Partie 52 : un service

Ecrit par labigsaphir

- Oui, Naomie.

- Quand vais-je te voir ? Cela fait quand même une tombe.

- Je sais, je sais mais le travail.

- Toujours le travail mais quand vas-tu apprendre à lever le pied ?

- Bientôt, bientôt.

- Où es-tu en ce moment, Rael ?

- Je suis chez moi, en famille.

- Pffff..J'aurais aimé te voir, tu me manques.

- Toi aussi, bébé mais il y a priorité et priorité.

- Tu es sur de ne pas avoir une autre copine ?

- Naomie, te souviens-tu du contrat ?

- Oui, fait-elle d'une toute petite voix.

- Que stipulait-il ?

- Pas de crise de jalousie et que je ne devais pas te fliquer.

- Voilà, c'est bien. Je vais maintenant te laisser et aller aider ma mère en cuisine.

- Ok, mais...

- Bonne soirée, Naomie.

Je raccroche en soupirant et fais signe de la tête à Maiwen qui est hilare. Naomie, une jeune femme de 24 ans, stagiaire dans un cabinet d'avocat non-loin du mien, me colle une sangsue, espérant me travailler au corps. Je sais qu'en plus d'être beau, je suis un bon parti mais il ne faut quand même pas exagérer. Même si elle a un cul d'enfer pour une blanche, je l'ai déjà couchée deux fois chez elle. Qui a dit aux femmes que coucher avec un mec, voudrait dire fiançailles ?

Je finis avec le rameur et me pose dans un coin de la salle de sport lorsque je reçois un appel de ma mère.

- Allo, maman.

- Rael, où es-tu ?

- Ha ha ha ha maman, tu oublies que je ne suis plus mineur ?

- Et puis quoi ? Que tu ais 28 ans voire 50, tu resteras toujours mon fils.

- Madame McDermott, qu'y a-t-il ?

- Tu aurais pu commencer par-là au lieu de chercher à m'embrouiller.

Je retiens le rire dans ma gorge et me contente de sourire, ma mère a un sang très chaud. Une si petite femme qui fait trembler des géants comme nous, il faut le vivre pour le croire.

UNE HEURE PLUS TÔT...

[ JENEYA ]

- Eh merde ! Eh merde ! J'ai raté le dernier bus. Merde !

Je pose mes sacs en pestant sur le sol et me tords les mains ; signe de nervosité chez moi. Je regarde autour de moi et constate que la gare routière est presque vide. Pour une journée qui avait si bien commencé, elle se termine mal. Pffff...à croire que j'ai vraiment la guigne à certains moments.

- Comment vais-je faire pour m'en sortir ? Me demandai-je en regardant autour de moi.

La nuit est tombée depuis quelques heures, déjà. Le rendez-vous avec Madiba Ganza, s'est super bien passé. Le courant est tellement passé que je n'ai pu refuser le dîner qu'il m'offrait après la signature du contrat, chez lui.

Ah oui, vous êtes perdus, n'est-ce pas ? Je vais donc rembobiner et vous raconter ma journée. Eh bien, je suis certes venue en Afrique du Sud pour me trouver mais aussi, pour le travail. En tant que responsable d'une section de Stern, je suis tenue de rencontrer les propriétaires des Start-up susceptibles de signer avec la maison-mère. C'est la raison pour laquelle, j'ai fait le déplacement pour Soweto, oui, oui, vous ne rêvez pas. J'ai bien dit SOWETO.

Pour la petite histoire, SOWETO est une banlieue en Afrique du Sud ou généralement sont parqués les noirs, et donc une banlieue noire. Elle est située à 15 kilomètres de Johannesburg dans la province du Gauteng. Sachant que Johannesburg est à 49 minutes de Pretoria en voiture, vous comprenez pourquoi je peste.

Je m'assieds sur le banc et essaie de me calmer afin de rassembler mes idées. J'ai envie d'appeler Madiba Ganza mais me ravise au dernier moment, car ce n'est pas professionnel. Je me trouve dans l'obligation d'appeler Rose qui me demande de patienter, elle revient vers moi. C'est ainsi qu'un quart d'heure plus tard, elle m'appelle et me fait savoir que Rael est en route. Je la remercie et me pince les lèvres après avoir raccroché. Que puis-je y faire ? Je vais m'installer à la terrasse d'une buvette et patiente en sirotant un jus de fruits, autant joindre l'utile à l'agréable.

UNE HEURE PLUS TARD...

J'aperçois la voiture de Rael, fais signe de la main en me levant et jette quelques billets sur la table avant de me diriger vers lui. Quelques secondes plus tard, il gare devant moi, sans faire de bruit ; sa voiture est un parfait bolide, une réalisation que j'admire. Il descend me fait la bise et met mon sac sur la banquette arrière en souriant.

- Merci d'être là, dis-je en m'asseyant.

- De rien. A votre service, madame. Ça va ?

- Bien, merci et toi ?

- Tu n'as pas eu peur dans ce quartier ?

