Partie 70 : Aymeric BITECK
Ecrit par labigsaphir
- Elle a même la chance, une irresponsable comme ça ! Éclate Elric, non-loin de moi ; je ne le calcule même pas.
- Elric, tu devrais vraiment te calmer, lui conseille Oan.
- Me calmer, pourquoi ? Me calmer, pourquoi ? Continue-t-il véhément.
- Elric, tu dépasses les bornes.
- Dépasser les bornes, comment ? Elle fait quoi dehors alors que ma fille est peut-être toute seule à la maison ? Elle cherche même quoi dehors ? Elle cherche quelqu'un qui va lui mettre ça entre les jambes comme une chienne en chaleur au lieu de s'occuper de mon enfant.
- Elric !
- Quoi, Elric ? Elle vient d'accoucher, dis donc ! Au lieu de se trémousser sur la piste et laisser les autres la toucher comme une pute, elle ferait mieux de rester à la maison comme toute mère digne.
- Calme-toi un peu, type, insiste Oan ; pas un muscle ne frémit chez moi, je préfère faire celle qui ne voit pas et n'entend pas.
- Elle a la chance que je sois en pleine procédure avec le JAFF pour récupérer Alden, sinon je lancerais la même procédure pour récupérer ma fille. Oui, Jen, je sais que tu m'écoutes. Je vais récupérer ma fille et prouver que tu es une criminelle et que tu ne peux t'occuper correctement d'un enfant. Je vais récupérer ma fille, prie pour que cela ne se fasse pas l'année prochaine.
- Mesdemoiselles, veuillez approcher s'il vous plait, nous demande l'agent.
- Oui, tu peux aller te faire baiser par un sans-papier. Qui peut même d'abord vouloir de toi ? Tu ne serviras qu'à donner les papiers aux africains, pétasse de merde !
- Désolé, Jen, je crois qu'il est saoul, essaie Oan.
- Saoul dans quoi ? Je ne suis pas saoul, dis donc, intervient Elric en repoussant son pote des 400 coups.
Les filles, Aymeric et moi, suivons l'agent pour le contrôle de nos pièces d'identités, puis nous rentrons récupérer notre voiture dans le parking du Majesty. Sérieux il a fallu qu'Elric nous gâche la soirée. Quand comprendra-t-il que ce qu'il fait ne fait que m'éloigner de lui ? Il a l'art de se comporter comme un homme qui amis son cerveau en mode veille. Nous déposons d'abord Odessa, puis c'est mon tour. Je fais la bise à Amicie qui est légèrement saoule, puis me tourne vers Aymeric qui me fait signe et nous descendons tous les deux de la voiture.
- Je suis vraiment désolé que la soirée ait pris cette tournure, dit Aymeric.
- Non, tu n'y es pour rien.
- Merci pour ta gentillesse. Tu aurais pu réagir autrement, Jeneya.
- Mais non, pourquoi ?
- Je ne sais pas, moi.
- Tu ne devrais pas juger avant de connaitre.
- Serait-ce présomptueux de demander ton numéro de téléphone ?
- Je crois, oui. L'avoir serait, je crois, assez facile. Bonne soirée, Aymeric.
- Merci et à toi autant.
- Merci.
Je vais rejoindre Dan qui est à la maison, bien installée devant la télévision avec sa première femme, la PS.
UNE SEMAINE PLUS TARD...
[ AYMERIC ]
- Grand-frère, c'est comment ?
- Bien, merci Sylvain et toi ?
- Là, nous sommes en Algérie. Nous espérons traverser rapidement.
- Dieu vous protégera, ne t'inquiète donc pas.
- Merci grand-frère.
- As-tu des nouvelles du pays ?
- J'ai discuté avec la maman, hier. Ça va pour le mieux.
- Pense à régulièrement lui donner de tes nouvelles, ça la calme.
- Ok.
Un quart d'heure plus tard, je raccroche et me prélasse dans un bain, dégustant une bouteille de vin blanc. Mon voyage a été mouvementé, je suis fatigué. Cela fait à peine quelques heures que je suis rentrée de la Suisse où je suis allé envoyer deux véhicules par mer. Quoi, pourquoi ouvrez-vous grand les yeux ? Je suis un homme et un vrai.
