu’acheter une bague la ferait changer d’avis, je
me suis grandement trompé elle a tourné la page mais moi je ne crois pas que je
serais capable de faire pareil.
Koumba Marimar
Alors que tout allait bien au boulot ce matin, en après-midi je me suis sentie très mal, vertige, nausée et maux tête, Raoul m’a demandé de me reposer dans son bureau, chose que j’ai fait, vu que je ne me sentais toujours pas mieux, j’ai appelé Marc pour lui demander de venir me chercher mais il n’a décroché à aucun de mes appels. Cynthia quant à elle est en week-end à Port-Gentil avec son fiancé, elle va enfin rencontrer sa belle famille et les deux enfants de Yeno, ça ne sert à rien que je l’appelle elle ne peut rien. J’attends que les douleurs s’estompent pour pouvoir rentrer mais pour l’instant ça ne se calme pas, malgré que j’ai mangé un bon plat tout à l’heure. Assise dans le bureau je me demande comment je vais bien pouvoir rentrer et là je sens mon ventre tourné je me dirige vers les toilettes et je vomis tous ce que j’ai avalé. Il est déjà 22 h et tout le monde est déjà parti, j’aurai dû prendre mon courage à deux mains et rentrée quand il faisait jour. Raoul entre dans le bureau et me demande de me préparer pour qu’il m’accompagne chez moi, une fois devant le portail il me demande si je suis sûre de pouvoir passer la nuit ici toute seule
- Ce n’est pas mieux d’aller à l’hôpital
-Je ne sais pas trop,
peut-être que ça va passer
-Tu es enceinte ce n'est pas prudent
Il a raison ce serai de la folie de rester ici toute seule, je descends prendre des affaires pour me changer au cas où il me garde, le carnet de naissance et de l’argent que j’avais caché. Nous allons à la clinique silencieusement, d’ailleurs on ne se parle pas beaucoup, depuis que je suis enceinte j'ai l'impression qu'il m'évite, pour briser un peu ce silence je me lance
-Merci Raoul pour ce que tu
fais, tu es vraiment un patron formidable
-C’est normal, je n’allais
quand même pas te laisser seule, je suppose que Marc prendra le relais
-Merci et je te remercie d’ailleurs
dès le début de ne pas m’avoir jugé, tu connais ma situation amoureuse mais tu n’as
jamais dit un mot déplacé
-Mari vous êtes des adultes je
n’ai pas à interférer dans vos histoires. Et il doit beaucoup t’aimer pour
avoir mis fin à une relation de 10 ans
-Comment le sais-tu ?
-Gémina la petite sœur de Marc
est un peu ma meilleure amie
Je me tais et je digère l’info,
donc Nina et Marc ne sont plus ensemble, je devrais sauter de joie mais quelque
chose me turlupine, toutes ses dernières semaines je n’ai absolument pas senti
Marc se rapproché de moi, donc cette rupture c’était pourquoi ? Non, il ne
m’a pas choisi, je ne sais pas ce qui s’est passé, mais il est clair qu’il ne m’a
pas choisi, je suis juste un dommage collatéral en fait. Je sens les larmes
monter mais je me retiens, j’ai déjà tellement pleuré pour cet homme, ma
dignité en a pris un coup. Alors que Raoul gare sur le parking de la clinique c’est
maintenant que Marc rappel, il est 23h30, je l’ai appelé à 15 h et c’est
maintenant qu’il me rappelle. Je lui dis que je suis à la clinique parce que je
ne me sentais pas bien et je raccroche furieusement avant qu’il ne puisse ajouter
quoi que ce soit. Me sentant faible, Raoul m’aide à rentrer dans la clinique,
je suis directement emmenée aux urgences en consultation vu qu’il n’y a
personne avant moi. Une sage-femme m’examine sous le regard du médecin de garde
et ensuite les deux se concertent et me disent qu’ils vont me garder en
observation au moins pour cette nuit. Avec l’aide d’une jeune infirmière je me
dirige vers l’hospitalisation en faisant un détour à l’accueil pour dire à
Raoul qu’il pouvait partir, quand j’arrive dans la salle, Marc aussi passe le
pallier, je l’ignore et me dirige vers Raoul pour le remercier pour tous et lui
dire qu’ils vont me garder et qu’il peut rentrer. Il s’en va et Marc s’approche
de moi
-Tu vas bien ?