- Non, il suffit juste de savoir comment parler avec eux et ça va.

- C'est bien, tu sembles t'adapter à toutes les situations.

- Oui, oui.

- C'est bien, mais à te regarder, on ne dirait pas.

- Ah bon ?

- Tu donnes plutôt l'impression d'être une mijaurée, une chieuse de première. Tu me passeras le terme, je te prie.

- Bof, ce n'est pas grave. Les autres ont souvent cette impression mais changent d'avis en me côtoyant.

- Disons que tu es unique en ton genre.

- Huhumm.

- As-tu mangé depuis le matin ?

- Il y a de cela quelques heures, oui.

- Tu n'as pas faim ?

- Si, mais il fallait d'abord régler le problème du transport.

- Maintenant que c'est fait, je te prie d'ouvrir la glacière sur ta gauche et récupérer des canettes de jus.

- Merci, tu es valable, toi.

- Plus que tu ne le crois, dit-il en souriant.

- J'ai aussi fait une halte à la boulangerie et ai pris en plus des viennoiseries, un assortiment de sandwichs.

- Miam...Wow ! Tu as pensé à tout.

J'enlève ma ceinture de sécurité et me tourne vers la banquette, ouvre la glaciaire et en sors deux canettes, puis récupère les sandwichs. Je lui en propose, il accepte de bon cœur. Le trajet se déroule super bien, car nous avons un accord tacite : éviter les sujets qui fâchent. Je sais que c'est un peu fuir la réalité car il a une inclinaison pour moi et sa mère, l'encourage dans ce sens. Quant à Raviere, il fait celui qui ne voit pas, humm.

Arrivés à destination, je vais rapidement prendre une douche avant de rejoindre la famille. J'enfile une sorte de Marcel, car oui, il fait chaud. Je descends retrouver tout le monde au salon, l'ambiance est très bonne. Je me mets à « textoter » avec Elric. Je ne suis pas contente de la tournure prise par la situation, humm.

- Jen, ça va ? Me demande Raviere.

- Bien, merci et toi ?

- Ça peut aller. Tu découvres maintenant l'Afrique du Sud en solitaire ?

- Ha ha ha ha ha une bévue de ma part et puis, il faut bien un début à tout.

- Cela aurait pu mal tourner, réplique Rose.

- Non, je ne crois pas. Je maîtrisais quand même la situation.

- Ah bon ? Demande Rael, goguenard.

- C'est bon, Rael. Combien de fois, faut-il que je te dise merci ?

- Autant de fois qu'il le faudra, souffle-t-il.

Je tourne la tête, captant en passant le regard de sa mère sur nous. Elle est vraiment sérieuse, me caser avec Rael est sa nouvelle priorité.

- Tu es une jeune femme très dynamique, c'est bien, me complimente Raviere.

- Merci.

- Rose, ne faudrait-il pas lui donner un véhicule ? Demande-t-il à sa femme.

- Pourquoi lui donner un véhicule alors qu'elle ne sait pas où elle va ?

- Dans ce cas, donnez-lui un chauffeur et le problème sera réglé, insiste-t-il.

- Là, je suis d'accord.

- Maman, je peux prendre quelques jours de congés et lui servir de chauffeur, intervient Rael.

- C'est mon fils, ça. C'est une très bonne idée, nous ferons comme ça.

- Vous savez, je peux me débrouiller toute seule, les interrompis-je.

- Oui, mais tu ne connais pas l'Afrique du Sud, ajoute Rose.

Machinalement, je tire sur ma chaîne et me mets à faire un mouvement de va et vient, en me pinçant les lèvres. Raviere qui m'observe, se redresse et me fixe fort étrangement.

- C'est une belle chaine que tu as là, fait-il remarquer.

- Merci, Raviere.

- Qu'y a-t-il ? Demande Rose, à qui le manège n'a pas échappé.

- En fait...

- En fait, quoi ? Insiste Rose.

- Cette chaîne ressemble à une autre. Jen,

- Oui, Raviere.

- Pourrais-je la voir de près ?

- Euh...

- Si cela te gêne, laisse-tomber.

- Non, non, dis-je en l'enlevant et la lui donnant.

- En fait, non, je ne crois pas que ce soit elle.

- Mais de quoi parles-tu ?

- Chérie, je t'expliquerais plus tard.

- Papa, ça va ?

- Oui, Rael. J'ai cru mais celle à laquelle je pense, n'avait pas ce médaillon et ces initiales.

- De quelles initiales, parles-tu ? S'enquiert Rose, visiblement intéressée.

- Jeune fille, avance Raviere, les initiales R.M sont pour qui ?

- Ma mère, répondis-je surprise.

- Ah bon ?

- Oui, le rassurai-je.

- Et Laya en plus du médaillon ?

- Moi, tout simplement.

- Tu t'appelles aussi Laya ?

- Oui ; je n'ai aucune envie de rentrer dans les détails, c'est trop intime.

- Ok, excuse-moi d'avoir été curieux, je te le rends.

