Partie 28

Ecrit par Ornelia de SOUZA

J'étais venu au bon moment visiblement. Carin agressait Yves et j'en connaissais la cause. Il s'était rendu compte de mon absence et il voulait en finir avec lui. Ashley qui ne m'avait pas entendu monter les escaliers avait les yeux grandement ouverts,signe qu'elle était étonné de me voir ici. Elle pensait sûrement qu'elle avait été débarrassé de moi une bonne fois pour toute mais non. J'étais encore là.

-Tu étais où? demanda Carin en avançant vers moi d'un pas menaçant
-Je faisais le tour de la maison. Qu'est-ce qu'il se passe?

Carin se caressa le visage sûrement confus. Il avait des certitudes et je venais apparemment de les réfuter par ma simple présence. Il fit un pas en avant puis deux en arrière. Il voulut adresser un mot à Yves puis il se reprit. 

-Ashley vous a surprit! finit-il par me dire
-Ah bon? Elle nous a surprit où et de quoi nous accuse t-elle?
-Vous avez couché ensemble. Elle t'a trouvé nue après qu'elle ait vu Yves sortir de ta chambre?
-Pardon? dis-je choquée.

Je savais qu'elle allait faire quelque chose mais inventer un tel mensonge? Cette femme était très forte mais je ne la craignais pas. J'avais déjà vécu le pire sous les coups de ceinture de Carin alors j'étais prête à me défendre.

-J'étais donc nue? Dis moi dans quelle position étais-je ? fis-je en m'avançant vers elle.
-Je ne sais pas moi; répondit Ashley que je venais de prendre au dépourvu. Tu étais là dans la chambre.
-Où dans la chambre? criai-je.
-Sur le lit! répondit Carin à sa place. Elle m'a dit qu'elle t'avait vu sur le lit.
-Dame Esther! Vous êtes au courant de tout ce qui se passe dans cette maison alors dites moi si Yves a fait plus de cinq minutes dans ma chambre avant qu'Ashley ne vienne soi-disant me surprendre sur le lit?
-J'avoue que non; répondit la gouvernante.
-Dites moi si vous l'avez déjà vu se rendre à ma chambre pour autre chose que pour m'informer des programmes établis par mon mari?
-Il est vrai que je n'ai jamais constaté une telle chose et pourtant je suis très attentive. Il est aussi vrai que les rares fois où le chauffeur a passé quelques minutes devant la chambre de Mélaine, il lui communiquait juste leur programme mais Ash a pu voir quelque chose qui m'a...
-Ca suffit! l'interrompis-je. Vous avez dit ce que vous savez et c'est tout ce que je vous ai demandé. Ashley, dis nous maintenant si tu m'as surpris sur le lit après le départ d'Yves.

Ma belle-soeur roula des yeux comme prise à son propre piège. La femme faible qu'elle avait connu, qu'ils avaient tous connu avait disparu aujourd'hui. J'étais beaucoup plus maligne qu'elle ne pouvait le penser et dorénavant à chaque fois qu'elle voudra s'en prendre à moi, je la ridiculiserais. Ma belle-mère qui suivait le déroulement de l'histoire expira bruyamment avant de s'en aller. Cette femme, j'allais œuvrer pour la ramener de mon côté et Ashley sans s'en rendre compte m'y aidait avec ses attaques.

-Pourquoi tu mens à propos de ce que tu as vu? s'emporta Irina en se dirigeant vers sa soeur ainée.
-Oh toi contrôle toi! Tu ne peux pas fermer tes jambes dégoûtantes là. Tu vas me dire que tu es jalouse à cause d'un simple chauffeur? Je ne pensais pas que tu pouvais te rabaisser à ce point. Chienne!

La gifle qu'elle reçut nous arracha à tous un cri de stupéfaction. Irina venait de frapper sa soeur aînée et vu leurs expressions, elles en étaient aussi étonnées que nous autres.

-Comment as-tu pu? siffla Ashley la main contre sa joue.
-Excuse moi ma soeur mais tu m'as poussé à bout. Regarde ce que tu as créé. Carin aurait pu gravement blessé Yves.
-Toi, viens avec moi! m'ordonna Carin en me saisissant par le bras alors que je suivais avec passion la discussion entre les deux soeurs.

Je suivis Carin dans ma chambre et comme je m'y attendais, il leva la main dans l'optique de me frapper mais je fus plus rapide. Je retins sa main en chemin de toute ma force et je l'éloignai de ma joue.

