partie 29 : Catastrophe (2)
Ecrit par Fleur de l'ogouée
Mélanie Mbourou
J’ai fini par m’endormir devant la télé, je me sens
tellement fatigué ces derniers temps mais il faut que je trouve la force d’aller
à la clinique, ce bébé que le médecin n’a pu visualiser. Les consultations finissent
à 19h00 donc malgré qu’il soit 16h20 j’ai encore une petite marge de temps,
surtout que la secrétaire m’a affirmé que toutes celles qui se sont fait consulter
la semaine dernière sont prioritaire. Je me douche et j’enfile une robe en
pagne, je suis fin prête à aller voir la vérité sur cette grossesse. Sans trop
de soucis j’arrive à la clinique, j’ai l’impression d’apercevoir la voiture de
Bradley en me garant, mais c’est peut-être une coïncidence. Devant l’escalier
qui mène en gynécologie je m’arrête pour prendre l’élan, heureusement que la
salle d’accouchement et les salles d’hospitalisations sont en bas déjà que les ascenseurs
sont presque tout le temps hors service. Je me souviens quand je suis venue
accoucher des jumeaux, avec Thomas nous sommes montés à l’étage avant qu’on
nous dise qu’il fallait qu’on descende, nous étions en panique totale. Je
souris en repensant à toute cette joie qui a suivi ce moment rude.
Arrivée tout en haut, je reste là debout pendant un moment
pour reprendre mon souffle, soudain une jeune femme s’approche de moi
-Donc à peine il découvre que je ne suis pas enceinte qu’il
te fait venir ici
-Je ne vois pas de quoi vous parlez madame
-Oh arrête moi tes conneries. Tu n’es qu’une salope, une
chienne, sale voleuse de gars
J’ai fini par reconnaître son visage, c’est cette fille
avec qui j’avais vu Bradley pendant ma séance de sport avec les filles, mais il
est tellement souvent avec des filles différentes que je n’arrive plus à savoir
qui elles sont. Je ne sais pas pourquoi elle me parle de vol de gars, je continue
donc mon chemin, mais de ses toutes petites mains, elle me retient. Instinctivement
je touche mon petit ventre
-Oh madame va lui donner un bébé, tu rêve ma belle. Aucune
de nous ne va accoucher cette année
Avant que je n’aie eu le temps de comprenne ce qui se
passe, elle avait déjà mis un coup de pieds dans mon ventre et ensuite m’a
poussé dans les escaliers. J’ai dévalé les escaliers en repensant à la tragédie
qu’est ma vie, une jeune femme, veuve et qui est enceinte d’un homme marié,
quel beau bazar. Au fur à mesure que le sol s’approche, je sens mon corps me lâcher,
je me sens m’en aller. Je ferme les yeux.
Bradley Davis
Mais putain c’est Mélanie qui est allongé là sur le sol, du
sang tout autour de son corps, quelle vision d’horreur. Je n’arrive pas à
comprendre ce qui se passe, que fait Mélanie ici aujourd’hui et dans cet état-là.
Les brancardiers l’emmènent sous le regard horrifié des curieux. J’essaie de
reprendre mes esprits et j’appelle Lionel pour qu’il me donne le numéro d’une
de ses cousines ou de sa tante, il est en mission donc j’essaie de le rassurer
et je lui demande de rester concentrer sur ce pour quoi il est là-bas. J’essaie
le numéro de Lydia mais le téléphone semble éteint, je ne veux pas directement appeler
leur maman, à son âge ce n’est pas le genre de nouvelle qu’on devrait lui
annoncer. Le numéro de Sandra est actif, après plusieurs minutes elle répond
enfin, je ne lui laisse même pas le temps d’en placer une
-Allô Sandra, Mélanie est état critique, elle se trouve à
la clinique K.H, il faut que vous veniez le plus vite possible
-Ok on arrive
Sans poser plus de questions, elle raccroche. Moi je monte
au niveau de l’étage, je cherche où ils l’ont emmené, je croise l’un des
brancardiers et il me dit qu’elle se trouve aux urgences. Arrivés là-bas, ils m’ont
dit que je ne peux pas aller plus loin, les médecins font leur travail.
Les sœurs et la maman de Mélanie font leur arrivée, elles
entrent presque en courant, elles demandent des renseignements à l’accueil, une infirmière
sors de la salle et demande les membres de sa famille. La maman et Lydia
rentrent pendant que Sandra qui a remarqué ma présence s’approche de moi
-C’est toi qui m’as appelé ? Qu’es ce qui s’est passé ?
