Partie 6 : tout part en vrille
Ecrit par Mayei
… Murielle …
Mettre une pause sur mes études ? Est-ce que j'ai bien entendu ? Je suis restée
sans bouger. Je ne comprenais rien de ce qui se passait. Tous ces espoirs que
j’avais nourris. Pourquoi Je dois arrêter les études ? Les parents ne sont-ils
pas sensés faire des économies pour s'occuper de leurs enfants ? Mes larmes
coulaient silencieusement, c’était la désillusion totale. J’ai tourné ma
tête vers ma mère dans l'espoir qu'elle me dise que tout ceci n'est qu'un
cauchemar.
Moi : maman...
Elle a soutenu mon regard pendant une fraction de secondes puis a détourné son
visage de moi. Elle aussi avait des larmes dans ses yeux. J'ai besoin qu’elle
me dise des mots qui vont me soulager et non qu'elle pleure comme je le fais
déjà
Papa : Je suis désolé Léna
Moi : papa je peux partir et me débrouiller là-bas pour payer les cours et
autres
Papa : si tu avais été un garçon oui mais une fille c’est plus que
complexe
Moi (pleurant) : papa je t'en prie ne me fais pas ça
Papa : je suis dans la chambre
Je me suis précipitée pour me retrouver à ses pieds. Je les tenais fermement
comme si ma vie en dépendait. Il s'est dégagé et m’a laissé là à mon triste
sort, secouée par des spasmes. Maman s'est levée et est venue me prendre dans
ses bras. Elle prenait son pagne pour essuyer ses larmes de temps à autre.
Maman : calme toi Léna tu vas te rendre malade
Moi : pourquoi moi maman ?
Maman : Léna l'homme propose DIEU dispose. Ton père a cru faire une bonne
affaire mais les choses n'ont pas tourné comme il le souhaitait ! Il passe par
tellement de problèmes actuellement. Je t'en prie prends ton mal en patience on
va sûrement trouver une solution et te faire continuer tes études Le plus vite
possible.
Moi : snif nous avions pourtant tout fait ! Je vais accuser du retard dans mon
cursus. Snif
Je suis restée à pleurer dans ses bras et elle me consolait autant qu'elle le
pouvait. Elle a même passé la nuit avec moi dans ma chambre.
J'ai été réveillée ce matin en sursaut par mon père.
Papa : Léna lève toi on a de la visite. Va te laver on t'attend au salon
C’est tout ce qu'il m’a dit ! Sans attendre ma réponse il est sorti comme il
était rentré. Je croyais qu’en me levant tout ceci n'aurait été qu'un rêve. Je
n'arrive toujours pas à assimiler que mon père n'ait aucune autre économie.
Comment ça se fait ? Il n'a pas des investissements ailleurs pour pouvoir
assurer mes études. Aaah c'est trop pour moi
Je suis sortie de mon lit vite fait pour aller prendre ma douche. En moins de
20 minutes je trouvais mon père au salon. Il était accompagné de son ami de la
dernière fois ainsi que de maman ! J’ai salué poliment et je me suis
assise.
Papa : Tu connais mon ami Léopold n’est-ce-pas ? Tu l'as sûrement vu plusieurs
fois ici
Moi : oui
Papa : bien il a proposé de racheter ma dette et de régler tout ce que j'ai
perdu ! Ça me permettra de continuer comme avant
Seigneur ! Il y a encore des personnes de bonnes volonté comme ça sur cette
terre ? Ma poitrine s'est gonflée d'espoir.
Papa : mais pour cela tu devras être sa deuxième épouse
Moi (surprise) : quoi ? Quoi ? Je ne suivais plus
Papa : j’ai dis que tu vas être la deuxième femme de Léopold
J'ai pouffé de rire ! Je riais à en pleurer ! Ils ne me sont pas sérieux ces
messieurs ! Moi, moi être la seconde épouse d'un monsieur qui a l'âge de mon
père ? On a vu ça où
Léopold : bon je crois que je vais te laisser régler ça ! on se dit à très
bientôt
Papa : attends, je te raccompagne
Pendant qu'il allait raccompagner son ami, je me suis mise à faire les cents
pas dans le salon. Qu'est-ce que mon père me veut à la fin ? C’est moi son
ticket pour se sortir du pétrin. C’est moi qu'il veut utiliser comme moyen
d'échange.
