Partie VI

Ecrit par Ornelia de SOUZA

-Happy birthday to you! Happy birthday to yoooouuuuu! chantonnait la tante Adéossi à tue-tête en rapportant un petit gâteau sur lequel était posé cinq petites bougies.


Elle déposa le gâteau sur un petit tabouret et aussitôt elle fut assaillie d'une ribambelle de gamins qui chantaient avec elle. Au milieu de la petite foule,Safi l'heureuse du jour riait à pleine dents. Elle venait d'avoir cinq ans et cet anniversaire était la plus belle des choses qu'elle avait obtenu dans sa vie. Au loin, installé derrière une énorme marmite sur un feu de bois, Inès observait sa petite fille. Elle la voyait rire entouré des enfants de son âge. Elle la voyait heureuse. Le prix qu'elle payait pour voir cette image était très élevé mais si elle devait revivre tout ce par quoi elle était passée durant ces cinq dernières années, elle se disait qu'elle n'hésiterait pas un instant. Elle s'était juré que jamais sa fille ne souffrirait et n'aurait le même destin qu'elle et cette scène lui redonnait espoir. Elle savait qu'elle y arrivait.


-Ino! interpella tante Adéossi en la tirant de ces pensées... Viens couper le gâteau avec Safi. Viens donc!

-Non tante Adéossi; protesta Inès de loin. Vous,aidez la!


La tante ne se fit pas prier. Elle aimait profondément Safi. Elle avait même passé plus de temps auprès d'elle que sa propre mère. Elle l'aimait infiniment et elle la traitait comme l'enfant qu'elle n'avait jamais eu. Elle lui accordait le moindre de ses caprices. Elle se considérait comme sa mère et avait même exigé que Safi l'appelle "maman". Inès ne l'avait pas mal pris. Elle voyait tout ça d'un bon œil et elle ne pouvait pas en vouloir à la tante qui avait été si bonne avec sa fille et elle. Elle n'avait pas le droit de s'accaparer de Safi qui pouvait aussi être la fille de la tante Adéossi.


-Alors va t'occuper de ton oncle! ordonna la tante Adéossi


Un frisson parcourut le dos d'Inès. Cinq années qu'elle subissait cet homme. Cinq années qu'elle le servait et cinq années qu'il la violentait sans vergogne. Elle se leva machinalement et se dirigea vers les appartements de l'oncle. Une fois de plus, il était là, allongé sur son lit à moitié nu. Des images horribles d'un passé à la fois récent et lointain défilèrent dans la tête d'Inès. Elle manqua de régurgiter son petit déjeuner en approchant de cet homme écœurant mais elle se retint. Elle respira une bouffée d'air frais puis elle le toucha pour le réveiller. L'homme se retourna et entrouvrit les yeux. Dès qu'il aperçut Inès,il se redressa.


-Oui ma chérie ; fit-il en humectant ses lèvres. Approche ! Ne reste pas aussi loin de moi.


Inès s'exécuta et instantanément l'homme lui saisit la main et la retourna comme une crêpe sur le lit. D'un coup il se retrouvait allongé sur elle sans qu'elle ne puisse se dégager.


-Pitié! Pas aujourd'hui ! supplia Inès. C'est l'anniversaire de Safi et tante Adéossi est à la maison. Arrêtez,je vous en supplie.


Il n'entendit guère. Il était bien trop occupé à malaxer la poitrine d'Inès. Il lui dégrafa un bouton puis un autre et au bout de trente secondes,elle se retrouva sans haut. Il se leva et la retourna sur le ventre. Il remonta la longue jupe qu'elle portait en sorte qu'elle recouvre sa tête découvrant par la même occasion la petite culotte de la jeune mère. Il la lui arracha avec une violence qui arracha un cri à Inès. Une larme échappa à la jeune femme qui étouffait presque,la tête sous sa jupe retenue fermement par la main masculine de l'oncle. Au moment où il enlevait son short, la tante Adéossi fit son entrée dans la piece. Elle hurla faisant sursauter son homme qui tomba de tout son long à terre. Inès se redressa et se rhabilla, remerciant le Seigneur en ce jour béni. La tante avait enfin surpris son mari entrain de la violer. Elle serait délivrée de toute cette férocité qui gouvernait sa vie depuis cinq années.


-Ma tante; pleurnicha Inès en se dirigeant vers la tante Adéossi. Aidez-moi s'il vous plaît. Il...


Un soufflet mémorable calma aussitôt son élan. La tante Adéossi se jeta sur elle telle une lionne sur une petite gazelle. Une gifle par ici,un coup de pied par là et encore une morsure par ici. Toute la fureur de la tante Adéossi transparaissait dans ses coups. Elle hurlait et elle pleurait terrorisant Inès au passage. Son mari rejoint la scène et la maintient entre ses bras l'empêchant d'avancer vers la pauvre Inès qui était toute boursouflée à terre.


-Elle n'en vaut pas la peine; hurla l'oncle. Ma femme calme toi! Cette petite dévergondée m'a tant provoqué. Merci de me libérer d'elle. Merci de me libérer de cette femme de peu de mœurs.

-Après tout ce que j'ai fait pour toi; hurla la tante Adéossi en agrippant fermement sa propre poitrine. Inès tu m'as fait ça ? Comment tu as pu me faire ça?


Inès avait du mal à comprendre ce qui se passait. Elle ne pouvait croire que la tante Adéossi se retournait contre elle alors que si elle n'avait rien dit, c'était en majeure partie pour la protéger.


-Mais c'est lui qui m'a violé pendant toutes ces années tanti! Croyez-moi!


La tante Adéossi n'eut pas l'air de comprendre et encore moins de croire ce que venait de lui dire. Inès. Elle se dégagea des bras de son mari et saisit Inès à terre. Elle la sortit de la chambre. Inès se retrouva dehors devant les petits enfants surpris au premier abords puis apeurés par la scène qui se déroulait sous leurs yeux. La petite foule se dispersa.


Tante Adéossi apparut et culbuta la jeune Inès avec son pied. Celle-ci tomba de tout son long sur le sol et cogna fortement sa tête contre des bouts de bois empilés à même le sol. Elle saigna mais ne perdit pas connaissance. Elle se toucha la tête et à la vue de tant de sang,elle se mit à larmoyer.


-Pleure petite traînée ! Pleure parce que tu n'as encore rien vu. Je vais te tuer de mes propres mains.


La petite Safi accourut à ce moment précis auprès de sa mère. Elle fut effrayé par le sang mais elle saisit la main de sa mère et avec le peu de force que contenait son corps, elle essaya de l'aider à se relever.


-Maman; murmura Safi! Maman! Lève toi stp...


Un bras surgissant de nulle part l'arracha aussitôt à sa mère. C'était la tante Adéossi.


-Safi,ce n'est pas ta mère! C'est moi ta mère...

-Mais non;riposta Safi. Laissez moi!

-Reste ici petite! Reste ici... Regarde moi. C'est ma maison ici. C'est moi qui t'ai préparé cette magnifique fête. C'est moi ta mère.


Dans un état amolli, Inès se releva avec difficulté et interpella sa fille. Sa voix était à peine audible tellement elle était faible mais elle réussit à agripper le bras de la petite qu'elle attira vers elle. La tante Adéossi habité par une rage sans nom saisit alors un bout de bois enflammé et frappa la jeune mère de toutes ses forces sur la joue. Cette dernière se pâma de douleur sur le coup. La dernière chose qu'elle entendit fut le cri strident de la petite Safi.


Cris de femmes