Partie 50 : pas de répit
Ecrit par labigsaphir
- Et puis quoi me fait ?
- T'entends-tu parler, Louhann ?
- Tu crois vraiment que je voulais d'un enfant ?
- Mais pourquoi l'as-tu gardé si tu n'en voulais pas ?
- Je t'ai fait la faveur de porter ton enfant. Si je savais, j'allais avorter.
- Louhann !
- Dis-moi, quand tu me regardes, tu crois que je ressemble à une femme qui supplie un homme de lui faire un enfant ? Pour qui me prends-tu ?
- Louhann, dans ce cas, je reprendrai mon fils.
- Et puis quoi me fait ?
- Mon Dieu ! Quelle mère es-tu ? Quel cœur as-tu ?
- Qu'as-tu cru ? tu croyais être mon alpha et mon oméga ?
- Mon dieu !
- J'ai été clémente avec toi, je t'ai laissé aller au Cameroun avec le petit. Et dès que tu rentres, tu te mets à me chercher les poux sur la tête ?
- J'aimerais juste que tu te montres raisonnable.
- Fiche-moi la paix, Biyo'o !
- Humm.
- Au fait, je vais me marier dans deux mois et tu es invité au mariage, je t'enverrai le billet par la poste.
- A qui te marieras-tu ?
- Cotrell MINTAK.
Je sens une douleur me traverser le cœur. J'ai vraiment du mal à respirer et me mets à voir double. Mon Dieu, la femme est vraiment le diable. Comment a-t-elle pu me faire ça ? Je ne sais pas comment j'ai fait pour sortir de son appartement et ai pris l'escalier. Je repends connaissance, la tête sur le volant et le klaxon hurlant à m'en fendre les oreilles. Comment a-t-elle pu me faire ça ? Elle sait pourtant ce que je pense de cet homme, elle le sait pourtant.
Pour la petite histoire, Cotrell et moi, étions les meilleurs amis du monde avant que je ne rencontre Oan. Cotrell était plus qu'un frère, mon confident et mon complice des 400 coups.
Vous avez surement du deviner ce qui nous a séparés, ce qui peut séparer deux hommes. Humm, la femme ! La jeune femme dont je vais éviter de prononcer le nom et moi, nous sommes rencontrés à Venise lors des vacances. Nous sommes devenus les meilleurs amis du monde et le temps passant, sommes rapidement tombés amoureux. J'ai soutenu mordicus qu'elle était la femme de ma vie et l'ai présenté à ma mère et Cotrell. Tout allait si bien dans le meilleur des mondes jusqu'à ce que je découvre que Cotrell couchait avec et pire, avait réussi à l'enceinter. Oui, j'ai eu mal, j'en ai souffert le martyr et quelque part, en souffre encore. Cotrell m'avait planté un couteau dans le dos.
Cotrell et moi, nous sommes battus lors d'une réception donnée par un ami commun. Dire qu'il s'est défendu, serait mentir car il a encaissé mes coups sans ciller et répliquer. Pour la première fois, un homme comme moi, avait réussi à me mettre à terre. Il m'avait porté le coup final alors que j'avais un genou à terre. Cette femme, je l'aimais comme jamais, j'étais prêt à donner mon souffle de vie pour elle, prêt à toucher le ciel pour ses beaux yeux.
J'ai dû m'éloigner de tout durant une année, le temps de panser la blessure et m'en remettre. Je me suis mis à jouer avec les femmes, les changer comme des chemises. L'enfant né, deux années plus tard, elle est revenue vers moi s'excuser et demander une autre chance. J'ai poliment décliné et lui ai demandé d'aller s'occuper de son enfant. C'est ainsi que j'ai coupé tout contact avec Cotrell et elle. Je croyais ne plus jamais avoir de lien avec eux, jusqu'à ce que...Louhann vient de m'annoncer qu'elle va se marier avec Cotrell ?
Je me mets à trembler et mes mains sur le volant, me permette juste de ne pas glisser. Je pose ma tête sur le volant, ouvre la bouche et essaie d'avaler de l'air par goulées. Mes yeux se mettent à picoter et des petits points blancs et bleus apparaissent.
TOC...TOC...TOC...
Je tourne à peine la tête et me rends compte que quelqu'un frappe sur la vitre. Je veux ouvrir la bouche mais sombre peu à peu.
[ OAN ]
- Oui allo...Ah bon ? ...Dans quel hôpital ?...J'arrive !
Je fais signe à ma chérie et récupère mon véhicule, direction le CHU de Limoges. Qu'est-ce que mon frère est en train de me faire comme ça ? Pourvu qu'il ne lui soit arrivé rien de grave ?