Moi : Maman tu ne dis rien ?
Maman : ... ... ...
Moi : dis quelque chose ! Qu'est-ce que je vous ai fais pour que vous vouliez
me donner en mariage à un vieux pareil ?
Papa rentrait au salon quand je terminais ma question.
Moi : Papa ! Jamais de la vie, jamais de la vie je ne vais épouser ce monsieur.
Il ne peut pas t'aider sans demander quelque chose en échange et tu l'appelles
ami ? C'est un pervers ! Il aurait pu te demander de Le rembourser avec intérêt
mais non, c’est moi qu'il veut
Papa s'est calmement avancé vers moi et à la grande surprise m’a asséné une
gifle qui m’a obligée à m'asseoir dans le fauteuil.
Maman : TU VAS TUER MA FILLE
Papa : Tu la fermes ! Tu aurais dû bien l'éduquer. Comment elle se permet de me
parler ainsi ? Tu as vu comment elle s'est mise à rire au nez de Léopold ? Et
s'il retire son offre ? Combien de pères et mères de familles vont se retourner
au chômages ? Et je vais avoir ça sur la conscience. J'ai investi tout ce que
j'avais pour minimiser la situation mais rien ne va ! C’est Le dernier moyen
pour nous de pouvoir nous en sortir, garder notre train de vie, garder même
notre maison ! Qu'elle refuse seulement et après le passage des huissiers nous
allons nous retrouver à anoumanbo (quartier d’Abidjan) dans un une pièce
séparée du drap pour donner l’impression d’avoir plusieurs pièces.
J'étais encore secouée avec la main sur la joue qui faisait sérieusement mal.
J'ai suivi Papa du regard jusqu'à ce qu'il disparaisse. Je voyais ma mère venir
vers moi mais j’ai vite tracé dans ma chambre. À peine je mettais Le pied à
l'intérieur que mon téléphone a sonné. C'était Sarata ! J'ai hésité un moment
avant de répondre
Moi : allo ?
Sarata : Murielle c’est comment ? C'est ok j’ai parlé aux parents, il faut
qu'on se voit pour choisir la date du rendez-vous à l'ambassade
Moi : Sarata je peux te rappeler après ?
Sarata : euh...ok mais pourquoi ta voix est aussi étrange ?
Moi : Je viens de me réveiller c'est pour ça ! Laisse-moi aller prendre une
douche et je te rapelle
Sarata : ok
Pour la première fois j'enviais mon amie. Pour la première fois, je ressentais
de la jalousie. Elle continuera ses études tranquillement pendant que moi je
serai là dans mon retard pour je ne sais combien de temps. Et à cela on veut
rajouter le mariage. La frustration montait en moi de façon graduelle et c’est
en éclatant en sanglots que j'ai exprimé mon désarroi. Je criais comme jamais
je n'avais crié au paravent. Plus je criais plus cela me soulageait
Maman : Lena arrête arrête ça ! Snif arrête pardon
Je continuais à pleurer sans la regarder. Elle essayait de me prendre dans ses
bras mais je reculais à chaque fois, lui montrant bien que je ne voulais
pas.
Maman (frappant sur la porte de sa chambre) : AUGUSTE OUVRES LA PORTE !
OUVRE-MOI CETTE PORTE
... ...
Maman : tu as vu ce que tu es entrain de créer ? Tu veux tuer ma fille ?
Je n'avais aucunement envie d'entendre leurs chamailleries. Je me suis levée
pour boucler la porte et ensuite me coucher sous mes draps.
... Sarata ...
Ça va faire deux semaines depuis que j'ai eu Murielle au téléphone. Elle avait
dit me rappeler Mais rien. J'ai essayé encore et encore Mais rien elle ne
décroche pas. Il ne reste plus qu'un mois avant la rentrée, il faut qu'on se
bouge. J'ai essayé son numéro encore une fois Mais rien. C’est décidé je vais
chez elle.
J'ai trouvé sa maman soucieuse assise au salon. Elle avait l'air d'avoir
maigri
Moi : bonjour maman
M.M (se tournant vers moi) : ooooh Sarata comment tu vas ?
Moi : je vais bien st toi ?
M.M : hummm ça peut aller. Tu es venue voir ta sœur ?