-Maintenant ça suffit! hurlai-je de toutes mes forces. Dis moi pourquoi tu veux me battre cette fois ci. Dis le moi parce que je n'ai rien fait cette fois-ci. Et je sais pourquoi tu t'en prends à moi.
-Qu'est-ce que tu racontes? demanda Carin en faisant une moue
-Tu m'as accusé d'infidélité mais c'est toi l'infidèle mon cher et j'en ai des preuves. Du début de notre union jusqu'à cet instant tu n'as jamais arrêter de me tromper. Lorsque Roland m'a accusé à tort, tu n'as pas voulu m'écouter parce que c'était l'excuse parfaite pour toi pour vivre ton idylle avec ta maîtresse. Et aujourd'hui même devant la réalité, même en sachant que je ne suis pas coupable de ce dont on m'accuse, tu veux me battre ?

Carin sembla confus face à ma déclaration. Je l'avais perçu à jour et la carte que je venais de jouer allait me servir bien plus d'une fois. Carin m'observa longtemps puis il sortit de la pièce sans un mot. Au moins aujourd'hui, j'aurais la paix. Je retirai le châle qui me couvrait et je m'allongeai totalement habillé sur le lit. Je restai immobile quelques instants avant que le sommeil ne m'emporte. Bientôt un souffle chaud me caressa le visage et m'obligea à ouvrir mes yeux expressément. Yves se tenait au dessus de moi avec un visage à la fois dure et doux.

-Que faites-vous ici? questionnai-je en me redressant
-Je vous retourne la question; répondit Yves. J'ai pris des risques pour vous.
-Et alors? Je vous ai sauvé la vie. Si je n'étais pas apparue à ce moment là, Carin vous aurait tué.
-Voulez-vous me faire croire que vous êtes revenu pour moi?

La question demeura sa réponse. Je ne voulais pas le blesser. Il avait beau me plaire et être un homme exemplaire, je n'étais pas revenu pour lui. J'étais revenu pour l'argent de Carin mais je ne comptais pas le lui dire. Mon silence sonna par contre comme une réponse positive pour Yves car il se rapprocha dangereusement de mon visage. Sans que je ne puisse crier gare, il se saisit de mon visage et il posa ses lèvres sur les miennes. Je posai résistance pendant une demi-seconde puis je me laissai aller. Nos lèvres se saluèrent puis nos langues s'unissèrent dans une valse qu'aucun danseurs professionnel ne pouvait reproduire. Je m'y plus tant que je saisis sa nuque dans un mouvement d'automatisme. Une décharge parcourue tout mon corps. Des pointes de mes cheveux au bout de mes orteils, je tremblais presque alors que les bras d'Yves couvraient mon corps. Tout les deux ne pouvions nous arrêter tant ce baiser était devenu l'air que nous respirions. Yves parvint avec l'une de ses mains à ma cuisse. La douleur fut si vive que je lui mordis la lèvre lui arrachant un cri, ce qui nous obligea à nous séparer.

-Il vous a blessé à cet endroit? dit-il en avançant sa main.
-Arrêtez maintenant! dis-je en reculant. Ce qui vient de se produire ne doit plus se répéter. Je suis une femme mariée. Carin vous tuera.
-Arrêtez donc de parler de cet homme en ces termes. Seul Dieu peut nous retirer la vie. 

Il était croyant. Je l'étais aussi plus jeune mais voilà où tout cela m'a mené. Dieu ne peut descendre et agir pour nous. Nous sommes obligés de nous protéger seuls.

-Je suis tout de même heureux de vous revoir même si ce n'est pas ce que nous avions convenu! murmura t-il alors que je l'observais comme si j'étais absente.
-Sortez d'ici avant que quelqu'un ne nous surprenne car cette fois-ci, Carin n'écoutera personne.
-Laissez le où il se trouve et dites moi oui; me lança Yves.
-Oui pourquoi? demandai-je en fronçant les sourcils
-Après vous avoir laissé à la plage, j'ai cru mourir au volant de cette voiture. J'ai cru mourir alors même que je pensais avoir perdu l'amour de ma vie. Et maintenant que je vous ai retrouvé, je suis prêt à tout. Je suis prêt à tout les sacrifices alors dites moi oui et je vous défendrai contre tout le monde, contre votre époux. Je veux que vous soyez mienne.