Je suis le cadet d'une fratrie de 4 dont deux filles et deux garçons. Après la démission de notre père, parti avec une autre femme, j'ai été obligé d'abandonner les études, devenant un vrai débrouillard. Oui, oui, je n'ai pas honte de dire que je suis un autodidacte, j'ai bel et bien appris sur le tas. J'ai fait une pléthore de métiers pour avancer dans la vie, payer les études de mes frères, me suis occupé de mes filleules, neveux et nièces en plus d'assurer la popote à la maison, pendant que les aînés cherchaient la vie ou alors, se montraient égotistes.
Je ne vais pas m'attarder sur les détails, vous avez fort bien que bien que des frères naissent du même ventre et ayant reçu la même éducation, ils n'ont pas le même comportement. Mes frères et moi, vivions dans les élobi (zone marécageuse) à Douala, non-loin de Bonapriso.
J'ai vendu l'eau au bord de la route, dans les grands carrefours, vendu la bouillie, les beignets, les bonbons, chewing-gum, lavé les véhicules pour ne citer que ceux-là. A 17 ans, bien que le Seigneur n'ait pas permis que je naisse avec une cuillère en or dans la bouche, il m'a doté d'une certaine beauté physique ; je lui en serai toujours gré.
Je disais donc qu'à l'âge de 17 ans, je me suis lancé dans le mannequinat, foulant du pied, certains podiums et travaillant avec de prestigieux couturiers. Ce fut ma période de gloire, j'ai fait certaines rencontres de qualité, tissé certaines relations qui m'ont par la suite, aidées.
Avec les moyens que j'ai pu avoir, j'ai monté certaines affaires et ai construit une maison pour ma mère avant de nourrir l'idée du voyage pour l'occident. Je n'éprouve aucune honte à dire que je suis venue par la route, traversé certains pays comme le Maroc et l'Espagne, pour enfin échouer en France.
Arrivé en France, j'ai rallié Limoges où un ami d'enfance m'a recueilli jusqu'à ce que je commence à faire du volontariat dans certaines associations ; avec pour but final d'avoir des papiers. Je travaille dans un secteur et suis dans l'attente d'un titre de séjour définitif.
Je ne suis pas un homme parfait, vous savez. Je suis certes bourré de qualité mais des défauts, j'en ai aussi. Mon plus grand défaut est le grand amour que j'éprouve pour les femmes ; je le reconnais volontiers. Je suis un séducteur, j'aime les belles plantes. Je sais respecter les femmes, les traiter comme des reines mais elles ont pour habitude de me fuir après une à deux nuits dans mon lit. Ceci dit, je vous rassure, j'ai fréquenté des femmes durant trois, cinq et deux années. Oui, oui, j'ai connu la vie de couple.
Tout ce que je vous raconte est paradoxal, voir incompréhensible ; ce n'est pas grave, vous aurez le temps de bien me connaitre.
Je suis dans ma baignoire en train de « tchéquer » mon répertoire lorsque je tombe sur le nom de « Jeneya », je cligne des yeux puis les ferme afin de m'en rappeler la figure.
- Ah oui, c'est la copine d'Amicie. C'est la métisse de la discothèque, me rappelai-je en souriant
J'ai gentiment demandé son numéro de téléphone à Amicie avant de prendre la route de la Suisse. Il a fallu écouter tout le laïus de mon amie d'enfance et promettre que je ne ferai pas du mal à sa copine, si jamais quelque chose se passait entre nous. Humm, Amicie ne sait vraiment pas qui je suis.
« Bonsoir belle rose. »
« Bonsoir. A qui ai-je honneur, s'il vous plait ? »
« Aymeric, le mec de la boite de nuit. »
« Je ne vois toujours pas. »
Mais si, tu vois très bien. Les filles m'amusent, à toujours jouer à ce petit jeu alors qu'elles savent devoir finir dans mon plumard. Et cette fille a non seulement un pare-choc mais aussi un pare-brise d'enfer. Le lover que je suis, n'a pu s'empêcher de faire une pause afin de la découvrir.
« Le pote d'Amicie. »
« Ah oui, je vois. Excuse-moi, je ne suis pas physionomiste. »
« Pas grave. Comment vas-tu ? »
« Bien, merci et toi ? »
« Puis-je t'inviter à prendre un café demain ou verre ? »
« Je te dirai ça, demain. Je vais consulter mon agenda, Aymeric. »
« Pour toi, ce sera plus court, Aimé. »
« Aymeric, me va bien, tu sais. »
« Nous ferons comme tu veux. »
« C'est quoi ton programme de demain ? »
« Attends, je reviens. »
« Ok ».