Moi : oui depuis je l'appelle elle ne répond pas.
M.M : il faut aller, elle est dans sa chambre.
J’ai frappé à sa porte qui était verrouillée. C'est étrange car jamais Murielle
ne ferme jamais à clé.
Murielle : maman laisse moi tranquille
Moi : Murielle c’est Sarata...
J'ai entendu un bruit puis l'eau qui coulait. Elle a enfin ouvert avec un
sourire forcé. Je suis rentrée en m’asseyant sur son lit
Moi : qu'est-ce que tu as ?
Murielle : moi ? Comment ça ?
Moi : Sarata ne joue pas à ça ! Je te connais assez donc commence par me dire
c'est quoi le problème
Murielle (soufflant) : je n'irai pas avec toi en France...
Quand elle a fini son récit, mes larmes coulaient. Pourquoi son père fait ça ?
Je ne savais même pas quoi lui dire.
Moi : tu en as parlé à Nolan ?
Murielle : non, il ne sait rien de tout ceci et je ne veux d'ailleurs pas qu'il
le sache
Moi : et tu penses que c'est la bonne décision à prendre ?
Murielle : on vient tout juste de se mettre en couple, je ne vais pas
l’emmerder avec mes problèmes.
Moi : viens rester Chez moi ça va te changer les idées un peu
Murielle : ok
... Françoise Hamza...
Quelle mère pourrait voir sa fille passer par de souffrances pareilles et
rester indifférente ? Je souffre de voir ma fille ainsi ! C'est à peine si elle
touche à ses repas. Je ne sais vraiment plus où donner de la tête. Je ne sais
même pas pourquoi auguste a fait un aussi gros investissement. On était bien
dans notre petite maison voilà qu'il a eu les yeux plus gros que le ventre et
on a fini par tout perdre. Léna est une fille sans problème qui a toujours aimer
l'école ! Elle nous a toujours rendus fiers avec ses bonnes notes et son cursus
scolaire sans fautes. Je comprends sa douleur, je comprends sa peine. Nous
sommes entrain de la priver d'un truc vraiment important pour elle. À chaque
fois que je vois ses larmes couler c’est comme si on me transperçait le cœur.
J’ai beau parlé à auguste il ne veut pas changer d'avis. J'espère au moins
qu’elle pourra se changer les idées chez Sarata.
Auguste : où est Murielle ?
Moi : Chez Sarata !
Auguste : et tu la laisses sortir comme ça dans mon accord ?
Moi : ... ... ...
Auguste : et si elle fuit et qu'on ne la retrouve plus ? Comment je fais avec
Léopold ?
Moi : auguste tu n'as pas honte de toi ? Tu n'as pas honte un peu ? Quand tu
faisais tes affaires c’est Murielle qui te conseillais ? Ma fille est allée se
changer les idées et j'ai dis oui sans ta permission parce que je suis fatiguée
de la voir aussi triste à cause de nous ! Tu n'as même pas honte de te tenir
devant moi pour me sortir un tel discours. Ton ami Léopold a déjà une épouse et
même des enfants plus âgés que Murielle mais tu te tiens là à soutenir qu’il
mariera ta fille. C’est comme si tu mariais ta propre fille
Auguste : ça suffit Françoise ça suffit ! je ne fais que te répéter que c’est
la seule solution qui nous reste
Moi : dis plutôt que c’est la facilite que tu as choisi. Tchrrrr
Auguste : je laisse passer pour cette fois. Mais jusqu'à son mariage, que ce
soit la première et la dernière fois qu'elle sorte sans mon accord
Moi : et puis quoi encore ? N'importe quoi
Auguste : en tout cas je vous ai prévenues. Je sors
C’est tout ce qu'il sait faire ! Sortir pour aller trouver des solutions toutes
aussi idiotes les unes que les autres.
... Murielle ...
J’ai profité du fait d'être chez Sarata pour me rendre chez Nolan de temps à
autre. Je prétextais chez ses parents que je retournais chez moi. Aujourd'hui
Sarata a été à son rendez-vous de l’ambassade qui s'est très bien passé selon
ses dites. Je suis contente pour elle mais il ne faut pas se mentir j’ai aussi
mal. C'est d'ailleurs pourquoi je suis venue cette nuit chez Nolan
Nolan (me regardant) : qu'est-ce qui se passe je te trouve étrange
Moi : moi étrange ? Non pas du tout
Nolan : allons s'asseoir
Il m'a entraînée jusque dans les fauteuils
Nolan : babe tu sais que tu peux tout me dire n'est-ce pas ?