Face à cette déclaration, je désirais d'une part verser des larmes et d'autres part, éclater de rire. Un simple chauffeur qui se permettait de croire qu'il avait ses chances avec moi. Un homme qui ne savait rien de moi mais qui m'aimait sans condition et qui se foutait de mettre sa vie en péril pour moi. En clair, mes sentiments étaient partagés.

-Je n'ai pas beaucoup d'argent je vous l'accorde mais tout les deux on se battra...
-S'il vous plaît! l'interrompis-je alors qu'il venait de prononcer les mots qu'il ne fallait pas.

J'avais assez souffert dans ma vie. Il était hors de question que je m'expose à une quelconque pauvreté pour un quelconque amour.

-Sortez maintenant! lui ordonnai-je de ma voix la plus sèche

Je vis son corps entier se rétracter. Il ne s'attendait pas à une telle réaction de ma part. Je le décevais sûrement et la vérité, c'est que je me décevais aussi. Je n'arrivais pas à croire de quoi j'étais capable pour de l'argent car oui, Carin me dégoûtait. Je ne ressentais plus une once d'attirance pour lui mais je n'étais pas prête à renoncer à une vie de luxe même si cela impliquait de la souffrance physique et morale. J'avais déjà tout supporter alors que pouvait-il m'arriver de pire? Ce qui se passait entre Yves et moi n'était que de l'excitation passagère. Je savais que si j'y succombais, j'allais le regretter amèrement.

-Et maintenez vos distances! lançai-je au chauffeur alors qu'il ouvrait la porte pour sortir de ma chambre.

******
(Ashley)

Je ne pouvais pas croire que cette sombre pute m'avait humilié de la sorte. Elle n'avait pas arrêté jour après jour de me narguer dans cette maison.Dans ma maison...

Par sa faute, Irina qui m'avait toujours respecté et qui m'avait toujours accordé ma place d'aînée avait porté la main sur moi. Carin m'avait dit des obscénités avant de partir et ma mère m'avait clairement ordonné de ne plus me mêler de leurs histoires. J'avais eu l'impression que toute ma famille s'était retourné contre moi et j'en avais sincèrement marre. Il est vrai que je pensais nuire à Carin en l'obligeant à épouser cette femme mais j'avais visiblement lancé un boomerang puisque cela me retombait en pleine face. Je n'aimais pas mon frère. Je ne l'avais jamais aimé depuis notre tendre enfance alors même que notre père n'avait d'yeux que pour son unique fils. Né après moi mais traiter mieux que moi. Mon père le cajolait et lui passait tout ses caprices. Mon père ou le père de Carin. Cet homme même quand j'avais raison ne donnait pas tort à son fils chéri. Et ensuite il y a eu Irina, la douce et parfaite Irina. Je cite mon père "le sosie d'Ash mais en plus parfaite". J'hurlai intérieurement. Je n'avais jamais été heureuse car mes deux frères avaient leurs places dans cette famille mais pas moi. Ma mère, elle n'avait rien fait pour arranger cela avec toute la fierté qu'elle ressentait pour son fils médécin et pour sa fille entrepreneur. Fière, tellement fière elle était d'eux. "Ash est marié à un ambassadeur", répondait-elle à ceux qui lui demandait ce que devenait sa première fille. "Elle a deux magnifiques filles", commentait-elle alors que ses interlocuteurs tournait la tête. "Irina va inaugurer une de ses entreprises ce week-end", s'empressait-elle d'ajouter pour récupérer leur attention. Quelle triste réalité! Je m'étais empressée de me marier au premier homme aisé que j'avais rencontré sur ma route car je n'avais aucun talent ni pour les études comme Carin, ni pour les affaires comme Irina mais là encore rien n'avait fonctionné comme prévu. Cet homme qui n'était jamais présent cumulait infidélité sur infidélité. Malgré mes menaces, rien ne changeait jusqu'au jour fatidique ou mon cher époux m'avait traité de parasite et de bonne à rien. "Seule les enfants comptent et si tu es encore là, c'est bien pour mes filles chéries", m'avait-il balancé. Je ne l'avais pas supporté et le seul qui m'avait réconforté, le seul qui avait été présent pour moi était ce collègue à mon frère. Roland! Au début, notre relation était platonique mais au bout de quelques mois nous étions devenus amants. Le mot d'ordre était clair. Mariés tout les deux, notre relation ne pouvait être que physique mais moi je m'étais prise au jeu. Rapidement j'étais tombé amoureuse de cet homme qui me faisait croire que j'étais unique dans ses bras. J'en arrivais à croire qu'il n'était pas unie à une autre. J'étais folle amoureuse de lui comme jamais je ne l'avais été de mon époux et ce chien s'en était rapidement rendu compte. Avec Roland, nous n'avions plus de limites. Les hôtels et l'appartement qu'avait pris Roland ne nous suffisait pas. Son bureau et nos différents lits conjugaux recevaient nos ébats. Un matin alors que le chauffeur était parti déposé mes filles à l'école et que je m'étais retrouvée seule dans cette immense maison avec quelques domestiques, j'avais fait appel à mon amant. Quelle ne fut ma surprise d'entendre l'hurlement de Monsieur l'ambassadeur alors que j'étais sur le point de jouir, Roland entre mes jambes. Ce dernier avait réussi à s'échapper et n'avait nullement souffert de cette scène car Mr mon époux s'était totalement concentré sur ma personne. Tel un démon dont la mission sur terre était de me nuire, il m'avait jeté dehors comme une malpropre. Il m'avait laissé porter mes dessous uniquement par respect pour les filles que je lui avait donné, m'avait-il dit. Une de nos employées avait été assez bienveillante pour m'apporter de quoi me couvrir malgré l'interdiction de mon époux et le nombre de fois où je l'avais maltraité. Ma mère qui avait été prévenue par je ne sais qui était venu recueillir sa fille. "Tu m'as déçue"; avait-elle affirmé. Alors que je n'avais jamais rien fait pour la rendre fière, voilà que je la décevais de plus. "Roland va divorcer de son épouse et m'épouser", lui avais-je assurer mais plus les mois passaient, plus j'offrais des positions dignes d'un spectacle d'acrobates à Roland, plus je voyais ce divorce que j'espérais s'éloigner. La relation entre lui et cette traînée de Mélaine fut le coup de grâce. J'ai vu tout mes espoirs ensevelis sous cette relation. Je n'étais plus l'unique, la dulcinée de Roland. Nous étions deux et peut-être même plus. Cette fois-ci je pensais tenir l'occasion de faire payer cette désillusion que j'avais subie à Mélaine mais voilà que j'avais été ridiculisé.