Je mets du Franck Sinatra et déguste quelques verres avant de recevoir un nouveau message, une demi-heure plus tard.
« Navrée pour le temps mis. »
« Il n'y a pas de quoi. Que faisais-tu au fait ? »
« Je m'occupais de ma fille de deux mois. »
« Oh ! Tu es maman. »
« Ah oui, oui et c'est ma pièce d'identité. »
« C'est encore mieux... »
QUELQUES JOURS PLUS TARD...
[ DICK ]
Demi et moi, sortons nous défouler en discothèque avant de rentrer dans le manoir des Stern. Le lendemain matin, nous nous retrouvons dans la salle à manger à 11h, rien que tous les deux. Mon père, parait-il a préféré déjeuner dans sa chambre. Pourquoi ne suis-je pas étonné ? Entre nous, cela n'a jamais été le grand amour. Devrais-je avoir honte de dire que nous nous supportons ou nous tolérons ?
- Alors, papa, que s'est-il passé ? Me demande Demi en se versant une tasse de thé.
- J'ai bénéficié du doute raisonnable.
- Ah bon ?
- Je crois que le laboratoire médico-légal a fait une grosse bourde.
- Laquelle ? Demande-t-il en arquant un sourcil.
- Trop de zèle je pense. Ils voulaient tellement innocenter Jeneya, qu'ils ont faussé le résultat des analyses de sang en me reliant à Jen. Ils ont prétexté que nous partagions la même carte génétique, faisant un lien entre elle et moi, ce qui a leur a permis d'utiliser la carte de l'hémophilie.
- Je vois.
- J'ai u bon avocat, il ne les a pas loupés.
- Je te fais confiance, papa. Sera-t-elle rejugée ?
- Non, une affaire qui a été jugée, ne peut l'être à nouveau.
- Peux-tu quitter l'Angleterre, maintenant ?
- Oui, mais avec une interdiction.
- Laquelle ?
- D'y revenir.
- Pourquoi ?
- Pour certains faits, me rembrunis-je.
- J'ai rencontré cette Jen en Afrique du Sud. Je lui ai dit ma façon de penser, tu sais.
- Laisse-la tranquille, pour le moment je veux dire.
Nous échangeons un sourire, inutile de parler, nous nous comprenons parfaitement. Je viens de comprendre, nous avons la même passion. Je sais pouvoir compter sur lui ; dommage que Jen et ma sœur ne soient aussi proches que nous, dommage.
PENDANT CE TEMPS...
[ CARLA ]
- Tu as ta tête des mauvais jours, bébé.
- C'est vrai, chéri.
- Pourquoi ne consultes-tu pas ?
- Je le fais depuis quelques temps, déjà.
- Combien ?
- Deux semaines répondis-je en grimaçant.
- Cela ne t'a visiblement pas aidée. Tu fais ce cauchemar, depuis que je te connais. Tu as à chaque fois quelques années de répit, puis il revient encore plus intense que jamais.
- C'est vrai.
- Chérie, je m'inquiète pour toi.
- Moi aussi, amour. J'aimerai tellement en finir, raison pour laquelle j'ai pensé à une solution radicale.
- Je t'écoute, dit-il en me prenant la main ?
- L'hypnose.
- Pourquoi, l'hypnose ?
- Je suis certaine de refouler certaines choses. Je sais et reconnais avoir peur et pourtant, il faudrait que je passe par-là pour aller mieux.
- Ok.
- Merci de me comprendre.
- As-tu des nouvelles des enfants ?
- Ils vont bien. J'ai eu Dan et sa sœur au téléphone, ce matin.
- Tant mieux.
Je quitte le lit, vais prendre une douche rapide et en sortant de la salle de bain, constate que mon chéri raccroche le téléphone fixe.
- Qui était-ce ? M'enquis-je en posant la serviette.
- Ton frère, répond mon époux en me dévorant du regard.
- Jamice, je vais le rappeler au cours de la journée.
- Non, ce n'était pas lui mais Dick.
Je ne sais pas pourquoi j'ai un frisson, cette idée ou nouvelle ne m'enchante guère ; va savoir pourquoi.