Une demi-heure plus tard, je gare et cours vers les urgences, demande la chambre de mon pote ; l'on m'indique, j'y vais en courant. En rentrant dans la chambre, une infirmière notre certaines choses, discute avec lui avant de s'éclipser.
- Type, tu fais quoi comme ça comme une nga( fille, argot camerounais) ?
- On dit Bonjour, villageois !
- Tchiiiiip ! Imbécile ! Tu voulais partir et laisser tous les pare-chocs et ndombolo à qui ?
- Je te dis, frère.
- Enfin, regarde comment tu as fait que je sue.
- Je t'ai vu entrer comme une nga, tu avais même les larmes aux yeux. On peut faire comme ça que tu me ya mo hein ?
- Mouff ! Salopard !
- Krkrkr avoue que je ne te laisse pas indifférent.
- Tu veux que je t'allume avec mes poings ?
- Ga ga ga ga ga ga ga Oan, mon pote !
- Really, qu se passe-t-il ?
- J'ai eu une crise d'angoisse.
- Les choses des blancs. Toi aussi tu as une crise d'angoisse ? Donc comme ta nga est une blanche, elle te trasnmet déjà les ways( choses, argot camerounais) des whites par la mbinda ?
- Connar !
- Aka je pose seulement la question. Depuis quand un noir, noir de chez noir avec les narines comme les lunettes de soleil a des crises d'angoisse ? C'est plutôt toi, qui devrais angoisser les gos et tu trembles ?
- Tchiiip ! Sors, sors, Oan !
- Ha ha ha vrai de vrai, que se passe-t-il ?
- Tu te souviens de mon ex, la nga qui avait fait le mouna avec le fils du sénateur Mintak ?
- Oui.
- Louhann et lui, vont se marier dans deux mois.
- Quoi ?
- Comme je te dis là.
- Akieeee , la femme est vraiment le diable.
- Hummm.
- Elle n'est pas au courant du coup qu'il t'avait fait ?
- Elle ignore quoi ?
- Akieeeeee et elle aussi, est partie écarter les pieds là-bas.
- Et elle m'annonce ça comme ça en souriant.
- Et c'est ce qui a provoqué ta crise d'angoisse ?
- Oui.
- El, as-tu encore des sentiments pour elle ?
- Non.
- Alors, pourquoi ?
- Tu sais, je me disais qu'il pouvait tout faire mais n'arriverait pas à monter sur la mère de mon enfant.
- Et il a réussi. Que lui dois-tu en vrai ?
- Jusqu'aujourd'hui, je ne sais pas.
- Quand sors-tu ?
- Ce soir, ce soir.
- Je vais te laisser te reposer.
- Merci.
- Tes parents sont au courant ?
- Non et je souhaite que cela reste ainsi.
- Ok, je respecte. Et Jen ?
- Non plus.
- Ok, je repasse à 18h, te récupérer.
- Pourrais-tu aller récupérer ma voiture devant l'immeuble de Louhann ?
- Bien sûr. Où sont les clés ?
- Là sur la table de chevet. Merci.
- De rien, vieux frère. Et pour les ways d'enregistrement ?
- J'ai tout envoyé à l'avocat et en passant, passe-moi mon portable, s'il te plait.
Je m'exécute, il manipule et quelques secondes plus tard, la voix de Louhann suivie de celle d'Elric, empli la pièce. Je suis hébété en écoutant Louhann s'exprimer avec clarté.
- Humm. Je vais mettre sur CD et aller laisser chez l'avocat.
- Tu as tout compris. Je te l'envoie en MMS et sms.
- C'est parfait. Tu n'as vraiment pas eu de chance, toi.
- Je t'assure.
- Certaines femmes ne devraient pas être mères.
- Je te dis.
Je sors de la chambre un quart d'heure plus tard , priant le bon Dieu de m'épargner de ce genre de femme.
PENDANT CE TEMPS...
[JENEYA ]
J'émerge tout doucement et me redresse en entendant du bruit sur la porte. Je me lève sans faire de bruit et ouvre la porte tout doucement. Moisha me fait un grand sourire. Je l'invite à entrer, elle demande à snoopy, son chien, de rester sur la moquette et tout près de la porte.
- Bonjour Jen.
- Bonjour Moisha. Comment vas-tu ? Bien dormi ?
- Oui, merci et toi ?
- Super.
- Tu es matinale, aujourd'hui, fais-je remarquer.
- Je me suis couchée tôt, hier. Ah oui, c'est vrai.
J'aime beaucoup sa frimousse, les taches de rousseur sur sa figure, sa crinière blonde, sans oublier ses yeux bleus. Je me déshabille et vais prendre une douche rapide. Au retour, Moisha est sur mon lit, assise en tailleur et pianote sur la télécommande de la télévision.