-Qu'est-ce que tu fais ici? grogna Roland dont je squattais le bureau depuis dix minutes
-Je t'attendais mon amour; dis-je en me levant et en le prenant dans mes bras. Je ne suis pas habitué à ce que tu me recoives ainsi
-C'est nouveau ça! s'exclama Roland. J'ai encore en tête toutes les insultes que tu m'as lancé la dernière fois que l'on s'est vu.
-C'était une erreur; m'empressai-je de dire en lui donnant un baiser.
-Qu'est-ce que tu veux? m'interrogea Roland en me repoussant.
-Je suis là pour m'excuser. Cette femme a foutu une vrai zizanie entre nous. Elle est dangereuse et je m'en rends compte aujourd'hui.
-Heureux que tu fasses ce constat! fit Roland en souriant.
-Elle a dû te provoquer comme elle sait le faire et tu es un homme. Tu n'as pas pu lui resister. D'ailleurs, je veux que tout les deux nous reprenions là où nous avons laissé notre histoire.
-Carin est bien la seule personne stupide dans toutes cette histoire. Cette femme est beaucoup plus dangereuse qu'il ne pourrait jamais l'imaginer. Viens par ici ma belle.

Je me levai pour m'installer sur les cuisses de mon amant. Ses mains se baladèrent sur mes hanches et sur le haut de mes fesses.

-Mélaine est une vipère; continua Roland alors que je souhaitais qu'il arrête de parler de cette femme. Si Carin savait...
-Arrête de parler d'elle; le suppliai-je alors que je lui donnais mes baisers les plus doux.
-Non, tu ne comprends pas! persista Roland. Cette femme va me le payer très cher. Elle ne vaut rien cette fille et Carin pense qu'il a trouvé une bonne femme.
-Je veux que tu me fasses oublier tout les affronts qu'elle m'a fait subir alors occupe toi de moi et oublie là; dis-je sans succès
-Carin ignore trop de choses sur sa soi-disante femme. Elle n'a jamais été enceinte et de plus elle a tué son unique enfant.

Je crus que j'avais mal entendu ce qu'il venait de me dire mais il répéta la même chose. Je me levai à peine capable de croire ce que je venais d'entendre. J'avais compris ce qu'il venait de dire sans même qu'il ne me l'explique. Mélaine était responsable de l'agression d'Inès. Je tenais enfin cette femme.

Entre coups et amour