Moi : oui
Nolan : donc parle moi, je sais qu'il y a quelque chose qui te tracasse
Je ne sais pas pourquoi mais je n’avais pas envie de le lui dire. Je ne veux
pas le fatiguer avec mes problèmes. Et si je lui en parle et qu'il me dit être
près à prendre mes études en charge (ce dont il en est capable). On connaît ce
genre d'histoires ! Après je vais me retrouver coincée dans une relation par
reconnaissance et pas par amour si jamais ça ne marche pas entre nous.
Moi : je suis juste fatiguée j'ai envie de dire à mes parents que je veux faire
une pause d'une année dans les études
Je sais que je ne dis pas la vérité mais c’est tout ce qui m'est venu à
l'esprit
Nolan : tu es sûre que c'est ce que tu veux ? J'espère que tu ne fais pas ça
par rapport à notre relation hein ! Je t'ai dit que les études sont
primordiales et je suis prêt à attendre
Moi : je te garantie que ça n'a rien à avoir avec toi.
Nolan : ok viens dans mes bras
Je ne me suis pas faite priée. Je me suis blottie dans ses bras pendant qu'il
me caressait Le bras et me murmurait à l'oreille combien il m'aime. Une des
raisons pour lesquelles j'aime venir chez lui c’est qu'il me fait oublier un
temps soit peu ce qui se passe dans ma vie actuellement. C'est comme si la
réalité n’existait plus quand nous sommes tous les deux. Il m'apaise tellement
que je me retrouve à prier pour que la nuit dure une éternité et que le soleil
ne se lève plus car avec lui se lèvent aussi mes problèmes.
Le lendemain en me réveillant, j'avais reçu sept appels manqués de ma mère.
Elle m’a aussi laissé des messages me disant de la rappeler urgemment.
Franchement je n’ai pas du tout envie de l'entendre
Nolan (passant des mains sous mon t-shirt) : tu es déjà debout ?
Moi : oui bébé je sois rentrer tu sais
Nolan : es-tu obligée ?
Moi : oui monsieur
Nolan : dès que tu as tes 18 ans je t'assure je viens te chercher chez tes
parents
Moi : à ce point là ?
Nolan : mais oui très chère
Mon cœur s'est serré à l'entendre parler ainsi. Je sais que ça ne sera pas
facile cette affaire
Nolan m’a fait perdre la tête avec ses caresses sous la douche et j'ai pris la
route pour Chez Sarata
Sarata : tu étais où depuis ? Ta mère ne cesse de m'appeler et je ne peux pas
décrocher
Moi : elle m’a aussi appelée mais je n’ai pas envie de lui parler
Sarata : vue la façon dont elle insiste ça doit être assez important
Moi : important ou pas cet entre elle et son mari
Sarata : hum
Je suis allée prendre un verre d'eau puis je suis venue m'asseoir avec Sarata
au salon. Elle a allumé la télé
On montrait des employés à la télé qui faisaient une grève contre l'entreprise
de monsieur Auguste Hamza pour cause de non paiement de salaire. Ils avaient
des pancartes avec les petits messages qui faisaient vraiment de la peine.
J’avais pu lire des phrases telles que « le monstre Hamza » ou encore « pauvres
a tord »
Je suis restée la bouche ouverte à les écouter. C’est de mon père dont on
parlait, c’est lui qu'on affichait aujourd'hui comme un homme malhonnête qui ne
se soucie pas de la vie de ses employées.
Moi : Sarata c’est de mon père qu'on parle !
Sarata : je n'arrive pas à croire
J'ai fouillé frénétiquement dans mon sac pour faire sortir mon téléphone. Je
tapais du pieds en attendant que ma mère réponde.
Maman : snif allo Léna
Moi (paniquant) : maman qu’est-ce qui se passe ? On montre l'entreprise de papa
à la télé, ses employés sont en grève
Maman : snif Léna nous sommes foutues ton père viens de faire un AVC et on n'a
juste un peu de sous pour avoir la chambre que pour deux jours...
Mon téléphone a quitté mon oreille pour se retrouver à même le sol