Je ne réponds pas et je me
dirige vers les salles d’hospitalisation toujours avec l’aide de l’infirmière,
il nous suit silencieusement, elle m’installe dans la chambre et me place la
première perfusion.
-Désolé maman tortue, je n’avais
pas mon téléphone avec moi, j’ai eu une rude journée au boulot
Trop fatiguée par avoir une
discussion maintenant, je lui tourne simplement le dos, il finit par s’assoir
sur la chaise à côté et s’endort si vite. Maintenant qu’il dort, je peux enfin
laisser mes larmes s’échapper, je suis si fatiguée.
C'est la meilleure nuit de
sommeil que j’ai eu depuis que je suis enceinte, je ne sais pas ce qu’ils ont
mis dans cette perfusion mais j’en veux encore. Je m’assois et remarque que la
pièce est vide, son absence ne me surprend même pas. Après les soins j’ai eu la
force d’aller me doucher et j’ai enfilé cette robe de rechange, en sortant de
la salle de bain, je l’ai trouvé déballant les courses qu’il a fait.
-bonjour maman tortue bien dormie ?
-En fait Marc tu me prends
pour qui ?
-Qu’est qu’il y a Mari ?
-Je te demande Marc, c’est moi
la voirie en fait ? Tu te pointes ici sourire aux lèvres, tu penses que
des croissants et des jus peuvent pardonner ton inconscience et ton
irresponsabilité ?
-Je me suis excusé
-Non ne t’excuse pas, ça fait 6
mois que ça dure, sache qu’autant tu n’as pas voulu de cet enfant moi aussi je
n’en ai pas voulu mais maintenant que c’est arrivé je suis la seule à faire
face à tout ça. Tu ne fais rien pour que cette grossesse se passe bien, tu es
la dernière personne sur qui je peux compter alors que je devrais pouvoir t’appeler
à tout moment
-Mari tu connais ma situation
aussi, n’oublie pas que j’ai aussi une relation
-Mais Marc pourquoi tu mens en
fait ? Je sais que vous n’êtes plus ensemble depuis 2 ou 3 mois, donc
toutes ces fois où tu as prétendu rentré pour la retrouver, toutes ces fois où
tu as reçu des messages tardivement, toutes ces fois où tu me disais être avec
elle c’était totalement du mensonge. Tu es un menteur compulsif, un irresponsable,
je n’en peux plus Marc je suis à bout, ce n’est quand même pas à cause de mes
sentiments pour toi que je vais mourir, entre mon fils et toi le choix est vite
fait, je ne continuerai pas à m’user la santé pour toi, tu n’en vaut pas la
peine. Je suis même persuadée que c’est elle qui t’a quittée, une femme comme
elle ne mérite pas tous ça. J’ai fait l’erreur de penser que tu m’aimais mais
je me suis trompé, je suis certainement une idiote de plus à tes yeux.
-Marimar sincèrement je n’ai pas
la force de me discuter avec toi, je t’estime beaucoup, tu es une femme battante,
d’une douceur et d’une beauté naturelle rare, surement nous nous ne sommes pas
rencontrés au bon moment et oui c’est elle qui m’a quitté, j’ai perdu l’amour
de ma vie, je suis anéanti, tu peux comprendre ça et avoir un peu de compassion s'il te plaît
-Va-t’en Marc, s’il te plaît
-Je ne peux pas te laisser
seule, ils ont dit qu’ils te garderont jusqu’à lundi
-PARS
-Ok, j’ai déjà donné ma carte
d’assurance qui couvrira tous les frais
Il s’en va et je fixe la porte
amèrement, aucune larme n’arrive à couler, je suis fatiguée, j’aurais voulu
vivre ma première grossesse dans la joie et l’amour, j’aurai voulu être entouré
et au lieu de ça je me suis laissé emprisonné dans une relation qui n’a ni queue
ni tête, dans ma tête je me suis créée un idéal et je me suis contenté de cette
médiocrité qu’il me proposait, j’ai été naïve alors que je pensais maîtriser la
situation, j’ai perdu à un jeu dangereux, le pari de l’amour.
J’essaye de me calmer et m’assois
pour prendre le petit-déjeuner en paix, j’allume la télévision qui sera mon seul
compagnon ici durant ce week-end, je m’installe et essaye de me convaincre que
j’arriverais à surmonter tout cela et que ça me rendra plus forte. Je ne suis
pas totalement convaincue que j’y arriverai, mais ai-je vraiment le choix ?