Partie 4
Ecrit par Myss StaDou
L´HOMME FORT : Partie 4
(Nouvelle par Myss StaDou)
***** CORINE *****
Je me rapproche de la voisine qui fait la lessive.
- Voisine, excuse-moi. Est-ce mon mari qui est venu déposer les enfants ici ?
Ma fille aînée se met à rire. À 6 ans et demi, c'est un enfant espiègle et plein de vie. Elle est l´homonyme de sa grand-mère maternelle.
- Maman, tu nous a laissé seuls dans la maison. Comme nous avions peur, nous sommes venus rester chez Tantine.
- Non. Je ne vous ai pas laissé seuls. Votre père était là.
- Non, Maman, me dit mon garçon, le deuxième de mes enfants. Papa n'était pas là.
Je ne sais si je dois être en colère ou je dois m'en vouloir pour cela. Mais je suis prête à parier que lorsque je suis rentrée de l'école avec les enfants, mon mari était dans la maison.
Lorsqu´il rentre le soir, il va s'installer devant la télé pour se détendre. Je me rapproche de lui. J’évite soigneusement de parler de son accompagnatrice, mais je lui fais savoir que les enfants sont restés sans surveillance pendant que je suis sortie. Il pose sur moi un regard étrangement dur.
- Suis-je gardien ?
- Pourquoi cette question ? je lui demande.
- Crois-tu que je sois ici pour garder tes enfants pendant que tu vas te prostituer partout dans la rue ? Je travaille !
- Je ne suis pas allée rencontrer des hommes. Je suis allée au marché pour compléter les achats pour le repas que nous avons mangé ce soir. Si tu étais plus attentif à ce que je faisais dans cette maison, tu le saurais. Je ne suis pas ce genre de personnes. Je ne vois pas ce que je gagnerais à te tromper. Je ne suis pas comme certaines personnes. Je respecte les vœux faits dans ce mariage.
*****
- Allez faire vos devoirs !
Les enfants quittent la salle à manger en riant. On dirait qu'ils ne prennent jamais rien au sérieux, ces enfants. Je les regarde et je souris alors qui regagnent la chambre. La porte d'entrée claque si violemment que je sursaute. Je n'ai pas entendu mon époux arriver. J'entends pourtant une moto qui démarre au loin. Cela refroidit aussitôt mon humeur. Je serre la nappe que je tiens entre mes mains. Mon mari me regarde.
- Quelle villageoise es-tu ? Vraiment, madame, on ne t'a pas appris à dire bonjour lorsque tu vois un étranger chez toi ?
- Je pensais que cette maison était la tienne. Depuis quand y es-tu un étranger ? Tu es parti depuis hier sans dire au revoir. Je ne savais même pas que tu reviendrais aujourd'hui.
- Et qui es-tu pour me demander des comptes ?
Je hausse les épaules, résignée. Je me retiens de lui répondre vertement.
- Je sais que pour toi, je ne suis personne. Je me suis tout de même inquiétée et c'est la seule raison pour laquelle j'ai demandé de tes nouvelles dans mes messages que tu ne réponds jamais. Je ne veux pas quelque chose t´arrive.
Avec désinvolture, il jette un sac qu´il tient. Je me demande s´il était de garde ou s´il était chez une femme. Sa tenue semble mouillée, pourtant il n´a pas plu.
- Si quelque chose m'arrive, que vas-tu tu faire ? Rien. Sorcière que tu es !
- Cesse de me traiter de sorcière ! je m´emporte. Je n'en suis pas une.
Je me retourne et je lui fais face.
- Je vais te dire… Ne refais plus jamais ce que tu as fait hier. Ce n'est pas parce que je te laisse poser des actes de violence envers moi que je suis morte. Je respecte le fait que tu veuilles peut-être un peu imposer ta suprématie sur moi. Mais que ce soit la toute dernière fois ! Je ne te le dirai pas deux fois.
- Et qui es-tu pour me menacer ? gronde-t-il.
- Je ne suis personne ! Essaie seulement et tu verras.
Sur ces mots, je m'en vais dans la chambre des enfants, je vérifie qu'ils sont bel et bien en train de faire leurs devoirs. Mon cœur chauffe trop. J'ai besoin de m'apaiser pour continuer à faire ce que j'étais en train de faire. Cet homme m´énerve et me déçoit beaucoup. S´il continue, il va tout gâcher entre nous.
*****
Je prends la chemise que me remet mon patron.
- Est-ce tout pour aujourd'hui ?
- Oui. C'est vrai que je m’en vais un peu tôt. Je préfère aller à la maison m'occuper de ma femme qui ne se sent pas très bien.
- D'accord. Merci monsieur. Je pourrais au moins passer un peu de temps avec mes enfants aujourd'hui.
Je range la table de travail et je prends mon sac à main. Cela fait deux mois que j'ai trouvé ce travail de secrétaire dans un cabinet d'avocat. Celui qui m´emploie est très gentil et compréhensif. Mon mari n´est pas toujours là avec son boulot et parfois les fins de mois sont difficiles. Avec trois enfants, ce n'est pas facile pour moi d'avoir un emploi qui soit flexible. Je suis toujours heureuse de rentrer aussi tôt comme aujourd'hui. Au lieu de prendre un taxi, je prends une moto qui me ramène à la maison. Je suis pourtant surprise de trouver la porte de la maison grande ouverte. De la musique forte sort de cet endroit.
Le chauffeur de la moto se plaint de ne pas avoir de la monnaie lorsque je lui tends un billet de 2.000 Francs. Nous devons avancer jusqu'au call box tout près, afin qu'il fasse la monnaie. J'ai pourtant toujours le regard porté sur la porte d'entrée de ma maison. C'est ainsi que je peux voir une jeune femme sortir au bras de mon époux qui est censé être hors de la ville. Il l´embrasse avec passion en la serrant contre lui, un geste qu´il n´a plus posé sur moi depuis des… Je ne sais plus. Je le vois qui sifflote et danse un peu en rentrant dans la maison. Moi qui pensais qu´il serait à son travail à cette heure. Il est plutôt là en train de s'envoyer en l'air dans notre foyer conjugal.