-Oui, Sandra c’est moi, je sortais d’une consultation et
quand je descendais j’ai vu une petite foule, au milieu d’elle il y avait Mélanie
allongée et pleine de sang, mon premier réflexe a été d’appeler Lionel, c’est
lui qui m’a donné vos numéros
Une dame qui n’était pas loin a entendu la question posée par
Sandra, d’après elle, le gardien aurait vu ce qui s’est passé, Mélanie a probablement
été poussé par une femme. Quand j’ai entendu ça je ne sais pas pourquoi j’ai
directement pensé à Tatiana, j’espère me tromper. Je me dirige à la guérite
pour voir le gardien, je lui demande de me raconter la scène et il confirme mes
doutes, sa description physique et vestimentaire correspond à Tatiana, la
colère monte en moi. Je ne sais pas ce que je vais faire de cette folle. Je
décide d’aller prendre des nouvelles avant de m’en aller, en entrant je trouve
la mère de Mel assise à même le sol, elle pleure en langue en se frappant la
poitrine, ses sœurs pleurent en silence dans un coin. Mélanie est partie.
Je sors avant qu’on ne remarque les larmes qui se déversent
le long de mes joues, Mélanie est morte et ceci est de ma faute, quelle idée d’emmener
Tatiana dans cette clinique, j’aurai dû lui proposer de l’argent pour qu’elle
me laisse tranquille, j’aurais dû manœuvrer pour la faire sortir de ma vie de
façon pacifique, au lieu de ça j’ai mêlé une innocente à nous bêtises. Mes yeux
n’arrêtent pas de déverser ce liquide salé, comment pourrais-je vivre avec sa mort
sur la conscience ? On dirait que la vie me condamne à être seul, fils
unique, orphelin, très peu d’attache dans ce monde ? Pourquoi Dieu m’a abandonné ?
Est-ce que la solitude c’est la seule chose que je mérite ? Je suis entré
dans cette Eglise où j’allais avant
-Seigneur, c’est parce que je ne viens plus ici que tu me
fais ça, tu sais que je l’aimais, c’est avec elle que je voulais faire ma vie
et tu le reprends comme ça, c’est parce que je viens plus ici que tu te venges.
Donc je n’ai pas droit au bonheur
Une dame qui sortait de je ne sais où qui m’entendait
crier, a dit tout bas ‘’ Dieu est miséricordieux, long à la colère, il t’aime mon
fils’’
S’il m’aimait vraiment je ne saurais pas là en larme, je
décide de partir j’ai perdu trop de temps. Je me rends au commissariat le plus
proche, je tombe sur un inspecteur zélé, je lui explique tout de la fausse
grossesse à la bagarre de cet après-midi en passant par tout ce que Tatiana m’a
fait endurer depuis que l’on se connaît. L’inspecteur m’a promis de prendre les
choses en main, je lui ai donné une photo, son nom complet, le quartier où vit
sa mère et toutes les petites informations que j’ai pu retenir depuis 2ans que
je la fréquente. Après ma déposition je décide d’aller à sa recherche je ne
peux pas rester les bras croisé alors que tout ceci est de ma faute. Je me
rends dans le quartier où elle a grandi, sa mère et ses frères me connaissent,
ils m’ont tellement escroqué que je n’y ai mis les pieds qu’une seule fois,
cette famille c’est un cancer. Je vais chez eux, ils ont dit qu’ils ne l’ont
pas vu depuis des semaines, que depuis qu’elle vit chez moi, elle n’a plus mis
pieds là-bas. Une femme qui se prétend enceinte et qui a quitté sa maison
depuis près de deux mois aux dires de sa famille, en faite elle a pour mission
de détruire ma vie, ce n’est pas possible, elle n’est chez moi que depuis 6
jours, elle me prend pour son portefeuille sur pattes. Dépiter je rentre chez
moi, la porte est ouverte, tout mon mobilier est bousillé, la maison est sans
dessus dessous, il y a des morceaux de verres brisés partout. Quand je me
retourne elle est là, Tatiana tient dans sa main un de mes couteaux, mourir avec
un couteau que j’ai acheté si cher, quelle fin tragique
-Depuis le jour où j’ai posé les yeux sur toi je t’ai aimé,
toi tout ce qui t’intéressait c’était le sexe, oui je couchais à droite à
gauche, mais c’était pour me nourrir et nourrir ma famille, que voulais tu que
je fasse dans un système dans lequel le riche ne cesse de s’enrichir et le
pauvre de s’appauvrir, je voulais sortir de mon mapane, côtoyer les grandes
personnalités, allée dans de beaux lieux. Mais je n’étais pas seulement intéressée
par l’argent, je t’aimais d’ailleurs malgré tout je t’aime encore. Tu n’as pas
su me donner le titre que je méritais, tu ne mérite pas de vivre, va la
retrouver
Pendant qu’elle courrait vers moi, j’ai eu le réflexe de récupérer
un bâton avec lequel je l’ai tapé pour l’intercepter
-Bradley tu auras ma mort sur la conscience
Elle s’est enfoncé le couteau dans le ventre. ‘’ la
mort est mieux que la honte’’.