- Merci, dis-je en le remettant autour de mon cou.

- Je vais aller me reposer, la journée a été difficile.

Nous nous séparons un quart d'heure plus tard, j'en profite pour appeler Elric.

- Que se passe-t-il, Amour ?

- Louhann a encore fait des siennes ?

- Quoi donc ?

- Elle prétend que je ne peux pas m'occuper d'un enfant.

- Comment ça ?

- J'ai passé la journée de samedi avec le petit, il était malade. Elle me reproche de ne pas avoir eu le réflexe de l'emmener à l'hôpital.

- Mais pourquoi ne l'as-tu pas fait ?

- J'ai fait comme tu m'as appris, je lui ai donné un bain tiède pour faire descendre la fièvre, puis un antipyrétique. De toutes les façons, si ça n'allait pas mieux, je l'emmenais aux urgences.

- Mais c'est quoi le problème ?

- Elle remet en cause ma capacité à m'occuper du petit.

- Et l'audience devant le JAFF ?

- Dans trois jours.

- Ça va aller, il ne faut pas stresser.

- Merci, bébé. J'aurais aimé que tu sois là et qu'elles puissent voir la formidable maman que tu es.

- Merci, ça me touche que tu le penses.

- Je le pense vraiment inutile de me remercier.

- Tous les enregistrements sont prêts ?

- Oui, bébé.

- Remettons donc entre les mains du Seigneur.

- Amen. Et toi, ça se passe ?

- Très bien, merci.

- Pas de dragueur ?

- Il y en a mais je t'ai déjà, toi.

- Oulaaaaaaa attends que je danse alors.

- Ha ha ha ha Biyo'o, tu es un vrai fou.

- Fou de toi, tu veux dire.

- Je vais te laisser, je suis K.O.

LE LENDEMAIN MATIN...

TOC...TOC..TOC...

- Entrez !

- Bonjour princesse, fait une voix que je reconnais aussitôt ; je tire le drap et m'enfonce un peu plus dans le lit.

- Bonjour Rael. Mais que fais-tu, ici ?

- Je voulais te faire une surprise t'apporter le petit-déjeuner au lit.

- C'est gentil mais c'est trop, il ne fallait pas.

- J'avais envie de te faire plaisir.

- Merci Rael, mais il ne fallait pas.

- J'ai demandé à Lucia, ce que tu as l'habitude de prendre et ai décidé de tout faire.

- Quoi, tu l'as fait tout seul ?

- Oui, oui.

- Tu es impossible, Rael.

- Je recèle des trésors cachés, dit-il ne posant le plateau sur le lit.

La rose dans un verre d'eau, des œufs brouillés, des viennoiseries, du pain, du thé et du jus d'orange tout y est.

- Merci, c'est gentil, dis-je en salivant.

- De rien. Je vais attendre que tu finisses en bas.

- Oh non ! Juste pour moi ?

- Mais oui, tu le vaux bien.

- Où est ta mère ?

- Au rez-de-chaussée, répond-il en souriant.

- Sait-elle que tu as fait le plateau ?

- Elle a applaudit ; pourquoi ne suis-je pas étonnée ?

- J'y vais. Je te laisse te réveiller.

- Pourquoi ? Fait une voix derrière la porte.

- Maman ! S'exclame Rael en ouvrant la porte en grand.

- Quoi ? Pourquoi ne restes-tu pas déjeuner avec elle ?

- Non, je ne tiens pas à m'imposer, explique Rael.

- La présence de Rael, te dérange-t-elle ? Me demande Rose à brûle-pourpoint.

- Non, hésitai-je en les regardant.

- Problème réglé ! Prenez donc le petit déjeuner ensemble, je vais chercher tout ce qui manque, annonce Rose.

Ni d'un, ni de deux, elle sort et revient dix minutes plus tard avec un deuxième plateau. Je fais contre mauvaise fortune, bon cœur et sourit. La vie est belle, n'est-ce pas ? Quelques minutes plus tard, le téléphone de Rael se met à sonner.

- Excuse-moi, fait-il en décrochant.

- Je t'en prie, dis-je en mordant dans un croissant.

Il finit par se lever et sort de la chambre pour en revenir deux minutes plus tard.

- C'était Maiwen Junior.

- Ok, fais-je pour la forme.

- Il organise une petite fête chez lui demain soir.

- Huhum.

- C'est une soirée pour les couples et comme je suis célibataire, j'ai pris la liberté d'accepter.

- Ne manques-tu pas de logique ? Tu es célibataire, viens-tu de dire ?

- En fait, je lui ai dit que je viendrais avec toi.

- Rael !

- Ne me laisse pas tomber, s'il te plait.

- Rael, ce n'est pas cool.

- Alors, qu'en dis-tu ?

Il a un air de chien battu, comme s'il allait se mettre à pleurer. Aie, comment y résister ? Il m'a sauvé d'une situation la dernière fois. Comment refuser ?

,

Jeneya CROFT, l'Impé...