- Et si nous passions la journée entre filles ? Proposai-je en souriant.
- On ne ferait que les trucs de filles ?
- Oui, juste des trucs de filles.
- Chouette ! Répond-elle en e sautant dans les bras.
- Oulaaaa tu as vraiment de l'énergie à revendre, toi. Qui va s'occuper de snoopy ?
- Je la laisserai à Hélène (la femme de ménage).
- C'est bien. Nous devons d'abord avertir tes parents.
- Bonne idée, dit-elle en descendant du lit avec rapidité.
Elle sort de la chambre et dévale les escaliers en courant. A chaque fois que je l'entends courir, j'ai peur qu'elle ne se foule le pied ou se casse quelque chose. Je mets rapidement du gloss sur mes lèvres et sors, non sans avoir fait un tour devant le miroir. Eh oui, je reste une femme malgré tout.
En entrant dans la cuisine, je constate que toute la famille y est réunie. Je salue tout le monde et m'assied en discutant avec Raviere McDermott, le chef de famille. Sa femme, Rose, une vraie perle me taquine quelque peu puis demande à Lucia de me servir. Je mords dans un croissant en écoutant les anecdotes de la famille.
Cela fait trois semaines que je suis là et me sens particulièrement bien. J'ai l'impression de les connaitre depuis toujours. Raviere ressemble à sa sœur, Rustine, l'on dirait des jumeaux alors qu'ils sont frères et sœurs. Il est très athlétique, a des cheveux de couleur poivre et sel, je le soupçonne de les avoir teint lui-même par besoin de séduction. Je sais qu'il est PDG d'une firme en Afrique du Sud et a plusieurs filiales dans le monde. Physiquement, je lui donnerai 1m90, très sportif et surtout, très élégant. Dire qu'il est beau, serait un doux euphémisme.
Rose quand à elle, est plus petite que son mari. Elle me fait souvent penser à Carmen Electra. Elle a au maximum, 1m60. Eh oui, elle est plus petite que son mari, des formes à la Jennifer Lopez et est d'une beauté rare. Elle sait donner de la voix quand il le faut et sait parfaitement se faire entendre de son mari et leurs enfants ; elle est d'origine latine et a un sang très chaud. Inutile de vous dire qu'elle est une fashion-addict, comme son mari.
Rael, leur fils de 28 ans, avocat malgré son jeune âge, vient souvent rendre visite à ses parents. Il a hérité de la beauté de sa mère et du physique de son père. Je ne sais si je me trompe, mais il semble me faire du gringue, humm.
Maelys, 24 ans, est le bras droit de son père et le seconde dans toutes ses affaires. A première vue, elle est une femme sans défense mais l'on déchante très vite lorsqu'elle ouvre la bouche ; c'est une femme d'affaires avertie.
Moisha, leur dernière de 8 ans et demi, est la copie parfaite de sa mère. Elle est très gentil, avenante mais surtout, collante. C'est une petite fille éveillée et très curieuse. Comme disent les ivoiriens, sa bouche n'a pas de filtre.
- Au fait, Jen, m'interpelle Rose.
- Oui, Rose.
- As-tu prévu faire quelque chose de ta journée ?
- Non.
- Comment ça, non ? Intervient Moiha, tu as dit que nous ferions des trucs de filles.
- Ah oui, c'est vrai, reconnus-je.
- Ah bon ? Et quoi donc ? Demande Rael qui vient d'entrer dans la pièce.
- Aller au centre commercial, faire du shopping, manger des glaces et aller au manège.
- Pourquoi poses-tu la question, Rose ? Demande Raviere.
- J'allais proposer à Jen de passer la journée avec Rael, il n'a rien à faire aujourd'hui. N'est-ce pas Rael ?
- C'est vrai, dit-il en me regardant droit dans les yeux ; son regard est pénétrant et me met mal à l'aise.
- Et si l'on faisait ces trucs de filles, Moisha, juste maman et toi ? Propose Rose à sa fille.
- Ce n'est pas pareil, grimace Moisha.
- Je promets t'offrir tout ce que tu voudras.
- Ok, marché conclu.
- Beh dis donc, tu as déjà un vocabulaire de femmes d'affaires, s'exclame Rose.
- A qui la faute ? Rigole Raviere en regardant sa femme avec amour.
- Alors, Jen, nous partirons dans une demi-heure, le temps pour moi, d'avaler mon petit-déjeuner.
- Ok.
- J'espère que passer la journée avec moi, ne te dérange pas. Je m'excuse d'avoir bousculé votre programme.
- Non, ça ira.